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SAINT CONVOÏON ou CONWOÏON, fondateur de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon.

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Issu d'une race noble et d'un père très bretonnant, appelé Conon, Convoïon vit le jour en 788 à Comblessac, alors dans le diocèse de Vannes, aujourd'hui en Ille-et-Vilaine. Il reçut de ses parents une éducation conforme à sa naissance et, comme son esprit était docile et son naturel heureux, il devint vite savant et joignit l'éloquence à la science. Ayant été ordonné prêtre, ses talents engagèrent Renier, évêque de Vannes, à l'admettre dans son clergé et, pour l'y fixer honorablement, il lui confia les importantes et délicates fonctions d'archidiacre, qu'il remplit à la satisfaction de tous.

Mais, poussé par la passion de la vie monacale, il se démit de l'archidiaconé et groupa cinq prêtres, pris parmi ses voisins et amis, ayant les mêmes goûts de la solitude que lui, et qui devaient former les premiers éléments d'une communauté. Ensemble, ils se mirent en route, cherchant un lieu retiré, où le bruit du monde ne viendrait pas troubler leur colloque avec Dieu. Sur la rive droite de la Vilaine, vers l'Ouest, s'étendait une grande plaine rase, occupant tout l'intervalle entre deux rivières, et devenant l'hiver une vaste lagune ; au Nord, de hautes collines portaient une forêt. Dieu lui-même daigna indiquer l'endroit où il voulait que la colonie fixât son séjour. Du sommet de la colline de Beaumont, les futurs religieux regardaient le paysage qui les entourait, quand ils aperçurent, suspendue en l'air, une croix lumineuse qui descendait doucement, et venait se poser sur le sol. Ils comprirent que c'était là qu'ils devaient s'établir. Ce lieu que nous appelons aujourd'hui Redon, se nommait alors Roton et faisait partie du plou de Bain (Roumain DE LA RALLAYE. — Vies des Saints de Bretagne, p. 223).

Ce plou avait pour chef un seigneur breton du nom de Ratuili. C'était à lui que les six prêtres, en quête d'un gîte monastique, devaient demander l'autorisation de s'installer dans cette désirable solitude. Quand au mois de Juin 832 Convoïon alla le chercher en son manoir, Ratuili le reçut au bord d'une fontaine, lui fit le plus chaleureux accueil et, non seulement lui accorda tout ce qu'il demandait, mais encore lui céda, en don gratuit et perpétuel, à tout jamais, à lui, à ses compagnons et à leurs successeurs, le lieu en question pour y bâtir un monastère. Ils s'y établirent à la mode bretonne, chacun dans sa petite logette, comptant jouir en paix du repos qu'ils avaient rêvé. Hélas ! ce repos et cette paix ne furent pas de longue durée.

Ratuili avait des ennemis, parmi lesquels de soi-disant cousins, chefs des environs, qui prétendaient avoir des droits sur Roton et empêcher les moines de s'y installer. Pour mettre fin à cette persécution, Convoïon envoya un de ses compagnons, Louhemel, réclamer justice et protection de Nominoë, gouverneur de Bretagne. Quand il fut en sa présence, il vit se dresser devant lui Illoc, le plus fougueux adversaire des religieux. Mais, nullement déconcerté : « Seigneur, dit le moine, je suis envoyé vers vous par l'abbé Convoïon et ses frères pour vous demander de prendre leur défense. Ils veulent dans un lieu désert bâtir un monastère, où ils prieront chaque jour pour vous et le salut de l'Armorique. Ils n'ont d'autre ambition que de servir Dieu ». Nominoë écoute avec une attention sympathique qu'Illoc juge dangereuse : « Prince, s'écrie-t-il, n'écoute pas ce qu'il dit ; n'écoute aucune de ses paroles. Ce lieu occupé par ces enjôleurs est mon héritage, il doit m'être rendu et... ». Furieux, Nominoë l'interrompt : « C'est-à-dire, suppôt du diable, qu'il faudrait selon toi y installer des impies et des bandits de ton espèce, plutôt que des prêtres de Dieu qui ne cesseront de prier pour le salut de mon peuple ». Et du geste lui imposant silence, il se retourne vers le moine, se fait raconter en détail les noms, l'origine, l'histoire des six fondateurs de Redon, et il renvoie Louhemel avec de chaudes assurances de sa protection (DE LA BORDERIE. — Loc. cit. II, p. 34).

Sous cette protection les moines purent continuer leurs constructions, mais la persécution n'était pas terminée. Illoc renouvela ses injures, ses menaces, et, pour en venir à bout, il fallait que cette donation fut autorisée et confirmée par l'empereur lui-même, dont Nominoë n'était que le lieutenant. Convoïon alla donc, en 832, trouver le roi Louis le Débonnaire en son palais dans le Limousin. Admis à l'audience impériale, il expose sa requête. L'empereur avait près de lui deux conseillers : Ricouin, comte de Nantes, et Renier, évêque de Vannes, qui ne semblait plus se souvenir des services que, comme archidiacre, Convoïon lui avait rendus. A l'unisson, tous les deux élèvent la voix : « Sire, clament-ils, nous vous en supplions, n'accordez pas à ces gens leur requête ; ne les écoutez même pas. Le lieu qu'ils veulent est trop important pour la force et la défense de votre empire ». Et le roi, indigné, fait chasser le moine de son palais, en jurant que jamais il ne ferait droit à sa demande.

Cependant, un mois après, en Novembre 832, l'empereur étant venu à Tours, Convoïon avec son entêtement breton décide de renouveler sa tentative. Il se rend dans cette ville, portant un énorme pain de cire blanche, produit des ruches de Redon, espérant par ce présent capter la bienveillance de l'empereur. Son présent à la main, il s'avance devant le souverain et veut de nouveau exposer sa requête. L'empereur, qui ce jour-là ne méritait guère son nom de débonnaire, le reconnaît et, sans lui laisser ouvrir la bouche, le fait jeter à la porte. Le pauvre Abbé revint tout triste en Bretagne.

Nominoë avait promis sa sympathie à Convoïon, elle n'allait pas tarder à éclater au grand jour. Pour se sanctifier et diriger leurs efforts vers le bien une règle commune était nécessaire aux moines, mais ils n'en connaissaient pas. Ce fut alors que Dieu leur envoya un pieux solitaire, appelé Gherfred, qui vivait en un ermitage, au fond de la Bretagne, à l'endroit nommé aujourd'hui Locqueffret. Une nuit, il entendit en songe une voix qui lui disait : « Quitte ce lieu, va trouver mes serviteurs, moines encore novices, retirés dans un désert, et tu leur enseigneras à vivre selon la règle ». Cette règle était évidemment celle de saint Benoit, pratiquée au monastère de Saint-Maur, d'où Gherfred était sorti. Mais où trouver les religieux dont il devait être l'initiateur ? Il se met en marche, arrive à Vannes, et finit par découvrir Convoïon qui, prévenu de son arrivée, va à sa rencontre et, en chantant les louanges de Dieu, l'introduit dans sa maison. Gherfred y resta deux ans après avoir fait des moines de Redon de parfaits disciples de saint Benoit.

Cette adoption de la règle bénédictine, si vénérée par Louis le Débonnaire, devait modifier ses dispositions pour le petit troupeau redonnais et le lui rendre favorable, mais l'empereur ne pouvait s'en occuper car, cette année même, en 833, il venait d'être emprisonné et déposé par ses fils. Nominoë avait promis de venir donner au monastère, en même temps qu'une preuve de son affection, une consécration définitive et officielle. Un beau jour, on annonce à l'Abbé qu'il est aux portes avec pour escorte les principaux seigneurs de Bretagne. Convoïon et ses moines vont à sa rencontre et l'introduisent dans l'abbaye avec les plus grands honneurs. Et Nominoë console les pieux serviteurs de Dieu en promettant de leur faire du bien tous les jours de sa vie. Cette promesse ne fut pas une vaine parole. Puisque l'empereur, captif, ne pouvait exercer son autorité, lui, son délégué, avait le droit d'agir en son nom. En conséquence, il donna aux moines, en plus du terrain sur lequel était bâti leur monastère, toute la paroisse de Bain, où ce terrain était compris, et qui depuis lors a formé la paroisse de Redon.

Louis le Débonnaire ayant repris sa puissance en 834, Nominoë envoya pour le complimenter un seigneur breton et Convoïon. La résistance de l'empereur tomba. Il confirma les actes de son lieutenant en Armorique et ajouta à ses donations, non seulement le plou de Bain tout entier, mais encore la paroisse de Langon, limitrophe de Bain. En 836, Convoïon retourna de nouveau près de l'empereur pour lui dénoncer les incursions ravageuses des comtes de la Marche franko-bretonne. Ceux-ci accablèrent d'injures le pieux Abbé qui ne se laissa pas intimider. Tenant en mains le diplôme impérial qui lui avait donné Bain et Langon, il dit : « Seigneur, grâce à Dieu et à vous, le nombre de mes moines est fort augmenté, nos ressources sont devenues insuffisantes ». — « Eh bien, demanda l'empereur, qu'y faut-il ajouter ? Dites-le moi, mon frère ». Convoïon sollicita et obtint gracieusement, tant les sentiments de Louis avaient changé à son égard, le don de trois autres paroisses : Renac, Plaz aujourd'hui Brain et Arzon dans la presqu'île de Ruis (DE LA BORDERIE. — Loc. cit. II, p. 35 à 38).

Grâce au ciel, Convoïon trouvait chez lui, au milieu de tous ses tracas et de toutes ces péripéties, de salutaires. consolations. Il n'avait point exagéré en disant au roi que son abbaye prospérait de plus en plus. Les donations s'y multipliaient, de nombreux habitants l'entouraient, et elle était devenue pour tout le pays environnant un centre unique et sans rival, un foyer de vie morale et matérielle. Beaucoup de Bretons de tous rangs, même des plus élevés, des prêtres renommés par leur science et leur vertu y prirent l'habit monastique. Parmi ceux-ci, fut Ratuili qui avait été son premier bienfaiteur. Se sentant dangereusement malade, il se fit porter au monastère, conduit par un de ses fils, nommé Liberius, et demanda à l'Abbé de lui couper les cheveux et la barbe et de le prendre au nombre de ses disciples. Quand Convoïon lui eut rendu la santé, il lui donna, en 835, la plus grande partie de ses biens et, après être retourné dans le monde pour y régler ses affaires, il revint définitivement à l'abbaye, y fit préparer son tombeau, et y mourut le 8 Janvier. Son fils, qui avait suivi son exemple mourut, lui aussi, quelque temps après, et fut enseveli avec son père (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. II, p. 266).

La protection de Dieu, s'étendit sur cette sainte maison, des faits merveilleux l'attestèrent. Un jour un aveugle nommé Goislen, du pays de Poitiers, fait mander Convoïon et lui demande de le guérir. Après avoir longtemps gardé le silence, l'Abbé lui dit : « Taisez-vous, mon frère, il ne m'appartient pas de rendre la vue à ceux qui l'ont perdue ». Et comme l'aveugle insistait : « Conduisez cet homme à l'hôtellerie des pauvres, commande-t-il à un de ses religieux, et qu'il s'y repose ». Le lendemain matin, il ordonne à tous ses moines de se laver les mains, après leur messe, dans une grande cuvette. Il y lave les siennes, et il dit : « Portez cette eau à l'aveugle, qu'il s'y baigne les yeux, et qu'il soit fait selon sa foi ». Quand l'aveugle y eut trempé ses yeux, il en sortit une telle quantité de sang que son visage en était tout inondé. Et il recouvra la vue, en rendant grâce à Dieu de cette guérison surnaturelle, que, par humilité, Convoïon voulait attribuer à ses frères plutôt qu'à lui-même (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. II, p. 271).

Tous les hommes consacrés au service des autels étaient loin d'offrir des exemples aussi édifiants que ces religieux. L'épiscopat breton, imposé à l'Armorique par les Franks, était en grande partie entaché du vice honteux de simonie ; nul n'était élevé à la dignité de prêtre ou de diacre sans acheter par des présents la grâce de l'ordination. Pour remédier à ce mal, Nominoë chargea Convoïon d'aller à Rome et d'être son mandataire auprès du pape Léon IV. Il y arriva en juillet 847. Pendant les quelques mois qu'il passa dans la Ville Eternelle, jusqu'au début de 848, il s'occupa de sa mission qu'il remplit avec le plus grand succès ; les évêques simoniaques, couverts de honte, furent condamnés. En outre le pape, ayant reconnu Nominoë pour chef souverain des Bretons sous le titre de duc, l'autorisa à ceindre son front d'une couronne d'or, et donna à Convoïon pour son abbaye le corps d'un martyr, saint Marcellin, que les principaux seigneurs, prévenus de son arrivée et étant allés à sa rencontre, portèrent solennellement sur leurs épaules jusque dans l'église. Cette cérémonie eut lieu un Dimanche de Février 848.

Si le rôle du saint Abbé de Redon fut considérable au point de vue moral et religieux, il ne le fut pas moins au point de vue social et politique. Par son prestige, par ses vertus, il fut l'aide intelligent et dévoué de Nominoë, qui rendit à la Bretagne son autonomie. Après avoir pendant quelque temps songé à la revanche, Charles le Chauve trouva plus sage de signer un traité de paix ; c'est ce qu'il fit, en reconnaissant dans les Bretons un peuple indépendant, et en Nominoë un prince souverain. L'œuvre du libérateur était accomplie ; après son génie et sa valeur guerrière rien n'y avait autant contribué que l'esprit nationaliste, les prières et l'influence de Convoïon (Albert LE GRAND. — Loc. cit. Annotations, p. 12).

Nous avons vu quelles difficultés l'Abbé de Redon avait eues à surmonter pour établir et faire prospérer son abbaye ; dans les dernières années de sa vie il allait avoir à subir la plus terrible des épreuves. A plusieurs reprises, les Normands, dont le nom seul rappelle d'horribles ravages, des terres dévastées, des cités pillées, des milliers d'habitants frappés de mort, avaient attaqué le monastère. A la mort d'Erispoë, fils de Nominoë, ils l'envahirent à nouveau, le brûlèrent et le rasèrent jusqu'au sol. Forcé de fuir, Convoïon demanda un refuge à Salomon, successeur d'Erispoë. Touché de ses instances, ému de ses infortunes, Salomon fit construire à son intention, à Plélan, une nouvelle abbaye qui prit son nom. Convoïon y passa quelques années, macérant son corps par les jeûnes et les veilles, répandant des torrents de larmes, en déplorant, comme autrefois Jérémie, la désolation des lieux saints profanés, devenus déserts, et les calamités publiques. Ce fut dans ce pieux asile qu'octogénaire il s'éteignit doucement le 5 Janvier 868 (Roumain DE LA RALLAYE. — Vies des Saints de Bretagne, p. 250).

Saint Convoïon avait été enterré dans le monastère de Salomon qui n'était pas encore achevé. Plus tard, son corps fut porté à celui de Redon par son successeur, l'Abbé Ritcand, et inhumé sous le maître-autel de l'église Saint-Sauveur, non loin de Nominoë, qui avait choisi la même église pour être le lieu de son tombeau. Quelques-unes de ses reliques avaient été distribuées à plusieurs églises, mais on en gardait encore la plus grande partie, lorsqu'en 1793, un religieux de cette maison qui, à l'exemple de son prieur, membre de l'Assemblée Nationale, avait eu le malheur d'apostasier, vint à la tête de bandits piller l'église et profaner les précieux ossements. Aujourd'hui, à Redon, il n'en reste aucun du saint Abbé, aucun non plus de saint Marcellin.

L'église abbatiale de Saint-Sauveur de Redon est devenue l'église paroissiale, et se trouve incomplète par suite d'un incendie qui, en 1782, détruisit la nef, ce qui explique que le clocher est actuellement séparé de l'édifice. La partie la plus ancienne de ce monument est le carré central, ou croisée du transept, construction romane de la fin du XIème ou du XIIème siècle. La tour qui surmonte ce carré est composée de trois étages d'arcatures à plein cintre, les unes aveugles, les autres ajourées. Le chœur est de style ogival de la fin du XIIIème siècle, entouré d'un déambulatoire et de chapelles absidales. La nef incendiée était de la même époque, et ce style se retrouve dans le grand clocher isolé. Au transept Nord est accolée la chapelle des Ducs, œuvre du XVème siècle, et représente chez nous un spécimen des églises fortifiées, car ses murs sont couronnés de créneaux et de machicoulis. Du chemin de fer de Rennes à Quimper, l'œil embrasse tout l'ensemble du monument (Albert LE GRAND. — Loc. cit. Annotations, p. 16).

(A. Millon).

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