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14 Octobre. Sainte HONORÉE, Religieuse.

Honore ou Honorée naquit en Angleterre, vers 446, et fut pieusement élevée à la cour du roi, son père. Ce Saxon était en guerre avec un souverain d'Irlande, auteur des jours de saint Euflam ou Efflam. Las de verser le sang, les deux monarques cimentèrent une alliance par le projet d'union d'Efflam et d'Honore.

A l'époque fixée pour les noces, la princesse fut conduite en Hibernie et le mariage fut célébré avec de grandes réjouissances.

Les deux époux qui n'étaient entrés dans les vues de leurs parents, que par respect pour eux et pour des traités dont l'inexécution eût attiré des malheurs sur deux royaumes, résolurent de garder la continence.

Efflam, se hâtant de fuir le palais et la couronne que lui laisserait la mort de son père, vint en Bretagne avec de jeunes seigneurs attachés à son service et qu'il avait gagnés à Dieu.

Honora, désirant l'imiter, prit des vêtements très-simples, et sur un bateau atteignit Coz-Yeaudet, à l'embouchure de la rivière du Leguer, le troisième jour de sa navigation. La mer se retirant, laissa l'embarcation à sec sur le sable, dans une des écluses du gouverneur. Le fermier de cet établissement y trouva la princesse qui lui apprit le sujet de son arrivée. Il lui répondit qu'un saint ermite demeurait à deux lieues de là, et la mit sur le chemin de sa retraite. Le bruit de cette rencontre se répandit et le gouverneur, jeune libertin, poursuivit à cheval la pieuse étrangère. Il allait l'atteindre, quand elle entra dans la demeure de son époux. Le bras que le méchant levait pour saisir sa victime devint aride, ce pécheur, rempli de crainte et de regret, excita la pitié de la servante de Dieu. Elle pria son vertueux mari d'intercéder pour le coupable repentant, et le ciel, exauçant ses vœux, le guérit aussitôt. Ce Seigneur reconnaissant donna à son bienfaiteur une belle terre pour y bâtir un couvent, et s'en retourna publiant les mérites des saints insulaires.

Saint Efflam, charmé de voir son épouse embrasser son genre de vie, lui fit préparer un asile dans un val ou à une demi-lieue, et au couchant du sien fixé sur le rivage qui borne Plestin au nord-est. Il permit à la sainte de venir à son monastère pour s'entretenir des choses du salut, évitant de se regarder. Honora avait un oratoire touchant sa cellule, et elle y coulait des heures entières dans la contemplation : la cloche de sa maison de prière s'entendait jusque dans la chapelle d'Efflam, et le son de la cloche de celle-ci retentissait jusque dans la solitude de la sainte. Honorée venait aux offices divins que célébraient ses vertueux amis, et parfois elle se rendait à la porte de la cellule de son époux qui, sans ouvrir et restant à l'intérieor, l'entendait et lui donnait de salutaires instructions, la bénissait et la laissait regagner son humble chaumière.

Honorée demeura plusieurs années dans ce désert, fréquentant l'église des saints réfugiés et fortifiée par les conseils d'Efflam, leur chef. D'après ses avis, elle passa dans la Cornouaille et habita les environs de Carhaix, dont l’hôpital est sous son patronage. On croit qu'elle se joignit à sainte Ninnoch pour fonder l'abbaye de Lannenec. Elle y prit l'habit religieux, y vécut et mourut saintement.

Elle a une statue au côté de l'épître, dans la chapelle de Saint-Efflam-en-Grève (aujourd'hui en Plestin-les-Grèves), et une autre à l'autel du même élu, dans l'église de Plestin (aujourd'hui en Plestin-les-Grèves). La sainte est invoquée contre la fièvre. A la suite d'une épidémie, où sa médiation avait été puissante, la famille de Lezormel fit relever la chapelle qu'elle avait, depuis un temps immémorial, au lieu de sa retraite en Plestin. Une rente de douze boisseaux de froment y avait été créée pour la desserte d'une messe tous les vendredis. Une action en justice pour reddition des comptes du gouverneur de ce saint lieu, en date du 28 Juillet 1789, parle d'indulgences plénières accordées par bulles romaines à la chapelle de sainte Honorée. Sa fête est célébrée le deuxième dimanche d'Octobre. L'édifice sacré est en ruine depuis 1793.

(M. de Garaby).

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