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LA PAROISSE DE BANGOR

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Belle-Ile, dont fait partie cette paroisse de Bangor, porte, dans les anciens titres, le nom gallois d'île de Guedel, d'où est venu celui de Gaël, donné toujours et encore maintenant à l'Irlande par les Bretons cambriens. Ainsi, l’île de Guédel serait l'île des Gaëls ou des Irlandais, et il serait permis de présumer qu'elle aurait été anciennement, peut-être au Vème siècle ou au VIème siècle, occupée par des émigrants venus de l'Irlande. Elle porta aussi le nom de Calonesus, traduction grecque du mot Belle-Ile [Note : Dom Placide Le Duc, Histoire de l'abbage de Sainte-Croix de Quimperlé, p. 53, note de M. Le Men, qui applique les mêmes considérations à la paroisse de Guidel, sur le continent et en face de Belle-Ile, et à celle de Gaël, autrefois Guadel, dans l'Ille-et-Vilaine].

Vers 996, cette île, ravagée par les Normands qui en avaient même chassé les habitants, fut donnée à l'abbaye de Redon par le duc Geoffroy Ier, en considération du moine Catvallon, qui passait pour être son frère. L'abbé Mainard y envoya aussitôt ce moine qui rassembla plusieurs autres autour de lui. Cet abbé étant mort, le couvent élut Catvallon pour lui succéder ; mais celui-ci témoignait de la répugnance à quitter les frères qu'il avait réunis. Pour le déterminer à accepter la charge abbatiale, le nouveau duc Alain III, flatté de l'élection de son oncle [Note : Aucun historien ne parle de ce frère du duc Geoffroy. Aussi l'historien de l'abbaye de Quimperlé, Dom Placide Le Duc, révoque-t-il en doute cette parenté, à moins que ce ne fût un frère naturel (page 159, note)], confirma, le 22 mars 1027 (n. st.), la donation faite à l'abbaye par son père, et lui restitua la paroisse d'Arzon, usurpée par ses prédécesseurs. L'élu se laissa gagner et se rendit à Redon. Les moines qu'il laissait à Belle-Ile n'y restèrent pas longtemps après lui. Depuis plusieurs années déjà, Alain, surnommé Cainart, c'est-à-dire très beau, comte de Cornouaille et parvenu à la majorité, revendiquait la propriété de cette île possédée par ses ancêtres depuis cinq générations, sur laquelle avaient été institués les deniers dotaux de sa mère et dont, pendant sa minorité, le duc Geoffroy, son tuteur, avait à tort disposé. Il tenta même d'appuyer sa revendication par les armes ; mais il fut défait et dut se retirer en France. Il s'y trouvait auprès d'Odon, comte de Chartres, de Blois et de Champagne, lorsque ce dernier, pour ne pas déplaire au roi de France, se vit obligé de refuser, quoiqu'à regret, la main de sa fille Berthe au duc de Bretagne qui la demandait en mariage. Sentant tout le parti qu'il pouvait tirer de cette occasion, de concert avec le père et la fille, le comte de Cornouaille simule un enlèvement de Berthe et vient la remettre entre les mains du duc Alain III. Bientôt après (1029), les cérémonies du mariage se célébrèrent à Rennes en grande solennité. Le duc distribua de nombreux présents, et il n'était pas possible que le comte de Cornouaille fut oublié dans cette circonstance. Pour prix du signalé service qu'il venait de rendre, il se vit restituer tout son héritage, « ses terres, ses villes, ses forteresses, l'île de Guedel ou Belle-Ile, et celle de Grouais ». Rentré clans son comté, Alain Cainart fit une grave maladie dans son château d'Anaurot, au confluent de l'Isol et de l'Ellé. Miraculeusement guéri, il voulut témoigner sa reconnaissance à Dieu et fonda, le 14 septembre 1029, l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, qu'il dota de sa terre de Belle-Ile. Les moines de ce nouveau monastère remplacèrent alors, dans cette île, ceux de Redon qui s'en étaient retirés, sur les ordres du duc. Au sujet des établissements fondés là par ceux de Redon, il se fit, à l'amiable, une transaction entre les deux abbayes qui vécurent très longtemps dans les meilleurs termes. Il n'en pouvait être autrement, puisque saint Gurloës, premier abbé de Quimperlé, fut tiré du monastère de Redon, dont il était prieur claustral.

Dans le courant de l'année 1112, atteint d'une grave maladie, le duc de Bretagne Alain IV, surnommé Fergent, abandonnant le duché à son fils Conan III, dit le Gros, se retira dans l'abbaye de Redon. Hervé, abbé alors de ce monastère, crut pouvoir profiter de son influence sur le vieux duc, devenu son religieux, et de l'empire de celui-ci sur son fils, pour recouvrer Belle-île, qu'il prétendait avoir été, par la violence, arrachée aux moines de Saint-Sauveur. S'étant assuré l'appui de la puissance civile, il s'adressa, sur la fin de 1116, à Gérard, évêque d'Angoulême et légat du Saint-Siége pour l'Aquitaine, la Touraine et la Bretagne, et lui représenta qu'Alain, comte de Cornouaille, avait injustement dépouillé son abbaye de la possession de Belle-île, en expulsant les religieux et lui massacrant 120 hommes. Sa plainte était suivie d'une demande de restitution, dirigée contre l'abbaye de Quimperlé. Comme c'était naturel, le légat convoqua les deux abbés à comparaître devant sa cour. Celui de Redon n'y put prouver ses allégations. Sur ses instances, car il avait besoin de gagner du temps, la cause fut renvoyée jusqu'au milieu du carême suivant ; mais il se garda bien de reparaître. Il envoya des excuses, et obtint, malgré les prières de l'abbé de Sainte-Croix qui soupirait après la fin de ce procès, un nouveau délai dont il profita pour se rendre justice lui-même. Avec les forces du duc, il entra à main armée dans Belle-île, en chassa les officiers de l'abbaye de Quimperlé et enleva le religieux qui administrait l’île au nom de ce monastère. Au terme du second ajournement, il fut émis, à Angoulême et en présence des deux partis, une sentence qui condamnait, sous peine d'interdit pour lui et son abbaye, Hervé à rendre sa proie dans le délai d'un mois, et en confirmait la possession à l'abbé de Sainte-Croix. L'abbé de Redon n'ayant pas obéi et couvrant sa rébellion sous l'appui du prince, le légat écrivit à Robert, évêque de Quimper, et lui ordonna de lancer l'interdit sur toutes les terres de son diocèse qui relevaient du duc. Ce prélat mit aussitôt l'interdit sur lesdites terres et en retira ses prêtres. Gérard avait, en même temps, adressé deux autres lettres : l’une au duc Conan, lui-même, pour le menacer, lui et son duché, de la sentence de l'Eglise romaine et du glaive de saint Pierre, s'il s'obstinait à soutenir Hervé dans sa révolte ; l'autre à Morvan, évêque de Vannes et dans le diocèse duquel était Redon, pour lui prescrire d'appliquer et de faire observer les censures portées par la susdite sentence, si Hervé ne s'exécutait dans le temps assigné [Note : Dès l'année 1097, cet évêque de Vannes avait prétendu que cette île lui appartenait en propre héritage. L'abbaye défendit ses droits. La cause fut portée devant le Pape Urbain II. Absorbé par le concile qui se tenait à Tours, pendant le carême de 1097 (n. st.), ce Pontife en chargea l'archevêque de Tours et l'évêque de Signi. L'évêque de Vannes n'ayant pu fournir de preuves suffisantes à l'appui de sa revendication, la sentence des commissaires, favorable à l'abbaye, fut approuvée par le Pape]. L'abbé de Redon ne se soumit point et se vit, avec son monastère et toutes ses dépendances dans le diocèse de Vannes, sous le poids de ces censures qu'il méprisa et viola. Comme on le voit, les choses prenaient une tournure très sérieuse. Peu après, le légat écrivit à tous les évêques de Bretagne pour étendre l'interdit à toutes les possessions de l'abbaye dans leurs diocèses respectifs, les informer que l'abbé rebelle devait être tenu pour schismatique et excommunié, et les prier d'avertir le duc d'avoir, dans le délai de 30 jours, à réparer l'usurpation de Belle-île, s'il ne voulait voir tirer le glaive du Saint-Esprit (sic) contre lui et tout son duché. Il écrivit aussi, au commencement de 1118, à l'abbé lui-même, pour le citer au concile qu'il devait réunir à Angoulême, la seconde semaine du carême. Par une autre lettre, il citait à ce concile l'évêque de Vannes et le chargait d'avertir encore l'abbé d'avoir à s'y trouver. Le concile se tint effectivement, en 1118 ; mais Hervé ne s'y présenta probablement point, parce que cette affaire entra alors dans une autre voie, grâce à l'intervention des archevêques de Tours, de Lyon et de Besançon, de la duchesse Ermengarde, mère du duc, et à la soumission de Conan III. Il serait trop long d'analyser, même en quelques mots, les lettres écrites, à ce sujet, par le légat à la susdite duchesse et par celle-ci au légat, par le duc à l'archevêque de Tours et par celui-ci au duc, par les archevêques de Lyon et de Besançon au légat pour lui dire que le Souverain Pontife approuvait sa conduite dans toute cette affaire, par le Pape, lui-même, le 22 décembre 1117 au duc et au légat. Enfin, pressé de tous les côtés, le duc réunit à Redon plusieurs évêques de Bretagne et y émit, en 1118, un jugement qui restituait, définitivement et à perpétuité, la possession de Belle-île à l'abbaye de Quimperlé, blâmait la conduite de l'abbé Hervé et élargissait du cloître de Redon le religieux de Sainte-Croix enlevé de l'île. Il restait encore une question pour la solution de laquelle l'intervention du Souverain Pontife dut être de nouveau invoquée ; c'était celle des revenus perçus sur l'île et de l'argent enlevé de là à l'abbaye de Quimperlé par les moines de Redon. L'abbé Hervé refusait d'étendre jusque là sa restitution. Sur la plainte de l'abbé de Sainte-Croix, le Pape lui écrivit, le 3 août 1119, pour le sommer de faire entière réparation ou de se trouver au Concile qui devait s'ouvrir à Reims, le 20 octobre suivant pour y exposer les motifs de son refus. Il s'y rendit, en effet ; mais prévoyant une nouvelle sentence, contraire à ses intérêts, il prit la fuite. Le Souverain Pontife le suivit de près par une lettre du 9 novembre, adressée aux évêques de Nantes et de Vannes, pour leur commander de l'avertir, de sa part, d'avoir à faire sa restitution avant l'octave de l'Épiphanie suivante, sous peine de revoir la rigueur des canons peser sur lui, sur l'abbaye et sur ses prieurés situés dans ces deux diocèses. Ainsi poursuivi, il paraît que l'abbé Hervé satisfit enfin, puisque, à partir d'ici, le silence se fait sur cet immense procès [Note : Tous ces renseignements sur le procès sont tirés de l'histoire de l'abbaye, par D. Placide Le Duc, p. 153-184]. Les contestations sur Belle-île durèrent cependant encore de nombreuses années et ne s'apaisèrent définitivement qu'à la transaction, intervenue, en 1172, entre les deux abbayes, en présence des légats apostoliques Albéric et Théodore. Par cet accord, l'abbé de Sainte-Croix cédait à celui de Redon tous les droits de son abbaye sur l'église ou le prieuré de Notre-Dame de Nantes, et l'abbé de Redon abandonnait pour toujours toute revendication sur Belle-île (Don Lobineau, P. I, col. 309).

Non content de faire ainsi rendre justice à l'abbaye de Quimperlé, le Souverain Pontife Calixte II avait, dès le 8 novembre 1119, adressé à l'abbé de Sainte-Croix une bulle par laquelle il déclarait prendre le monastère sous sa protection apostolique et lui confirmer toutes ses possessions présentes et futures, et, en particulier, « toute l'île qui s'appelle Guedel ou Belle-île ».

L'abbaye possédant les droits souverains sur l’île, y jouissait aussi de celui de bris. Nous en avons la preuve dans le fait suivant. Geoffroy du Maine et ses associés ayant, en 1184, fait naufrage sur les côtes de Belle-île, l'abbé voulut s'emparer des restes du débris ; mais les naufragés s'y refusèrent. L'affaire fut portée devant la duchesse Constance, dont le jugement fut favorable à l'abbé. Une autre conséquence de ces droits souverains accordait à l'abbaye la juridiction civile sur tous les habitants de l'île. A l'origine, cette juridiction s’exerçait à Belle-île même ; plus tard le siège ni fut transféré à Quimperlé, où nous le trouvons encore à la fin du XVIème siècle. De ce tribunal, il y avait appel à la sénéchaussée ducale d'Auray ; mais, pour éviter aux insulaires le danger de tomber entre les mains des pirates en se rendant à cette barre, le duc François II régla, le 16 novembre 1464, que, sans lettres sous le sceau ducal, ils ne pourraient être assignés hors de la juridiction de l'île (Histoire de l'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé, p. 342).

A cause de sa position et de la difficulté de ses rapports avec le continent, Belle-île avait en permanence un administrateur député par l'abbé avec le titre de prévôt, sous lequel il figure plusieurs fois dans les actes des XIème siècle, XIIème siècle et XIIIème siècles. Telle était la qualité du moine enlevé d'ici par les religieux de Redon et mis en liberté par le duc Conan III. Par lune bulle de 1408, Benoît XIII annexa cette prévôté à la mense abbatiale, et les attributions du prévôt se partagèrent entre l'official et le commandant de l’île, tous les deux à la nomination de l'abbé, l'un pour la direction spirituelle, l'autre pour la défense des côtes, le maintien de l'ordre et même la gestion du temporel de l'abbaye. La fonction de ce dernier, appelé aussi capitaine de Belle-île, fut supprimée en 1549, le roi de France Henri II ayant, cette année, fait bâtir un fort dans l'île et y ayant placé un gouverneur, parce qu'il lui fut remontré que les moines étaient incapables de la défendre contre les écumeurs de mer et autres ennemis de Sa Majesté (Généalogie des seigneurs du Bois de la Motte, par du Paz, p. 726. - Histoire de l'abbaye, etc., p. 385). Quant à l'official et au tribunal ecclésiastique présidé par lui, malgré toutes les vicissitudes traversées par le territoire soumis à sa juridiction, il se maintint jusqu'en 1790, comme nous le verrons plus bas.

Si l'on admet que cette île fut peuplée de colonies de Gaëls irlandais, il faut admettre aussi que l'établissement du christianisme y remonte à cette époque et que l'érection des paroisses qui se la partagent est bien antérieure à la donation faite à Redon, à la fin du Xème siècle. Ces paroisses, détruites par les Normands, auraient été seulement relevées par les moines. Si, avant leur ruine, elles étaient plus ou moins nombreuses qu'aujourd'hui, c'est ce que nous ignorons. Mais il est probable, à cause de la configuration de l’île, qui semble réclamer quatre centres, que l'on dut simplement restaurer l'ancien état de choses. On peut donc présumer qu'il y eut, peut-être dès l'introduction du christianisme, quatre paroisses, que leurs positions respectives feraient supposer avoir été établies à la même époque (Histoire de Belle-île-en-Mer, par le R. P. Le Galen). Après les moines de Redon, ceux de Quimperlé desservirent ces paroisses pendant plusieurs siècles. Alors, toutes, moins peut-être celle de Bangor, étaient des prieurés-cures. Plus tard, mais à une date qu'on ne peut assigner, les religieux, rappelés au monastère, les confièrent à des prêtres séculiers, à des vicaires perpétuels présentés par l'abbé. Sous le gouvernement de l'abbaye et encore longtemps après, cette île, avec ses quatre paroisses, offrit un spectacle singulier : elle ne dépendait d'aucun diocèse, mais, territoire nullius, elle relevait immédiatement du Souverain Pontife qui, sur la présentation de l'abbé d'abord et du marquis ensuite, nommait aux fonctions de l'officialité et conférait les bénéfices paroissiaux. Pour l'ordination des clercs, la confirmation, les saintes-huiles et la consécration des églises, on s'adressait aux évêques voisins de Nantes ou de Quimper, jamais ou très rarement à celui de Vannes, afin de ne pas éveiller, chez ce dernier, de prétentions sur la juridiction de l’île. Quant aux deux autres, le diocèse de l'un était trop éloigné pour qu'il pût concevoir le moindre projet, et l'autre avait contre lui une décision bien formelle de la cour de Rome. En 1250, l'Évêque de Quimper avait, en effet, revendiqué la juridiction sur tous les bénéfices qui dépendaient de Sainte-Croix, bien qu'un de ses anciens prédécesseurs eût fait à l'abbaye cession complète de tous ses droits épiscopaux. Le 13 mai de cette année, il obtint du Souverain Pontife une partie de ce qu'il convoitait. Mais, tout en faisant droit à ses réclamations, Innocent IV ne fit aucune innovation pour Belle-île et prescrivit au susdit prélat de cesser pour toujours ses revendications sur ce territoire. Le roi Charles IX ayant, en 1560, érigé l'île en marquisat et l'ayant donnée au maréchal de Retz, celui-ci parvint, au moyen d'un échange, à désintéresser les moines, en 1572, et la maison de Gondi continua, pendant près d'un siècle, de jouir des mêmes priviléges que ces religieux pour l'officialité et les bénéfices paroissiaux. En 1662, année qui suivit la chute du surintendant Fouquet, marquis de Belle-Isle depuis trois ans, Charles de Rosmadec, évêque de Vannes, crut trouver, dans l'émotion produite par cette catastrophe, une occasion propice pour faire passer l'île sous sa juridiction. Il ne se trompait point, car, à sa demande, le Souverain Pontife annexa, en 1666, Belle-île au diocèse de Vannes. A partir de cette époque, les vicaires perpétuels des paroisses furent remplacés par des recteurs, et ces paroisses, à la collation exclusive des évêques de Vannes, formèrent un territoire spécial, le territoire de Belle-île. Outre ces quatre paroisses, placées aux extrémités d'une croix qu'on supposerait tracée sur l’île, l'abbaye de Quimperlé y possédait trois prieurés : ceux du Palais, de Sauzon et de Notre-Dame de Guézel ou de Locmaria, tous conventuels au XVIème siècle et ayant encore des titulaires au XVème. Avec la prévôté, celui de Locmaria fut, en 1408, annexé à la table de l'abbé par le Souverain Pontife Benoît XIII. Je soupçonne que les deux autres durent être, dans le courant du même siècle, unis à des offices claustraux, particulièrement à la chambrerie dont le titulaire percevait des revenus sur l'île. Toujours est-il que ces bénéfices ne sont plus mentionnés dans les siècles suivants.

On l'a déjà dit, cette île n'étant d'aucun diocèse et relevant directement du Pape, elle possédait, pour les affaires ecclésiastiques, une officialité qui tenait ses pouvoirs du Souverain Pontife et se composait d'un official et d'un promoteur choisis par l'abbé de Sainte-Croix d'abord, puis par la famille de Gondi et les évêques de Vannes, parmi le clergé insulaire. Au nombre des attributions de l'official, se trouvait la faculté d'assembler et de présider le synode de l'île. Voici un fragment du catalogue des officiaux et des promoteurs de Belle-île ; il a été dressé sur les anciens registres de l'état civil des quatre paroisses par le R. P. Le Galen ; s'il ne remonte que jusqu'à la fin du XVIème siècle, c'est que ces registres eux-mêmes ne sont pas plus anciens.

OFFICIAUX.
1571-1624. † Vincent Le Gurun, recteur du Palais.
1624-1670. † Jean Piet, recteur de Bangor, créé le 8 avril 1624.
1671-1672. † Jean Dréan, recteur de Bangor, créé le 26 avril 1671.
1672-1692. † Philippe Jouny, recteur du Palais, créé le 19 juin 1672.
1692-1721. † Antoine Le Crom, recteur du Palais, créé le 13 octobre 1692.
1721-1733, Claude Malet, recteur du Palais, créé le 7 juillet 1721.
1733-1773. Jacques-Marie Choblet, recteur du Palais, créé le 7 octobre 1733.
1773-1792. Jean-Bapt. Mugny, recteur du Palais, créé le 6 février 1773.

PROMOTEURS [Note : Le changement de l'official entraînait celui du promoteur, mais ce dernier était souvent repris par le nouvel official].
1581-1604. François Le Gal, recteur de Locmaria.
1624-1642. † Horace Raisonnier, recteur du Palais.
1642-1654. François Le Puhé, recteur du Palais.
1654-1670. Luc Le Glas, curé de Locmaria.
1671-1673. † François Le Puhé, ex-recteur du Palais.
1673-1713. † Charles Mahinet, recteur de Bangor.
1713-1714. Antoine Le Clech, prêtre du Palais.
1714-1718. Michel Jégo, prêtre du Palais, puis recteur de Locmaria.
1718-1736. † Pierre Melot, prêtre du Palais, puis recteur de Sauzon.
1736-1748. Vacance.
1748-1765. † Gilles Jégat, recteur de Locmaria.

Après ces considérations générales sur l'île entière, voici maintenant ce qui est spécial à la paroisse de Bangor. Son église paroissiale, attribuée aux Anglais et portant, au rapport du P. Le Galen, la date de 1510 sur un pilier ajouté à une construction plus ancienne, avait pour titulaires les saints apôtres Pierre et Paul et a fait place à un nouvel édifice. Elle possédait, enchâssée dans une petite croix en or ou en vermeil, une relique qui passait pour être une parcelle de la Vraie-Croix, qu'on portait en procession à la fête de l'Exaltation de la Croix, qu'on exposait à toutes les fêtes solennelles et qui, chaque vendredi-saint, attirait à Bangor tous le habitants de l'île. On la considérait comme un don envoyé de Rome, en 1655, au vicaire perpétuel Jean Piet, par Jean-François-Paul de Gondi, archevêque de Paris et dit cardinal de Retz, en souvenir de l'hospitalité qu'il avait, l'année précédente, trouvée, du 16 août au 24 septembre, au presbytère de Bangor, après son évasion du château de Nantes et en attendant qu'il pût s'embarquer pour l'Espagne. La perte de l'authentique s'attribuait aux dévastations subies par l’île de la part des ennemis, et une immémoriale vénération remplaçait cet acte. Cependant, Mgr Bertin ayant élevé des doutes sur l'authenticité de cette relique, on en demanda une autre, qui, en 1774, fut envoyée au recteur par l'archevêque de Séleucie, nonce en France. L'authentique, qui l'accompagnait, reçut le visa de l'évêque de Vannes. En 1764, durant un an, cette église servit d'hôpital général à l'armée anglaise débarquée dans l'île. En l'évacuant, le général Cranford remit 250 livres à la fabrique pour les réparations à y faire, et 12 livres pour la croix du cimetière qu'un de ses officiers avait brisée.

Les archives ne nous ont révélé l'existence, sur cette paroisse, d'aucun bénéfice secondaire.

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Recteurs de Bangor.

Les anciens registres de cette paroisse la disent vacante de 1600 à 1619, sans fournir la raison de la durée de cet état anormal. Les fonctions curiales s'y remplissaient par des ecclésiastiques auxquels ces documents donnent, à juste titre, la qualité de desservants.
1619-1666. R. Jean Piet, prêtre du diocèse de Maillezais, dont le siège fut transféré à La Rochelle, en 1649, vint à Belle-Ile vers 1615, attiré par Henri de Gondi, duc de Retz, qui, sur sa présentation, lui fit obtenir, en 1619, des provisions pour le vicariat de Bangor [Note : Si ce catalogue ne remonte pas plus haut et manque de précision, la cause en est que, avant l'union de l’île au diocèse de Vannes, les titulaires n'étaient point obligés d'insinuer ici leurs provisions. Cette remarque s'applique à tous les bénéfices de l’île]. Il en fut le dernier vicaire perpétuel, puisqu'il ne résigna, en faveur du suivant, que dans le courant de 1666, à l'occasion sans doute de l'union de l'île au diocèse de Vannes. Quant à son titre d'official, il le garda jusqu’à son décès, le 8 décembre 1670. Il avait alors plus de 80 ans.
1666-1672. Jean Dréan, originaire de la paroisse de Sarzeau, pourvu en cour de Rome, devint official à la mort de son prédécesseur et termina lui-même sa carrière le 4 mai 1672.
1672-1713. Charles Mahinet, curé du Palais, pourvu par l'Évêque le 21 mai 1672, mourut le 4 février 1713. Le commandant de l'île s'était permis de le présenter, bien qu'il n'en eût aucun droit.
1713-1729. Henri Perrier, pourvu, sans aucune présentation, par l'Évêque en février 1713, mourut le 2 février 1729.
1729-1732. Olivier Josse, pourvu par l'Évêque le 5 décembre 1729, prit possession le 14 janvier 1730 et mourut d'épuisement le 14 février 1732.
1732-1736. Jean Daniel, de Plouhinec, pourvu par l'Évêque le 25 février 1732, prit possession le 13 mars suivant et mourut aussi d'épuisement le 16 juillet 1736.
1736-1791. Pierre-Jacques-Philippe Le Sergent, originaire de la paroisse de Locmaria, pourvu par l'Évêque le 17 juillet 1736, prit possession le 19. Il fut chef des missions dans les paroisses de l'île pendant le jubilé de 1751. Studieux et intelligent, il ajouta, pendant sa longue carrière, de rares connaissances à celles que lui avaient procurées ses premières études. Pour base de ses travaux ultérieurs, il avait eu le bonheur de suivre, pendant sept ans, des cours de théologie. Dans sa vieillesse, la poésie l'occupait encore, et il nous a laissé, avec quelques autres pièces, une vie de Notre-Seigneur en vers français [Note : La vie de Notre Seigneur Jésus-Christ, poème sacré, dédié au Roi par Pierre-Jacques-Philippe Le Sergent, recteur de la paroisse de Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Bangor, en Belle-Isle-en-mer. — A Vannes, chez la veuve de Jean-Nicolas Galles, imprimeur-libraire. — M.DCC.LXXII]. Quand vinrent les jours difficiles, l'estime et la vénération de ses paroissiens surent reconnaitre et ses services et son mérite. A l'installation des nouvelles municipalités, il fut élu maire de Bangor, parce que cette population trouva sage de confier l'administration de ses intérêts temporels à celui qui, depuis si longtemps, se dévouait pour ses intérêts éternels. Mais, entre ses mains, ce double pouvoir ne devait pas être de longue durée. Dès le 11 février 1791, le directoire du district d'Auray, dont relevait Belle-Ile, lui écrivit une lettre qu'il était chargé de communiquer à tous ses confrères de l’île, qui lui notifiait l'obligation de prêter serment à la constitution civile du clergé et qui, prévoyant les refus, mandait à tous ces prêtres insulaires de continuer à remplir les fonctions de leur ministère jusqu'à leur remplacement. Au prône de sa grand'-messe, le dimanche suivant, 13 du même mois, il publia le décret qui prescrivait ce serment, et déclara, en breton et en français, comme l'avait fait à la première messe son curé, Antoine Pener, qu'il mourrait plutôt que de prêter ce serment contraire à sa conscience et à sa religion. Après avoir convoqué et tenu chez lui, le 21 de ce mois, une réunion composée de tous les prêtres de l'île et dans laquelle fut prise la résolution unanime de refuser le susdit serment, ce vénérable vieillard eut, malgré ses 84 ans, le courage d'écrire au procureur-syndic de ce directoire, pour lui notifier sa détermination, une lettre qu'il termine parces mots : deducite canitiem meam pacificè ad inferos. Trois jours plus tard, il adressa au même directoire, au nom de son curé et au sien, une nouvelle lettre pleine des plus beaux sentiments et que sa longueur empêche, malheureusement, de reproduire ici. J'ignore ce qu'il devint ensuite ; mais son grand âge ne permet guère de présumer qu'il ait pu survivre à l'orage.

(Abbé Luco).

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