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JEAN-ALAIN BACHELOT

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Jean-Alain Bachelot naquit le 10 mai 1781 dans la paroisse de Saint-Guinoux, qui faisait partie de l'ancien diocèse de Dol. Son père exerçait la profession d'arpenteur. Il est décédé le 24 juillet 1852 à la suite d'une violente attaque de cholérine.

Tombeau de Jean-Alain Bachelot à Pleine-Fougères (Bretagne).

Reconstruction de l'église de Pleine-Fougères.

Le besoin ou plutôt la nécessité de reconstruire l'église de Pleine-Fougères était un vrai cauchemar pour le vénérable M. Bachelot, qui s'entendait bien mieux à élever à Dieu des temples spirituels qu'à bâtir des temples matériels. Il mit cependant la main à l'oeuvre au mois de mai 1845. La tour, commencée sous son prédécesseur, et demeurée inachevée depuis plus de quinze ans, fut terminée, et le bas de l'église, au-dessous des chapelles fut réédifié. La commune s'était mise en avant et avait pris sur elle la responsabilité de l'entreprise. Mais là se borna, au moins pour un temps, sa coopération. L'abbé Bachelot, réduit à ses proprés forces, se vit dans l'impossibilité de continuer. Que faire ? Il n'y avait plus d'argent dans les coffres de la fabrique. Ils avaient, été épuisés par les travaux qui venaient de s'exécuter. Le curé y avait contribué personnellement pour une somme de 4.000 fr. Il était encore résolu à de plus grands sacrifices ; mais il ne pouvait, marcher seul, et personne ne se présentait à sa suite. Indécis sur le parti qu'il avait à prendre, il se persuada qu'un autre serait plus heureux que lui, réussirait mieux que lui à vaincre les obstacles qui s'opposaient à l'achèvement de l'oeuvre. Je dois me sacrifier, dit-il, si les intérêts de l'église le demandent. Bref, il envoie une démission en règle à son évêque. C'était en 1846. Monseigneur refusa de l'accepter, et lui répondit que son poste était à Pleine-Fougères tant que Dieu lui conserverait les forces et la santé.

Cette décision de la part du premier pasteur fit cesser toutes les incertitudes et les perplexités de M. Bachelot. Dieu parle, dit-il, je doip obéir. Condamné à achever la construction de l'église, il pensa avec raison que le ciel lui viendrait en aide. La Providence y avait déjà pourvu, le secours était tout près de lui. L'abbé Dupont, nommé vicaire de Pleine-Fougères dès l'année 1838, était appelé à rendre de grands services à son pasteur et à la paroisse dans l'oeuvre de reconstruction de l'église. Le bon curé, qui connaissait son activité et toute sa bonne volonté, s'ouvrit à lui et l'invita à faire, de concert avec lui, une seconde et décisive campagne en faveur de l'église. Le vicaire fut enchanté de la proposition. Aidé de son collègue, l'abbé Collet, il fait dans la paroisse une quête générale qui réussit à merveille et au-delà de toute espérance. M. Bachelot, qui avait déjà pour les premiers travaux déboursé un petit acompte de 1.000 fr., souscrivit encore cette fois pour une somme de 1.000 fr. Enfin, les fonds nécessaires pour mettre en état de commencer les travaux paraissant assurés, on se remit à l'oeuvre au printemps de 1848, malgré les circonstances peu favorables et les craintes légitimes inspirées par le nouvel ordre de choses.

Chaque dimanche, le pasteur, du haut de la chaire, haranguait de son mieux ses paroissiens, et priait nominativement pour ceux qui dans la semaine précédente avaient fait quelques prestations à l'église. De son côté, l'abbé Dupont, aidé de son confrère, se rendait à domicile et stimulait le zèle des habitants. Qui promettait des charrois, qui des journées de bras, qui des arbres pour les échafaudages et la charpente ; tous montraient de la bonne volonté et travaillaient avec ardeur, comme autrefois les Juifs, joyeux de rebâtir leurs murailles et leur temple.

En moins d'un an, la coque de l'église était entièrement achevée, et l'on fut tout surpris de se voir à l'abri de la pluie et du vent, qui, depuis cinq ou six ans, n'avaient jamais fait défaut à l'intérieur de l'église, que lorsqu'il faisait beau temps.

Une fois logé, M. Bachelot dut encore de nouveau délier sa bourse pour les travaux intérieurs de la maison de Dieu. Il prit a son compte le parquet, la boiserie, le maître-autel et l'enduit des murailles : il fit en outre placer à ses frais une balustrade qui règne dans toute la largeur de l'église, et comprenait le choeur et les chapelles : cet ensemble de travaux lui coûta plus de 2.000 fr. [Note : M. Bachelot avait donné antérieurement, à l'église de Pleine-Fougères, 500 fr. pour une croix de procession, 420 fr. pour un ornement en drap d'or, 100 fr. pour un tableau, etc., etc. Il avait aussi généreusement contribué à la reconstruction de l'église d'Ercé]. L'abbé Bachelot n'avait aucune fortune. Ses économies étaient le fruit de continuelles privations. La sagesse humaine lui conseillait de les mettre en réserve pour les jours mauvais de la vieillesse. Mais il avait foi dans la Providence, et il pensait avec raison que Dieu ne saurait abandonner celui qui s'est volontairement dépouillé pour lui. Pleine-Fougères doit à M. Bachelot son église, et la paroisse a fait un acte de justice en déposant ses restes mortels au pied de l'oeuvre à laquelle il s'était dévoué, et qu'il a si glorieusement terminée.

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Miracles de M. Bachelot.

Dans une grotte pratiquée derrière le maître-autel de l'église de Pleine-Fougères, on voit une grande et belle statue de la Vierge, sculptée par Mlle de Bellevue, de Saint-Coulomb, et cette statue a été offerte par cette demoiselle comme don de reconnaissance pour la guérison de sa mère, dont elle se croyait redevable aux prières de M. Bachelot.

Le trait singulier rapporté par M. D'Avenel, au sujet d'un coq dans le gosier duquel M. Bachelot aurait fait passer un enrouement fort incommode dont il était atteint au commencement d'une retraite d'enfants, tout étonnant qu'il paraisse, est-il chose qui répugne à la puissance et à la sagesse de Dieu ? Le curé de Pleine-Fougères, M. l'abbé Réhaut, alors vicaire de cette paroisse, témoin oculaire du fait, persiste à le regarder comme miraculeux [Note : M. Bachelot commençait une retraite de première communion à Pleine-Fougères avec un enrouement qui l'empêchait de se faire entendre, lorsque le coq du presbytère vient agacer ses oreilles par ses chants bruyants : « Que mon enrouement passe en ta gorge, fit le curé ». De ce moment, le curé fut soulagé et le pauvre coq cessa de chanter. Il essaya vainement de le faire pendant six mois, au bout desquels on s'en défit en lui tordant le cou. M. Bachelot souffrait lorsqu'à cette occasion on lui disait : « Vous avez fait un miracle »].

Quoi qu'il en soit, le jour même de l'inhumation de M. Bachelot, une pieuse fille de Pleine-Fougères, la soeur Perrine Lefrançois, qui croyait à la sainteté de son curé et qui avait foi dans sa puissance auprès de Dieu, se traîne sur son tombeau à l'aide de béquilles, sans le secours desquelles elle ne pouvait marcher depuis, quatre ans. Là, elle se recommande à son bon pasteur, et sa confiance est récompensée, elle recouvre l'usage de ses membres, et, reconnaissante envers son bienfaiteur, on la voit presque tous les jours aller s'agénouiller sur son tombeau et balayer avec respect la poussière que les pieds des pèlerins y ont laissée.

1854. - Suzanne Boucan, de Saint-Georges-de-Grehaigne, âgée de 7 ans, percluse de tous ses membres, en a retrouvé l'usage au tombeau de M. Bachelot.

1855. - Marie-Joseph Duplessis, du Fresne, commune de Dingé, âgé de 7 ans, sujet à des crises de nerfs journalières, en a été délivré après avoir été recommandé au saint curé de Pleine-Fougères.

1857. - Victor Bigot, de Trans, canton de Pleine-Fougères, âgé de 11 ans, avait toute la partie inférieure du corps paralysée. On pouvait enfoncer des épingles dans ses jambes sans qu'il éprouvât aucune douleur et sans que rien révélât en lui la moindre apparence de sensibilité. Le médecin qui le traitait avait déclaré à sa famille qu'il fallait se résigner à le perdre, que tout traitement était désormais inutile. Le malade ayant cependant commencé à faire, mais avec beaucoup de peine, quelques pas, soutenu sur deux béquilles, ses parents, qui allaient chercher de la tangue (sablon de mer employé comme engrais) au Mont-Saint-Michel, le jettent dans leur charrette et le déposent en passant à Pleine Fougères, assez près du tombeau de M. Bachelot, où il se traîne péniblement à l'aide de ses béquilles, malgré les huées d'une troupe de petits espiègles qui se moquaient de lui et lui lançaient des pierres. Parvenu au lieu du pèlerinage, Victor récite avec beaucoup de ferveur cinq Pater et cinq Ave. Le ciel récompense sa foi. La prière achevée, le jeune Bigot sent comme craquer ses genoux, et ses nerfs semblent s'allonger. Il se lève, laisse ses béquilles sur le tombeau de M. Bachelot et prend à pied la route de Trans. Il s'arrête cependant à une petite distance du bourg, chez une de ses parentes, en attendant le retour de la voiture de son père. Mais dans l'intervalle il va et vient dans la maison et hors de la maison, monte et descend plusieurs fois les escaliers sans le secours de personne. Les jours suivants, on le voyait néanmoins porter un petit bâton, mais dont il ne se servait guère et qu'il vint au bout de huit jours déposer auprès de ses béquilles sur le tombeau de son bienfaiteur. Sa guérison était parfaite. Il s'en revient cette fois de Pleine-Fougères à Trans non-seulement à pied, mais souvent au pas de course, dans la compagnie d'un petit camarade. La distance était de cinq kilomètres.

1857. - Marie Lognoné, de Dol-de-Bretagne, âgée de 19 ans, était réduite depuis quatre mois, par suite d'une entorse au genou, à ne pouvoir marcher qu'à l'aide de deux béquilles, et encore bien difficilement. Une neuvaine est faite pour elle au tombeau de M. Bachelot ; elle s'y fait transporter elle-même pour y prier, en personne, et elle s'en retourne à Dol parfaitement guérie. Les médecins lui avaient déclaré, quand elle commença sa neuvaine, qu'elle ne devait pas s'attendre à marcher avant un an.

1858. - Julie Dioré, de la Claie, en La Boussac, par suite d'une luxation à la jambe, ne pouvait plus depuis cinq mois et demi marcher qu'avec le secours d'une béquille, et encore bien péniblement. Lasse de faire une foule de remèdes qui n'amélioraient point sa position, et entendant parler des merveilles qui s'opéraient au tombeau de M. Bachelot, elle s'y fait transporter dans une charrette pour y faire elle même une neuvaine de prières. Descendue à une courte distance du lieu du pèlerinage, elle eut besoin néanmoins de s'y faire transporter les trois premiers jours de la neuvaine ; le quatrième jour, elle y alla seule à l'aide de sa béquille, et à la fin de la neuvaine elle était si bien guérie, qu'elle fit elle-même le service d'un repas donné à Pleine-Fougères dans la maison où elle était descendue. Le service se faisait dans une chambre dont l'escalier était étroit, raide et des plus incommodes. Julie Dioré le monta et le descendit plus de vingt fois sans éprouver ni gêne ni fatigue.

Son médecin, en apprenant qu'elle était allée en pèlerinage en Pleine-Fougères, avait dit : « Elle me reviendra » et il ne voulut croire à sa guérison qu'après l'avoir visitée à son retour à La Boussac.

1858. - Un de mes confrères me communique l'extrait suivant d'une lettre à lui adressée par un ecclésiastique de ses amis : « Ma pauvre mère a failli mourir. Trois médecins réunis ont déclaré qu'elle n'avait plus que quelques jours à vivre. C'était la semaine dernière, et, aujourd'hui, elle est bientôt capable de courir toute seule. Je l'ai recommandée vendredi dernier au bon père Bachelot, et promis, si ma prière était exaucée, d'aller célébrer une messe d'action de grâces à Pleine-Fougères. La nuit suivante, ma mère éprouve un immense soulagement, et le lundi d'après, étant venu pour la féliciter de l'heureux changement qui s'était opéré en elle, je l'ai trouvée assise au coin du feu, et tenant en main une écuellée de soupe ».

On nous donne encore communication d'une lettre datée d'Illifaut, 27 octobre 1861, où nous lisons ce qui suit :

« L'année 1858, vers le milieu du mois de novembre, je fus atteinte de vomissements continuels par suite de maux d'estomac ; ces vomissements ne me permettaient de prendre aucune nourriture ; même quelques gouttes d'eau ne pouvaient passer. Je fus cinq ou six mois sans perdre absolument mon embonpoint ordinaire. Mais le 22 mai, par suite de vomissements noirs que les médecins crurent être du sang, je perdis subitement mes forces et mes couleurs, et bientôt je devins maigre au point que je n'étais plus recoonaissable. A cette époque aussi, deux médecins qui me traitaient depuis le commencement de ma maladie la déclarèrent incurable. L'un de ces médecins était M. Robert, de Malestroit ; l'autre, M. Goupil, de Ploërmel. Depuis lors, tout travail me devint impossible. Je me levais seulement quelques heures par jour. Enfin, le 29 juillet, notre mère générale, ayant eu connaissance de mon état, m'envoya chercher avec la voiture de la maison : je me rendis à Saint-Méen le 30 juillet ; mais j'étais mourante et sans aucun espoir de guérison. Quelques jours après mon arrivée, on me fit voir au médecin de Saint-Méen, M. Desbois, qui assura mes supérieures qu'il n'y avait aucun espoir. Aussi ne me prescrivit-il aucun remède, si ce n'est une petite bouteille de sirop de laurier-cerise, qu'il assura ne me donner que pour ne pas me laisser croire ma position si grave. Du reste, il dit, à mes supérieures qu'elles prissent attention, que je pouvais mourir au premier moment, par faiblesse. Enfin arriva la retraite. Pendant ce temps, soeur Euphémie, qui était à Pleine-Fougères cette année-là, me parla du bon père Bachelot et de ses miracles. Je n'y fis pas attention. Cependant elle revenait toujours à la charge. Enfin, un jour, je lui dis : " Eh bien ! lorsque vous serez à votre chère paroisse, allez prier pour moi sur le tombeau de ce bon père ". Elle me le promit. Mais, moi, je n'y pensai plus du tout.

Après la retraite, elle s'en retourna, et je ne fus pas même informée de son départ. Elle pensa probablement à la promesse qu'elle m'avait faite, et dès le vendredi soir, qui était le jour de son arrivée à Pleine-Fougères, j'éprouvai du soulagement. Encouragée par ce premier succès, notre mère générale me fit commencer une neuvaine au bon père le samedi matin. Il faut dire que jusque-là je n'avais eu aucune confiance, et pour lors encore je ne savais comment invoquer ce bon père. Je lui dis simplement : " Bon père, si vous avez quelque crédit auprès de Dieu, faites-le voir en m'obtenant la cessation des vomissements ". Je continuai tous les jours à lui faire la même supplique ; enfin, le troisième jour de la neuvaine, 6 septembre, au matin, je fus subitement guérie. Ayant fort bien déjeuné, je n'en fus nullement incommodée, et, depuis lors, je fus entièrement débarrassée de ces vomissements, qui depuis dix mois ne m'avaient pas quittée. Je restai encore six semaines à peu près à la maison, et pendant ce laps de temps je repris mes forces et mon embonpoint, jusque-là que les personnes qui ne m'avaient pas vue pendant ma maladie ne s'aperçurent pas du tout que j'eusse été malade.

Quelques jours après ma guérison, le médecin de Saint-Méen, ayant eu occasion de venir à la maison et m'ayant vue, assura-qu'il croyait au miracle, et ce fut à ce moment, qu'il me donna connaissance des craintes qu'il avait eues à mon sujet. Depuis lors, ma santé s'est bien soutenue, j'ai continué tous les jours de faire la classe, et je me porte bien, grâce à Dieu et au bon père Bachelot, qui, après Dieu, est mon généreux bienfaiteur. Que son nom soit connu, qu'il soit vénéré ! Car il a, j'ose le croire, un grand crédit auprès de Dieu. Soeur SAINT-ANSELME ».

1860. - Joséphine Canto, âgée de trois à quatre ans, fille de Mathurin Canto et de Joséphine Lemarchand, domiciliés à La Fontenelle, près Antrain, avait depuis longtemps la figure couverte d'une espèce de lèpre ou gale hideuse qui la rendait horrible à voir. Ses parents, désolés, ayant appris les merveilles qui s'opéraient au tombeau de M. Bachelot, prièrent la fille du sacristain de Pleine-Fougères, qui était venue les voir, de s'intéresser au sort de leur enfant et de la recommander au serviteur de Dieu aussitôt qu'elle serait de retour chez elle. La jeune personne s'acquitta de la recommandation qui lui avait été faite. C'était un jour de dimanche : le lendemain l'humeur était desséchée, et la nuit suivante le masque qui couvrait le visage de cette petite infortunée tomba et disparut complètement. Le père, transporté de joie, fit part de cette heureuse nouvelle au doyen de Pleine-Fougères, M. l'abbé Rehaut, de qui nous la tenons nous-même.

1860. - Julien Asse, de la paroisse de Sains, située à trois kilomètres de Pleine-Fougères, atteint d'un squirrhe à l'estomac, semblait n'avoir plus que quelques jours à vivre. Sa maladie était arrivée à un tel degré qu'il ne pouvait plus prendre aucun aliment. Son estomac insupportait autre chose qu'un peu de café et de lait. S'il essayait de prendre de la nourriture, si légère qu'elle fût, il éprouvait pendant vingt-quatre heures, quelquefois quarante-huit heures, des douleurs atroces, qui ne finissaient que lorsqu'il avait vomi ce qu'il avait pris. Jamais on ne vit de malade si défait ; sa figure était cadavéreuse. La médecine ne pouvant plus rien pour lui, il se fait recommander à M. Bachelot par une bonne fille de son village, Marie Maufrais, Soeur du Saint-Coeur de Marie. Sur ces entrefaites, le recteur de Sains entend dire que Julien Asse a quitté le lit où il languissait depuis plus d'un an, qu'il se promène par ses champ, et qu'on attribue sa guérison à un pèlerinage fait au tombeau de M. Bachelot. Moins fort dans sa foi que ne l'avait été son paroissien, le recteur proteste qu'il n'en croira rien qu'il n'ait vu de ses yeux. Il se rend donc chez son malade, qu'il trouve guéri, faible encore comme un convalescent, mais mangeant avec le meilleur appêtit et sans distinction d'aliments.

Julien Asse, que nous avons voulu voir et que nous avons interrogé, nous a dit que les médecins, étonnés de sa guérison, lui avaient demandé s'il avait vomi un abcès, et qu'il avait répondu : « Non, je n'ai point vomi d'abcès ; seulement, je vomissais autrefois tout ce que je prenais, et aujourd'hui mon estomac digère bien, et je ne vomis plus ».

Mlle Eléonore Cocheril, âgée de dix-neuf ans, fille de M. François Cocheril et de dame Eugénie Lesage, demeurant à Dinan (Côtes-du-Nord), était atteinte d'un mal de gorge qui depuis six mois rendait la déglutition presque impossible et ne lui permettait presque plus de prendre de nourriture. Sa voix était complètement éteinte, et elle ne pouvait plus se confesser que par écrit. Plusieurs médecins l'avaient traitée sans aucun succès.

Le 9 ou le 10 octobre (1861), elle vint en pèlerinage au tombeau de M. Bachelot, accompagnée de sa mère et d'une domestique. Etant entrées toutes trois dans l'enceinte du monument : « Mon enfant, lui dit sa mère, nous allons réciter cinq Pater et cinq Ave pour toi ; récite-les toi-même mentalement, puisque tu ne peux articuler. Sois unie à nous, prions en commun ».

On commence les cinq Pater et Ave : la jeune personne récite les quatre premiers mentalement, ne pouvant faire autrement, mais arrivée au cinquième, elle le récite à haute voix, bien distinctement et avec facilité. Aussitôt la prière finie, elle demanda à manger, éprouvant de l'appétit et sentant sa gorge capable d'avaler. Mais avant de se rendre à l'hôtel, Mme Cocheril vient avec sa fille au presbytère apporter la nouvelle de ce qui venait de se passer. La mère, la fille et la bonne étaient toutes trois bien émues et vivement impressionnées, la jeune Eléonore surtout. Elle pleurait de joie, parlait très-bien et se félicitait du bonheur que cet heureux évènement allait causer à sa famille et à ses connaissances. Interrogée sur ce qu'elle avait éprouvé au moment de sa guérison : « Je me suis senti, répondit-elle, comme arracher quelque chose de la gorge ».

Quelques semaines après, Mlle Cocheril est revenue avec sa mère à Pleine-Fougères faire un pèlerinage d'actions de grâces : elle s'y est présentée avec toutes les apparences d'une santé parfaitement rétablie. Ce prodige eut beaucoup de retentissement, surtout à Dinan, où demeurait Mlle Cocheril. Plus de deux mille personnes se rendirent à son domicile pour s'assurer par elles-mêmes de la réalité de sa guérison, et le journal du pays, l'Union Malouine et Dinannaise, crut devoir consacrer à ce fait étrange un article spécial dans ses colonnes. Le journal le Siècle voulut essayer (personne n'en sera surpris) d'infirmer la vérité du fait et la réalité du prodige ; l'Univers lui répondit victorieusement, et la feuille de Dinan confirma son récit en déclarant que ce qu'elle avait rapporté s'était passé sous ses yeux.

Voici sur cette guérison extraordinaire le témoignage de Mlle du Vautenet, qui, après avoir étudié. sous les plus célèbres médecins de Paris, exerce gratuitement et avec tant de succès la médecine en Bretagne. Elle écrivait à la date du 22 septembre 1862 :

« J'ai traité Mlle Cocheril depuis la mi-juin jusqu'aux derniers jours de septembre ou le commencement d'octobre 1861. Je n'ai pu améliorer sa situation, ni arrêter le cours de sa maladie. La voix était complètement éteinte et la déglutition presque impossible. La gorge était dans un état purulent et qui ne cessait d'augmenter. Je regardais la phthysie du larynx comme marchant rapidement et arrivée désormais à un point incurable. Lorsque j'ai appris que Mlle Cocheril était guérie, je n'ai pas hésité une seconde à croire qu'elle ne l'avait pu être que par un miracle. Valérie DU VAUTENET. Ce 22 septembre 1862 ».

La supérieure de la communauté de l'Espérance de Rennes, atteinte d'une maladie de poitrine dont les premiers médecins de cette ville ne pouvaient arrêter le cours, vient faire un pèlerinage à Pleine-Fougères par un temps affreux, sous une brise froide et une pluie glaciale. Son mal eût dû redoubler. Mais le ciel veut récompenser sa foi. Elle s'en retourne exaucée et devient assez forte pour reprendre ses occupations interrompues et s'assujettir au règlement et aux observances de la maison.

Dans le courant de mai 1862, un incendie se déclare au bourg de Pleine-Fougères, dans le domicile de la veuve Nicolle, boulangère. La direction du vent, qui portait les flammes sur une maison voisine, couverte en chaume, faisait craindre que le sinistre ne prît des proportions effrayantes. Courons au tombeau de M. Bachelot, s'écrie-t-on de toutes parts. Tandis donc qu'une partie de la foule travaille à arrêter les progrès du feu, les autres se dirigent en toute hâte vers le tombeau, sur lequel on allume des bougies et l'on s'agenouille pour prier. Soudain le vent change de direction. La maison couverte en chaume échappe comme par miracle aux flammes ; le feu se concentre dans la boulangerie de la veuve Nicolle, où l'on parvient à s'en rendre maître.

1864. - Le souvenir du tendre attachement que l'abbé Bachelot avait voué à la jeunesse, son affection pour les jeunes étudiants me fait trouver un véritable plaisir à rapporter ce qui suit. Au fond de l'humble monument qui couvre les restes mortels du bon curé, j'ai rencontré une inscription qui plus que toutes les autres a attiré mes regards : « Témoignage de reconnaissance offert à M. Bachelot pour plusieurs grâces obtenues par son intercession ».

J'ai demandé à la soeur Lefrançois (la première qui ait été guérie par l'intercession du serviteur de Dieu) de m'expliquer ce que j'avais lu. Elle était à lieu de le faire, puisqu'elle et sa soeur avaient uni leurs prières, à celles de la pieuse famille qui avait placé cette inscription mystérieuse. J'ai voulu néanmoins me renseigner de plus près encore, puiser mes renseignements à la source même. Or, voici l'explication : F.... L..., fils d'un honnête commerçant d'..., désirait entrer dans une pension pour y faire ses études. Mais il n'osait en parler à son père. Après avoir longtemps hésité, il lui fait enfin part de ses intentions et sollicite son consentement. Il avait alors de dix à onze ans. Le père répond par un refus formel. Le fils revient plusieurs fois à la charge, mais toujours sans succès. L'honorable commerçant n'était pas retenu par la crainte des sacrifices à faire pour l'éducation de son fils, mais il avait peur qu'il n'abusât du bienfait de l'instruction, et il aimait mieux l'associer à son commerce que de l'exposer à devenir un jour, comme d'autres qu'il connaissait, la ruine et le déshonneur de sa famille.

Désespérant de vaincre sa résistance, l'intéressant jeune homme avait abandonné la partie et cessé depuis longtemps de plaider sa cause près de son père. Tout se bornait à quelques confidences qu'il faisait de temps à autre à sa mère. Celle-ci, voyant les goûts persévérants de son fils, le mène un jour avec elle au tombeau de M. Bachelot. Arrivés au lieu du pèlerinage : « Mon fils, lui dit cette femme pleine de foi, prions ensemble pour une intention que je ne puis vous faire connaître aujourd'hui, mais que vous connaîtrez plus tard ». La prière finie, elle va trouver la soeur Lefrançois, qui s'engage à faire une neuvaine à la même intention. Le cinquième jour de la neuvaine, le père change tout à coup de résolution, et sans attendre de nouvelles instances de la part du jeune homme et de la mère, c'est lui, de son propre mouvement, qui propose à son fils, de le mettre au collège.

Celui-ci avait alors quatorze ans trois mois. Quelques semaines après, il entrait dans un des meilleurs établissements du diocèse. Depuis cette époque, il a fait habituellement deux classes par an, et chaque année remporté les plus brillants succès. Il est aujourd'hui âgé de dix-sept ans trois mois.

Avant de commencer ses études, il avait été atteint d'un mal de gorge très-grave, qui le réduisait à ne pouvoir parler que difficilement et à voix basse. Il ne pouvait non plus, qu'avec beaucoup de peine, avaler seulement une goutte de bouillon. Le médecin, désespérant de sa guérison, sa pieuse mère le recommande à M. Bachelot ; le jour même le malade est soulagé, et le lendemain le médecin est tout surpris de le trouver hors de danger.

Depuis ce temps, il se porte à merveille, après avoir été jusque-là d'une santé délicate et avoir éprouvé plusieurs graves maladies.

L'inscription dont nous avons parlé a trait à plusieurs autres faveurs obtenues par la mère du jeune élève, entre autres la guérison d'un enfant qu'on avait cru mort et sur le corps duquel elle avait déjà jeté de l'eau bénite, lorsque s'apercevant qu'il respirait encore, il lui vient à la pensée de le recommander à M. Bachelot. Elle n'a pas plus tôt invoqué le serviteur de Dieu, que l'enfant s'endort d'un sommeil paisible, et à son réveil demande à manger. Le lendemain il eut assez de forces pour se lever.

« Ces faveurs et autres semblables, nous écrit M. F. L... , se sont renouvelées tant de fois, que c'est pour nous un devoir d'en rendre témoignage. Seulement, nous désirons n'être pas désignés nommément dans l'ouvrage que vous vous proposez de publier. Les faits nous sont trop personnels et se sont accomplis trop près du lieu où vous écrivez.

Puisse la protection du serviteur de Dieu continuer de s'étendre sur mes études et sur notre famille, comme elle l'a fait jusqu'à ce jour.

Puisse aussi le bienheureux récompenser le zèle qui vous anime et vous exciter à travailler pour sa gloire ! ».

Au mois d'octobre ou de novembre 1866, un jour ordinaire de la semaine, la magnifique sonnerie de l'église de Pleine-Fougères retentit au loin, toutes les cloches sont en branle comme au jour des plus grandes solennités. Qu'y a-t-il donc aujourd'hui au canton ? se demande-t-on avec étonnement dans les paroisses voisines. C'était la famille Dum...., de Rennes, qui, étant venue prier pour un de ses membres au tombeau de M. Bachelot et ayant été exaucée au-delà même de ses espérances, voulait témoigner sa joie et sa reconnaissance en faisant célébrer en un jour ordinaire une messe avec toute la solennité du jour de Pâques.

Dans les premiers jours d'octobre 1866, M. l'abbé Réhault, aujourd'hui curé de Pleines-Fougères, reçoit une belle lampe entièrement dorée, destinée à être placée devant le tombeau de son saint prédécesseur ; et, de plus, une somme d'argent pour fournir à la dépense de l'huile nécessaire à y entretenir la lumière. C'était un don de reconnaissance pour une faveur signalée obtenue par l'intercession de M. Bachelot. Les usages de l'église n'ont pas permis de placer la lampe au lieu désiré, mais nous enregistrons le fait comme témoignage.

Une foule de personnes infirmes, qui ont trouvé guérison au tombeau du saint curé, viennent y faire des pèlerinages d'actions de grâces et remercier leur bienfaiteur. D'autres fois, ce sont des lettres adressées de fort loin au successeur de M. Bachelot, pour rendre gloire à Dieu de faveurs miraculeuses obtenues, par l'intercession de son serviteur.

Enfin, les ex-voto sans nombre accumulés sur sa tombe vénérée, bâtons, béquilles, cierges, figures en cire, inscriptions gravées sur les murailles par la foi et la reconnaissance des pèlerins, témoignent hautement des grâces obtenues par son intercession et des miracles opérés à son tombeau.

Puisse le la notice que nous publions rendre plus vives encore au coeur des fidèles la confiance et la piété envers le saint curé breton, et nous sommes convaincus que Dieu récompensera la foi de ceux qui l'invoqueront par de plus grandes merveilles que tout ce que l'on a vu jusqu'ici.

Et pourtant, si dès aujourd-hui l'Eglise, par un jugement solennel, déclarait le bon curé Bienheureux, il n'y aurait partout qu'une voix pour acclamer ses arrêts (abbé R. Dinart, 1868).

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