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LES BARONS DE BRETAGNE AU XVème siècle

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Voici encore une remarque à faire sur les documents du règne du duc Jean IV que nous venons d'étudier. C'est que si dans tous les principaux actes de la vie nationale des Bretons et du gouvernement de leurs ducs l'assistance et la participation des barons de Bretagne est toujours requise et indispensable, le nombre des barons présents en ces diverses circonstances tend visiblement à diminuer. Aux assemblées de 1203, de 1225, nous l'avons vu par ailleurs, on en nomme comme présents une quarantaine. Aux Etats de 1386, on n'en trouve plus que vingt-quatre, l'année suivante quatorze, et treize seulement en 1398. Le plus grand nombre des barons nommés dans les actes comme assistants au Conseil du duc ne dépasse pas une douzaine, et reste le plus souvent au-dessous de dix ; huit ou neuf, c'est le plus fréquent.

§ 1. — Origine de la légende des « Neuf baronies anciennes ». Le Dicton rimé.

Notez ce chiffre neuf, il mérite d'être remarqué. En voyant habituellement, dans les circonstances solennelles, huit ou neuf barons, groupés autour du duc comme les chefs de la noblesse, un rapprochement assez naturel se fit dans l'esprit des spectateurs, et de proche en proche dans l'opinion générale, entre ce nombre et celui des chefs du clergé de Bretagne, qui étaient neuf aussi, les neuf évêques bretons de Rennes, Nantes, Dol, Vannes, Quimper, Léon, Tréguer (Tréguier), Saint-Brieuc et Saint-Malo. Il parut très naturel, très conforme à l'équilibre bon à maintenir entre les deux premiers ordres, que chacun d'eux eut le même nombre de chefs. Et les chefs de la noblesse étant incontestablement les barons, il se forma peu à peu un préjugé populaire, suivant lequel il devait y avoir neuf barons de Bretagne chefs de la noblesse, comme il y avait neuf évêques chefs du clergé. Cette idée dut être propagée activement par les clercs, qui y trouvaient l'avantage de réduire l'état-major un peu débordant de la noblesse au même chiffre que celui de l'église. Ce qui révèle en cette propagande la main des clercs, c'est l'emploi de la langue latine dans la formule inventée pour répandre cette fausse croyance, consistant en une douzaine de vers tels quels, armés de rimes comme de grappins pour s'enfoncer plus avant dans la mémoire. C'est le Dicton rimé des barons de Bretagne dont j’ai déjà parlé et dont voici le texte :

I. Avalgus [Note : Dom Lobineau, donnant ce Dicton dans son Traité des barons de Bretagne, chapitre II, écrit Alvargus], primus baro. (Avaugour).

II . Sedet cum Leone nigro. (Léon).

III, IV. Vitrus cum Filetro [Note : Filgeriae cum Vitreio. Variante de Lobineau]. (Vitré).

Associantur ambo. (Fougères).

V. Lilia hinc aurea. (Châteaubriant).

Cum colore rubeo.

VI. Postea crux nigrata. (Retz).

Aureo compilata.

VII. Aquila nigra volans. (La Roche-Bernard).

In aureo terminans.

VIII Castrum super Ligeris. (Ancenis).

Nuncupatur Ancenis.

IX. Inde Landebalum [Note : Landebalium. Variante de Lobineau]. (Lamballe).

Decanus est omnium.

Traduction :

« Avauqour, premier baron, siège avec le lion noir [armes de Léon].

Vitré et Fougères sont placés ensemble [sur le même rang].

Puis, les fleurs de lis d'or en champ de gueules [Châteaubriant].

Ensuite, la croix de sable sur fond d'or [Retz].

L'aigle de sable au vol déployé, aussi sur fond d'or [la Roche-Bernard].

Le château sur la Loire appelé Ancenis.

Enfin, Landebalum [Lamballe], qui est le doyen de tous ».

Il serait curieux de savoir pourquoi, entre les quarante à cinquante seigneuries qui, nous l'avons vu, donnaient alors à leurs possesseurs le titre et le rang de barons de Bretagne, on est allé chercher ces neuf-là.

D'abord, bien évidemment, l'auteur était de l'évêché de Nantes ; il a mis dans sa liste les quatre plus grandes terres de ce diocèse, Châteaubriant, Retz, Ancenis, la Roche-Bernard. — Puis, Avaugour représentant les comtés de Tréguer et de Goëllo, le comté de Penthièvre représenté par Lamballe, et Léon aussi comté ou tout au moins vicomté, étant les seigneuries les plus illustres de Bretagne, ne pouvaient être omis sur cette liste. — Quant à Vitré et Fougères, outre que c'étaient les deux baronnies les plus importantes de Haute-Bretagne, toutes deux à ce moment présentaient cette singularité d'être possédées par deux illustres familles de France : Fougères par une branche de la maison royale, les d'Alençon ; Vitré par l'antique maison de Laval, qui, bien que française d'origine, était devenue toute bretonne.

Je traduis sans hésiter Landebalum ou Landebalium par Lamballe ; car Landbalum, Landbalium est exactement le même mot que Lambalum, Lambaulum, Lambalium, qui sont les plus anciennes formes du nom de Lamballe [Note : Dom Morice, Preuves, T. I, col. 459 et 531 ; Geslin et Barthélémy, Anciens évêchés de Bretagne, IV, p. 304, 530, 310]. — tandis que Lanvaux, qui n'a d'autres formes que Lanvas, Lanvaos, Lanvaus, ne ressemble nullement à Landebalum. Pourquoi donc, dans la seconde moitié du XVème siècle (comme nous le dirons plus loin), voyons-nous ce nom interprété par Lanvaux ? C’est qu’on s'avisa alors que, sur cette liste des neuf barons, le sud de la Basse-Bretagne, les évêchés de Vannes et de Quimper n’avaient pas un seul représentant, et pour leur donner une petite fiche de consolation, on leur adjugea Landebalum transformé en Lanvaux.

 

§ 2. — La fausse charte d'Alain Fergent.

Mais il y avait en Bretagne une famille, des plus fières et des plus riches, qui ne trouvait dans cette liste du Dicton rimé aucune satisfaction. C'étaient les Rohan, dont le nom n'y figurait point, et si à ce moment la vicomté de Léon leur appartenait, le Dicton ne le disait même pas. Dans cette liste aussi rien pour Clisson, le puissant et glorieux connétable, et à ce moment par un double mariage l'intime allié des Rohan.

Cela ne pouvait durer ainsi. Les Rohan, qui ont toujours eu à leur solde des plumes prêtes à soutenir leurs prétentions et magnifier leur famille, mirent en branle non pas un clerc, mais un homme de loi, un avocat disert, grandiloquent, ou quelque majestueux sénéchal connaissant toutes les solennités des grandes assises parlementaires. Il eut pour tâche de donner à la légende des neuf barons anciens une forme plus imposante, plus solennelle, et un cadre où les Rohan occupassent une place capable de satisfaire leur orgueil.

Cet honnête faussaire gagna consciencieusement son argent. Il grossit et étendit la légende de façon à en faire un véritable monument. Son oeuvre est une charte en forme de notice, en tête de laquelle figure le nom du duc Alain Fergent et où l'on raconte, avec force détails, comment ce prince fixa le rang que devaient tenir, dans le Parlement général de Bretagne, les neuf évêques et les neuf barons du duché. Cette pièce est si longue, si manifestement fausse, si ennuyeusement chargée de termes de pratique que je ne saurais en reproduire le texte, lequel a d'ailleurs été déjà imprimé plusieurs fois, entre autres par d'Argentré et par dom Morice. Dans l'édition de dom Morice (qui l'a tirée de la Chronique de Saint-Brieuc), elle est datée de 1077, flagrant anachronisme puisque le règne d'Alain Fergent en Bretagne ne commença qu'en 1084. D'Argentré la date de 1087, d'autres de 1088 : elle n'en est pas pour cela moins mauvaise. Je vais en traduire quelques passages :

« Illustre prince Alain par la grâce de Dieu duc des Bretons, tenant et possédant son duché de Bretagne sans reconnaître au-dessus de lui aucun suzerain (si ce n'est Dieu) auquel il dût rendre hommage et obéissance, convoqua par édit tous les prélats, barons et autres gens nobles de son pays, à venir et à comparoir (comme ils y étaient tenus en droit par l'ancienne coutume) à son Parlement par lui assigné en la ville de Nantes au 15ème jour de mai, l'an de grâce 1077 (ou 1087), pour régler le gouvernement du pays et rendre la justice à ses sujets ».

Ainsi débute cette pièce ou plutôt ce roman anti-historique. Tous les nobles, barons et prélats convoqués se seraient, ajoute-t-il, rendus à Nantes au jour dit. Mais quand ils voulurent prendre séance, il se serait élevé sur la préséance de grands débats, notamment entre les évêques et les barons, que cette pièce nomme indifféremment barones et proceres. Les invasions des Normands (sic) et des autres ennemis de la Bretagne avaient pendant longtemps empêché la tenue d'un Parlement de ce genre [Note : « Sed quia Parlamentum Britanniae a longo tempore non tenuerat, propter Normannorum infestationem et guerram ac aliorum patriae aemulorum » (Dom Morice, Preuves, T. II, p. XXV)], en sorte qu'on ne connaissait plus l'ancien usage, et le duc fut obligé de nommer, pour en faire la recherche, une commission de savants et de jurisconsultes qui fit son rapport en ces termes ou à peu près :

« Dans le temps ancien, il y avait trois comtes en Bretagne, celui de Nantes, celui de Cornouaille et celui de Poher ; mais ces trois comtés ayant été réunis au duché ou royaume de Bretagne, il n'y a plus lieu d'en parler.

Restent les neuf évêques et les neuf barons. Au temps ancien, ils siégeaient dans le Parlement en la forme suivante : les évêques à la droite du duc, les barons à sa gauche. Le plus proche du duc à droite était l'archevêque de Dol, puis à droite l'un de l'autre, en s'éloignant, les évêques de Rennes, de Nantes, de Quimper, d'Aleth, de Vannes, de Saint-Brieuc, de Léon et de Tréguer (Tréguier).

A gauche siégeaient les neuf barons (novem proceres), l'un après l'autre, en cette sorte. D'abord le sire d'Avaugour et de Goëllo, parce qu'il descendait de la race et de la lignée d'Audren, roi de Bretagne ; en second lieu, le vicomte de Léon, qui a sur tous les navires sillonnant l'Océan en vue des cotes des Osismiens ou du Léon, de grands droits, jadis donnés, en mariage, disait-on, par Budic roi de Bretagne à l'un de ses prédécesseurs, en raison de sa prouesse, de sa fidélité, et de sa vaillance, et à lui confirmés par les prélats, les comtes, les mactierns et les barons (proceres) de Bretagne ; après lui en troisième lieu siégeait le sire de Fougères, et ensuite le sire de Vitré, le sire de Rohan qui descend de la ligne de Conan roi des Bretons, puis le sire de Châteaubriant, le sire de Retz, le sire du Pont, et le sire de la Roche-Bernard. Toutefois quelques-uns prétendaient que le sire d'Ancenis devait être admis comme baron à la neuvième place, et le sire du Pont exclus. Mais cela fut repoussé, parce qu'on disait que la châtellenie d'Ancenis avait été autrefois donnée par libéralité du souverain de Bretagne à l'un des prédécesseurs du sire d'Ancenis, pour ses loyaux services et ses grands mérites. Toutefois, pour éviter une querelle entre les sires du Pont et d'Ancenis, il fut arrêté que, pour cette fois, le sire du Pont siégerait parmi les barons, mais qu'à la prochaine tenue du Parlement ducal ce serait le sire d'Ancenis, et ainsi de suite alternativement, jusqu'à ce que le duc eut décidé qui devait être le premier des deux » [Note : Dom Morice, Preuves, T. II, p. XXV. — Outre le texte latin de cette pièce, il en existe une sorte de traduction ou imitation en français, avec la date de 1057, et où un soi-disant duc de Bretagne appelé Yvon tient la place d'Alain Fergent ; cette pièce est imprimée à la fin de l'Histoire de Bretagne de Le Baud, 2ème pagination du vol. p. 201-202. — Toutes ces fadaises se valent].

Telle est cette pièce, longtemps regardée comme la base légitime, inébranlable, des privilèges attribués aux neuf anciennes baronnies de Bretagne. J'ai traduit littéralement ce qui regarde les barons et résumé le reste. Entre le Dicton rimé et cette fausse charte — qu'on pourrait appeler le Roman des barons de Bretagne, — il y a, quant à l'origine, une grande différence. Le Dicton est l'expression spontanée du préjugé populaire qui, à la faveur de certaines circonstances ci-dessus indiquées et surtout d'un spécieux parallélisme entre les deux ordres privilégiés, plaçait en tête de la noblesse neuf barons, comme l'église avait en tête neuf évêques. La charte d'Alain Fergent fut au contraire une tentative très réfléchie, très étudiée, pour donner à ce préjugé une forme légale, une base juridique et historique, au moyen d’un faux artificieusement construit et qui, à l’époque, devait bien vite être tenu pour pièce authentique. L'auteur de la Chronique de Saint-Brieuc achevée en 1415 l'inséra dans sa compilation, ce qui donne à ce faux une date connue 1410 ou environ.

Outre la légalisation de la légende des « neuf baronies anciennes », ce faux a aussi pour but évident de corriger et rectifier la liste des baronnies du Dicton rimé. Landebalum, c'est-à-dire Penthièvre, disparaît, et il n'y a point à s'en étonner, car à ce moment les Rohan avaient séparé leurs intérêts de ceux des Penthièvre, alors en grande disgrâce et grande querelle avec le duc Jean V. C'est ce qui explique, dans cette fausse charte, cette singularité relative aux comtés de Bretagne ; on parle de trois comtés qui n’existent plus, on ne dit rien du seul qui existe, le comté de Penthièvre.

Les Rohan au contraire — avec une discrétion habile destinée à écarter le soupçon — sont fort bien traités : on rétablit sur la liste baronale leur nom oublié par le Dicton, et si on le met en apparence à la cinquième place, on l'élève réellement à la première en faisant descendre cette maison du soi-disant premier roi de Bretagne, Conan Mériadec. On les dédommage d'ailleurs par la place donnée à la vicomté de Léon, qui alors était leur bien, et par l'éloge historique qui rattache encore cette vicomté aux premiers rois de Bretagne. Enfin l'introduction adroitement ménagée de Pontchâteau dans la liste des barons profitait également aux Rohan, qui avaient hérité cette seigneurie des Clisson.

Les Rohan ne tardèrent pas du reste à faire de leur mieux pour recueillir, si possible, ce qu'ils avaient semé. Dans une enquête édifiée par leurs soins en 1410-1411, au sujet des droits en Cornouaille du vicomte de Léon, qui était aussi à cette époque le vicomte de Rohan, le premier témoin dépose « avoir ouy dire et reputer comme chose notoire que ledit vicomte (de Rohan) est un des neuf barons de Bretagne, et le seigneur de Léon aussi baron de Bretagne ; que les baronnies sont et appartiennent au vicomte de Rohan ; et les a veu jouir et user des prérogatives des barons » (Dom Morice, Preuves, T. II, 849).

Une dizaine d'années après, les Rohan firent mieux ; ils trouvèrent moyen d'introduire les neuf baronnies anciennes, en particulier celle de Rohan, dans une charte ducale ayant pour objet d’attribuer ou conserver au vicomte de Rohan la proche seigneurie de diverses dîmes données par lui à l'abbaye de Bonrepos. Cette pièce débute ainsi : « Jehan par la grâce de Dieu duc de Bretagne... Receu avons l'humble supplication et requeste de nostre tres cher et tres amé cousin et féal le vicomte de Rohan, contenant comme sa baronie de Rohan soit une des neuf baronies anciennes de nostre duché sans intercision ne enclavement d'autres fiefs, et que son père, en aucun temps, eust donné aux religieux de l'abbaye de Bonrepos les dixmes qu'il avoit en sa baronie de Rohan ... » (Dom Morice, Preuves, T. II, 1128). Un peu plus loin, Rohan parle encore de « son ancienne baronie et seigneurie », de sa « vicomté et baronie de Rohan ». Tout cela, il est vrai, ce n'est pas le duc qui le dit, c'est Rohan lui-même, cela est tiré de sa requête, et Jean V se garde bien de faire sienne la doctrine des « neuf anciennes baronies ». Néanmoins, c'était fort habile de l'introduire ainsi subrepticement dans un acte du souverain de Bretagne, cela prêtait à cette doctrine une apparence tout au moins d'existence légale, et ce précédent ne manqua point d'être invoqué plus tard.

 

§ 3. — Insuccès de la légende des « Neuf baronies anciennes » sous le duc Jean V.

Ces savantes et persévérantes manœuvres n'eurent pas un grand résultat sous le règne de Jean V, qui ne semble nullement avoir adopté la doctrine des « neuf baronies anciennes », comme nous allons en donner la preuve.

1° Dans la cérémonie de son couronnement, les chroniqueurs nous montrent ce duc entouré d'un grand nombre de barons, entre lesquels on nomme les sires de Clisson, de Rohan, de Monfort et de Malestroit [Note : Après son couronnement en l'église Saint-Pierre de Rennes, « equitavit Dux cum suis prelatis, comitibus, videlicet Arturo Richemondie, Johanne de Blays Penthevrie, ac baronibus, scilicet, Oliverio domino de Clicio, Alano vicecomite de Rohan, Radulpho domino de Monteforti, Johanne domino de Malestricto et quam pluribus aliis baronibus... usque ad cohuam Redonensem » etc. (Chron. Brioc. — Dom Morice, Preuves, T. I, col. 81)], soit trois baronnies sur quatre qui n'avaient alors nulle prétention à figurer parmi les anciennes.

2° En 1408, les Etats du duché étant assemblés à Vannes nommèrent une ambassade pour aller de leur part conférer avec le duc de Bourgogne. Les pouvoirs et instructions des ambassadeurs sont ainsi datés et justifiés :

« Ces instructions furent faites à Vannes, en l'assemblée générale des prelatz, barons et autres nobles et gens des trois Estatz du pays de Bretaigne, qui fut le 14ème jour du mois de décembre l'an 1408, présents à ce les evesques de Dol, de Rennes, de Nantes, de Saint-Malo, de Saint-Brieuc, de Cornoaille, de Léon et de Treguer, le siège de Vannes vacant :

1) Le vicomte de Rohan.

2) Le sire de Montfort, de Lohéac et de la Roche.

3) Le sire de Rieux, de Rochefort et d'Ancenix.

4) Le sire de Chasteaubriant et de Montafilant.

5) Le sire de Malestroit et de l'Argoët.

6) Le sire de Rais et de Blason.

7) Le sire de Montauban.

8) Le sire de Guemené-Guingan.

9) Le seigneur de Quintin.

10) Le seigneur de Rougé et de Derval.

11) Le seigneur de Chasteaugiron.

12) Le seigneur de Pont-l'Abbé.

13) Le seigneur de la Hunaudaie.

14) Le seigneur de Combour.

15) Le vicomte de Coëtmen.

16) Le seigneur de Rostrenen.

17) Le seigneur de Beaumanoir.

18) Le seigneur de Matignon.

19) Messire Geoffroi de Chourses et les gens du sire de Laval, qui s'excusa pour la maladie de son corps.

20) Le seigneur du Perier.

21) Le seigneur de Keranrais.

22) Le seigneur de Penhoët.

Et plusieurs autres nobles et gens de bonnes villes en très grand nombre du pays de Bretaigne » [Note : Dom Morice, Preuves, T. II col. 815-816].

Voilà donc à ces Etats 22 barons présents et 29 baronnies représentées. Quant à Chourses (n° 19), il n’était pas Breton, il était du Maine et ne figure ici que comme chef de la députation envoyée pour représenter le sire de Laval et de Vitré.

3° Dans la réformation des « ordonnances de l'hostel de Monseigneur le Duc », faite à Vannes le 1er avril 1416 (nouv. style), nous trouvons un chapitre concernant les barons qui doivent se tenir à tour de rôle près de la personne du duc pour faire un service d'honneur. Ces barons sont :

« 1) Le sire de Porhoët (fils du vicomte de Rohan).

2) Charles de Rohan (sire de Guémené).

3) Le vicomte de Donge.

4) Charles de Penthièvre.

5) Robert de Dinan (sire de Montafilant).

6) Bertrand de Dinan (seigneur des Huguetières).

7) Le sire de Malestroit » (Dom Morice, Preuves, T. II col. 896).

Parmi ces seigneurs, qui reçoivent officiellement dans un document ducal le titre de barons, il n'y a pas un possesseur d'aucune des neuf baronnies anciennes.

4° Le 26 juin 1422, le duc Jean V étant à Vannes nomma des ambassadeurs pour se rendre près des rois de France et d'Angleterre (Charles VI et Henri V) et adhérer en son nom à la paix et alliance conclue entre eux. Les Etats du duché tenaient alors leur assise, et le duc eut bien soin de déclarer, dans les pouvoirs donnés aux ambassadeurs, que cette mesure avait été prise « par l'advisement, conseil et délibération des prelatz, barons, banneretz, bacheliers, chevaliers, escuyers et autres gens notables de notre païs ». Et pour en donner la preuve, la signature ducale est suivie de la liste des principaux personnages réunis dans ces Etats ; d'abord, les évêques, puis les barons, après eux successivement les chevaliers, les abbés, enfin les écuyers, les magistrats. Cette liste débute ainsi :

« Par le duc, du consentement des evesques de Rennes, de Saint-Brieuc et de Tréguer :

1) Des sires de Chasteaubriant,

2) De Guéméné-Guingan,

3) La Suze (Retz),

4) Quintin,

5) Matignon,

6) Rostrenen,

7) Le vicomte de Coëtmen,

8) Le mareschal (Bertrand de Dinan, seigneur des Huguetières),

9) L'admiral (Jean, sire de Penhoët),

10) Les sires de Kaer,

11) De Molac,

12) De la Feillée » (Dom Morice, Preuves, T. II col. 1112-1113).

Là s'arrête la liste des barons présents ; non seulement ils sont plus de neuf, ils sont douze ; mais, sur les terres que possèdent ces douze barons, il n'y a qu'une seule des neuf baronnies anciennes.

5° L’année suivante 1423 le duc Jean V réunit encore à Vannes les Etats de son duché, à savoir : « les prélats, chapitres, barons, chevaliers, escuyers, et gens des bonnes villes de Bretagne ». Le duc leur ayant représenté la nécessité de s'allier au duc de Bourgogne pour remettre la paix au royaume de France, les gens des Etats furent de cet avis, proclamèrent cette alliance et décidèrent l'envoi d'une ambassade pour la jurer. Le procès-verbal de cette délibération, prise le 3 décembre 1423, est suivi de la liste des membres de l'assemblée qui y participèrent ; en tête de cette liste figurent ainsi que tout à l'heure les évêques, puis les barons, comme suit :

« Et ad ce furent presens et consentans les evesques de Doul, de Nantes, de Saint-Brieuc et de Treguer ;

1) Les sires de Chasteaubriant,

2) De Rieux,

3) De Kemenet Guingan,

4) De Combour,

5) De la Hunaudaie,

6) De Matignon,

7) De Beaumanoir,

8) De Coëtquen,

9) De Chasteaugiron,

10) De Rostrenen,

11) Du Perier,

12) De Beaufort,

13) De Molac,

14) De la Feillée,

15) De Kaër,

16) Et de Penhoët » (Dom Morice, Preuves, T. II col. 1126 et 1127).

Même remarque ici que tout à l'heure : une seule baronnie ancienne et seize barons ; donc, négation formelle de la doctrine des neuf baronnies anciennes.

Rassemblant les noms de barons et de baronnies fournis par ces divers actes, nous formons (par ordre alphabétique) la liste suivante :

Barons de Bretagne sous le duc Jean V :

1) Ancenis 2.

2) Beaufort 5.

3) Beaumanoir 2, 5.

4) Châteaubriant 2, 4, 5.

5) Châteaugiron 2, 5.

6) Clisson 1.

7) Coëtmen 2, 4.

8) Coëtquen 5.

9) Combour 2, 5.

10) Derval 2.

11) Donge 3.

12) La Feillée 4, 5.

13) Guémené-Guingan 2, 3. 4.

14) Hunaudaie (la) 2, 5.

15) Huguetières (les) 3, 4.

16) Kaer 4, 5.

17) Keranrais 2.

18) L'Argoët 2.

19) Lohéac 2.

20) Malestroit 1, 2, 3.

21) Matignon 2, 4, 5.

22) Molac 4, 5.

23) Montafilant 2, 3.

24) Montauban 2.

25) Montfort 1, 2.

26) Penhoët 2, 4, 5.

27) Penthièvre 3.

28) Perier (le) 2, 5.

29) Pont-l'Abbé 2.

30) Porhoët 3.

31) Quintin 2, 4.

32) Retz 2.

33) Rieux 2, 5.

34) Roche-Bernard (la) 2.

35) Rochefort 2.

36) Rohan 1, 2, 3.

37) Rostrenen 2, 4, 5.

38) Rougé 2.

39) Suze (la) 4.

40) Vitré 2.

Le baronage de Bretagne sous Jean V ressemblait beaucoup, on le voit, à ce qu'il était sous Jean IV. Il y avait encore au moins une quarantaine de seigneuries donnant à leurs possesseurs le nom et le rang de baron de Bretagne, toutes sur le pied d'égalité. Malgré le Dicton rimé, la charte d'Alain Fergent et les efforts des Rohan, la légende apocryphe des neuf baronnies anciennes n'avait donc pas, sous ce duc, réussi à forcer l'entrée des séculaires institutions de la Bretagne (A. de La Borderie).

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