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BROONS

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La commune de Broons (pucenoire.gif (96 octets) Bronn) est chef lieu de canton. Broons dépend de l'arrondissement de Dinan, du département des Côtes d'Armor (Bretagne).

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ETYMOLOGIE et HISTOIRE de BROONS

Broons vient du celtique « bronn » (colline) ou plus probablement du gaulois "braconnos" (marécageux) ou du breton "brein" (pourri).

Broons semble être un démembrement de l'ancienne paroisse primitive d'Yvignac. A partir du XIIème siècle, l'Histoire est moins avare de documents et nous sommes à même de rapporter des événements précis. Un certain Pleard de Brohon figure vers 1108 parmi les témoins d'une charte de Geffroy de Dinan. En 1109, PLEARDUS, seigneur de Bron, comparait comme témoin dans l'acte de fondation du Prieuré de Jugon par 0llivier de Dinan. Il n'est pas douteux que le généreux fondateur avait choisi pour témoins ses plus honorables vassaux. Ceci montre donc la haute qualité du Sire de Bron (aujourd'hui Broons). Le cartulaire de l'abbaye de Boquen cite Geoffré de Broon en 1205. En 1205, en effet, le Seigneur de Bron (ou Broon) est témoin d'une fondation à l'Abbaye de Bosquen (Boquen) par la Duchesse Constance. En 1211, les Sires 0llivier et Geoffroy de Bron donnent en perpétuelle aumône leur terre de l'Hermitage à l'Abbaye de Bosquen. Des religieux s'y maintiendront jusqu'à la Révolution. En 1231, l'Evêque de Saint-Malo et son Chapitre soutiennent que les Dîmes de Bron (Broons) leur appartiennent. Hamon de Quihériac lui en disputait la propriété. La contestation dura longtemps ; elle finit par une transaction entre l'Evêque et Hamon de Guer, successeur du précédent. Le même prélat transigea pour le patronage de l'Eglise de Bron (Broons) avec Rolland de Plouern, et fonda en 1252 l'Hôpital de Saint-Maleu auquel il attribua les dîmes de la paroisse. Vers 1235 et 1249, Broons est doté d'une mesure propre "mensura vetus Broenisis" (Anc. év. III, 226, 233, 244). La seigneurie avait jadis son siège au château de la Motte-Broons (où est né Bertrand Du Guesclin, vers 1320) détruit depuis 1345.

Ville de Broons (Bretagne).

Il existait donc au début du XIIème siècle et sûrement auparavant une seigneurie fortement constituée. Elle avait son siège au Château de la Motte-Bron (ou Motte-Broons). A cette époque, le « chasteau » devait être construit sur une élévation de terrain, entourée de fossés remplis d'eau. Cette élévation était naturelle ou créée par l'apport de matériaux divers. C'était ce qu'on appelait une « Motte ». Certaines demeures seigneuriales de moindre importance étaient seulement entourées d'une palissade ordinairement en bois. C'est ce qu'on appelait un « Plessix » (latin Plexitum, enclos). C'est l'origine du village de ce nom et probablement aussi de la Plesse. Comme l'artillerie « à poudre » n'avait pas encore fait son apparition, ces constructions étaient beaucoup moins puissantes que celles dont nous voyons les vestiges un peu partout. La Seigneurie de Bron était soumise au droit d'aînesse comme tout bien noble. Or, en l'année 1158, deux frères jumeaux s'en disputaient la succession, chacun prétendant être l'aîné ! Pour les départager, le Duc Conan rendit un arrêt aux termes duquel il assigna aux deux frères un partage égal. L'un obtint pour sa part le château existant à la Motte-Bron, c'était Robert. Pour remplir l'autre de ses droits, le Duc ordonna qu'on bâtit le château de Bron­dit-Neuf qui fut construit dans la même forme et de la même grandeur que celui de la Motte-Bron et qui devait en outre posséder la moitié du territoire de la Seigneurie primitive. Tel fut le lot de Hamon de Bron dit Neuf. Le Duc Conan mit donc les héritiers « Cotatibie ». L'auteur reproduit ici ce mot étrange qui est encore en usage dans le patois de Broons, avec l'orthographe qu'il lui a vue naguère. Cette expression veut dire : « Faire des parts égales ». En voici tout probablement l'origine. Rétablissons d'abord l'orthographe, écrivons en latin : « Quota tibi » et sous-entendons tota mihi. Autant pour toi que pour moi. La « quota » était autrefois une part héréditaire. Donc partage égal. C'est ce que fit le Duc Conan avec bon sens. Où se trouvait le château primitif ? Au lieu dit aujourd'hui Pont-du-Château. On ne peut comprendre qu'il se soit élevé là un château fort sur un point aussi dénué d'intérêt militaire. On est amené à se représenter que tout le voisinage du château était formé de bourbes ou de marais (village de la Marais). Le château aurait ainsi défendu le passage unique de la rivière qui existât alors au milieu de fondrières. Ceci n'est qu'une hypothèse. Voilà la Seigneurie partagée en deux parties d'égale importance. Chacune d'elles eut ses droits de haute, moyenne et basse justice. On peut suivre dans l'Histoire la vie de l'une et l'autre jusqu'aux abords de la Révolution. Mais il est très difficile d'indiquer quels sont les terroirs qui furent attribués à chacune d'elles. Ceci dépasserait l'importance de notre modeste travail. Disons seulement que la Seigneurie de Bron tenait plutôt vers l'Ouest et le Nord-Ouest : Sévignac, Trémeur, Trédias ; et la Seigneurie de Bron-dit-Neuf, vers l'Est : Penhoët, Fief, etc... (Emile Le Giemble).

Ville de Broons (Bretagne).

Lorsque prit fin la guerre de Succession en 1365, au traité de Guérande, une ère de prospérité vint réconforter la Bretagne, telle que, toutes proportions gardées, notre petite patrie n'en a jamais retrouvée. C'est l'époque où partout en Bretagne s'élèvent les magnifiques églises que l'on admire encore aujourd'hui au pays bas-breton. A la même époque, se construisirent de nombreuses chapelles. On mentionne celles du Bois Passemalet, de l'Hermitage, de Saint-Maleu, de Cambel, de Broondineuf. Les Milon font bâtir celle de Lesléan en 1453. On bâtit aussi celle de la Madeleine qui est la chapelle du cimetière actuel. Annexé à la chapelle de Saint-Maleu se trouvait un hôpital. Le revenu de la chapelle ne valait pas dix livres, nous dit un texte latin : « Capellania hospitalis de Bron, quam obtinuit Jôhes Jôhis Rocherel et modo R. Ferron.. . Nobis constitit légitime quod omnes et singuli fructus " istius " capellaniae (cette « faillie chapellenie ») non valent decemtibras ». Un certain François Chauveau était chapelain de la Madeleine en 1566. C'était le Sire de Coatcouvran et de la Ville-Morel qui présentait le chapelain de Lesléan en qualité de fondateur. Le revenu était de 40 livres. A Lesléan, un cimetière et un presbytère ont subsisté jusqu'à la Révolution. Il semble que les Halles aient été construites par les Sires de Broondineuf. Elles restèrent la propriété des tenanciers de la Seigneurie jusqu'à la Révolution et même après. C'était pour eux une source de revenus mais non pas de droits féodaux, du moins si telle est bien l'origine des Halles. Il y a des foires et marchés depuis fort longtemps et c'est pour la commodité de leur tenue qu'on construisit les Halles. Certaines foires se tiennent dans « les Champs Plumés ». Il y avait du moins dans ce quartier un endroit qu'on appelait le Champ de foire de la Toussaint. A cette époque, remontent aussi sans doute nos foires-assemblées du lundi de Pâques à Dody et du dix d'août (prononcez « disdaou ») au pied du château et sous la protection de sa police (E. Le Giemble).

Broons (Bron), qui est mentionné comme paroisse dès 1224, est avant tout la ville de Bertrand Du Guesclin (1320-1380). En effet, vers 1260, Jeanne, héritière de Robert, seigneur de Broons, épouse Robert 1er du Guesclin (arrière grand-père de Bertrand), et, par elle, la maison du Guesclin va hériter la seigneurie de Broons. En 1420, la comtesse de Montfort, duchesse de Bretagne, ordonne de faire démolir la forteresse de Broons qui avait été construite par Bertrand Du Guesclin. La seigneurie de Broons passe successivement du comté de Penthièvre à la famille de Brézé puis à celle de Lorraine-Brionne, avant d'être divisée en 1755. En 1423, un sieur de Brézé achète la seigneurie de Broons moyennant 13 000 écus, et la revend à Jean Chevalier, seigneur de Villeblanche, dont le fils, Pierre de Villeblanche, est, en 1500, chevalier des ordres du roi et seigneur de Broons.

Ville de Broons (Bretagne).

Un texte de 1614 nous fait savoir que : « La Maison, terre et seigneurie de BROON est bien l'une des plus anciennes de Bretagne, et de tout temps, a été garnie de chasteau, de ville champêtre et bourgade de grand renom ; en laquelle il y a notamment des foires et marchés de grand émolument et prouffit ; où se trouve un grand nombre de marchants ; laquelle seigneurie s'étend en la paroesse de Broon et ès-paroesses proches et environnantes de Trémeur, Caulnes, Sévignac et Sainte-Urielle (Trédias) ; en laquelle il y a un grand nombre de vassaux, hommes et subjets tant nobles que roturiers ».

Sous l'Ancien Régime, la paroisse de Broons appartient au diocèse de Saint-Malo. Elle avait pour subdélégation Montauban et pour ressort la cour royale de Dinan [Note : " Au point de vue purement ecclésiastique, la paroisse relève du Doyenné de Plumaudan, de l'Archidiaconé de Dinan, de l'Evêché de Saint-Malo, de l'Archevêché de Tours "]. Elle relevait du roi au moment de la Révolution. La cure était présentée par le seigneur de Broons : " Le Comte de Guehennec de Boishuë, époux de dame Sylvie de Bruc, héritière de la seigneurie, présentait à la Cure. Le patron de la paroisse était Saint Pierre ". Broons élit sa première municipalité le 10 février 1790, et devient le chef-lieu d'un district en même temps que d'un canton : " Broons devint commune, chef-lieu de District. Broons eut un Directoire de District, un tribunal. Il n'est pas facile de découvrir où siégea ce tribunal. Nous croyons qu'il n'eut pas de local bien fixe et qu'il siégea souvent dans les locaux de la municipalité. Le District de Broons comprenait l'actuel canton de Broons, les cantons de Caulnes, de Plumaugat, de Plenée, de Collinée, de Mégrit et aussi celui de Merdrignac. Les districts furent supprimés par Bonaparte. Broons resta chef-lieu de canton. Dinan devint sous-préfecture ". En 1900, deux missionnaires protestants vinrent s'établir, sans succès, à Broons.

On rencontre les appellations suivantes : Brohon (vers 1108), Broon (en 1205, en 1211), Par. de Bron (en 1224), Broon (en 1235, en 1252, vers 1330), Bron (en 1490), Brons (au XVème siècle).

Ville de Broons (Bretagne).

Nota 1 : Vers 1260, Jeanne, héritière de Robert, seigneur de Broons, épouse Robert 1er du Guesclin et, par elle, la maison du Guesclin hérite la seigneurie de Broons. En 1353, meurt Robert II du Guesclin, petit-fils de Robert 1er et père de Bertrand du Guesclin. Bertrand du Guesclin, seigneur de Broons, fait construire, vers 1355, une forteresse près du bourg de Broons. Par un traité du 27 juin 1387, le connétable de Clisson, pour obtenir sa libération, cède la place de Broons au duc Jean IV. Le connétable reprend cette place en application d'une sentence du roi Charles V en date du 20 juillet 1388. Dès le 27 mai 1420, le château appartenant à la dame Clisson, est assiégé et pris, au nom du duc Jean V, par Charles de Montfort, seigneur de Frinaudour. Le 20 septembre 1420, Charles de Montfort et Jacques de Dinan reçoivent en don le château et la châtellenie. Vers 1423, le sire de Brézé achète la seigneurie de Broons qu'il revend plus tard à Jean de Villeblanche. Après la victoire du roi Henri IV sur la Ligue, le château de Broons est détruit vers 1615.

Nota 2 : En 1158, dit Ogée, il s'éleva un différend entre deux frères jumeaux de la maison de la Motte-Broons, au sujet du droit d'aînesse. Pour le faire cesser, Conan de Richemont, duc de Bretagne, assigna aux deux frères un partage égal, et ordonna de bâtir le château de Broondineuf, qui devait posséder la moitié de la seigneurie, et qui fut construit dans la même forme que celui de la Motte-Broons. Pléard de Broons est témoin de la fondation du prieuré de Jugon. En 1164, Cillard de Broons est témoin du dédommagement accordé à l'abbaye de Saint-Melaine pour la cession de l'église de Plumaudan à Beaulieu. En 1199, Robert de Broons fait un accord avec le prieur de Léhon. En février 1210, Robert et Bertrand de Broons font donation d'un quart de froment, sur les dîmes de Ploasne, au prieuré de Léhon. En 1231, l'évêque de Saint-Malo et son chapitre disputent à Hamon de Querhiriac les dîmes de la paroisse de Broons, qu'ils prétendaient leur appartenir. En 1237, le même évêque transige avec Roland de Plouern pour le patronage de l'église de Broons, et attribue, quinze ans plus tard, les dîmes de cette paroisse à l'hôpital de Saint-Malo qu'il venait de fonder. En 1358, Bertrand Du Guesclin fonde trois messes par semaine pour le salut de son âme. En 1370, Geoffroi de Broons figure à la montre de Bertrand Du Guesclin, duc de de Moulines, comte de Longueville et de Bourges. En 1371, Du Guesclin, au service du roi de France, force Broons à se rendre. En 1383, la ville de Broons est du nombre de celles que Clisson est contraint de livrer à Jean IV, pour sortir du château de l'Hermine. Cette ville lui est rendue en 1388, et il la possède encore à sa mort, en 1406. En 1419, le château de Broons se rend à Jean V, duc de Bretagne. En 1420, dit Ogée, Jeanne, fille aînée du roi Charles VI, duchesse de Bretagne ordonne de démolir le château et les forteresse de la Motte-Broons, avec celui que Du Guesclin avait fait bâtir en 1355, et qui appartient alors au comte de Penthièvre, seigneur de Broons. Les ordres de Jeanne ne sont qu'en partie exécutés, car le château, édifié par Du Guesclin, n'est démoli qu'en 1616.

Nota 3 : A l'époque du Moyen Age, se constituèrent à Broons trois industries : - 1° L'industrie de la toile de chanvre ou de lin, les travaux de la laine étaient très répandus dans la Bretagne et se sont perpétués durant longtemps. Les fermes sont nombreuses où il existe encore une pièce de terre appelée couramment le « Courtil à Chanvre ». Souvent l'on trouve aussi au milieu d'un pâtis une mare qu'on appelle le « Routoué ». C'est là qu'on mettait à rouir. Jusqu'à ces derniers temps, tout ménage possédait un rouet et une « brâ » (broie) pour teiller le chanvre et le lin. On filait aussi la laine, car l'élevage du mouton était très en honneur. Cette laine filée à la maison servait à l'habillement et à la confection de ce gros drap quasi inusable qu'on appelait « le berlinge » et dont on faisait des vestes, des braies et des gros cotillons plissés à la taille. Ce chanvre, ce lin, cette laine étaient tissés par les artisans de la paroisse ou « teissiers ». Les teissiers étaient très nombreux. Ils ont toujours travaillé comme artisans et l'on ne signale aucune tentative de monter le travail en fabrique. - 2° On a exploité à Broons le minerai de fer. Son extraction était facile et l'on rencontre encore aujourd'hui ce minerai à fleur de terre dans le quartier de la route de Rennes. La côte du Minerai rappelle à nos contemporains l'emplacement des gisements exploités. Le minerai n'était pas riche en fer, car l'extraction ne s'est pas développée et aucune fonderie ne fut créée. Il est probable que le minerai extrait était dirigé sur les fonderies de la Hardouinaye, comme l'était celui de Rouillac et de Sévignac. - 3° Enfin il faut mentionner l'industrie de la Clouterie qui fut très prospère et s'est maintenue jusqu'à une époque très rapprochée de nous (J. Le Giemble).

Ville de Broons (Bretagne).

Nota 4 : Nous savons déjà que toutes les précautions prises par la Duchesse Anne pour sauvegarder les libertés du Duché furent inutiles et que l'annexion se poursuivit implacablement. Mais quelle fut la réaction des masses populaires ? Nulle. C'était, en effet, une affaire entre grands seigneurs. Au peuple, cela ne parut qu'un changement de mains. Pareillement dans notre région, les guerres de Religion ne troublèrent pas profondément la quiétude de nos campagnes. On sait qu'en Bretagne, le protestantisme obtint peu de succès durable. En ce qui nous approche, on ne signale qu'un petit noyau de « religionnaires » à la Moussaye en Plénée et à Quihériac où il y eut une chapelle protestante. Toutefois, au temps de la Ligue, les manifestations catholiques furent très fréquentes, notamment les processions et les prières publiques. Sous le règne de Henri III, vers 1585, on envisageait l'avenir du Royaume avec beaucoup d'inquiétude. Le Roi Henri III n'avait pas d'enfant ; son héritier le plus proche était le Roi de Navarre, gueux comme un routier. Mais de plus, il était protestant. Allait-il ceindre la Couronne de France, la fille aînée de l'Eglise ! Cela paraissait un scandale intolérable. L'érection de la Croix au Bret, c'est-à-dire la Croix à Le Bret, est sans doute une manifestation de cette inquiétude populaire. Elle date de 1587. Henri III fut assassiné en 1589. Cette croix si simple vaut une page d'Histoire. En dessous de la date, une fleur de lys, l'emblème royal. Erigée un siècle plus tôt, elle eut porté à la place une hermine, emblème ducal. Comme les pierres parlent ! Sous le règne de Henri IV, le Duc de Mercœur fut nommé Gouverneur de la Bretagne pour le Roi. Cet ambitieux personnage, beau-frère de feu Henri III, agissant sous couleur de religion, voulut probablement reconstituer le Duché à son profit. Il se fit en Haute-Bretagne le champion de la Ligue et occupa pour son compte une partie de cette région avec Dinan qu'il prit pour capitale et qu'il garda jusqu'en 1595. Mais il avait à faire à forte partie. En fin de compte, il dut se soumettre à Henri IV, devenu catholique, dont l'habileté politique et la valeur militaire avaient eu raison de tout et de tous. Pendant cette période, Broons fut occupé par les soldats de Mercœur. Nous avons eu sous les yeux deux états de solde de ces troupes cantonnées à Broons : « A 30 hommes de guerre montez et armez à la légière sous la charge (commandement) du Sieur de la Cigonière, pour ung mois ; capitaine (cornette), maréchal-des-Logis et 30 chevau-légiers : 362 écus. A 30 hommes de pied pour ung mois, lieutenant : 11 écus ; sergent : 6 2/3 ; 12 harquebuziers à cheval : 5 écus chacun et 18 desd ; harquebuziers : 4 écus. Cy : 149 écus 2/3. Somme : 502 écus 2/3 ». Nous croyons savoir que ces troupes furent logées au Casse-Cou. Henri IV ordonna la démolition du Château de la Motte-Bron à la suite de l'équipée de Mercœur, mais cet ordre ne fut pas exécuté. En effet, il est renouvelé le 15 Septembre 1614. La démolition avait été demandée cette fois à Marie de Médicis, veuve de Henri IV, régente de Royaume par les Etats Généraux de 1614. Le château fut rasé. Mais le Château de Broondineuf, qu'était-il devenu ? Existait-il encore ? Fut-il rasé lui aussi ? C'est un point resté obscur ; ce qui est certain, c'est qu'à cette époque on construisit, à Broondineuf, sur l'emplacement du vieil édifice, un nouveau château entouré des douves antiques. Mais le pouvoir central n'avait pas à s'en inquiéter. Ce nouveau château n'avait rien de militaire et n'était qu'une très belle demeurance de seigneur cossu. C'est celui qui a été démoli au début du XXème siècle. La chapelle existe encore vers le milieu du XXème siècle, en dehors de l'ancienne enceinte. Le pays semble avoir vécu dans le calme complet tout le long des XVIIème et XVIIIème siècles. Les peuples heureux n'ont pas d'histoire ! Notre petite cité jouit du bien-être qu'apporte la prospérité des affaires, à l'abri de l'autorité royale qui sut nous préserver pendant deux siècles de toute invasion étrangère. C'est là le grand oeuvre de la Royauté. Notre village n'a pas tremblé aux violentes secousses de politique intérieure qui agitèrent le pays de Bretagne au XVIIème siècle. La population de Broons ne se révolta pas contre l'Edit du papier timbré : elle acheta le papier timbré ; ni contre le monopole du tabac : elle paya son pétun au prix fort. 1675. Mais comme elle avait été sage, elle n'eut pas à subir les terribles représailles ordonnées par le Duc de Chaulnes. Au XVIIème siècle, est né à Broons, Claude de Sainte Anne, religieux carme, qui passa pour un des plus savants théologiens au XVIIème siècle. il fut successivement prieur des Carmes d'Orléans, Vannes, Nantes et Ploërmel. Son nom même est tombé dans l'oubli. Le XVIIIème siècle voit la lutte épique entre le Parlement de Bretagne conduit par la Chalotais et la Royauté, représentée par le Duc d'Aiguillon. Il est probable que la majorité de la population n'en connut jamais rien, car dans la prospérité qui engendre la torpeur, la population s'assoupit et se refuse à toute participation à la vie politique et artistique si remuante pourtant à cette époque. Les milices ne furent mêmes pas alertées lors du débarquement des Anglais à Saint-Cast, en 1758 5E. Le Giembre).

Nota 5 : la commune de Broons est formée des villages : la Sauvagère, Nivorée, Lessard, Passelière, Ville-Bougault, la Boudinais, le Fief-aux-Ecoliers, Loyac, la Marais, Ville-ès-Richard, Brangalo, la Normandais, Carhalo, Kermelin, Buhen, Canebel, Penhouet, Liné, Griplay, l'Hermitage, Ville-ès-Douillets, etc..

Nota 6 : liste non exhaustive des maires de la commune de Broons : Jérôme Béchu (1790-1791), Guillaume Bouvier (1791-1792), Michel Cartel (1792-1793), Yves Touzé (1793-1795), François Maurice (1795-1799), Jean Gabriel Huet (1799-1803), François Duval (en 1863), François-Jean Mahé (1803-1808), François Maurice (1808-1816), Yves Miriel (1816-1845), Ambroise Bouvier (1845-1848), Mathurin-Louis Rochefort (1848-1851), Pierre Lebreton (1851-1861), Emile Ferron (1861-1870), Mathurin-Louis Rochefort (1870-1871), Emile Ferron (1871-1872), Mathurin Louis Rochefort (1872-1873), Eugène Legault (1873-1874), Victor Miriel (1874-1878), Eugène Legault (1878-1892), Emile Ferron (1892-1895), Charles Saliou (1895-1925), Eugène Cochet (1925-1935), Charles Sangan père (1935-1941), Alphonse Tiengou (1941-1944), Charles Sangan, père (1944-1947), Charles Sangan, fils (1947-1959), Albert Girard (1959-1965), Jean Labbé (1965-1989), Louis Deniel (1989-2001), Michel Lamarche (2001-2008), Serge Rouxel (2008-2016), Denis Laguitton (2016-?), ...

Nota 7 : Renseignements économiques et statistiques. — Superficie : 3.522 hectares [Note : Broons à la fin de la Révolution possédait encore deux marchés par décade, et trois foires par an, les 30 septembre, 30 octobre et 1er août]. Population. En 1778 : 101 baptêmes, 11 mariages, 30 décès. — En 1790 : 2.077 habitants dont 687 hommes, sur lesquels 319 citoyens actifs, la journée de travail valant 15 sols, 680 femmes et filles, 732 enfants au-dessous de 14 ans. — En 1837 : 2.527 h. — En 1850 : 2.559 h. — En 1870 : 2.738 h. — En 1880 : 2.844 h. — En 1913 : 2.855 h. — En 1922 : 2.439 h. Impositions. — En 1778 : 561 contribuables. — Capitation en 1770 : 1.825 l. 12 s. (Arch. I.-et-V., C 3981). — En 1790 : 1.616 l. plus 86 l. pour les ex-privilégiés. — Vingtièmes en 1787 : 5.442 l. (Arch. I.-et-V., C 4599). — En 1790 : 4.474 l. dont 136 l. pour les ex-privilégiés. — Fouages en 1790 : 1.448 l. 13 s.

Voir aussi  Ville de Broons (Bretagne) " Broons de la Révolution à l'Empire (1789-1815) ".

Voir aussi  Ville de Broons (Bretagne) " Broons de la Restauration (1815) à la guerre de 1914 ".

Voir aussi  Ville de Broons (Bretagne) " Les Du Guesclin de 1300 à 1828 ".

Voir aussi  Ville de Broons (Bretagne) " Le doyenné de Broons durant la période révolutionnaire ".

Ville de Broons (Bretagne).

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PATRIMOINE de BROONS

l'église Saint-Pierre (1895), oeuvre de l'architecte Garcain, de Broons, et de l'entrepreneur Eveillard, de Lamballe. Cette église remplace un édifice des XVème et XVIIème siècles. La première pierre est bénie le 2 juin 1895. L'église est bénie le 20 novembre 1898. Le clocher de l'église est bénie le 11 août 1935. Le portail principal comporte une mosaïque d'Isidore Odorico, représentant le Père Eternel et datée de 1898. L'église abrite une statue en bois polychrome de la Vierge à l'Enfant qui date du XVIIIème siècle ;

Note 1 : L'église Saint-Pierre est un édifice en forme de croix latine comportant une nef avec bas côtés de quatre travées, un transept et un choeur cantonné de deux chapelles ouvrant également sur le transept. A l'exception du clocher, il a été construit par M. Eveillard, de Lamballe, sur plans de M. Carcain. La bénédiction de la première pierre eut lieu le 2 juin 1895, après adjudication des travaux le 19 mars précédent ; celle de l'église le 20 novembre 1898. On a employé dans la construction des colonnes en marbre provenant de Boquen. La bénédiction du clocher, construit sur les plans de M. Le Breton, a été faite le 11 août 1935. Le mobilier est moderne à l'exception de la cuve de la chaire, du XVIIIème siècle, et des fonts baptismaux à deux cuves du XVIème siècle (R. Couffon).

Note 2 : A la veille de la Révolution, l'église ou plutôt la paroisse avait un patrimoine immobilier provenant le plus souvent de donations très anciennes, consenties à charge de services religieux, ce qu'on appelait des « fondations ». Ces propriétés étaient les suivantes : Le Presbytère, La Métairie de Saint-Maleu, La Métairie de la Ville ès-Sébille, Les Petites-Frominières, Le Courtil-Gautret, La Pièce-de-l'Eglise, Le Courtil-des-Ruelles, La Petite-Cité, Le Clos-du-Moulin, La Cité-Doublet, Fontniguet, La Vieille-Avoine, Le Clos-de-la-Chapelle, Le Pré-du-Bau, Le Petit-Courtil-de-la-Fontaine, Les Closiaux, Le Champ de Foire, Portion dans le Challonge, Le Petit Clos Tesré, La Chesnais, 3 quantités de lande à Chantemerle, La Lande-des-Aulnays, La Noë-des-Marais, La Lande de la Sauvagère, La Lande de Marc'hanne, Le Clos Neuf. Malgré cette liste assez longue, la paroisse ne semble avoir eu comme revenu immobilier que ... 338 livres. Le recteur percevait la dîme sur ses paroissiens. C'était un pourcentage sur les récoltes. En 1790, on comptait à Broons 2.677 habitants (la journée de travail était évalué à 15 sols) et la valeur de la dîme était de 1.241 livres. Il y eut des écoles dès le XVIème siècle à Broons-Ville ; il faut citer aussi les écoles de Cambel et de l'Hermitage. Mais ce fut surtout au Fief-ès-Escholiers que fut fondé l'établissement le plus viable. Une école y fut créée et entretenue par une famille Cosnard, à l'aide d'une fondation perpétuelle qui date de 1610. A noter que Launay-Milon et Péviers connurent aussi des maîtres d'école.

Eglise de Broons (Bretagne).

Voir   Ville de Broons (Bretagne) " La paroisse de Broons ".

Voir   Ville de Broons (Bretagne) " Le clergé de Broons durant la Révolution ".

Voir   Ville de Broons (Bretagne) " Election (en 1793) et Interrogatoire (en 1796) à Broons ".

la chapelle Notre-Dame des Noes de Leslien ou Chapelle de Leslian (1454), située au lieu-dit La Ville-Morel et dédiée à saint Laurent. Cette chapelle est édifiée au XVème siècle par la famille Milon, anciens seigneurs de la Ville-Morel. La rosace de la chapelle date du XVème siècle et les vitraux qui l'ornent sont l'oeuvre du maître verrier Henri de Sainte-Marie ;

Note 3 : De de plan rectangulaire, la chapelle Notre-Dame des Noes de Leslien fut fondée en 1454 par Bertrand Millon, sr. de la Ville­morel, en l'honneur de la sainte Vierge, de saint Sébastien et saint Julien martyrs, et de saint Bernardin confesseur. Le 22 décembre 1459, le fondateur obtint licence d'avoir des fonts baptismaux et de célébrer secrètement, même en temps d'interdit général. En même temps il fit confirmer l'union de cette chapelle avec la chapellenie Saint-Mathurin fondée en l'église de Broons par ses ancêtres. En 1516, la chapelle était, comme de nos jours, dédiée à saint Laurent. Elle fut achetée sous la Révolution par Pierre Huguet et Perrine Regnier et restaurée en 1886 (R. Couffon, 1935).

la chapelle de la Madeleine (XIV-XVIIème siècle), située près du cimetière et fondée, semble-t-il, par la mère de Du Guesclin vers 1365. En 1391, des indulgences sont accordées à Broons pour la chapelle : " Cupientes igitur ut capella beate Marie Magdalena de Heremo, sita in parrochia de Broon, Macloviensis diocesis ad quam, ut asseritur, in festo ejusdem sancte confluit causa de votionis populi multitudo, congruis honoribus frequentetur et ut Christi fideles … ad fabricam hujusmodi manus porrexerint adjutrices … Datum Avenione, III kalendas aprilis, anno tertiodecimo (30 mars 1391) " (Archives du Vatican). Les fenestrages situés à l'Est et au Sud de l'édifice datent du XIVème siècle. Une fenêtre date du XVIème siècle. Elle est restaurée et bénite au XVIIème siècle par Mgr de Rosmadec, alors évêque de Saint-Malo ;

Note 4 : Edifice de plan rectangulaire dont la fondation est attribuée par la tradition à Jeanne Malemains, mère de Duguesclin, mais sans preuves. Il fut endommagé pendant la guerre de Succession et le pape accorda le 30 mars 1391 une bulle d'indulgences en faveur de cette chapelle où affluait une grande quantité de pèlerins. Elle fut presqu'entièrement reconstruite au XVIIème siècle et bénite le 22 juillet 1697, il subsiste cependant une fenêtre du XIVème (R. Couffon, 1935).

l'ancienne chapelle des Filles de Sainte-Marie de Broons, mentionnée en 1940. En forme de croix latine, elle comprend une nef de 4 travées dont une avec tribune, un transept cantonné de quatre chapelles et un choeur comprenant une travée droite et une circulaire ; style roman. La bénédiction de l'édifice, construit sur les plans de M. Morvan, architecte à Saint-Brieuc, par M. Eveillard, entrepreneur à Lamballe, eut lieu le 1er avril 1894. Mobilier moderne de E. Le Goff, sculpteur à Saint-Brieuc, chemin de croix et statues de Le Merle, vitraux de Laigneau (R. Couffon) ;

Ville de Broons (Bretagne).

les anciennes chapelles, aujourd'hui détruites : - la chapelle de Cambel, détruite au XIXème siècle. On y voyait l'inscription suivante : ETIENNE HENRY M'A FAIT FAIRE EN 1622. - la chapelle du Bois Passemalet. - la chapelle de l'Hermitage. C'était une possession fort ancienne de l'abbaye de Boquen, confirmée à cette abbaye au début du XIIIème siècle par Juhel de Mayenne. - la chapelle Saint-Malo-des-Bois. A noter que la métairie de Saint-Malo-des-Bois était une dépendance de l'abbaye de Paimpont. On mentionne en 1636 à Broons " la donation par Jean Lamiré d'une pièce de terre pour aider à construire la chapelle du Saint-Rosaire " ;

la croix de la Normandais (haut moyen âge). C'est une croix monolithe, une grande pierre plate en forme de croix, sans sculpture apparente aujourd'hui. Un bras de cette croix a été brisée, à une époque inconnue, mais lointaine. A-t-elle quelque rapport dans le temps avec la fontaine de Saint-Lunaire qui est voisine ? ;

la croix de la Ville-Bougault ou du Bret (1587), située à La Ville-Bougault ;

le manoir des Milons de la Ville-Morel (XVème siècle), situé près de la chapelle Notre-Dame des Noës. Le porche est du XVème siècle. Une alliance entre la famille Milon et la famille de Lanvallay aurait eu lieu au XVème siècle (comme le montre un écusson) ;

le manoir de Launay-Milon (XVIIIème siècle). Ce domaine appartient dès le XVme siècle à la famille Milon ;

le manoir de la Noe-Dervel (XVème siècle) ;

le manoir ou château (XVIIIème siècle), situé rue de Pédenhoët et édifié au XVIIIème siècle par Béchu de Lohéac ;

le manoir de la Cavée (XVIIème siècle), situé rue de Lorraine. Juste avant la Révolution, le propriétaire du manoir est Jacques Louis Morice. Ce manoir devient ensuite la propriété de la famille Petitbon de La Ville-Morvan ;

la maison Tardivel, située à Brangalo. On y voit un linteau de fenêtre qui date du début du XVIème siècle ;

6 moulins dont le moulin à vent de Broons et les moulins à eau de la Claye, de l'Aulne (XIXème siècle), de Broons,… « Les moulins étaient autrefois très nombreux. Il en existait à Quinièbre, à la Claye ; on connaît encore le moulin de l'Aulne. Il y avait deux moulins au Bois de Broons, car il y avait deux étangs ou retenues d'eau. L'étang inférieur seul subsiste. On ne saurait dire à quelle époque furent construites les deux levées qui créèrent les étangs ; ce sont des travaux très anciens dûs sans doute aux Sires de Broondineuf. Un troisième moulin à eau existait entre le Bois et la Mare-Péchard. Enfin, sur la lande qui surplombe la route, près de Kermelin, se trouvait un moulin qui fut sans doute d'abord à bras ou à cheval, puis à vent. Si l'on observe que Kermelin veut dire village du moulin, on doit faire remonter la création du premier moulin au moins à l'occupation bretonne ! L'emplacement figure toujours au cadastre (au milieu de la « Lande du Moulin »). Les meuniers étaient autrefois très mal considérés. Le moulin de « Cachegrain » à Sévignac est l'expression spirituelle de la rancune populaire. « Moladinarius ergo latro », disait-on en latin : « Un meunier, c'est un voleur ». Tout le monde sait qu'il n'en est plus ainsi » (E. Le Giemble) ;

Ville de Broons (Bretagne) : moulin.

A signaler aussi :

la motte castrale de Linée, dite la butte du Pré-Robert (moyen âge) ;

le souterrain de Brangalo (âge du fer) ;

Ville de Broons (Bretagne) : manoir.

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ANCIENNE NOBLESSE de BROONS

SEIGNEURIE DE BRON : En 1248, Guillaume de Bron accompagne le Roi Louis IX — Saint-Louis — à la Croisade et s'y comporta vaillamment, notamment à la bataille de la Mansourah (1250), où il couvrit de son corps la personne du Roi. Il fut assez heureux pour revenir sain et sauf, sans doute plus riche de gloire que d'écus. Tout le monde connaît le nom de notre petite rivière, la Rosette. Cette rivière reçoit un petit affluent qui vient des Noës et qui rejoint la Rosette à la Mare-Pèchard. Nous avons entendu appeler ce ruisselet : la Damiette. Rosette et Damiette ! Quelle évocation ! Ce sont précisément les noms des deux bras du Nil d'Egypte, lorsqu'il se jette à la mer Méditerranéenne. C'est sur les bords de la Damiette que Guillaume de Bron, compagnon de Saint Louis, se battit glorieusement. Faut-il en déduire que c'est lui qui baptisa tout au moins la Rosette en souvenir de sa campagne d'Orient ? En 1251, Robert Du Guesclin, seigneur de Pontorson et autres lieux, épouse l'héritière de Bron et... la seigneurie. Il eut plusieurs enfants dont l'aîné Robert fut le père de notre compatriote Bertrand. C'est en 1320, que noble dame Jeanne de Malemains « achetit de la nouveauté » en la personne du futur Connétable. Nous n'entreprendrons pas l'Histoire du grand Bertrand. Ce n'est pas notre sujet. Disons cependant qu'il est mort en 1380 au siège de Château-Neuf de Randon. Son corps repose en l'Eglise de l'Abbaye Royale de Saint-Denis, au milieu de nos Rois ; son coeur est enfermé dans la pierre en l'Eglise de Saint-Sauveur de Dinan. Mais au juste comment s'appelait-il ? Il est probable qu'il ne s'appelait pas du tout Du Guesclin. D'après les historiens, la forme primitive du nom du Seigneur de Pontorson aurait été DU GUERPLIC. Comment en est-on arrivé aux diverses formes du nom qu'on trouve dans les textes anciens ? Mystère ! Quoiqu'il en soit, dans son testament, Jeanne de Malemains, mère du Connétable, qui devait tout de même bien connaître le nom de son mari s'est désignée elle-même : « Uxor domini mei Roberti de Glaquino ». Un siècle après, le poète Villon écrit encore Claquin et le poète Marot après lui. Mais sur la dalle qui renferme le coeur du héros, à Saint-Sauveur de Dinan, on lit sans conteste possible Guéaquin. Le Gué Aquin aurait-il été le passage à gué de la Rivière ? Le nom de Aquin ou Haquin est celui d'un personnage des temps légendaires. Mais il est resté dans le pays. Tout cela ne nous dit pas comment on est venu à la forme Du Guesclin qui a prévalu. Quant au Connétable, il signe tout simplement BERTRAN. Il est bien possible qu'il n'en sut jamais davantage écrire. Disons enfin qu'il ne faut pas parler des descendants du Du Guesclin. L'Histoire ne lui en donne aucun. Il était donc « Bréhinier ». Bertrand eut un frère 0llivier, qui fut son compagnon d'armes. Julienne, sa soeur, fut abbesse de Saint-Georges de Rennes ; elle défendit Pontorson contre les Anglais en 1364. Un Joachim fut député aux Etats Généraux de 1593. On note encore plusieurs Conseillers au Parlement depuis 1608, un évêque de Cahors, un brigadier d'infanterie en 1781, un membre de la famille admis à la Cour en 1770. Vers cette date, le nom a disparu, fondu dans celui de La Robrie. Vers 1350, le château était d'une réelle valeur militaire, comme la suite le démontrera. Il avait sans doute été mis en état de résister à l'artillerie à poudre qui devenait de jour en jour plus puissante. On s'y livrait aux exercices militaires et le champ de manoeuvre de cavalerie se trouvait... à la Tournoyaie. Le nom est resté au village situé en face du chemin qui va de la route nationale à Launay-Milon. Au XIVème Siècle, la seigneurie de Broon et du Vau-Ruzé (titres pris par Du Guesclin) fait partie de la Comté de Penthièvre dont la capitale est Lamballe. Lors des démêlés de la Maison de Penthièvre avec le Duc, elle fut détenue un moment par cet autre grand soldat que fut 0llivier de Clisson. Reprise aux Penthièvre par les troupes ducales de Jean V, le 14 Septembre 1420, elle fut remise par le Duc à Jacques de Dinan. En 1429, la seigneurie est cédée à un Sire de Brézé pour 13.000 écus. Revendue, elle passe aux mains de la famille de Villeblanche. Pierre de Villeblanche se trouve dans les rangs des mécontents contre le Duc François II qui, à leur gré, s'entourait plus que de raison de conseillers étrangers. En 1484, en même temps que les Laval, les Rohan, les Rieux, les Avaugour et autres grands seigneurs remuants et ambitieux, il signe à Montargis, le 28 Octobre, avec Anne de Beaujeu, l'énergique fille de Louis XI, régente du royaume, un traité aux termes duquel il s'agissait de remettre purement et simplement le Duché au Roi de France. Pas moins ! Curieuse manière d'être nationaliste breton, dirait-on aujourd'hui. C'était aller un peu vite en besogne : l'idée de la réunion de la Bretagne n'était pas mûre bien qu'elle hantât déjà certains cerveaux turbulents. Un accord fut conclu entre la Régente et le Duc. La Breta­gne resta ce qu'elle était et Broons resta... en Bretagne, soumis au Duc. La seigneurie passa ensuite entre les mains de la famille d'Espinay, à celle des Lorraine Brionne en 1689. La présence des Princes de Lorraine dans notre pays explique les Croix de Lorraine que l'on trouve un peu partout à nos carre­fours, notamment aux Alleux et aux environs d'Yvignac. Enfin, en 1758, suivant acte passé par devant M. Dubois, notaire, eut lieu le 25 Juillet la vente pour 470.000 des terres, fiefs et seigneurie de Broon, Limoëlan, Beaumanoir, Beaumont et la Grande Boixière par le Prince Louis Charles de Lorraine, Comte de Brionne, à Messire Louis, Jean-Baptiste, Benoist, Claude, Comte de Bruc pour partie et pour le surplus à Messire Alain, Julien Picot de Clorivière (Limoëlan) (E. Le Giemble).

Note : Bertrand Du Guesclin est né vers 1320 au château de la Motte-Broons. Fils de Robert Du Guesclin (ou plutôt de Robert Glaquin, car tel était le nom primitif de cette famille) et de Jeanne de Malemains, dame de Sens, près de Fougères (fille de Foulques de Malemains). L'aïeul de Bertrand Du Guesclin avait épousé, en 1270, l'héritière de Broons. Bertrand est l'aîné de dix enfants : 4 garçons et 6 filles. Parmi les premiers, figure Olivier, qui est le fidèle compagnon d'armes de son frère et devient après la mort de celui-ci connétable de Castille. Parmi les secondes, on aime à citer Clémence, abbesse du couvent des Couëts (dans la paroisse de Bouguenais, près de Nantes) et surtout Julienne, abbesse de Saint-Georges de Rennes. D'abord au service du duc Charles de Blois (vers 1342), puis du roi de France (en 1361), Bertrand est victorieux à Cocherel (en 1364) et fait prisonnier à Auray (en 1364), puis à Navarette (en 1367). Il est fait connétable le 2 octobre 1370 et meurt sans héritier direct au siège du château de Châteauneuf-de-Randon le 13 juillet 1380. Olivier IV de Clisson (1336-1407), successeur de Du Guesclin comme connétable de France, est aussi seigneur de Broons.

Ville de Broons (Bretagne).

SEIGNEURIE DE BROON-DIT-NEUF : L'Histoire de la Seigneurie de Broon-dit-Neuf est plus effacée. Son château féodal a certainement existé : les douves sont de cette époque ainsi que certaines substructions des bâtiments actuels, et la chapelle extérieure, très restaurée à plusieurs reprises. Mais on n'entend pas parler de lui et il semble qu'il n'ait joué aucun rôle militaire. En 1498, Gilles de Carmené ou Kermenez, sire de Plessala, échanson de la Reine Anne, épouse Françoise de Broon, dame de Broondineuf. Un souvenir nous reste de cette époque. Les Carmené étaient seigneurs d'une terre située à Saint-Vran, nommée le Gué-Yvon. Il est probable que ce sont eux qui ont apporté à Broons ce nom qui désigne des prairies situées près de Pen-an-hoët. En 1565, René de Derval épouse Peronelle de Carmené, arrière-petite-fille de Françoise de Broondineuf. De cette époque date la Noë-Derval. On retrouve la seigneurie entre les mains des Sires de Saint Pern qui la détiennent à la Révolution. Un Sire de Saint Pern crée le corps d'élite des grenadiers de France. Sans qu'on puisse préciser si les personnages que l'on va citer appartiennent à l'une ou l'autre Maison, on peut faire état de : Messire Olivier de Broon, bénédictin de l'Abbaye de Saint-Melaine à Rennes ; il devint abbé de Saint-Aubin-des-Bois (Plédéliac). Messire Jean de Broon, abbé de Saint-Aubin, 1495. Messire Bertrand de Broon, abbé de Saint-Jacut-de-la-Mer. Une branche cadette de la Maison de Broon se fixa à Availles, près de la Guerche (Ille-et-Vilaine). La famille et le nom s'éteignirent au cours du XVIIIème siècle. Tout récemment, si l'on en croit les journaux (1942), un aventurier a tenté de ressusciter le nom en se faisant appeler Prince de Broons. L'imposture a été découverte par de savants généalogistes qui ont démontré que la famille s'était réellement éteinte au XVIIIème siècle. Ce court aperçu historique que nous n'avons osé développer davantage nous a entraînés aux abords de la Révolution. Nous n'en reparlerons plus, mais nous devons retourner en arrière. Disons encore qu'il est faux que le château de la Motte-Broon a été rasé par les Anglais. Il semble bien qu'ils n'y mirent jamais les pieds. L'heure de sa ruine n'est pas en­core venue, nous en reparlerons en temps voulu. Nous devons dire un mot de l'occupation de notre pays par les Anglais pendant la guerre de Succession. Les soldats d'outre-mer ne furent jamais très nombreux et l'on aurait grand tort de croire à une occupation totale. Les Anglais occupaient quelques places fortes ou points d'appui entre lesquels ils circulaient par petites bandes armées sans tactique préconçue, sans idée de manoeuvre, obéissant surtout aux besoins du ravitaillement et au goût de la rapine. Quelques noms de villages nous ont laissé le souvenir de leur occupation. Citons les noms caractéristiques de Hubertson (fils de Hubert) et de Penbroke à Sévignac. On ne saurait affirmer que le nom de Cambel, à consonance anglaise — Campbell — ait la même origine, car on a écrit Cambert, Cambaire (E. Le Giemble).

Ville de Broons (Bretagne) : château de Brondineuf.

Dès le XIIIème siècle, on signale des nobles à la Normandais, au Bois Passemalet, où habite une famille Le Lepvroux qui se perpétuera sur place jusqu'à la Révolution ; des nobles aussi aux Noës, à la Ville-Morel. Seule la seigneurie de la Ville Morel est de quelque importance. Elle fut le berceau de l'illustre famille des Milon qui a laissé son nom à Launay-Milon, la Croix-Milon. Cette famille a donné deux abbés au monastère royal de Saint-Jacut-de-la-Mer, Messires Guillaume et Etienne Milon. Un rocher dans la Baie de Lancieux-Saint-Jacut a conservé leur nom. A Lancieux, une ferme, ancienne propriété de l'Abbaye, s'appelle la Ville-Morel. En 1383, Yves Milon était trésorier général de Bretagne. Bertrand Milon occupait la très haute situation de Procureur Général au Parlement de Bretagne. Il fut ambassadeur du Duc près de la Cour de Rome. En 1453, il avait fondé une Université à Nantes. Il ne subsiste de leur belle « demeurante » que le magnifique portail ogival qui donnait entrée à la résidence seigneuriale. Les pierres du château ont servi à la construction de l'actuelle maison rurale (E. Le Giemble).

En 1437, la liste des nobles à Broons est la suivante : Pierre Milon, J. Le Lepvroux, J. Nouvel, Philippot de Québriac, G. Le Bret, J. Le Fisle, la femme G. Beaupoil, la veuve de Jean du Boys.

En 1472, comparurent à Broons les nobles dont les noms suivent : Pierre Le Lepvroux, archer en brigandine, c'est-à-dire devant s'armer de l'arc et d'une cotte en écailles de métal ; Jean Noueil, Jean du Boys, Jean de Bron, Eonet Noueil, Bertrand Milon, etc... etc... Comparurent en 1472 à la montre de l'archidiaconé de Dinan (des Salles, p. 311) : Pierre Le Lepvroux, par Jean son frère, archer en brigandine ; Jean Noël par Jean son fils., idem ; Jean du Bois, archer en brigandine ; Messire Jean de Broons, sieur de Brondineuc par Olivier des Landes, armé à blanc, page ô lance ; Eonet Noueil, coustilleur ; Gilles de Tremereuc, Jean Simonet, archers. — Me Bertrand Milon, sieur de la Ville-Morel, défaillant. (Il remplissait les fonctions de procureur général au Parlement de Bretagne).

Broons possédait jadis une haute, moyenne et basse justice qui ressortissait à Dinan et appartenait à M. de Saint-Pern-Brondineuf. Au moment de la Révolution, les maisons nobles de Broons étaient : le château de la Motte-Broons, la Normandais, le Bois-Pasmallet, les Noës, la Noë-Mallet, la Noë-Brondineuf, le Châtelier, Kergouet et la Ville-Morel, qui appartenait, en 1383, à Yves Millon, trésorier général de Bretagne.

Ville de Broons (Bretagne) : manoir.

Dans la liste des feudataires (teneurs de fief) des évêchés de Saint-Malo et Dol en 1480, on comptabilise la présence de 5 nobles de Broons :

Jehan DU BOAYS (20 livres de revenu) : excusé comme appartenant à la maison du comte de Laval ;

Pierre LE LEVROUX (50 livres de revenu) : comparaît revêtu d’une robe ;

Bertrand MILLON de Villemorel (600 livres de revenu) : excusé comme appartenant à la maison du duc ;

Jacques MILLON de la Garenne (200 livres de revenu) : comparaît comme homme d’armes ;

Jehan NOUEL : porteur d’une brigandine et comparaît en archer ;

A la veille de la Révolution, il ne reste au terroir de la paroisse de Broons que les familles suivantes : - la famille de Bruc, héritière de la seigneurie de Broons, originaire de la Loire-Inférieure (Guémené-Penfao), - la famille de la Nouë de Bogar, originaire de Quessoy ou Hénon, - la famille du Rocher de Quengo, de Langast, - la famille de Saint Pern, de Bécherel, - enfin la famille Le Levroux, la plus ancienne dans le pays, qui se maintient depuis le haut Moyen Age au Bois Passemalet. Seule la famille Le Levroux est peut-être encore résidente.

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