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LES FORTIFICATIONS DE PIERRE DES COTES-D'ARMOR

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L’an dernier nous avons étudié, à la Société d’Emulation des Côtes-du-Nord, les châteaux ou fortifications de terre de cette région armoricaine.

Nous avons remarqué la proximité constante des enceintes rectangulaires et des voies gallo-romaines.

Nous avons observé la situation des enceintes circulaires ou ovales, à défenses de douves et de parapets sur les points d’observation élevés. Les noms de Fort-ar-Sauzon et de Kernormand, les poignards de bronze et les pointes de flèches en silex trouvés dans plusieurs de leurs enceintes, nous ont fait attribuer la plupart d’entre elles à la période des invasions nordiques. Mais ce mode de fortifications se perpétua longtemps chez nous, puisqu’en plein XIVème siècle les mottes de Bourbriac, de Guingamp, de Matignon, etc... étaient encore utilisées comme forteresses.

Des tours de bois défendaient ces fortifications primitives ; les traces en ont été reconnues à la Haye-aux-Léon, en Saint-Glen, au Bois-Robin, en Languenan, à Coat-ar-Castel, en Prat, à Kerjean, en Plouagat et à Yffiniac.

Parfois ces tours étaient en pierre, comme à Bolloy, en Pleudaniel ; Bourgerel, en Plourac’h ; Coatmen, en Tréméven ; Le Guern, en Plounez ; Kerymber, en Bringolo ; Monbran, en Pléboulle ; Le Pellinec, en Canihuel ; Péran, en Plédran ; Rocherel, en Trédias.

Les plus beaux spécimens de nos châteaux de terre sont : pour les enceintes rectangulaires :

La Courtade, en Quintenic ; Cosquer-Jehanniou, en Kerien ; Crech-Moëlou, en Kergrist-Moëlou ; Parc-Menez-Bian, en Carnoët ; Le Plessis, en La Prénessaye ; St-Uriel, en Plélo ; Le Tertre-aux-Colombes, en Haut-Corlay ; La Vieille-Ville, en Plénée ; Le Vieux-Parc, en Saint-Jacut-du-Mené.

Pour les enceintes ovoïdes ou circulaires :

Ar Castel et Coatmen-Coz, en Bourbriac ; Ar Hastel, en Saint-Gilles-Pligeaux ; Commore, en Tréglamus ; La Cuve, en Trédaniel ; Kergontrary, en Plounévez-Quintin ; Lézardré, à Lézardrieux ; Lymoëlan, en Sévignac ; Le Pellinec, en Canihuel ; Pen-An-Stang, en Louargat ; Rospellem et Tossen-Saint-Veltas, en Carnoët.

Pour les mottes rondes :

Avaleuc, en Plémy ; La Balivo, en Pommerit-le-Vicomte ; La Bois-dc-Motte, en Trigavou ; Branxian, en Lanrelas ; Carnavalet ou Kernevenoy, en Saint-Clet ; Castellaouënan, en Paule ; Le Chastelier, en Saint-Samson ; Le Châtel-de-la-Couaille, en Saint-Jacut-du-Mené ; Le Châtelet, en Lan gast ; Coatnevenez, en Pommerit-Jaudy ; La Douve-ès-Louais, en La Motte ; Dzillou, en St-Nicolas-du-Pélem ; Guern-ar-Chastel, en Plufur ; Kerampuil, en Cavan ; Kerham, en Camlez ; Matignon ; La Motte, en Tramain ; La Motte-Rieux, en Corseul ; Pen-an-Stang, en Louargat ; Riffay, en Saint-Pôtan ; Les Tours, en Plorec, etc.

Nous trouvons ces mottes ou enceintes circulaires avoisinant les forts rectangulaires à Bourgerel, en Plourac’h ; Castel-bras, en Mellionnec ; Pen-an-Stang, en Louargat ; Tossen-Saint-Veltas, en Carnoët ; ou faisant partie d’un système plus compliqué de défenses, aux Bourgs-Heusais, en Pléven, au Chastelier, en Eréac ; à Duretal, en Hénansal ; à La Haye-aux-Léon, en Saint-Glen ; au Balivo, en Pommerit-le-Vicomte ; à Matignon, à Plumaugat, etc...

Nous avons remarqué l’apparition des tours en bois ou en pierre sur plusieurs de ces châteaux de terre. La fréquence de la destruction des tours de bois par le feu leur fit substituer la pierre comme plus résistante aux attaques de l’ennemi.

Cette substitution, consécutive, semble-t-il, aux Croisades, marque aussi une transition dans l’architecture militaire bretonne.

La forme carrée des tours semble assigner la période romane aux anciens châteaux de pierre de Bolloy, en Pleudaniel ; La Feillée, en Loudéac ; Kerymber, en Bringolo ; Pestivien, en Bulat-Pestivien ; La Roche-Suhart, en Trémuson ; La Touche-à-la-Vache, en Créhen, en porte aussi les traces.

Coëtmen et Monbran offrent la forme polygonale, acheminement vers la tour ronde.

La forme ronde apparaît dans les donjons isolés de La Roche-Goyon ou Fort-la-Latte, en Plévenon ; du Pellinec, en Canihuel, et dans les forteresses à tours multiples de Léhon et de Montafilant.

La construction actuelle du château du Léhon date de 1175 à 1186. Montafilant doit être à peu près contemporain et fut, comme Léhon, reconstruit par la puissante maison de Dinan. Aux Dinan serait due aussi la construction de Runfao, en Ploubezre, dans le cours du XIIIème siècle, et du Guildo, en Créhen, à une époque moins ancienne.

Elle posséda aussi la forteresse de Plancoët et celle de la Motte-Izelan, en Saint-Potan, depuis longtemps détruites et dont l’architecture ne nous est pas connue.

Nombreux étaient aussi les châteaux-forts de la maison de Penthièvre, mais les guerres de Succession de Bretagne, au XIVème siècle, et l’attentat de Chamtoceaux contre le duc Jean V, en 1419, amenèrent la destruction de la plupart d’entre eux et de ceux de leurs partisans.

De cette époque date la ruine : d’Avaugour, en St-Péver ; de Belle-Isle-en-Terre ; de Brélidy ; de Cabiche, en Hillion ; de Châteaulin-sur-Trieux, en Plouëc ; de Châtelaudren ; de Frynandour, en Quemper-Guézennec ; de Jugon ; de Lamballe, de La Motte-Broons, en Broons ; de Pestivien, en Bulat-Pestivien ; du Perrier, en Kermoroc’h ; de Plumoison, en Plouër ; de La Roche-Derrien ; de La Roche-Suhart, en Trémuzon, etc...

D’autres tombèrent en ruines, comme le Plessis-Balisson, vers 1444, pour ne pas les réparer ; le même motif n’est-il pas l’arrêt de mort de beaucoup d’anciennes demeures au XXème siècle.

La Ligue montra les dangers qu’offraient encorei ces forteresses, même délabrées, quand le pouvoir souverain n’en était plus maître. Ce fut le signal des destructions de Beaumanoir-Eder, en Le Leslay ; de Callac ; de Coëtquen, en Saint-Hélen ; du Guémadeuc, en Pléneuf ; de Langarzeau, en Pludual ; du Quellenec, en St-Gildas-du-Chanau ; de La Ville-ès-Blancs, en Sévignac.

Nous ignorons la date de la ruine de Beaumanoir, en Evran ; de Brécilien, en Paule ; Castel-Auffret, en Plourivo ; Castel-Du, en Duault ; les Clos, en Plénée ; Coatgoureden, en Bulat-Pcstivien ; La Douve, en Alllineuc ; Loursière, en Pléguien ; le vieil Ourxigné, en Meslin ; Rougé, en Tréfumel ; Trégomar ; Trogorre, en Loguivy-Plougras, que les aveux ou la tradition qualifient de forteresses.

Rostrenen pouvait encore être mis en état de défense en 1992 : Uzel et La Hardouinaye n’ont disparu qu’au XIXème siècle.

On trouve, sur place ou au cadastre, des traces de fortifications extérieures au Bois-de-la-Motte, en Trigavou ; au Boislerault, en Bobital ; au Bois-Orieux, en Dolo ; à La Boulaie, en Plouasne ; à Broondineuf, en Sévignac ; à Bruliec, en Plounérin ; Carcouët ou Kerrouët, en St-Jouan-de-l'Isle ; Cargouët et Carlan, en Meslin ; Le Guébriant, en Pluduno ; La Houssaie, en Saint-Maden ; Mauny, en Landéhen ; Le Parc, en Saint-Jacut-du-Mené ; Le Reposoir, en Hénanbihen ; La Roche-Rousse, en Quessoy ; Saint-Bihy, en Pélo ; La Touche-à-Loup, en St-Denoual ; La Touche-Trébry, en Trébry ; La Tourniole, en Pleudihen ; La Ville-Gour, en Erquy ; La Ville-Mario, en Saint-Quay-Portrieux, mais sans que les manoirs qu’elles entourent aient conservé, s’ils l’ont jamais eu, l’allure de forteresses.

Il nous reste aussi quelques maisons fortes, comme Barach, en Louannec ; La Bellière, en La Vicomté-sur-Rance ; Coëdelan, en Prat ; Coatredrez, en Trédrez ; Le Gué-de-l’Isle, en Saint-Etienne-du-Gué-de-l'Isle ; Hac, en Le Quiou ; Kergrist, en Ploubezre ; La Moussaye, en Plénée ; La Roche-Jagu, en Ploëzal, capables de soutenir un coup de main.

Au lendemain de la destruction des repaires de la Ligue s’élevèrent de somptueuses demeures d’allure forte, comme Beaumanoir, en Evran ; Bienassis, en Erquy. Au XVIIIème siècle Carcouët, en Plestan ; Lorges, en l’Hermitage, se parent encore de défenses d’eau, mais ce n’est plus qu’un mirage, une protection tout au plus, contre les rôdeurs et les bêtes sauvages qui pouvaient s’y aventurer.

Les Côtes-du-Nord [Note : aujourd'hui les Côtes-d'Armor] renferment cependant des traces de fortifications de pierre manifestes à Beaumont, en Guitté ; à Bréhat ; Cesson, en Saint-Brieuc ; La Chèze-Porhoët ; Coatfrec, en Ploubezre ; Coatmen, en Tréméven ; Coëtquen, en Saint-Hélen ; Corlay ; Dinan ; les Ebihens, en Saint-Jacut-de-la-Mer ; Le Fort-la-Latte, en Plévenon ; Le Guildo, en Créhen ; Guingamp ; La Hardouinaye, en Saint-Launec ; La Hunaudaye, en Plédéliac ; Keralio, en Plouguiel ; Lamballe ; Léhon ; Monbran, en Pléboulle ; Moncontour ; Montafilant, en Corseul ; Quintin ; les Sept-Iles, en Perros-Guirec ; Tonquédec ; La Touche-à-la-Vache ; Yvignac.

Beaumont, en Guitté, possède encore une porte fortifiée flanquée de deux tours rondes à créneaux et mâchicoulis.

Bréhat est un fort moderne de défense côtière, qui a succédé à une forteresse du XVème siècle disparue.

Cesson, oppidum gallo-romain, sur la voie septentrionale de Domnonée reliant Coz-Yeaudet, en Ploulec’h, à Corseul et Aleth, fut puissamment fortifié en 1395 par le duc de Bretagne Jean IV. Cette place ne se rendit au duc de Mercœur, en 1592, qu’après avoir reçu 450 coups de canon. Elle fut reprise, pour le roi, par le duc de Brissac, en mars 1598, et démolie la même année, sauf une partie du donjon conservée comme amer pour les navires se dirigeant sur Le Légué. Ce hardi débris donne une idée de ce que pouvait être l’ensemble de la forteresse.

La Chastellenie de La Chèze fut démembrée au XIIème siècle du Comté de Porhoët. Le château actuel existait en 1462, époque où y fut célébré le mariage de Jean III, vicomte de Rohan, avec la princesse Marie de Bretagne.

Le prince d’Orange ne put s’en emparer en 1484. Abandonné et ruiné au XVIIIème siècle, il fut exploité comme carrière. Sauf une tour d’angle, au nord-est, ses fondations seules subsistent.

La forme de ce château est pentagonale, flanqué au Nord-Ouest d’une tour quadrangulaire qui remonte sans doute à sa fondation.

L’unique entrée, au Sud, était défendue par un corps de logis, avec trois tours extérieures, celle du Sud-Ouest, plus grosse, pouvant, servir de donjon. Les deux autres flanquaient le pont-levis.

Un étang, alimenté par les eaux du Lié, entourait de toutes parts la forteresse.

Coatfrec, en Ploubczre, fut fortifié, en 1460, par Guillaume de Penhoat. Ses bâtiments renferment une cour en forme de losange et sont flanqués, à l’Est, d’une seule tour ronde. L’entrée, en pan coupé, occupait l’extrémité opposée. Cette place fut prise par les Ligueurs en 1592 et reprise peu après, pour le roi, par le duc de Montpensier. C’est une des ruines les plus pittoresques des Côtes-du-Nord [Note : Aujourd'hui Côtes-d'Armor].

Coatmen, en Tréméven, construit tout au début du XIIIème siècle, fut démantelé vers 1222. Cette circonstance en fait un document précieux d’architecture militaire, car il n’a pas été remanié depuis. Son donjon, polygonal à l’extérieur, rond à l’intérieur, est de forme oblongue et mesure environ 13 mètres de grand axe. Cinq embrasures défendent le rez-de-chaussée, huit l’étage supérieur. Il n’y avait pas de voûtes, mais on remarquera la place des empoutrellements qui supportaient les planchers. Un plan relevé en 1745 indique une enceinte extérieure entourant d’une double circonvallation la motte du donjon et renfermant une chapelle. Trois casemates et un ouvrage extérieur en défendaient les abords du côté du plateau voisin, cerné, sauf à l’est, par la vallée abrupte du Leff.

Coëtquen, en Saint-Hélen, fut fortifié de 1439 à 1445, par Raoul IV, sire de Coëtquen, grand maître de Bretagne, malgré les protestations du sire voisin de Châteauneuf. Il fut démantelé après la Ligue. Les trois bases des tours qui en restent sont en bel appareil. Ce château commandait le passage d’une chaussée entre deux étangs.

Corlay, au nord de la ville de ce nom et adossé à un étang, est de forme quadrangulaire, flanqué de quatre grosses tours d’angles, avec une entrée commandée par une cinquième tour vers le milieu de la courtine Nord- Ouest. Fondé en 1195 par Henri, sire de Corlay, il fut rebâti à neuf en 1485 par Jean, vicomte de Rohan. Pris par les Ligueurs, en 1592, et occupé par les Espagnols à leur solde, il fut repris pour le Roi le 8 mars 1593. En 1594, le fameux ligueur Guy Eder, dit « la Fontenclle », s’en empara et n’en fut chassé qu’en 1595. Le roi Henri IV le fit démanteler en 1599.

Dinan, qui a donné son nom à l’une des plus illustres maisons bretonnes, semble avoir eu pour château primitif la citadelle voisine de Léhon. Dès le XIIIème siècle, cependant, la ville était close. Elle fut prise et brûlée par les Anglais en 1344, assiégée par le duc de Lancastre en 1359, prise par le duc de Bretagne, Jean IV, en 1364, par Bertrand du Guesclin en 1373, par Olivier de Clisson en 1379, par le vicomte de Rohan, pour le roi de France, en 1488.

L’une des principales places de guerre du duc de Mercœur, pour la Ligue, Dinan se rendit au duc de Brissac, commandant les troupes du roi Henri IV, le 13 février 1598.

Les fortifications actuelles ne semblent pas antérieures au XIVème siècle, la porte Saint-Louis est même du XVIIème siècle, mais le développement considérable de ses murailles, atteignant 2.648 mètres de pourtour, les 20 portes et tours qui les flanquent encore, malgré la disparition de sa belle porte de Brest, démolie vers 1880, en font une des plus vastes enceintes fortifiées actuelles de France. Son château, attribué au duc de Bretagne Jean V, est une magnifique construction du XVème siècle.

La Tour des Ebihens, dans une île dépendant de Saint-Jacut-de-la-Mer, semble avoir dû servir primitivement de phare mais fut aussi armée de canons pour la défense des côtes du Poudouvre.

Le Fort-la-Latte, en Plévenon, n’est autre que l’antique Roche-Goyon, débaptisée par Louis XIV quand il en fit une forteresse royale. Le donjon est toujours la tour basse et trapue de ses premiers seigneurs, enveloppée, par M. de Garengem, élève de Vauban, d’une enceinte fortifiée du XVIIème siècle.

Les Anglais essayèrent en vain de s’emparer de cette place en 1490 et 1689.

Devenue inutile pour la défense du littoral et vendue par l’Etat à des particuliers, l’antique forteresse est le centre d’un des plus beaux sites de la pittoresque côte d’Emeraude.

Le Guildo actuel, en Créhen, semble ne remonter qu’au début du XVème siècle, époque où il appartenait à la maison de Dinan. C’est dans la cour de ce château que fut arrêté le prince Gilles de Bretagne, sur accusation de haute trahison, en 1446, et qu’il commença la dure captivité qui devait s’achever tragiquement à la Hardouinaye en 1450.

La forme de ce château est assez irrégulière. Il se compose d’une longue cour close entourée de courtines à l’ouest et au sud-ouest et de bâtiments de tous les autres côtés. Le bâtiment Nord est flanqué extérieurement de trois tours rondes surveillant l’estuaire de l’Arguenon. Le bâtiment Est se termine au sud par trois tours, une ronde à l'angle sud-est, commandant les courtines, et une ronde et une carrée flanquant le pont-levis. Une courtine en demi-tour à l’ouest de cet ensemble, commande les abords de l'entrée unique de la forteresse.

Le Guildo fut pris en 1590 par les Royaux sur les Ligueurs et repris par ces derniers en 1597. Il commençait à tomber en ruines au XVIIIème siècle et dut à un généreux acquéreur de ne pas être exploité comme carrière au XIXème siècle.

La Ville de Guingamp, lors des guerres de succession de Bretagne, n’était enclose que de levées de terre et de palissades sans murailles. Prise par Jean de Montfort en 1341, reprise pour Charles de Blois, par Louis d’Espagne, en 1342, détruite par Edouard roi d’Angleterre en 1343, réparée dès 1344, assiégée en vain par les Anglais du Comte de Northampton en 1345, elle fut prise et démantelée par le Duc Jean V en 1409 et confisquée sur la maison de Penthièvre en 1420. Devenue, en 1442, la résidence préférée du futur duc Pierre II, alors prince de Bretagne, il la fit fortifier de murailles, encore apparentes par endroits sur la rive droite du Trieux, et formant, au nord, un demi-cercle, des ponts Saint-Michel au Vally, indiqué seulement par la rue des Cantons actuelle. Dans cette enceinte s'ouvraient trois portes, dites de Saint-Michel, de Tréguier et de Rennes, maintenant disparues mais dont le cadastre de Guingamp indique la position exacte. Entre la porte de Rennes et le Trieux, face au Vally, s’élevait le château de la Motte, flanqué de 4 grosses tours rondes dont les bases subsistent encore. Un ancien dessin représente la porte de Tréguier flanquée de deux tourelles rondes avec mâchicoulis et surmontées de poivrières.

La Hardouinage, en Saint-Launeuc, n’est plus qu’un monceau de ruines informes, ayant servi de carrière au XIXème siècle. Une minutieuse description conservée aux Archives des Côtes-du-Nord (Liasse E. 1823) a permis à M. Louis Le Guennec d’en reconstituer l’aspect probable en 1660. C’était encore, alors, la triste forteresse où fut étouffé le prince Gilles de Bretagne, le 25 avril 1450. Lors d’un voyage en Bretagne, le roi de France François Ier y séjourna du 9 au 11 et le 23 juillet 1532. Abandonné au XVIIIème siècle pour l’habitation plus moderne de la Bruière, il devint alors métairie, puis ruine et carrière au XIXème siècle.

La Hunaudaye actuelle, en Plédéliac, aurait été le troisième château construit par la famille de Tournemine dans son fief de ce nom. Son architecture semble indiquer le XVème siècle. Sa forme est un pentagone à peu près régulier, flanqué aux angles d’énormes tours rondes ou barlongues. D’importants logements s’élevaient dans la cour, où on ne pénétrait que par un pont de 30 mètres jeté sur des douves profondes au sud-est.

La Hunaudaye reçut les visites royales d’Anne de Bretagne, en 1503, et de François Ier, en 1518.

Ce château, cerné de douves alimentées par deux étangs, était intact en 1789, mais fut détruit peu après par un incendie. Au XIXème siècle il a longtemps servi de carrière. Quatre de ses tours sont cependant intactes, la cinquième est à demi écroulée ainsi que la moitié des courtines ; mais les Beaux-Arts s’efforcent de consolider ces restes.

Keralio, en Plouguiel, conserve, outre ses douves, une tour ronde avec créneaux et mâchicoulis, restes d’un château-fort remplacé par une belle construction Louis XIII.

Lamballe, capitale du Penthièvre oriental et premier membre du duché de Penthièvre, possédait, au XVème siècle, une enceinte flanquée de nombreuses tours. Démantelée en 1420, cette ville était de nouveau fortifiée au XVIème siècle et fut assiégée par les Royaux en 1591. Son château, dont il ne reste plus que la Collégiale Notre-Dame, aux chemins de ronde crénelés, et les douves, dominait au loin le pays. Les fortifications de Lamballe, qui s’étendaient, au sud, de Notre-Dame au clocher de l’église Saint-Jean, au-dessus de la rue du Val, et remontaient au nord le long du Champ de foire, derrière la Rue Basse, pour escalader la butte du château, furent rasées en 1626. Nous avons connu, dans notre enfance, des traces de la porte Saint-Martin, à l’extrémité nord de la Rue Basse. Le capitaine huguenot La Noüe Bras-de-Fer fut frappé mortellement en examinant la porte Barrio, où est la rue de ce nom, lors du siège de 1591.

Léhon offre la forme d’un trapèze flanqué de 4 tours d’angles et de 3 demi-tours intermédiaires sur les faces nord, ouest et sud.

Bâti sur un monticule isolé commandant le passage de la Rance et les voies romaines de Corseul à Rieux, Rennes, Fougères et Dol, ce fut un point stratégique dès le premier siècle de notre ère.

Le roi breton Nominoë y résidait lorsqu’il fonda, en 850, le prieuré voisin de Saint-Magloire. Au XIIème siècle c’était la principale citadelle des vicomtes de Dinan. Henri II, roi d’Angleterre, s’en empara et la fit raser en 1169. Roland de Dinan reconstruisit la forteresse actuelle entre 1175 et 1186.

Ce château devint ducal en 1283, par la cession que fit Henri II d’Avaugour au duc Jean Ier de Bretagne des ville et châteaux de Dinan et de Léhon.

Léhon fut pris sur Charles de Blois par le duc de Lancastre en 1379 ; par le sire de Clisson, pour le roi de France, en 1379, et rendue au duc de Bretagne Jean IV par le traité de Guérande, en 1381. Il cessa d’être entretenu comme place de guerre dès 1490. En 1643, le roi Louis XIII fit don de ses ruines aux bénédictins de Léhon. Malgré cet abandon les gouverneurs de Dinan se qualifiaient toujours, jusqu’en 1789, « Gouverneurs des Ville et châteaux de Dinan et de Léhon ».

Vendu nationalement le 28 mars 1791, il fut exploité en 1809 pour la réfection du pavage des rues de Léhon. Le 13 mars 1872 la petite-fille de l’acquéreur de 1791 en fit don à la fabrique de la paroisse. Dès 1874 y fut construite, sur l’emplacement du donjon central, une chapelle dédiée à Saint Joseph de Consolation.

Monbran, en Pléboulle, ne possède plus, comme Coatmen, que son donjon bas et trapu, polygonal à l’extérieur, cylindrique à l’intérieur, aux pierres noyées dans un dur ciment de coquillages.

Fondé par les Chevaliers du Temple de Tréhen, en Pléboulle, il fut sécularisé en 1308 et uni, jusqu’en 1759, à la baronnie de Plancoët. La tour de Monbran était déjà démantelée en 1570.

Moncontour est une des plus pittoresques petites villes de province que l’on puisse concevoir.

Ramassée sur un éperon rocheux, étroit, resserré entre deux vallées abruptes, elle offre au regard ses murailles démantelées couvertes de jardins et de fleurs sauvages, dominées par l’enchevêtrement des toitures de ses maisons, curieusement perchées au bord de l’abîme, et la tour originale de son église Saint-Mathurin pointant vers le ciel. Elle semble avoir commandé, dès les premiers siècles de notre ère, une voie présumée romaine, dite le « vieux chemin », se rendant de St-Brieuc à Merdrignac par Hénon, la Cuve et la Hutte-à-l’Anguille. Il n’en est cependant fait mention, pour la première fois, qu’en l’an 1050.

Le Duc de Bretagne ne put s’en emparer, dans sa lutte contre le Connétable de Clisson, en 1394. Le duc de Mercœur l’avait si bien fortifiée pendant la Ligue, que, l’ayant perdue en 1590, il ne put la reprendre ni en cette année, ni en 1593.

La place fut démantelée en 1624, mais conserve intactes les bases de ses murailles et du donjon de Mercœur. Elle fut occupée militairement par les troupes républicaines pendant toute la Chouannerie.

Montafilant, au confluent de la rivière du même nom et du ruisseau des Vaux, en Corseul, est une presqu’île abrupte reliée au plateau voisin par un isthme de cent mètres mesurant à peine vingt mètres de largeur à son sommet.

Peut-être ce lieu, naturellement fort, servit-il, avant notre ère, d’oppidum aux Curiosolites ? Les Romains durent en faire aussi une place de guerre surveillant les voies de Corseul à Lamballe et au Chemin-Chaussée.

Les Dinan, devenus vicomtes de Poudouvre, vers 1150, et grands bâtisseurs de forteresses, n’eurent garde de négliger cette place déjà existante et naturellement forte. Ils la couronnèrent d’une enceinte analogue à celle de Léhon, mais de forme triangulaire et flanquée de 6 tours rondes, une à chaque angle et une intermédiaire dans chaque courtine. Une douve sèche, large et profonde, séparait la forteresse de l’extrémité nord de la presqu’île protégée par un étang au confluent des deux cours d’eau.

Une position aussi forte dut décourager les tentatives de siège, car, militairement, Montafilant est sans histoire. Devenu propriété des sires de la Hunaudaye il fut sans doute abandonné, comme Léhon, et tomba en ruines.

Quintin, fondé seulement au XIIème siècle, fut une ville forte, comprise entre le Vau-de-Gouët à l’est, la voie romaine de Carhaix à Corseul et Aleth au nord, la rue allant de la Mairie à l’étang, à l’ouest, et l’étang de Quintin au sud. Quelques parties de ces fortifications, dont une tour ronde, sont reconnaissables au nord, la tour des archives, au chevet de l’église Notre-Dame, faisait aussi partie de l’ancienne enceinte. Nous avons connu les restes fortifiés de la chapelle Notre-Dame de la Porte, à l’ouest.

En 1666, Henriette-Catherine de la Tour d’Auvergne, épouse d’Amaury Gouyon, marquis de la Moussaye, entreprit la construction d’un nouveau château susceptible d’être une place de guerre par l’épaisseur de ses murailles et les embrasures de ses sous-sols disposées pour recevoir de l’artillerie.

Le roi Louis XIII profita d’un différend entre la Marquise, enragée huguenote, et l’évêque de Saint-Brieuc pour interdire l’achèvement de ce château.

La ville de Quintin fut prise et saccagée, en juillet 1487, par les capitaines de Roscerf et Le Long. Récupérée par Pierre de Rohan, son seigneur, elle fut prise une troisième fois, la même année, par le capitaine Gouicquet. Le duc de Mercœur s’en empara, pour la Ligue, en octobre 1592, après un siège de 12 jours, mais les habitants ouvrirent peu après leurs portes aux troupes royales. Les Chouans s’en emparèrent en 1795 mais durent l’abandonner précipitamment à la nouvelle du désastre de Quiberon.

Aux Sept-Iles, en Perros-Guirec, existe une fortification de défense côtière portée au cadastre.

Tonquédec, dans la paroisse du même nom, est, avec Coatfrec, La Hunaudaye et Le Guildo, l’un des plus importants édifices d’architecture militaire rurale des Côtes-du-Nord [Note : Aujourd'hui Cotes-d'Armor].

Cette formidable bastille occupe une crête rocheuse isolée entre la vallée du Léguer et un ruisseau formant étang. Elle mesure 150 mètres du nord au sud et 75 mètres dans sa plus grande largeur. Elle se compose d’un donjon isolé rond, de 14 mètres de diamètre, communiquant par un pont-levis, à la hauteur du premier étage, avec une place d’armes quadrangulaire flanquée de tours d’angles de 12 mètres de diamètre au nord, de 14 mètres du sud-est et de 15 mètres au sud-ouest, avec châtelet de deux tours rondes, de 7 mètres de diamètre, flanquant la porte fortifiée au milieu de la face sud. Une seconde enceinte, pentagonale, flanquée de trois tours rondes, une de 7 mètres à l’ouest et de deux de 8 mètres de diamètre au sud, précède le Châtelet. Une porte, actuellement détruite, servait de première entrée fortifiée au château à l’est, près de la chaussée de l’étang.

M. de la Barre de Nanteuil, mort pour la France à Dixmude, a donné, dans le « Bulletin Monumental » de 1891, une très intéressante monographie du château de Tonquédec. Les plans de cette étude indiquent les étapes de sa construction.

Il reste les traces d’une tour ronde de 13 mètres de diamètre, antérieure à 1395, englobée dans les défenses actuelles du châtelet. Le donjon, les tours nord et est et le châtelet furent construits de 1400 à 1450, le côté ouest et l’enceinte extérieure de 1470 à 1500, avec restaurations partielles de l’ensemble au XVIème siècle.

Le château primitif dut être construit par les de Coëtmen après que leur auteur, sénéchal de Goello en 1220, eut épousé l’héritière de Tonquédec, de même que les Dinan, ses beaux-frères, durent édifier Runfaö, en amont, sur la rive opposée du Léguer. Ce château, rasé par ordre du duc Jean IV, en 1394, fut relevé de ses ruines grâce à la générosité du duc Jean V. Cette restauration, commencée par Roland III de Coëtmen, fut achevée par ses fils et petit-fils.

Tonquédec fut classé comme place forte en 1592, mais ne servit guère depuis les troubles de la Ligue, et, faute d’entretien, périt de vétusté.

La Touche-à-la-Vache, en Créhen, est bien peu de chose auprès de semblables bastilles, mais c’est un document rare d’architecture médiévale.

Sa forme générale carrée, avec tours d’angles, également carrées, très étroites et de faible relief, rappelle les donjons romans à contreforts plats encore nombreux en France. Mais sa porte d’entrée est ogivale et les corbelets de son couronnement, ses meurtrières, rappellent des périodes plus récentes, bien que l’ensemble de l'édifice semble homogène. Isolé dans une mare circulaire, ce petit donjon, de dix à douze mètres de hauteur, a neuf mètres de côté et ses trois contreforts en relief trois mètres chacun de large, le quatrième se confondant avec la tour principale. L'intérieur est partagé par des murs de refend.

Les La Vache, qui ont donné leur nom à cette tour, possédaient le fief de la Touche dès le XIIIème siècle. Très bons soldats en temps de guerre, ils étaient turbulents en temps de paix, aussi le duc Jean V dut apaiser, en 1409, les querelles dont ils affligeaient les moines de Saint-Jacut, leurs voisins.

Yvignac conserve les restes d’une tourelle du XVème siècle qui possédait encore, au XIXème siècle, toiture, créneaux et mâchicoulis. La toiture est maintenant disparue.

Cette étude est peut-être incomplète, tant les Côtes-du-Nord [Note : Aujourd'hui Côtes-d'Armor] sont riches en monuments du passé. Elle donnera, du moins, une idée d’ensemble de ce qui reste de l’architecture militaire en pierre dans notre région.

(Vicomte Frottier de la Messelière, 1934).

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