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SAINT BRIEUC, un des 7 saints fondateurs de la Bretagne.

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Brioc ou Brieuc naquit, vers l'an 410, en la Grande-Bretagne, dans la Civitas Coritiotana, principale ville du pays des Otadeni, établis dans le Nord-Est du Northumberland et dans la partie de l'Ecosse comprise entre ce comté et le golfe d'Edimbourg. Saint Germain d'Auxerre étant venu en cette région vers l'an 429 ou 430, et déja renommé par l'excellence de ses vertus. Brieuc, âgé d'environ vingt ans, se présenta au saint évêque. Celui-ci devina bien vite la modestie et la politesse charmantes, l'esprit docile, la bonne éducation du jeune homme qui s'offrait à lui et le reçut avec joie. Saint Germain, revenant en Gaule vers la fin de l'an 430, amena avec lui son nouveau disciple et, après y avoir séjourné pendant seize ans, ils retournèrent ensemble dans la Bretagne insulaire.

Un jour que saint Germain devait ordonner deux prêtres, il demanda à Brieuc s'il était disposé à recevoir les ordres sacrés. Le jeune moine, persuadé qu'obéir à son maitre était obéir à Dieu lui-même, lui répondit, avec une simplicité d'enfant, qu'il pouvait faire de lui tout ce qu'il voudrait. Touché de cette humilité et de cette confiance, saint Germain lui donna la prêtrise et l'envoya fonder un monastère, appelé Grande-Lande, qu'il gouverna, en qualité d'Abbé, pendant près de quarante ans. Ce fut pendant son séjour dans ce pieux asile qu'il convertit à la foi chrétienne son père, sa mère, tous ses parents, et qu'il fut sacré évêque. La Légende et l'Abrégé de sa vie ne disent pas, il est vrai, un mot de son épiscopat, mais le marbre trouvé sur sa châsse en 1210 l'indique formellement, ce qui est confirmé par l'opinion commune. Il y a donc lieu de croire qu'il reçut l'onction épiscopale dans son pays d'origine, mais qu'il n'y fut ordonné qu'évêque régionnaire, sans titre particulier et sans siège (Dom LOBINEAU. — Loc. cit. I, p. 79).

Vers l'an 485, dans la nuit de la Pentecôte, Brieuc, après avoir terminé l'office, fut pris d'un léger sommeil durant lequel un ange lui apparut et lui dit: « Homme de Dieu, il te faut maintenant passer sur le continent pour enseigner à d'autres peuples la religion divine » (Analecta Bollandiana, II P. 177). Et sans une minute d'hésitation Brieuc s'empressa d'obéir à cet ordre.

Un jour, une grande barque venant du Nord-Est et contenant plus de 160 personnes aborda en Armorique, à l'embouchure du Gouët. Les passagers mirent pied à terre, déchargèrent le navire de toutes ses provisions, de tous ses agrès, et l'abandonnèrent sur la rive comme des gens qui n'ont plus l'intention de s'en servir. Ils portaient par dessus leur tunique un vêtement plus ample, sorte de manteau, appelé coule, fait de peaux de chèvres, le poil en dehors, et présentant un aspect rougeâtre. Pour chef ils avaient un homme vénérable d'environ 70 ans, encore très alerte. Ils suivirent pendant trois kilomètres la rive droite du Gouët, puis, s'éloignant de la rivière, ils se dirigèrent vers la pittoresque Vallée-Double, couverte de sa forêt de chênes reliés entre eux par des lianes, des ronces et des halliers fourrés. Le chef, rencontrant alors une source claire dont l'eau débordante formait une sorte de piscine, s'arrêta, s'assit et invita ceux qui le suivaient à prendre en ce lieu frais et agréable quelque repos.

Cette petite troupe composée en réalité de moines et de quelques laïcs espérait vivre là en paix et sans être d'aucune sorte inquiétée. Il n'en fut pas ainsi. Tout à coup surgit un cavalier, un chasseur, qui, à la vue de ces inconnus vêtus de façon si bizarre, conçoit sur eux de mauvais soupçons, et leur crie d'un ton rogue : « D'où venez-vous? que voulez-vous? »« Nous venons d'outremer, répond Brieuc, et nous ne voulons que servir et honorer le vrai Dieu ». Aussitôt le chasseur détale au grand galop de son cheval et va annoncer cette invasion à son maître, le comte Rhigall. Celui-ci était souffrant. Indigné de voir des étrangers s'installer sans son autorisation sur ses domaines, il ordonne à quelques-uns de ses satellites d'aller de suite les expulser. Mais bientôt après leur départ ses douleurs redoublent ; il se reproche alors la rigueur de ses ordres, et envoie un de ses serviteurs pour qu'on lui amène ces singuliers visiteurs à son manoir, qui se nommait le Champ-du-Rouvre.

En recevant ce message, Brieuc prend avec lui douze moines et se dirige vers la demeure du comte. Dès que celui-ci l'aperçoit, saisi d'étonnement, il s'écrie : « Mais c'est Brieuc, mon cousin, le grand docteur chrétien, si renommé chez les Bretons d'outre-mer, Dieu l'envoie pour me guérir ». Et tous deux s'embrassent avec effusion. Brieuc fait boire à Rhigall de l'eau fraîche bénite à son intention qui lui enlève immédiatement toutes ses douleurs, et Rhigall, par reconnaissance et pour retenir le saint homme auprès de lui, lui donne son manoir du Champ-du-Rouvre avec tout le plou (Petite colonie civile formée par les émigrés) qui en dépendait et qui s'étendait jusqu'à la rivière d'Urne (DE LA BORDERIE. Histoire de Bretagne, I, p. 300 à 303).

A peine en possession du domaine dû à la libéralité de Rhigall, Brieuc se mit à la besogne. Mais, avant de défricher la forêt, il fallait au centre de cet atelier agricole un lieu de prières pour les moines. Brieuc construisit de ses mains, un peu plus haut dans la vallée, un modeste oratoire auprès d'une source encore plus abondante que la première qu'il avait trouvée. Ce sanctuaire primitif devait occuper la place de celui qu'on vénère aujourd'hui sous le nom d'Oratoire de saint Brieuc, dans le chef-lieu des Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor). Il est caché sous le maître-autel de Notre-Dame de la Fontaine, enclavé dans le mur de l'abside. C'est un petit réduit, long de deux mètres sur un mètre cinquante de large, sorte de crypte voûtée en berceau, où l'on pénètre par une porte basse et qui n'est éclairée que par une baie étroite donnant sur la Fontaine-Orel, la fontaine des Druides, que Brieuc dédia à la Vierge Marie et qui depuis s'appelle la Fontaine Notre-Dame (Albert LE GRAND. Vies des Saints de Bretagne, 5ème édit. 1901. Annotations p. 161).

Pendant que Brieuc était occupé à abattre la forêt il se passa deux épisodes qui méritent d'être retenus. Un soir, il revenait de visiter une dépendance de son monastère assez éloignée ; assis dans son chariot, il chantait des psaumes auxquels répondait un groupe de moines qui marchait devant lui. Le soir tombait. Subitement les moines se taisent, se dispersent avec épouvante, et à leur place le vénérable Abbé voit se dresser en cercle autour de lui une bande de loups aux yeux brillants, à la gueule menaçante, prêts à se ruer sur les bœufs qui le traînaient. Impassible, Brieuc lève la main, et les loups se prosternent devant lui comme pour lui demander grâce. Mais quand, remis de leur panique, les moines veulent, pour rejoindre leur maître, franchir la ligne formée par les fauves, ceux-ci les tiennent en respect et leur refusent passage. Cette singulière situation dura toute la nuit.

Au lever du soleil un autre incident se produisit. Un Breton insulaire, nommé Conan, venait de débarquer au rivage voisin et cherchait avec une bande d'émigrés, guerriers battus par les Saxons, tous païens et compatriotes de Brieuc, un lieu favorable pour établir un plou. Ils marchaient, quand tout à coup Conan aperçoit l'étrange spectacle : un vieillard à longue barbe blanche siégeant sur un chariot comme sur un trône, et le cercle des fauves prosternés devant lui, mais repoussant les moines qui les entourent : « Voyez-vous? » crie avec stupeur Conan à ses hommes. Et reconnaissant dans le vieillard un moine, un prêtre chrétien, il saute à bas de son cheval, et lui crie : « Père, père, nous ne voulons d'autre Dieu que le tien. Il faut que tu nous baptises tous ». A cette prière Brieuc fait un signe, les loups disparaissent pour ne pas revenir, et il s'entretient longuement avec Conan. Il lui prescrit à lui et à ses compagnons un jeûne de sept jours pendant lesquels il les instruit, et le huitième il les baptise (DE LA BORDERIE. Loc. cit. I, p. 304).

Le règlement de vie des moines de cette époque et des époques suivantes étant, sauf de rares exceptions, le même dans tous les monastères, nous croyons utile de le résumer en quelques lignes : « A des heures déterminées, ils se réunissaient dans l'église pour célébrer l'office divin. Après l'office des Vêpres, c'est-à-dire vers six heures du soir, ils restauraient leurs corps en prenant en commun une nourriture qui était la même pour tous. Ensuite, ayant dit Complies, ils revenaient dans un profond silence, et se mettaient au lit. Vers minuit, avec le même zèle, ils se levaient et allaient chanter dévotement des psaumes et des hymnes à la gloire de Dieu. Après quoi ils retournaient se coucher. Mais au chant du coq, dès qu'ils entendaient le bruit du signal — probablement une clochette -- ils sautaient promptement du lit pour chanter Laudes. Depuis la fin de cet office jusqu'à la deuxième heure ils consacraient tout leur temps aux exercices spirituels et à la prière. Puis ils retournaient gaiement à leur travail manuel » (Analecta Bollandiana, II, p. 182).

A ce travail manuel les disciples de Brieuc se livrèrent avec un courage, une énergie et une persévérance inlassables. L'œuvre était considérable ; il s'agissait de renverser, de défricher la grande forêt qui couvrait, non seulement la Vallée-Double, mais tout le bassin du Gouët et celui du Gouëdic. Tous se mettent à la besogne : les arbres sont abattus, les buissons coupés, les masses d'épines qui encombraient le sol déracinées ; armés de houes, ils retournent la terre, la divisent ensuite avec la bêche, y tracent avec la charrue de légers sillons, qu'ils finissent par convertir en belles prairies, en magnifiques cultures. La forêt est vaincue. Alors sur l'emplacement du Champ-du-Rouvre, Brieuc, aidé par ses moines qui, après avoir été bûcherons et laboureurs, se firent charpentiers et maçons, éleva une église définitive. A l'ombre de cette église s'établit un monastère à la mode bretonne, c'est-à-dire composé d'environ deux cents cellules en ordre dispersé, et autour de ce village la population se groupa peu à peu. Telle fut l'origine de la ville de Saint-Brieuc. Quant à l'église du monastère, c'est aujourd'hui l'église cathédrale de ce siège épiscopal, qui a succédé au modeste édifice du Vème siècle.

Le travail exerça longtemps, sans les user, les forces de la verte vieillesse du saint évêque. Mais la faiblesse et les infirmités de l'âge le privant de l'usage de ses jambes, il était forcé de voyager en chariot. Il approchait de son dernier terme ; le VIème siècle était commencé. Un jour, arriva au monastère du Rouvre un messager, qui annonça que Rhigall était très malade et, qu'avant de mourir, il désirait revoir son vénéré cousin et recevoir de sa main le viatique sacré. Sans hésitation Brieuc se fait hisser sur son chariot, une troupe de moines le précède, une autre le suit, et ils partent. Comme ils traversaient un vaste plateau d'où l'œil embrassait les belles grèves et les falaises de Cesson, tout à coup une suave et aérienne musique descend d'En Haut ; ce n'est pas de la terre, c'est du ciel que vient la réplique au chant des moines, et ce sont les Anges qui la donnent. Brieuc fait faire halte ; en mémoire de ce prodige, au lieu même où l'on vient d'entendre les chants célestes, on taille et l'on plante une croix, qui fut honorée là pendant de longs siècles. Enfin Brieuc arrive à Lis-Helion, où habitait Rhigall. Les deux vieux amis se témoignent une dernière fois leur affection réciproque. Le moine donne au comte le pain eucharistique, lui dit non pas adieu, mais au revoir, et lui ferme les yeux. Il ne devait pas tarder à aller le rejoindre (DE LA BORDERRIE. Loc. cit. 1, p. 305).

Averti du jour de sa mort, il se recommanda aux prières de ses religieux. Puis, quand la fièvre lui eut fait pressentir que sa fin approchait, il reçut le saint viatique, exhorta ses enfants, leur donna sa dernière bénédiction et s'endormit tranquillement dans le Seigneur, en l'année 502, âgé de plus de 90 ans. Il fut enterré dans l'église de son monastère, où une infinité de miracles rendirent témoignage de ses vertus, de sa sainteté et de sa gloire. La Légende raconte qu'au moment suprême toute la chambre où il expira fut remplie d'une délicieuse odeur. Elle ajoute qu'à l'instant même de son bienheureux trépas il apparut à deux de ses disciples, qui étaient restés dans un monastère éloigné. L'un d'eux, nommé Marcan, vit sous la forme d'une colombe son âme portée dans les nues par des Anges dont les ailes, toutes de feu, marquaient son incomparable charité ; l'autre, appelé Sieu, l'aperçut en songe, tout brillant de lumière, monter par une échelle qui atteignait le ciel. C'est vraisemblablement de ce même solitaire que tire son nom l'église paroissiale de Lancieux — Lan-Sieu — canton de Ploubalay dans les Côtes-du-Nord (aujourd'hui Côtes-d'Armor).

A l'arrivée des Normands en Bretagne les reliques de saint Brieuc furent mises dans un sac de cuir de cerf et portées par Erispoë, duc de Bretagne, à l'abbaye Saint-Serge d'Angers. Plus tard, en 1210, Pierre, évêque de Saint-Brieuc, se rendit à Angers pour les obtenir. On fit ouvrir la châsse, et on trouva les ossements du saint avec une plaque de marbre où étaient gravés ces mots « Ci-gît le corps du bienheureux confesseur Brieuc, évêque de Bretagne, lequel fut apporté à cette basilique ». Cédant aux instances de l'évêque breton, l'Abbé de Saint-Serge fit présent de deux côtes, d'un bras et d'une vertèbre du cou au successeur du saint, qui les transporta en Bretagne. Le 18 Octobre, on vint à sa rencontre en grande solennité. Alain Ier, comte de Penthièvre, assista à la cérémonie, se prosterna jusqu'à terre pour vénérer les reliques, les prit dans ses bras, et voulut les porter lui-même jusque dans l'église cathédrale. On dit, qu'au moment où elles y entrèrent, on les entendit remuer comme si elles eussent été animées.

Quant à la ville où vivait le saint, voici comment elle honore les restes de son fondateur et protecteur : « Tous les ans, de temps immémoral, ces reliques ont été exposées à la vénération des fidèles, et promenées en procession dans les rues le jour de la fête du saint. Elles sont enfermées dans un beau reliquaire, donné en 1820 par Mgr de Quélen, archevêque de Paris. En restaurant sa cathédrale, Mgr Fallières a transformé et embelli l'ancienne chapelle de la Trésorerie. Il en a fermé les quatre ouvertures avec des grilles en fer forgé, et il y a maintenant, enclos dans un meuble en chêne sculpté et doré, ces saints ossements, qu'entoure la vénération constante des fidèles Le 18 octobre ramène tous les ans une fête chère à la piété du clergé et du peuple : la translation des reliques de saint Brieuc » (Abbé de la Villerabel — Vie de S. Brieuc).

(A. Millon).

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