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L'ORDRE SERAPHIQUE EN BRETAGNE

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Fondé en 1210 par François d'Assise, l'ordre des Franciscains forma d'abord un mouvement soucieux de réagir contre la puissance grandissante de l'argent dans la société. Il se constitua ensuite en un ordre mendiant dont la règle fut approuvée en 1223 par le pape Honorius III. Au XIIIème siècle, l'ordre fut déchiré entre la tendance radicale (les spirituels), fidèle à la tradition de pauvreté, et la tendance modérée (les observants). Aujourd'hui, l'ordre est organisé en trois branches : franciscains proprement dits, capucins et conventuels. 

Saint François naquit à Assise, ville de l'Ombrie, l’an 1182. Il réunit autour de lui ses premiers disciples en 1206. En 1210, Innocent III approuva de vive voix l’ordre naissant des Frères Mineurs ; en 1215, il l’approuva solennellement au Concile général de Latran.

Quelque temps après la fondation de son ordre, saint François parlant à ses religieux leur fit cette prophétie : « Je voudrais taire ce que j’ai vu, mais l’amour que je vous porte m’oblige à vous en faire part. J’ai vu une grande multitude venant à nous pour prendre le même habit et mener la même vie. J’ai vu tous les chemins remplis d’hommes qui marchaient de ce côté, et se hâtaient fort. Les Français accourent, les Espagnols se précipitent, les Anglais et les Allemands suivent de près ; toutes les nations s’ébranlent, et voilà que le bruit des pas de ceux qui vont et viennent pour exécuter les ordres de la sainte obéissance retentit encore à mes oreilles » (Thomas de Célano). Cette prophétie se réalisa bientôt, et du vivant même de saint François. Dix ans, en effet, après la fondation de l'Ordre, au Chapitre général de 1219, cinq mille religieux se trouvaient réunis à Sainte-Marie-des-Anges. Les Frères Mineurs avaient en ce moment douze provinces : 6 en Italie, 2 en France, les autres en Grèce, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne. Au Chapitre général de Narbonne tenu par saint Bonaventure, Général de l'Ordre, nous voyons que les Frères Mineurs avaient déjà 1.400 couvents divisés en 34 provinces et en 230 custodies.

Quatre ans seulement après la mort de saint François, en 1232, les Mineurs s’établirent en Bretagne, à Quimper-Corentin. Hervé [Note : Albert le Grand soutient que ce couvent fut fondé, par Rainau, évêque de Quimper. Il y fut enterré en 1245. Le P. Gonzague, Général de l'Ordre soutient, au contraire qu’il fut fondé par Hervé, baron de Pont-l’Abbé] baron de Pont-l’Abbé, en fut le fondateur. Dans ce couvent vécut un saint religieux, honoré par les habitants de Quimper comme bienheureux, et connu sous le nom de Frère Jean le Discalcéat. Il y mourut en l’année 1346.

Les évêques de la Bretagne-Armorique, émerveillés du bruit des prodiges opérés dans les âmes par ces nouveaux Apôtres, se hâtaient de les demander dans leurs diocèses, et on vit bientôt s’élever les couvents de Rennes, de Vannes, de Dinan, [Note : Ce couvent fut fondé par le baron d'Avaugour, qui entra lui-même dans l'Ordre de Saint-François. Saint Bonaventure, alors Général de l'Ordre, s’intéressa beaucoup à sa fondation, et y envoya une statue de la Sainte Vierge] de Guingamp, etc... [Note : Saint Yves, nous disent tous nos historiens, prit l’habit du Tiers-Ordre de Saint-François au couvent des Frères Mineurs de Guingamp. L'Abbé Tresvaux ajoute que : « Les Bollandistes ont douté que saint Yves ait été de ce Tiers-Ordre, parce que, disent-ils, il n’en portait pas l’habit. Cette raison n’a aucune force, attendu que la règle de cette Société ne prescrit aucun signe extérieur à ceux qui la suivent. L'Ordre de Saint-François est depuis longtemps en possession de compter le saint Curé de Louhanec au nombre de ses membres, et sans doute à bon droit ». Nous pouvons ajouter ici avec le P. Flavien, de Blois, Capucin, que : « Les Bollandistes oublient ici, comme dans beaucoup d’autres circonstances, qu’à côté de l'Ecriture, il y a la tradition, dont on ne peut nier la force et la valeur. Or, nous avons la tradition, nous sommes en possession, une négation ne suffit pas contre nous ; il faut des preuves ». Charles de Blois, Duc de Bretagne, fut aussi enterré en ce couvent en 1364].

Les Frères Mineurs furent non seulement pendant plusieurs siècles les Apôtres de la Bretagne ; ils fournirent encore des Evêques aux différentes églises de la province.

Dès l’année 1297, nous voyons un Frère Mineur sur le siége épiscopal de Rennes. Frère Jean de Samois succéda à Guillaume de la Roche-Tangui en 1297, suivant Wading, l’annaliste des Frères Mineurs. Il était né dans un village du diocèse de Sens, et embrassa l’ordre de Saint-François. Il occupa le siége de Rennes deux ans. Transféré à Lisieux en 1299, il y mourut le 30 octobre 1302.

Au XVIème siècle, l’église de Rennes eut encore pour évêque un frère mineur en la personne de frère Bertrand de Marillac, nommé évêque de Rennes en 1565. Il mourut le 29 mai 1573.

Quimper, la première ville bretonne qui donna l’hospitalité aux fils de Saint-François, eut à trois reprises différentes des frères mineurs pour évêques. Le premier fut frère Bernard, nommé en 1322 et transféré à Nimes en 1324. Il y mourut en 1331.

En 1448, frère Alain de Lespervier fut nommé évêque de Quimper. Sa santé l’obligea en 1451 à se démettre de son siège et il reçut alors le titre d’évêque de Césarée. Après sa démission, il se retira au couvent des frères mineurs de Quimper où il mourut saintement. Le troisième frère mineur nommé évêque de Quimper fut frère Alain de Coëtivi (Coëtivy), dont nous allons parler.

Dans le XVème siècle, l’église de Dol fut aussi gouvernée par un évêque sorti d’un cloître franciscain. En 1438, le Pape Eugène IV nomma frère Alain de Coétivi, évêque de Dol. En 1444, il fut transféré à Quimper, puis créé cardinal et archevêque d'Avignon, le 20 décembre 1449.

Le diocèse de Vannes, où deux cents ans plus tard, les frères mineurs capucins devaient jouer un si grand rôle lors de la découverte miraculeuse de la statue de sainte Anne par Nicolazic, eut au XVème siècle un frère mineur comme évêque en la personne de frère Pierre de Foix, frère de la duchesse Marguerite de Foix. Nommé à l’évêché de Vannes en 1475, il fut peu de temps après créé cardinal du titre des saints Côme et Damien. Il mourut à Rome l’an 1490, légat d'Avignon et du Comtat Venaissin et fut enterré dans l’église de Notre-Dame du Peuple.

Au XVIIème siècle, le père Michel de Paris, capucin, fut nommé évêque de Saint-Malo. Il eut la modestie de refuser cette charge, et tant qu’il vécut, le siège resta vacant. Il mourut en 1631 (Ogée, Dictionnaire de Bretagne).

II

En 1525, un certain nombre de frères mineurs, désireux de se rapprocher plus étroitement de la manière de vivre des premiers compagnons de saint François, obtinrent de Clément VII l’autorisation de fonder une congrégation séparée. Les membres de cette congrégation, appelés d’abord Ermites de Saint-François, furent bientôt appelés par le peuple, capucins, à cause de leur capuce, plus ample que celui des autres franciscains. Depuis, ce nom a été reconnu par l'Eglise et enregistré par l’histoire. Les frères mineurs capucins furent gouvernés par des vicaires généraux jusqu’en 1619. Paul V les autorisa alors à élire un général ne relevant que du Saint-Siège.

En 1574, les capucins s’établirent en France. Catherine de Médicis, régente du royaume en l’absence de Henri III, retenu en Pologne, désireuse de donner aux capucins un témoignage éclatant de sa royale protection, voulut établir leur premier couvent au faubourg Saint-Honoré, près des Tuileries. Elle publia, en conséquence, des lettres patentes datées du mois de juillet 1574 et signées Catherine. Henri III, dès son retour de Pologne, publia à son tour des lettres patentes d’autorisation, de l’an de grâce 1576 et signées Henri. Dès lors, leur nombre s’accrut rapidement ; ils virent venir à eux l’élite de la jeunesse et les noms des premières familles de France se pressent dans les registres de l’ordre. Au bout de peu d’années les capucins formèrent une véritable armée qui s’avançait toujours, sans autre glaive que celui d’une parole simple, il est vrai, mais rehaussée par l’éclat de la science et autorisée par l’abnégation sans bornes dont ils faisaient profession. Ils firent des conversions sans nombre ; aussi, Pierre de Gondy, archevêque de Paris, se crût-il autorisé à écrire au Pape Clément XIII : « Après Dieu, la religion catholique doit son rétablissement à l’ordre des capucins » (Mémoire pour la défense des Ordres religieux).

Les couvents se répandirent rapidement. et se séparèrent en Provinces. La Province de Bretagne et de Touraine réunies comptait près de 700 religieux et 30 couvents (Histoire du clergé séculier et régulier. T. II. p. 373). Au commencement du XVIIème siècle, cette province fut gouvernée par le célèbre Père Joseph du Tremblay, l’ami et le confident de Richelieu. Fondateur de nos missions du Levant, ce saint religieux y envoya plusieurs capucins bretons qui y trouvèrent la palme du martyre.

Voici une liste incomplète des anciens couvents de la province des capucins de Bretagne :

1° Quimper, fondé en 1601, sous l’épiscopat de Charles de Rosmadec. On donna aux capucins pour leur servir d’église la chapelle de Saint Sébastien, près de laquelle ils firent bâtir leur couvent. Leurs bâtiments ayant été incendiés en 1785, la ville les aida è reconstruire leur couvent.

2° Rennes, fondé en 1604, par Caliope d'Argentré, dame de Cucé, baronne d'Orgères.

3° Morlaix, fondé en 1611. La première pierre du couvent fut posée par le maréchal duc de Retz. Pierre de Cornullier, évêque de Tréguier, en consacra l’église le 2 du mois d’août 1618.

4° Vannes, fondé en 1613, par Laurent Peschard, sieur de Lourme.

5° Dinan, fondé en 1614.

6° Guingamp, fondé en 1615, par Guillaume de Coatrieux, seigneur de la Rivière, gouverneur de la ville et du château de Guingamp.

7° Saint-Brieuc, fondé en 1615, par MM. de Bréhand.

8° Lannion, fondé en 1624, par Claude, IIème du nom, comte de Lannion, baron du Vieux-Châtel, gouverneur des villes de Vannes et d'Auray.

9° Auray, fondé en 1626, sous l’épiscopat de Sébastien de Rosmadec.

10° Roscoff, fondé en 1621.

11° Landerneau, fondé en 1634.

12° Audierne, en 1657, par François du Mené, seigneur de Lézurec, qui prit l’habit de capucin après avoir fondé un couvent de son ordre à Audierne.

13° Quimperlé, fondé en 1653.

14° Brest, fondé en 1680.

15° Le Croisic, fondé en 1619. Le marquis d'Assérac posa la première pierre le 29 juillet 1619.

16° Machecoul.

17° Nantes ; il y avait deux couvents de capucins dans cette ville.

18° Saint-Malo.

19° Saint-Servan.

20° Hennebont [Note : Lors de la réparation des orgues de l’église d'Hennebont, on trouva dans l’intérieur de l’instrument un papier indiquant que cet orgue était l’ouvrage d’un capucin d'Hennebont. Le papier a été remis à l’intérieur de l’orgue et je n’ai pu savoir le nom de ce religieux], fondé en 1663.

Tous ces couvents furent supprimés au moment de la Révolution française.

L’abbé Tresvaux nous dit, dans son Histoire de l'Eglise de Bretagne, que la suppression des capucins fut celle qui causa aux Bretons le plus de peine au commencement de la Révolution.

Le 2ème ordre de Saint-François, connu sous le nom de Pauvres Dames ou de Clarisses, du nom de la première abbesse de l'Ordre, eut aussi des couvents en Bretagne. Le premier monastère fut fondé à Nantes en 1457 par la bienheureuse Françoise d'Amboise, duchesse de Bretagne. Une colonie de religieuses, sorties de ce couvent, fonda, en 1480, le monastère de Dinan.

Quelques monastères de Clarisses obtinrent du Pape Urbain IV la permission de posséder des biens-fonds et reçurent le nom d'Urbanistes. En Bretagne, elles étaient désignées sous le nom de Cordelières, et y avaient 4 couvents, à savoir : les couvents de Nantes, de Quimper, d'Auray, de Savenay. Aucun de ces monastères ne s’est relevé après la Révolution.

III

Ces couvents et ces monastères furent détruits par la tourmente révolutionnaire du XVIIIème siècle. Mais, après quelques années d’exil, les fils de Saint-François revinrent les premiers sur le sol de la patrie, pour travailler au salut des âmes. Les couvents se rouvrirent, et la vie séraphique se rétablit enfin, avec une ardeur toute nouvelle, et malgré des difficultés de tout genre.

En 1880, lorsque parurent les fameux décrets de mars, l'Ordre de Saint-François était ainsi composé en France : les Capucins possédaient 43 couvents ; les Observantins 15 couvents ; les Récollets 10 couvents ; les Conventuels 1 couvent ; les Clarisses 38 couvents. Il y avait aussi deux congrégations d’hommes et plusieurs monastères de femmes, suivant la règle du tiers-ordre régulier.

En Bretagne, le premier ordre comptait deux couvents de Récollets, l’un à Saint-Nazaire, l’autre à Rennes ; deux couvents de Capucins, l’un à Nantes, l’autre à Lorient. L'Ordre de Sainte-Claire avait encore en 1884 à Nantes, rue Noire, un monastère très-florissant.

Vers 1884, le tiers-ordre régulier avait :

1° Une Communauté de Frères agriculteurs de Saint-François, établie à Rieux (Morbihan), et s’occupant d’orphelins ;

2° Une Communauté de Franciscaines, Oblates du Sacré-Cœur, fondée il y a quelques années à Nantes, pour le soin des malades à domicile ;

3° Les Franciscaines de Calais ont une maison à Dol (Ille-et-Vilaine) pour l’éducation des enfants ;

4° Les Franciscaines de Blois, Servantes de Marie, dont le but est de recueillir les jeunes filles qui désirent se placer en service, ont une maison à Brest ;

5° Les Franciscaines, Missionnaires de Marie, fondées il y a peu de temps à Saint-Brieuc, et qui ont pour but de fournir des Religieuses aux Missions des Indes. Leur Noviciat se trouve aux Châtelets, commune de Ploufragan, près de Saint-Brieuc.

Voilà quelques traits rapides sur l'Ordre [Note : L'Ordre de Saint-François a fourni jusqu’en 1884 trois cents Nonces ou Légats, deux mille Evêques, cinq cents Archevêques ou Patriarches, soixante Cardinaux et cinq Papes : Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV, Sixte V et Clément XIV. On voit, en 1884, dans les rangs de l'Episcopat catholique un Cardinal et soixante Archevêques ou Evêques appartenant à l'Ordre des Frères Mineurs] que la République a pensé faire disparaître de la France par un décret signé le 28 mars 1880 (R. P. François-Marie de Belle-Ile).

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