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DOLMENS ET KIST-VEAN 

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DOLMENS ET KIST-VEAN DU CAP-SIZUN ET DE LA RÉGION D'AUDIERNE.

Le long des rivages de la baie d'Audierne, on rencontre fréquemment des coffrets de pierre que l'on rattache, parfois, à l'époque néolithique. Cependant, leur situation, leur construction et les usages funéraires auxquels il faut les rattacher font ressortir les grandes différences entre ces monuments et les dolmens.

I. Situation. — Les dolmens néolithiques de la pierre polie comportent deux sortes d'emplacements : 1° sur les lieux élevés et rocailleux, ils sont érigés à la surface du sol ; 2°, en terre meuble, ils sont enfouis entièrement jusqu'au sous-sol résistant, sur lequel ils ont leur assise. Toujours ces monuments ont été recouverts par un tumulus formé de plusieurs couches de terre de nature différente et d'un revêtement de pierres appelé Galgal.

Les Kist-Vean, au contraire, sont toujours placés en terre meuble ; et rien, à l'extérieur, n'indique leur présence.

On les trouve : 1° dans les sables des dunes et les plis de terrains des bords de la mer ; 2° contre les versants et à la base des collines, là où se sont amoncelées les terres charriées par les pluies ; 3° à la base même et sur le pourtour des grands tumulus, dont l'aire s'est étendue aux dépens du sommet affaissé par tassement et dénudé par les pluies. D'où cette particularité que les Kist-Vean, rencontrés sous un tumulus néolithique, peuvent être, bien que postérieurs en date, placés au même niveau que le dolmen central, et même à un niveau inférieur. Lorsque ces deux genres de sépultures se trouvent englobés sous une même butte, les Kist-Vean sont séparés du dolmen par un muretin de pierres ; 4° on rencontre aussi les Kist-Vean groupés, en nécropole, sous une butte de terre rapportée, sans être recouverte d'un galgal. C’est là, en quelque sorte, un faux tumulus.

 

II. Construction. — Les dolmens neolithiques sont faits de pierres frustes, de grandes dimensions, et en nombre indéterminé. Rarement ils portent les traces d'un travail d'appropriation. Leurs parois sont constituées par des pierres debout que relie une grossière maçonnerie de pierres sèches. Une ou plusieurs pierres plates, disposées en forme de toit, recouvrent l'ensemble.

Leur aspect est celui d'un abri ou d'une maison, de là le nom de ty-horiked (du mot Gore, hauteur : habitants des Hauteurs), maison de Korik, donné, dans le Cap-Sizun, à ce genre de construction.

Les Kist-Vean, au contrairé, sont de très petites ou de moyennes dimensions, variant, à l'intérieur, de 0m28 à 1m30 au maximum. Leurs parois sont faites de quatre pierres plates, posées de champ, et leur couvercle d'une seule patène. Toutes ces pierres sont rainurées ou entaillées pour être agencées. A l'intérieur du coffret elles sont, assez finement piquetées. L'aspect extérieur est celui d'un coffret allongé ou d'un cercueil. Aussi, au Cap-Sizun, on appelle ce coffret : Arched Korik, cercueil de Korik.

Les dolmens imposent par leur masse et la force qu'il a fallu déployer pour extraire, transporter et ériger ces énormes pierres, alors que leurs constructeurs ignoraient les métaux. Aussi ce problème de construction est-il resté insoluble.

Les auteurs des Kist-Vean devaient connaître les métaux ; le piquetage de l'intérieur, le poli des rainures et des entailles, d'agencement indiquent l'emploi probable d'objets métalliques. Les nombreuses découvertes de Kist-Vean dans cette région (nous en avons rencontré près d'une centaine) ont aussi permis de se rendre compte de la façon dont ils ont été bâtis. Nous avons constaté, principalement à la nécropole de Feuntenigou, en Plouhinec (fouilles de 1910), que, sur l'aire de la sépulture, les quatre parois étaient posées à plat, de minière à faire coïncider les angles de la base et déterminer un quadrilatère. Puis, si les grands côtés étaient à rainures, on relevait d'abord et on maintenait verticalement les deux bouts, dont les bords venaient s'emboîter dans les rainures des autres parois, relevées à leur tour. Avec ce système d'assemblage, les quatre côtés du coffret sont presque toujours verticaux et l'ouverture du cercueil peu différente de sa base.

Lorsque, d'autre part, les grands côtés étaient entaillés par des assemblages, on les dressait d'abord pour les appuyer verticalement contre de grosses pierres ; puis on élevait les pierres des deux bouts, on les faisait basculer et glisser de force jusqu'au rebord des entailles. Dans ces sépultures, souvent l'orifice est plus étroit, que le fond : les extrémités supérieures se trouvant inclinées vers l'intérieur du coffret. A côté des Kist-Vean se trouvent souvent les percuteurs qui ont servi à étançonner de force les parois et à consolider le couvercle après l'inhumation.

 

III. Usages funéraires. — Le rite funéraire à peu près seul employé dans les dolmens du Cap-Sizun est l'incinération. On trouve, à proximité de ces sépultures, des Karn, amoncellements de pierres déjetées sans ordre sur une épaisse couche de cendres, comme pour éteindre un grand feu. Ces cendres contiennent des charbons de landes, genêts, chênes, et des restes d'argile et de poteries, des rognons et des éclats de silex, des fragments d'os calcinés, etc. Le Karn correspondrait à l'Ustrina des Romains, endroit où les morts étaient brûlés. A défaut de Karn, les noms des terres avoisinant un tumulus indiquent, par leur étymologie, des cendres, la combustion, le feu. Les traces de l'incinération sont constantes, si bien que l'on peut affirmer qu'il n'y a ni tumulus ni dolmen néolithique sans leur Karn. Sous les dolmens sont déposés, avec un mobilier funéraire, bien pauvre dans le Cap-Sizun, les cendres et les restes d'ossements recueillis au Karn. Ordinaiiement, le dolmen semble être une sépulture unique.

Les Kist-Vean, au contraire, sont des sépultures par inhumation. Les cadavres y sont placés repliés dans une position qui rappellerait celle de l'enfant dans le sein de sa mère. Les dépouilles du mort étaient l'objet de grands soins et toutes les précautions étaient prises pour la conservation indéfinie des cadavres : assemblage et lutage des joints des parois et du couvercle pour rendre la sépulture imperméable ; dépôt, au fond du cercueil, pour absorption et filtrage, d'une couche de sable de rivière et de petits galets ou d'un lit de sable jaune d'or, de nature siliceuse ; mieux encore, d'un mélange de sable calcaire et de granit brûlé et broyé.

Le plus souvent, les Kist-Vean sont groupés dans une même couche de terre meuble ; les cercueils sont alignés les uns à côté, des autres, les petits avoisinant avec les grands.

Dans ces nécropoles on trouve : tantôt des cercueils à un seul squelette, tantôt des cercueils à deux et trois squelettes d'âges et de sexes différents, superposés et séparés par des couches de granit brûlé. Il s'agit donc d'inhumations faites à de très longs intervalles, ce qui est indiqué par l'état des ossements. Enfin on rencontre des cercueils servant d'ossuaires où l'on déposait le contenu de plusieurs tombes, et des cercueils d'attente, construits d'avance, avec une couche de sable au fond et leur couvercle posé.

Les inhumations se faisaient en déblayant la terre pour dégager l'une de ces sépultures, ou l'aire d'un nouveau Kist-Vean à construire ; puis en ramenant cette terre afin de recouvrir le tout d'une épaisseur de 0m 60 à 1 mètre.

Il ne semble pas que les Kist-Vean aient contenu des mobiliers funéraires, mais quelques ornements intimes des morts ; ce qui est indiqué par les deux seuls grains percés, faits d'une composition blanchâtre et friable, que nous y avons rencontrés.

L'orientation sud-est des cadavres, la face tournée au nord-ouest, indiqueraient des sépultures païennes.

 

IV. Age. — Dans le sol granitique, on ne peut établir une chronologie des dolmens de la région, basée sur la profondeur de leur enfouissement. La petitesse des tumulus et les objets mobiliers faits de matières communes indiqueraient seulement une population pauvre, peut-être éparse, sans groupements importants.

Il en est autrement des Kist-Vean. Le granit brûlé de la nécropole de Feuntenigou, en Plouhinec, donne une indication assez précise : il provient d'une station gauloise voisine détruite par le feu. Cette station gauloise est donc antérieure aux coffrets de pierre.

Certains groupements de Kist-Vean se rencontrent, d'espace en espace, dans toute la région. Des fouilles que nous y avons faites et des données recueillies, on peut déduire que les rivages de la baie d'Audierne ont été occupés par une entité ethnique, divisée en tribus ; chaque tribu ayant son cantonnement et sa nécropole. Le soin apporté à la conservation des cadavres indique un respect profond pour les morts.

Ce groupe ethnique (Odes, habitants des rivages), de la haute série des mésatiophales, a occupé la région durant une longue période d'années, et probablement à une époque voisine de la conquête romaine.

(Par M. LE CARGUET).

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