Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

L'ETABLISSEMENT DES CHARTREUX A AURAY

  Retour page d'accueil       Retour "Les Chartreux d'Auray"   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Leur établissement à Auray, autorisé par le pape Sixte IV dès le 21 octobre 1480, sur la demande du duc, ne put se réaliser que deux ans après.

Voici la traduction de l'acte concernant leur arrivée.

« Pour la mémoire perpétuelle de la chose.

Sachent tous les religieux, présents et futurs, demeurant à la maison de Saint-Michel de la Victoire dans les champs d'Auray, que l'an du Seigneur 1482, le jour de la fête de sainte Madeleine (22 juillet), cette dite maison fut nouvellement érigée au nom du Seigneur, et prise en possession de l'ordre sacré de la Chartreuse, par les vénérables pères et profès de la maison de la Chartreuse de Nantes, savoir : Dom Pierre Le Liénier, prieur de la maison de Nantes ; Dom Jean Le Liénier, son frère, procureur de la maison d'ici ; Dom Jean Picard, premier prieur de cette maison ; Dom François de Goulaine, vicaire d'ici, et Dom Guillaume Touzel.

C'était précédemment une église collégiale, occupée et habitée par un doyen et des chanoines, mais à la demande et requête du très illustre seigneur François II, duc de Bretagne, fils de Richard de Bretagne, seigneur de Clisson, elle avait été changée en établissement de l'ordre des Chartreux par lettres du Souverain Pontife, et cela aux frais de la dite maison de Nantes, qui avait payé plus de 800 livres à la Cour romaine pour l'expédition des bulles, et grâce au concours des religieux mentionnés ci-dessus, et aussi de Dom Alain Cailiebeu, D. Nicolas Doulen, D. Jean Baudet, procureur, et de quelques autres profès de la maison de Nantes. Priez donc pour eux tous, puisque c'est grâce à eux que la maison que vous habitez a été érigée ; priez aussi pour le duc fondateur et pour sa compagne Marguerite de Foix. » (Pr. III 380).

La dotation de la collégiale, transmise aux Chartreux, était, comme on l'a dit ailleurs, de 600 livres monnaie, savoir 300 livres sur le domaine de Lanvaux, situé partie en Grand-Champ et partie en Pluvigner, 100 livres sur les marais salants de Guérande, et 200 livres sur divers moulins et terres d'Auray, Crach, Locmariaker, etc... A ce noyau primitif, les chapelains de S.-Michel avaient ajouté quelques propriétés ; les Chartreux y ajoutèrent un grand nombre d'autres, ainsi qu'on le verra plus loin.

Dès leur arrivée, les religieux durent s'occuper du fief de Lanvaux situé en Grandchamp, dit aussi le fief de la Forêt. Jadis les chanoines avaient eu des difficultés avec plusieurs propriétaires nobles relevant de ce domaine et refusant de faire hommage au doyen de la collégiale et de payer les droits féodaux. Le duc François II, craignant de voir les mêmes difficultés se renouveler à l'égard des religieux, proposa à ceux-ci, dès 1482, de reprendre ce domaine et de le remplacer par un autre équivalent, où il n'y aurait pas les mêmes susceptibilités à ménager. Les Chartreux, qui n'avaient rien à refuser à leur bienfaiteur acceptèrent le projet d'échange et le firent ratifier par leur chapitre général le 7 mai 1483. Mais il ne reçut pas d'exécution.

Le duc, assez versatile, était occupé d'une autre combinaison. En 1485, il donna à Louis II de Rohan, sire de Guémené, le titre de Baron de Lanvaux, avec la possession de la motte, du parc et de l'étang du lieu, et lui concéda, en 1486, la faculté de retirer des mains des Chartreux, moyennant indemnité les terres et les droits seigneuriaux qui avaient appartenu jadis à la baronnie, soit en Grandchamp soit en Pluvigner (Pr. III. 523). Immédiatement le seigneur de Guémené fit un projet d'échange avec Fr. Pierre Rouxeau, prieur de la Chartreuse. L'affaire traîna en longueur et finalement fut abandonnée.

Un autre projet d'échange eut lieu en 1513 avec Jean Gibon, seigneur du Grisso, et cette fois l'affaire réussit. Par acte du 30 juillet de cette année, les Chartreux lui cédèrent le moulin de l’Ile les tenues de Trédazo, de Botscau, de Leymer, de Kerdelam, en Plumergat, et quelques rentes en Grandchamp, et reçurent en retour d'autres tenues à Kermaréchal en Plumergat, à Talhoët en Pluvigner, à Kerruzeau en Plumergat, et plusieurs petites rentes. Le 7 avril 1514, ils lui cédèrent tout leur fief de Lanvaux en Grandchamp, avec la justice haute, moyenne et basse, les rentes les chefs-rentes, les prééminences, etc..., estimés valoir 26 livres et 19 sols monnaie par an, et reçurent la promesse d'une rente pareille à asseoir sur des immeubles.

L'échange fut autorisé par la reine Anne de Bretagne et ratifié par le chapitre général de l'ordre. Louis IV de Rohan-Guémené, en qualité de baron de Lanvaux, s'opposa à cette transaction en 1515, mais il se désista de son opposition l'année suivante. Malgré toutes ces mutations les Chartreux conservèrent leur droit d'usage dans le parc de Lanvaux, même après son retour au domaine de l'État. Aussi quand cette forêt eut été entamée à ses extrémités, et que l’administration royale, en 1641, eut mis aux enchères l'afféagement des quartiers déboisés, les Chartreux se rendirent adjudicataires des 168 journaux délaissés, moyennant la somme de 576 livres d'entrée en jouissance, et d'un sol de rente annuelle par journal. En même temps, ils firent reconnaître leur droit de prendre dans cette forêt le bois nécessaire pour réparer leur église, leurs maisons et leurs moulins ; et pour l'exercice de ce droit, on leur assigna, près du village de Kervéno, un triage de 30 journaux de terre, planté en bois de haute futaie. Plus tard, en 1665, ce triage fut réuni au corps de la forêt, mais le droit de prendre du bois de construction fut maintenu, à la condition de le faire marquer par les agents forestiers. En 1702 il fut remplacé par 200 livres de rente.

De Grandchamp, passons à Pluvigner. Là se trouvait un second membre de la baronnie de Lanvaux, avec terres, moulin, four, justice haute, moyenne et basse, officiers, notaires, rentes, foires et tous autres droits, seigneuriaux. Lorsque commença, en 1563, l'aliénation des biens ecclésiastiques, pour payer les énormes taxes de la guerre contre les huguenots, les Chartreux vendirent plusieurs tenues, avec la faculté de les racheter ensuite. Ils profitèrent de l'occasion pour se défaire du fief de Pluvigner, qui leur donnait certains embarras.

Le 19 octobre 1563, René de Malestroit, seigneur de Kaer en Crach et de Kerambourg en Landaul, s'en rendit adjudicataire pour le prix de 12.855 livres. Trouvant peut-être qu'il avait acheté ce fief trop cher, il obtint du lieutenant de Vannes, le 13 juin 1567, et du présidial, le 23 décembre suivant, une sentence obligeant les religieux à reprendre leur bien. Ceux-ci en appelèrent au parlement, qui cassa la sentence par arrêt du 29 avril 1568. Alors René de Matestroit eut recours au Conseil privé du roi, et après une longue procédure, il aboutit à un arrêt du 24 mars 1571, qui le condamna à garder son acquisition, à versér le prix de 12.855 livres, et à payer les frais du procès. Il se soumit enfin à la sentence du roi, et le 9 juiliet 1573 il paya ce qu'il devait.

En retour, les Chartreux lui délivrèrent tous les titres concernant le fief de Lanvaux-Pluvigner, savoir, en originaux ceux dont ils n'avaient plus besoin, et en copies authentiques ceux qui leur étaient encore nécessaires pour la conservation des droits non aliénés, et en particulier des rentes féodales.

Un siècle plus tard, Dom Edmond Ferlet, en étudiant les archives de sa maison, découvrit une rente oubliée, qui était de 6 perrées d'avoine et de 6 poules, revenant le tout à 19 livres 16 sols, assignée sur trois tenues en Pluvigner, possédées par la dame de Boisdaly. Il la fit assigner à Auray et condamner à payer 29 années d'arrérages, et à continuer la rente annuelle à l'avenir.

Alors intervint M. de Robien, seigneur de Kerambourg et de Lanvaux-Pluvigner, qui demanda une rente de 5 sols et 2 poules sur les mêmes tenues. Le sénéchal d'Auray, par sentence du 10 juin 1698, reconnut la double rente, celle de M. de Robien comme foncière, et celle des Chartreux comme féodale.

La dame de Boisdaly en appela au parlement. Dom Ferlet ayant dit que les Chartreux pourraient un jour retirer le fief de Pluvigner, et par conséquent la mouvance des trois tenues qui en dépendaient, suivant la sentence d'Auray, M. de Robien entreprit de la faire casser, et de faire déclarer par arrêt que ces trois tenues étaient de la mouvance du fief de Kerambourg et non de celui de Pluvigner, et que par suite les Chartreux n'y pouvaient avoir aucune rente féodale. Le parlement finit par lui donner raison, par un arrêt du 17 janvier 1703.

Les religieux en appelèrent aussitôt au Grand Conseil du roi ; mais bientôt ils se prêtèrent à une transaction conclue le 13 février 1704. En vertu de cet arrangement.

 « Les Pères Chartreux reconnoissent que... les trois tenues de la dame de Boisdaly en Pluvigner relèvent de la vicomté de Kerambourg... suivant l'afféagement de l'an 1565...

Ils se désistent de leur demande de retrait du fief et juridiction de Lanvaux-Pluvigner…, et renoncent à toute prétention d'y rentrer pour quelque cause que ce soit...

Le seigneur de Kerambourg leur relaisse les moutaux pour leurs deux anciens moulins de la Forêt et du Pont, dans l'étendue du dit fief de Pluvigner.

Promettent les d. PP. Chartreux de délivrer à M. de Kerambourg tous les adveux, minus et autres titres particuliers, concernant la féodalité, les mouvances et les chefs-rentes de Lanvaux-Pluvigner...

Consentent aussi que les... rentes foncières, détachées du fief, demeurent à jamais à M. de Kerambourg, qui leur donnera un fonds à domaine congéable de pareil revenu, au 1er octobre prochain.

Vendent et transportent au d. seigneur le fonds et propriété de deux fours à ban de Pluvigner, appelés les fours du duc et du baron, et le moulin à vent de Bodéveno, pour 3.600 livres.

Cèdent et délaissent aussi au d, seigneur les fiefs de Coctro, Kereven, Kerlosquet, Kerguiris, Kerrum, Kersquer, Lemau et Moustoir-en-Mendon, et généralement tous les fiefs qu'ils peuvent avoir, dépendant anciennement du d. fief de Pluvigner, et lui en délivreront les titres.

En faveur de la cession des d. fiefs, le d. seigneur quitte et décharge les d. PP. Chartreux de tous les anciens droits d'indemnité qu'ils pouvoient lui devoir de leurs acquisitions au d. fief de Pluvigner.

A l'égard des nouveaux droits d'indemnité pour les acquisitions faites dans le même fief depuis quarante ans, les d. Pères s'obligent de les lui payer au 1er octobre prochain.... ».

On voit par cette transaction combien le débat s'était élargi depuis l’origine. Grâce aux concessions des Chartreux, la paix se fit et se maintint entre les parties.

Jh.-M. Le Mené.

 © Copyright - Tous droits réservés.