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SAINT MÉEN, fondateur de l'abbaye bretonne Saint-Jean de Gaël.

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Comme saint Malo, Meuen, Mewen ou Mewan, que nous appelons Meen ou Méen, naquit en 520 au pays de Gwent dans la Cambrie. Le plus grand soin de son père, qui se nommait Gerascenus fut de l'élever chrétiennement et de diriger de bonne heure toutes ses inclinations vers le bien. L'enfant, sous l'influence de la grâce, s'y portait de lui-même ; maître absolu de ses passions et des tentations de plaisir qui corrompent si souvent les jeunes cœurs, il mettait son bonheur à pratiquer la charité, à visiter les malades, les pauvres et à faire tout le bien qu'il pouvait.

Quand il eut manifesté le désir de vivre sous la conduite de Samson, celui-ci, charmé de la pureté de ses mœurs, de sa candeur, de sa droiture, le reçut avec joie et l'adopta pour fils spirituel. Dans un âge peu avancé il avait une prudence et une sagesse consommées, qui le rendaient capable des plus difficiles et des plus importants emplois. Son maître le prenait ordinairement pour compagnon de ses courses apostoliques et, quand il faisait des miracles, il obligeait son disciple à joindre ses prières aux siennes, tant il avait confiance dans leur efficacité. De son côté Meen conçut une si tendre affection, un si profond attachement pour Samson, qu'il abandonna volontiers son père, son pays, tous ses biens pour le suivre, quand il se décida à passer en Armorique (Dom L0BINEAU. — Loc. cit. II, p. 31).

En étudiant la vie de saint Samson, nous avons vu qu'il envoya un de ses moines fort intelligent, éloquent, et qu'il aimait particulièrement, pour faire une enquête au sujet de la mort de Trifine. Ce moine n'était autre que Meen. Pour aller du pays de Dol à celui de Vannes, il se lança bravement, vers 550, avec quelques compagnons, dans l'immense forêt de Brécilien, désert inconnu, où il ne s'attendait à trouver que des cerfs et des loups. Pourtant il fit une autre rencontre. Un breton émigré, appelé Caduon, s'était avec sa famille enfoncé sous ces ombrages jusqu'au bord de la rivière du Meu, à l'endroit qu'occupe aujourd'hui le bourg de Gaël, et il s'était taillé là un vaste domaine que personne ne lui disputait. Mais la mort lui ayant ravi ses enfants, ses héritiers naturels, il avait perdu le courage nécessaire pour continuer ce laborieux défrichement, et maintenant, uniquement voué à une vie pieuse, il passait son temps à se promener dans ses bois, surtout sur les bords de la rivière, pour y découvrir les étrangers, les pèlerins, plus ou moins fourvoyés dans ces parages, et leur offrir l'hospitalité.

Dans une de ses promenades il rencontre Meen, et l'invite de la façon la plus pressante à prendre, ainsi que ses compagnons, gîte chez lui. Comme les moines s'excusaient, craignant de le gêner, d'encomber son logis : « Du tout, du tout, répond le brave homme, ma maison d'habitation est très grande, j'ai beaucoup de foin et de paille pour coucher mes hôtes » [Note : La naïveté de ces mœurs reporte le fond du récit à une haute antiquité]. A la fin ils acceptent, Caduon les régala plantureusement, et les moines chantèrent pendant une partie de la nuit les louanges de Dieu. Mais le moment de se quitter arriva. Désolé de les voir partir, Caduon supplia Meen de venir définitivement s'établir chez lui : « Mon domaine est très étendu, lui dit-il, et presque entièrement désert ; ainsi tu pourras avec tes disciples en toute tranquillité servir le Très-Haut. Pendant ma vie vous habiterez avec moi qui souffre tant de ma solitude, après ma mort, puisque je n'ai pas d'héritiers, il sera à vous pour toujours ». Meen le remercia, promit de revenir le voir, et ils se séparèrent.

Lorsqu'à son retour il repassa chez Caduon, celui-ci redoubla d'efforts pour le retenir : « Homme de Dieu, promène-toi dans ce domaine, fais-en le tour, tu verras comme il est grand et de bonne qualité, il s'étend des deux côtés du Meu, il sera tout entier à toi ». Touché de si pressantes et si affectueuses instances, Meen lui laissa l'espoir de revenir, mais il voulait auparavant obtenir l'autorisation de son maître. Quand il eut rendu compte à Samson de sa mission il lui fit part des offres généreuses de Caduon. Le futur évêque de Dol lui ayant permis de les accepter, il le bénit lui et ses moines, et ils partirent pour retourner fonder leur lann chez leur hôte. Jusque-là tous les monastères importants établis par les Bretons en Armorique avaient été placés au bord de la mer, ou au moins dans la zone littorale ; celui-ci, dans l'intérieur des terres, sous les voûtes ténébreuses des bois interminables, fut le premier effort, qui sera suivi de plusieurs autres, tenté par la colonisation bretonne pour entamer et disloquer la grande forêt centrale de la péninsule armoricaine (DE LA BORDERIE. — Loc. cit. I, p. 424).

Meen commença par choisir un endroit désert qui n'était pas difficile à trouver, puisqu'il n'y avait dans ces fourrés d'autres hôtes que des bêtes sauvages. En ce lieu les moines, selon l'usage, bâtirent d'abord leurs petites logettes, séparées les unes des autres, qui formèrent un village. Au milieu comme il n'y avait pas d'eau, Meen enfonça en terre son bâton et aussitôt du trou qu'il venait de faire l'eau jaillit à gros bouillons. Puis il chercha un terrain plus large, plus découvert, pour y installer l'oratoire, c'est-à-dire l'église et la communauté, qui fut mise sous le patronage de saint Jean-Baptiste. Tout le personnel se mit à l'œuvre, on attaqua résolument la forêt, on y fit de grands défrichements, et on y installa de belles cultures qui promettaient d'opulentes moissons. Mais les pauvres travailleurs avaient souvent à lutter contre des voisins incommodes : cerfs, daims, loups, sangliers, qui se ruaient sur les champs où le blé verdoyait, et les dévastaient. Les moines allèrent se plaindre à l'Abbé, qui, selon la légende, n'eut qu'à gronder sévèrement les ravageurs pour en être à jamais débarrassé.

La vertu du fondateur, la renommée de son éloquence, la situation de cette maison dans une région où il n'existait jusqu'alors aucun autre établissement de ce genre, y attisèrent un grand nombre de disciples et d'écoliers. Ce monastère prit très vite un extraordinaire développement, et nous verrons plus loin que, pour échapper à la mort, le roi Judicaël s'y réfugia et se fit moine sous la houlette de Meen. Où était-il exactement situé ? Ce ne pouvait être au lieu occupé depuis le XIème siècle par l'abbaye de Saint-Meen, dont l'église existe encore dans la petite ville de ce nom. Caduon habitait sur les bords mêmes du Meu, et son domaine était traversé par cette rivière. Or le Meu coule à cinq kilomètres de l'abbaye et de la ville actuelle de Saint-Meen. Le territoire de Gaël répond au contraire très bien aux données de l'histoire, aussi la tradition donne-t-elle le nom de Saint-Jean de Gaël au monastère primitif du pieux moine. S'il n'occupait pas l'emplacement du bourg actuel de Gaël, — ce que l'on ne peut affirmer, — il était quelque part, tout près du Meu, sur le sol de cette paroisse (DE LA BORDERIE. — Loc. cit. I, p. 425).

Près du monastère habitait un seigneur hautain et cruel, le comte Haëloch. Un de ses sujets, ayant commis une faute légère, fut jeté dans un caveau obscur. Il poussait des cris déchirants, et Meen, qui passait auprès de la forteresse, les entendit. Touché de compassion, il alla humblement supplier Haëloch, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de rendre la liberté au prisonnier. Le comte le fit chasser de son palais en l'insultant. Le moine eut alors recours à Dieu, il lui demanda de délivrer le malheureux. Tout ausistôt, ses chaînes se brisèrent, les portes de son cachot s'ouvrirent et, tout heureux, il courut se réfugier au monastère. Haëloch, quand il fut instruit de sa fuite et connut le lieu de sa retraite, accourut au couvent, en força le cloître et enleva le prisonnier. Meen, justement indigné, prédit au comte qu'il ne tarderait pas à être puni de son attentat, ce dont celui-ci ne fit que se moquer. En retournant chez lui, Haëloch tomba de son cheval, et se cassa une cuisse. Alors il appela Meen, lui demanda pardon de ses emportements et il accorda la grâce du fugitif (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. II, p. 36).

L'apôtre annonça la parole de Dieu aux populations, encore en partie païennes, des campagnes voisines. Ses prédications s'étendirent jusqu'aux environs de Ploërmel. Une tradition locale lui attribue la construction de l'église primitive de Talensac. Vers la fin de sa vie, par esprit de pénitence et de piété, il fit le voyage de Rome. A son retour il passa par Angers et, à la demande des habitants qui le connaissaient déjà de réputation, il demeura quelques jours dans cette ville, et y prêcha. Une pieuse dame lui donna même une propriété, située entre le lieu où elle a été élevée depuis l'abbaye de Saint-Florent-le-Vieux et la montagne de Clermont, — actuellement Champtoceaux, — et il y fonda un second monastère (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. II, p. 38).

L'abbaye de Gaël, plus grande, était sa maison principale, et il y demeurait le plus ordinairement. Son extrême vieillesse du reste l'y retenait, et c'est là qu'il sentit les approches de son heure dernière. Lorsqu'un ange l'eut averti du moment de sa mort, il fit venir ses religieux, et leur annonça qu'il allait bientôt paraître devant Dieu. Un de ceux-ci, nommé Austole, qui était prêtre, et dont il avait été le parrain, fondit en larmes et sa douleur était telle qu'elle semblait ne pouvoir être consolée. S'en étant aperçu, Meen lui dit : « Ne t'afflige pas, mon fils, dans sept jours tu me suivras et tu viendras me rejoindre pour toute l'éternité. Le terme de notre séparation n'est pas éloigné, sèche tes pleurs et prépare-toi ». Ayant parlé ainsi, il leur donna à tous sa bénédiction et, presque centenaire, s'éteignit le 21 Juin 617. Comme le saint Abbé le lui avait prédit, Austole mourut à son tour sept jours après. On avait décidé de l'enterrer avec son maître et, quand on ouvrit le tombeau, on remarqua avec étonnement que le corps du saint, qu'on avait couché sur le clos, s'était de lui-même rangé miraculeusement sur le côté gauche pour faire place à son cher disciple, à son filleul (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. II, p. 40).

Le corps de S. Meen demeura à l'abbaye de Gaël jusqu'aux invasions normandes, à la fin du IXème siècle. Les moines le transportèrent alors au monastère de Saint-Jouin-de-Marnes, arrondissement de Parthenay, dans les Deux-Sèvres. Une partie de ses reliques fut déposée à l'église de l'abbaye, et une autre au château de Thouars. Ces dernières, vers la fin du Xème siècle, furent portées au monastère de Saint-Florent de Saumur. Un siècle plus tard, lorsque le nouveau monastère de Saint-Meen fut achevé, les moines réclamèrent le corps de leur saint fondateur et, en 1704., ces précieux restes, au milieu d'un immense concours de peuple, furent déposés au côté droit de l'église, dans un tombeau de pierre, où ils restèrent jusqu'à la Révolution. Toutefois les moines de Saint-Florent en avaient conservé quelques-uns qui sont aujourd'hui à Saint-Florent-Saint-Hilaire, près de Saumur. L'ancienne abbaye de Saint-Meen, devenue l'église paroissiale, possède encore son crâne, un cubitus et environ cinquante fragments d'os. Il en existe également à la Métropole de Rennes, à Paimpont, à Saint-Onen, à Saint-Coulomb, à Saint-Gildas-de-Ruis, à Nailloux dans le diocèse de Toulouse, à Oullins près de Lyon, au Hâvre et dans plusieurs diocèses (Abbé CHASLES. — Saint-Méen, p. 47).

Dans le diocèse de Rennes cinq paroisses reconnaissent saint Méen pour leur patron : Saint-Meen, Cancale. Talensac, La Fresnais et Plélan. Dans le diocèse de Saint-Brieuc, Tremeven et Lanvallay. Dans le diocèse de Quimper : Saint-Meen près de Lesneven, Guilligomarc'h, Ploeven près de Plomodiern, où l'on voit sa statue, vêtue de la chape et coiffée d'une mître ornée de broderies et de pierres précieuses. En outre S. Meen est honoré dans de nombreuses paroisses en Anjou, dans le Maine, la Normandie, en Champagne, dans le Languedoc, la Guyenne, dans les diocèses d'Evreux, de Bayeux, de Lyon, dans le Dauphiné, la Savoie, et jusqu'en Angleterre et en Belgique. Les statues, les chapelles et les fontaines, qui lui sont consacrées, sont si nombreuses qu'il est impossible de les énumérer. On l'invoque particulièrement pour une sorte de gale, que l'on nomme « le mal de S. Meen », qui attaque spécialement les mains, ce qui a donné lieu à la dévotion, à cause de la similitude des mots Mains et Meen. Il est invoqué contre la rage.

(A. Millon).

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