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LES ANCIENNES MINES DE BRETAGNE.

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Dans un ouvrage intitulé : Les Anciens Minéralogistes du Royaume de France, édité en 1779 chez Rouault par les soins de Gobet, se trouvent imprimées les œuvres de la baronne de Beausoleil. L'ouvrage de Gobet est une compilation où il a réuni les écrits de nombreux minéralogistes des siècles précédents, aujourd'hui documents excellents à consulter pour étudier l'histoire des anciennes mines françaises.

Les Beausoleil, le mari et la femme, ayant eu en Bretagne une mission officielle, nous nous proposons de les présenter au lecteur, d'exposer leurs méthodes de recherches, méthodes surannées assurément, mais qui nous semblent avoir eu des résultats certains longtemps après leur mort, et enfin de narrer l’épisode final qui leur advint sur la terre d'Armorique. Nous terminerons en donnant la liste des mines de Bretagne signalées par eux, selon Gobet.

LEUR BIOGRAPHIE.

Jean du Chastelet, baron de Beausoleil et d'Auffembach, est né dans le Brabant vers 1578, et sa femme, Martine, de Bertereau, dans le Berry ou la Touraine.

L'un et l'autre paraissent avoir été toute leur vie employés aux travaux et à l'exploitation des mines. Ils avaient visité celles d'Allemagne, de Hongrie, de Bohême, de Pologne, de Suède, d'Espagne, d'Angleterre et de France. Jean du Chastelet eut des emplois importants, car les empereurs Rodolphe et Mathias l'avaient établi « conseiller et commissaire général des trois chambres des mines de la Hongrie, l'archiduc Léopold l'avait créé général des mines du Tyrol et du Trentin, les ducs de Bavière, de Neubourg et de Clèves lui avaient donné le même titre dans leurs duchés ».

L'exploitation des mines françaises avait cessé au crépuscule du Moyen-Age ; les dernières entreprises prospères avaient fini avec le XVème siècle expirant ; la: découverte des mines d'Amérique, les guerres d'Italie et de Religion avaient détruit tout esprit d'entreprise au XVIème siècle. C'est à peine si l'on se souvenait encore au temps d'Henri IV de l'existence des exploitations antérieures. Mais ce dernier sut ne pas l'oublier. Il aliéna les mines de Guyenne, du pays de Labour, du haut et bas Languedoc en faveur de Pierre de Beringhen, son premier valet de chambre, et le nomma contrôleur général des mines de France. Ce dernier, ayant entendu parler des époux Beausoleil, les fit venir une première fois en France après 1601, date de sa nomination, en une année de date incertaine, pour opérer des recherches.

Le marquis d'Effiat, successeur de Beringhen, sollicita de nouveau leurs offices en 1626. Le baron de Beausoleil reçut une commission le 31 décembre 1626 « pour se rendre dans les provinces afin d'ouvrir les mines, en faire des essais et donner des avis fidèles, avant de statuer ce qui serait convenable pour les affaires de Sa Majesté ». Elle fut enregistrée aux Parlements de Bordeaux, de Toulouse, d'Aix et de Rennes dans l'année 1627. Ils parcoururent ces différentes régions, mais « des désagréments leur étant survenus à Morlaix », les deux époux quittèrent la France et retournèrent en Allemagne où l'empereur Ferdinand renouvela au baron de Beausoleil sa charge de « Conseiller et Commissaire des Mines de Hongrie ».

Rappelés de nouveau en France l'année suivante, ils amenèrent avec eux des mineurs et des fondeurs allemands et de nouvelles lettres de « surannation » les confirmèrent dans leurs fonctions.

En 1627, le baron de Beausoleiil avait fait éditer à Béziers et à Aix, le Diorismus de materia prima lapidis, ouvrage en Latin que Gobet reproduit en entier. Il ne présente aucun intérêt.

En 1632, la baronne composa une plaquette dédiée au marquis d'Effiat : la Véritable Déclaration de la découverte des Mines et Minières de France, et enfin la Restitution de Pluton, éditée en 1640 « chez Hervé du Mesnil, à Paris, contenant 176 pages, sans les titres, épitre et sonnet » [Note : Ces deux ouvrages sont reproduits in-extenso dans les Anciens Minéralogistes du Royaume de France, p. 291 et p. 339. (Tome I)].

Après d'Effiat, M. de la Porte de la Meilleraye, surintendant général des Mines, donna un nouveau brevet au baron de Beausoleil, conseiller d'Etat de l'Empire, brevet daté du 18 août 1634 et délivré à Paris. Beausoleil put travailler dans les provinces du Lyonnais, du Languedoc, de La Rochelle et du pays d'Aunis pendant cinq ou six ans. Durant cette période, il avait demandé certaines concessions rédigées en plusieurs articles au Conseil du Roy et il allait les obtenir, lorsque la rédaction de l'arrêt fut retardée pour diverses causes et M. de la Porte remplacé par d'Emery. L'indécision ayant continué jusqu'en 1640, la baronne de Beausoleil eut la malencontreuse idée d'adresser une requête au cardinal de Richelieu, requête qu'elle doubla d'un sonnet, l'un et l'autre publiés en tête de la Restitution de Pluton. Le cardinal, circonvenu sans doute par quelques courtisans intéressés, prit fort mal la chose. Pensant qu'il avait affaire il un couple d'aventuriers sans foi ni loi, il fit enfermer le mari à la Bastille, la femme au donjon de Vincennes et, à partir de ce moment, nul n'en entendit plus parler (CAILLAUX, Les mines métalliques de la France, Paris 1870). Ils expièrent ainsi la faute d'avoir trouvé dans la terre de France quelques indices métallifères.

LEURS MÉTHODES DE PROSPECTION.

Ce couple, unique en son genre, a été accusé de crimes par des gens mal intentionnés et coupables. Or, leurs connaissances ont dû être très supérieures à celles de leurs contemporains. Evidemment, ils y mêlaient plus ou moins d'astrologie et d'alchimie, ce qui était la maladie de leur siècle et de tous les métallurgistes de l'époque. En tout cas, c'est à leurs frais qu'ils ont cherché des mines en France et ont voulu les exploiter. Ils y ont employé plus de 300.000 livres (GOBET, Op. cit. pp. 305 et 405. Art. Œuvres minéralogiques du Baron et de la Baronne de Beausoleil) ; ils n'ont sollicité ni gratifications, ni argent, et on leur concéda seulement des droits. La baronne réclamait uniquement la sûreté des biens qu'elle avait employés dans les mines sous les pouvoirs de M. de Beringhen.

Dans la Restitution de Pluton, la baronne de Beausoleil nous initie aux méthodes employées par elle et son époux à la découverte des mines. Elles sont à énumérer. Les voici textuellement (GOBET, Op. cit. p. 352. Art. Restitution de Pluton) :

« Il y a cinq règles méthodiques qu'il faut sçavoir pour cognoistre les lieux où croissent les métaux.

La première par l'ouverture de la terre qui est la moindre.

La seconde par les herbes et les plantes qui croissent dessus.

La troisième par le goust des eaux qui en sortent ou que l'on trouve dans les Euripes (sic) de la terre.

La quatrième par les vapeurs qui s'élèvent autour des montagnes et vallées à l'heure du soleil levant.

La cinquième et dernière par le moyen de seize instruments métalliques et hydrauliques qui s'appliquent, dessus.

Or, outre ces cinq règles et seize instruments, il y a encore sept verges métalliques dont la pratique est très nécessaire, desquelles nos anciens se sont servis pour découvrir en la superficie de la terre les métaux qui sont dedans et en leur profondeur, et si les mines sont pauvres ou riches en métal ».

Suit l'énumération des noms de ces verges, dont la description se trouve à la fin de l'ouvrage et n'offre qu'un intérêt médiocre.

Mais sans doute la baronne de Beausoleil ne nous dit pas tout. Les Beausoleil devaient avoir d'autres certitudes que celles-là, et il est à supposer qu'ils savaient parfaitement reconnaître les recherches des âges antérieurs, soit romaines, soit moyen-âgeuses. Ils avaient visité un assez grand nombre de mines et parcouru assez de localités en Europe pour avoir appris de visu en quoi consistaient les traces gallo-romaines d'exploitation. Quels étaient en outre les seize instruments métalliques auxquels Martine de Bertereau fait allusion ? Nous l'ignorons, et le reste de l'ouvrage n'en parle pas.

L'application des plantes à la recherche des mines a été longtemps le thème favori des vieux prospecteurs. La viola calaminaria a parfois donné de bonnes indications, de même l'amorpha canescens, mais rares ont été les endroits métallifères décelés par la végétation.

Le goût des eaux, pour des personnes entraînées à cet exercice, peut aussi donner quelques résultats, car les dégustateurs de vin arrivent à indiquer le nom, l'année et la provenance de tel ou tel crû. Pourquoi des buveurs d'eau ne pourraient-ils pas également reconnaître des goûts différents à l'eau suivant les métaux ou les minerais rencontrés par la nappe aquifère ? Les Beausoleil avaient peut-être des données expérimentales à ce sujet, leur tort a été de ne pas le dire.

Quant aux vapeurs qui s'élèvent de la terre à l'aube du jour, c'est une étude qui n'a jamais été entreprise.

L'ouvrage ne donne du reste aucune indication plus précise pour l'emploi des moyens proposés.

Nous conclurons donc en affirmant que les moyens de prospection des Beausoleil, si l'on s'en rapporte seulement à l'exposé de la baronne, sont bien anodins, et que s'ils sont arrivés à quelques résultats, dont nous signalerons plus loin l'existence, on peut se demander dans quelle mesure le hasard ou leur savoir y ont pris part.

DES DÉSAGRÉMENTS SURVENUS AUX BEAUSOLEIL A MORLAIX.

Les Beausoleil ont voyagé sur le sol armoricain en l'année 1628. Leur commission de recherches minières avait été « registrée » au Parlement de Bretagne en 1627. Si nous nous en référons à certain manuscrit publié par Gobet, ils l'auraient presque entièrement parcourue et auraient trouvé de nombreux indices métallifères dans le pourtour de la province, puis ils seraient venus s'échouer à Morlaix, où, dans le but de se reposer, ils auraient loué une maison pour eux et leur suite. Cela ne devait pas les empêcher de se livrer dans les environs de la ville à leurs occupations ordinaires de prospection. Dans cette même localité, vivait en 1627 un prévôt provincial du duché de Bretagne, nommé La Touche-Grippé.

A cette époque, la charge de prévôt correspondait à celle de commissaire de police. Celui-ci, personnage grincheux, avait vu d'un très mauvais œil ce couple, qu'il ne connaissait pas, s'installer dans son voisinage. Leurs allées et venues lui avaient semblé suspectes. L'opinion publique était hostile aux chercheurs de mines ; on avait vite fait d'accuser ces gens de sortilèges et de magie, surtout en les voyant se servir d'instruments bizarres qui portaient des signes cabalistiques, ou en les surprenant couchés à plat ventre le matin pour l'examen des vapeurs, qui s'élèvent de la surface du sol. Prospecteurs, exploitants, mineurs étaient considérés comme des aventuriers. La Touche-Grippé profita, de ce que l'opinion de ses concitoyens était hostile aux Beausoleil. Sachant sans doute que leurs papiers n'étaient pas encore parfaitement en règle, il attendit le jour où le mari était allé faire l'examen d'une mine dans la forêt du Buisson-Rochemares (GOBET, Op. cit. pp. 421 et 422) et où la baronne était partie pour Rennes solliciter l'enregistrement de la commission de recherches. Profitant de leur absence, et assisté par le substitut du Procureur du Roi à Morlaix, il se rend à la maison des Beausoleil, se fait ouvrir les portes et y perquisitionne à son aise. Il ouvre les armoires, les coffres, y prend ce qu'il trouve à sa convenance, « bagues et pierreries de la baronne, or et argent donnés par l'Etat, échantillons de mines, procès-verbaux, papiers, mémoires des lieux où ils avaient trouvé des minéraux, épreuves qu'ils en avaient faites, instruments pour découvrir les mines », puis il se retire avec son butin.

On s'imagine facilement le désespoir de ces malheureux, lorsqu'ils trouvent à leur retour leur maison ainsi cambriolée. En vain, veulent-ils protester, le prévôt est tout-puissant dans la ville, il a l'opinion publique pour lui, il ne leur rend rien et leur signifie de déguerpir.

A qui, ces gens, étrangers en France, peuvent-ils recourir ? Personne ne les écoute, nul ne les soutient. Ils n'ont plus qu'à s'en aller. C’est ce qu'ils font. Ils reprennent le chemin de l'Allemagne où l'Empereur de nouveau renomme Jean du Chastelet « Conseiller et Commissaire général des mines de Hongrie ».

Lorsqu'ils revinrent en France en 1630, Martine de Bertereau se plaignit amèrement de La Touche-Grippé dans la Véritable déclaration des Mines du Royaume de France où elle demande à rentrer en possession de ce que ce dernier lui a pris: « Ayant été dépouillée d'une grande partie de mes biens par La Touche-Grippé, je n'ai pu jusqu'à présent avoir satisfaction... (GOBET, Op. cit. p. 305) ». N'ayant pu rien obtenir, elle revient encore plusieurs fois à la charge dans la Restitution de Pluton, parue en 1640, et dont la dédicace est en somme une supplique à Richelieu. Jamais elle n'eut gain de cause, jamais les objets indûment confisqués ne lui furent rendus.

L'ODYSSÉE D'UN MANUSCRIT.

Lorsque parut en 1640 la Restitution de Pluton, cet ouvrage comportait comme indication de mines en Bretagne uniquement celle-ci :

« Une mine d'amétistes, proche là ville de Lannion, comme aussi une mine d'argent ». Rien autre sur la Bretagne.

Or Gobet nous donne sous le titre de : « Mines de Bretagne » (GOBET, Op. cit. p. 305), une nomenclature formidable. Après avoir présenté au lecteur un historique succinct des anciennes mines de la province sous l'administration ducale, Gobet dit :

« Nous croyons devoir ajouter la copie d'un ancien mémoire que M. de la Ruë, médecin breton ; avait envoyé avant sa mort à M. Romé de Lisle [Note : ROMÉ DE LISLE (1736-1790), minéralogiste français, auteur de plusieurs ouvrages, notamment une « Cristallographie »], qui a bien voulu nous le communiquer. Ce ne peut être que l'ouvrage du baron et de la baronne de Beausoleil, car on vient de voir que les mines ont été exploitées dans la Bretagne sous les ducs, négligées ensuite jusqu'à Louis XIII, temps où le manuscrit original semble avoir été copié et que la baronne disait avoir perdu ».

Si cette explication est vraie, il faut en conclure que les papiers des Beausoleil, saisis indûment par La Touche-Grippé, n'avaient pas été perdus pour tout le monde. Romé de Lisle communiqua le manuscrit à Gobet vers 1778 et le départ des Beausoleil de Morlaix avait eu lieu en 1628. Un siècle et demi s'était écoulé. A la mort de La Touche-Grippé ces papiers ont dû échoir à l'un de ses héritiers et, restés dans sa descendance, ils auront fini par être considérés comme des papiers de famille. Il est encore possible de supposer qu'ils ont passé dans une vente entre des mains étrangères et arriver ainsi au docteur de la Ruë. Primitivement regardé comme sans importance, le manuscrit acquit quelque intérêt au début du XVIIIème siècle, à une époque où la question minière fut de nouveau à l'ordre du jour. Un arrière-petit-neveu de La Touche-Grippé, ou l'acquéreur du manuscrit, parent du docteur de la Ruë, peut-être même ce dernier, s'avisa un jour, dans les environs de 1720, qu'il possédait un vieux grimoire donnant des indications fort intéressantes sur le sujet. Il le compulse, le communique à un homme du métier et, si notre hypothèse est exacte, ce dernier se rend à des localités indiquées par le manuscrit, y fait des prospections, des recherches, et trouve par exemple qu' « à Pontpéan, à deux lieues de Rennes, il y a une bonne mine de plomb, contenant de l'argent, du vitriol, du souffre, du zinc, du mercure, de l'arsenic » (GOBET. Op. cit. Art. Mines de Bretagne, p. 313). On fait des travaux, on ouvre un puits, on obtient un arrêt du 22 mai 1731 accordant une concession à la « Compagnie des Mines de Bretagne » par lettres patentes entérinées le 3 juillet 1731. Pontpéan donne de magnifiques résultats, mais on ignore à tout jamais que les pauvres Beausoleil, morts depuis près de cent ans, ont été les inventeurs d'une mine qui, après deux siècles d'existence, vient de se fermer il y a quelques années à peine et dont la dernière benne d'extraction n'est peut-être pas encore tirée. Remarquons en passant que le filon de Pontpéan a eu de 10 à 15 mètres de puissance (CAILLAUX, Mines métalliques de la France).

Citerons-nous Châtel-Audren, « une riche mine de plomb contenant de l'argent ». Châtel-Audren, mise en exploitation en 1707, qui connut des jours de prospérité pendant le cours du XVIIIème siècle et que la Révolution fit mourir, pour renaître en 1865 dans la concession nouvelle de Trémusson ? Qui l'avait signalée ? Sûrement le même manuscrit.

Nous n'attribuerons pas aux Beausoleil l'invention des mines de Poullaouen et du Huelgoat (appelé Vulgoët par le manuscrit), la plus grande concession de Bretagne (12.500 hectares), parce que celles-là ont été exploitées par les Romains et au Moyen-Age. Toutefois, la même référence les indique, et Gobet ajoute en note que « par lettres patentes données à Chantilly le 17 août 1729 le sieur de la Bazinière obtint la concession des mines de plomb dans les paroisses de Berrien, Poullaouen, Ploué, Loquefré, le Prieuré, la Feuillée, Norminais, Carnoët, Plusquels, Trébiran, Pol et Malcarhaix ». Le manuscrit n'aurait-il pas contribué à leur remise en exploitation ?

Or, dit Hellot (HELLOT, Etat des mines du Royaume de France), « Poullaouen, Chatel-Audren et Pontpéan procurent les deux tiers de la production du plomb ; leur part s'élève dans les années particulièrement fécondes jusqu'à 6 et 700.000 marcs  » [Note : Le marc valait 240 grammes].

Ailleurs, le même Hellot nous apprend ceci :
« Je pourrais encore citer les travaux utiles de la Compagnie qui a entrepris de remettre en valeur les mines des anciens Ducs de Bretagne à quelques lieues de Morlaix ; mais cet établissement a coûté des sommes très considérables avant de donner le bénéfice dont la Compagnie jouit depuis quelques années » (GOBET, Op. cit. Art. Hellot Sur l'exploitation des mines de Baigorry, en Basse-Navarre, p. 211 ; 1756).

Plus loin, il nous dit encore : « La mine de Pontpéan (peut-être la plus riche des mines de plomb connues en Europe), après avoir ruiné deux Compagnies, a trouvé pour l'exploiter un citoyen éminent (M. Broëlmann) qui, après avoir exécuté en deux ans des travaux de toute espèce et y avoir dépensé près de 700.000 livres, s'en promet un remboursement prochain par l'abondance du minéral qu'on en tire journellement ».

Monnet aussi parle avec éloges de cette vieille mine de Poullaouen dont il attribue le succès à la protection gouvernementale. « Dans un des sols les plus ingrats de la Bretagne, elle fait vivre depuis 35 ans de 500 à 1.200 personnes, elle a fourni au commerce de 1.000 à 10.000 marcs d'argent et de 600 à 1.500 milliers de livres de plomb » (MONNET. Atlas minéralogique de la France - 1780).

Enfin, nous citerons pour mémoire la mine de Coet-an-Noz, toujours signalée par le même manuscrit. « Dans la paroisse de Plougonver, à la montagne de Totlesdu, une mine d'argent, contenant quantité de beaux cristaux taillé en pointes de diamants ». Dès 1698, ce gisement était connu. Gobet nous dit en note que des travaux y ont été entrepris vers 1710 par M. de Goësbriand, mais que son peu de produit l'avait fait abandonner. Repris en 1760, poursuivi jusqu'à 300 pieds de profondeur, son filon n'a pas maintenu sa direction, mais le minerai est fort riche. Celle-là encore a pu être exploitée d'après les indications du manuscrit.

La conclusion est celle-ci : le manuscrit de M. de la Ruë, donné à Romé de Lisle et transmis par ce dernier à Gobet, est-il réellement le manuscrit des Beausoleil ? Il y a tout lieu de le croire, mais sans toutefois risquer une affirmative absolue. Si réellement c'est le leur, rendons justice à leur perspicacité qui, sur quatre endroits indiqués et au moins trois inédits, a donné, un siècle après sa rédaction, des résultats absolument merveilleux pour Pontpéan et Poullaouen.

L'exploitation de ces deux mines suffirait à les venger devant la postérité des malheurs que le sort leur a réservés. La reconnaissance des actuels Minéralogistes de Bretagne doit leur être acquise.

LES MINES DE BRETAGNE.

Note : Nous reproduisons textuellement ici le manuscrit du Dr. de la Rue, attribué selon toute vraisemblance au Baron et à la Baronne de Beausoleil et tel qu'il est imprimé dans les Anciens minéralogistes du Royaume de France de Gobet.

Evêché de Rennes.
Sous l'abbaye de Saint-Melaine de Rennes, une mine de cristaux et d'argent passant sous le couvent des Catherinettes, aujourd 'hui du petit Séminaire, situé rue Huë et descendante à la rivière, jusque vers le bourg de Saint-Hélier.

Dans la paroisse de Cesson, à une lieue de Rennes, sur le chemin de Vitré, une mine de plomb.

Proche le Pont-Péan, à deux lieues de Rennes, une bonne mine de plomb, contenant beaucoup d'argent, du vitriol, du souffre, du zinc, du mercure, de l'arsenic.

Près de Beaullon, quatre lieues de Rennes, une bonne mine d'argent.

A Saint-Aubin-du-Cormier, six lieues de Rennes, chemin de Fougères, une mine d'or.

Forge de fer à Martigné, même diocèse.

Evêché de Saint-Brieuc.
Près de la paroisse de Lanloup, une minière de camayeux.

Près de la baie de Saint-Cast, une mine de sable noir, magnétique, nommé purette.

A Chastel-Audren, une riche mine de plomb contenant de l'argent.

Evêché de Saint-Malo.
Près de Dinan, à la montagne de l'Hôpital, une mine d'or contenant quantité de cristaux.

Près de Dinard, côte de Saint-Malo, une mine de plomb.

Dans la paroisse de Paramé, une mine de plomb et d'argent.

Evêché de Vannes.
Entre Hennebont et Lorient, dans une montagne appartenante à M. le Procureur du Roi (de ce temps-là) une mine de pierres fines de différentes couleurs contenant de l'argent.

A Beaugat, près de Malestroit, une mine soupçonnée de cuivre.

Au passage de Saint-Armel, une mine de plomb.

Evêché de Quimper.
Près de Quintin, une mine d'argent.

Paroisse de Duve, une mine de cuivre.

Paroisse de Rostrenen, une mine d'argent.

Paroisse du Mur près de Pontivy, dans une grande montagne, une mine d'argent.

Près de Pontpol, dans une montagne appartenante à M. le Marquis de Resnon, une très riche mine de plomb et d'argent.

Paroisse de Ker-Maria, à la montagne de Sougni, une mine d'argent.

Au Ry, proche Douarnenez, sur le bord de la mer, une riche mine qui contient plusieurs rameaux d'or, d'argent, de cuivre.

Paroisse de Saint-Germain, une mine d'argent.

Près de la paroisse de Laz, à la montagne de Rufec, une mine d'argent.

Près de Corroy, une mine de cuivre.

Près de la ville du Faou, une mine d'Archifou (Alquifoux), contenant or et argent.

Au passage de Plougastel, une mine d'Archifou contenant or et argent.

Paroisse de Crozon proche le bord de la mer, en face de la rade de Brest, une mine de cuivre.

Près la paroisse de Locrenan, chez M. le Marquis de Mené, une riche mine d'argent contenant beaucoup d'or.

Aux Tourelles, dans la montagne d'Arès (Arrée), une bonne mine de plomb.

Paroisse de Pleiben, derrière le château de M. de Coetairie, dans son bois, une mine d'argent contenant des cristaux.

Sur le chemin de Quimper à Rosporden, proche le Cluyou, une mine d'argent.

Dans l'enclos du Valven, près de Quimper, une bonne mine d'argent.

A Fratunecgin, près de Quimper, appartenant à M. de Champrepau, une mine de plomb mêlé d'argent qui passe par le couvent du Calvaire et se rend à la mer.

Au moulin de Ver, près de Quimper, une bonne mine d'argent qui a quelques rameaux de cuivre.

Chez M. Dulo, dite paroisse près de Quimper, une mine d'étain.

Paroisse de Cuzon, chez M. de Coetpily, une mine de plomb.

Même paroisse, chez feu M. le Chevalier de Penandre, une mine d'argent dans la montagne du bois taillis qui prend son origine dans les montagnes et terres du Procureur du Roi de Quimper.

Paroisse de Querfuntum, une mine de plomb mêlé d'argent dont la fontaine minérale débouche dans les Douves de Quimper.

Même paroisse, à la Maison blanche, une mine de fer qui contient quantité d'argent.

A Poullaouen, une riche mine de plomb et d'argent.

Au Vulgouet (Huelgoat), plomb et argent.

Les montagnes d'Aarès (sans doute d'Arrée) contiennent des mines de bien des espèces.

Près de Quimper et aux environs du château de Gremors, il y a une abondante mine de charbon de terre.

Evêché de Saint-Pol de Léon.
Dans la terre de Penhoët, paroisse de Thégonnec, une mine d'or.

Proche les Récollets de Morlaix, dans le bois de M. Penite, une bonne mine de plomb contenant quantité d'argent.

Paroisse de Guisseny, une mine de plomb et argent.

Entre la paroisse de Saint-Martin de Morlaix et de Taulé, allant à Pencez, une mine de plomb qui a sa fontaine minérale près de la chapelle de la Madeleine, au bout du grand chemin.

Dans la trève de Saint-Jalme, près de Saint-Pol, une mine de plomb.

Evêché de Tréguier.
Dans la paroisse de Treberden, sur le bord de la mer, à deux lieues de Lannion, une mine d'argent.

En trois montagnes différentes, aux environs de Lannion, on trouve des poudres et paillettes d'or.

Une mine d'ametistes, proche de la ville de Lannion, comme aussi une mine d'argent [Note : C'est la seule mine mentionnée dans la Restitution de Pluton de 1640 dont M. Kerforne possède un exemplaire. Le fait de la rencontrer ainsi au milieu de la nomenclature et énoncée exactement dans les mêmes termes, est pour nous une preuve très convaincante de la juste attribution du manuscrit aux Beausoleil].

Près de Lannion, paroisse de Berlenevez, une mine d'argent qui traverse l'enclos des Capucins et se rend à la mer.

Même paroisse de Berlenevez, au-dessus de Lannion, une mine contenant fer, argent, dont la fontaine minérale est au milieu de Lannion.

Dans plusieurs montagnes aux environs de Lannion, il y a quantité de cristaux de différentes couleurs.

Paroisse de Lanvelec, près de Rosambau, une mine de cuivre qui contient de l'or, dont la fontaine minérale est dans une lande, près deTanascole.

Dans la paroisse de Plougonver, dans la forêt de Coëtnec, une bonne mine de plomb contenant de l'or.

Même paroisse, dans le milieu du jardin Landebihan, appartenant à M. le Marquis du Gage, il y a une mine d'or avec sa fontaine minérale au pied du château, dont les rameaux courent à la forêt de Coëtnec, appartenant à M. de Goesbriand, à travers laquelle ils passent.

Même paroisse, à la montagne de Totlesdu, une mine d'argent contenant quantité de beaux cristaux taillés en pointe de diamants (Mine de Coët-an-Noz).

Paroisse de Louargat, à la montagne Menebrée, une mine de plomb contenant de l'or.

Paroisse de Plestin, une riche mine de plomb contenant de l'argent.

Paroisse de Ploumilliau, une mine de plomb.

Paroisse de Treduder, joignant celle de St-Michel-en-Grève, sur le bord de la mer, une très bonne et riche mine de cuivre, plomb et argent dont les rameaux sont très considérables.

Paroisse de Plestin, une fontaine minérale venant d'une mine d'argent près de la chapelle Saint-Jacques, au château de Coetmen, et une carrière de marbre blanc près de la mer.

Paroisse de Guimaec, une mine de plomb.

Paroisse de Lanmur, au château de Boiseon, une mine d'or.

Près de Morlaix, une montagne appartenant à M. Duval le Rouge, une mine d'argent contenant quantité de cristaux.

Paroisse de Maelpestivien, une mine de plomb.

Paroisse de Bourgbriac, dans le bois de M. le Marquis de la Rivière, une mine de cuivre.

Paroisse de Pommeris-le-Vicomte, sur les terres de M. du Menhour, une mine de plomb.

A la montagne de Malabry, près de Pontrieux, une mine de plomb très bonne et une d'argent contenant des cristaux de différente nature.

Paroisse de Plouëzoc, proche le château appartenant à M. de Goësbriand, vis-à-vis le château de Temreau (Taureau), une mine de plomb.

(A. DESCOQS).

Voir aussi   Mines de Bretagne " Les exploitations minières (charbon, plomb) en Bretagne au XVIIIème siècle"

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