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LES BIENS DES CHARTREUX D'AURAY

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Les biens de la Chartreuse provenaient de deux sources : il y avait d'abord les biens donnés par le duc Jean IV à la collégiale, ou acquis par les chanoines ; il y avait ensuite les biens achetés par les Chartreux eux-mêmes, ou acquis par échanges.

Ville de Brec'h (Bretagne).

Voici la déclaration que donnent à nos Seigneurs de l'Assemblée du clergé de France, qui sera tenue en l'année 1730, et à Messieurs du bureau du diocèse de Vannes, les prieur et religieux du Champ-Saint-Michel ou d'Auray, paroisse de Brech, des biens et revenus de leur maison.

Ils déclarent premièrement que leur dite maison a été fondée par François II, duc de Bretagne, et qu'elle consiste en l'église, le chapitre, deux cloistres, dont le plus grand contient 23 (alias 21) cellules, non comprises celles de trois officiers et de cinq frères, le réfectoire, la cuisine, plusieurs batimens pour les hostes, les étables, les écuries, le grand jardin, cinq cours, et une chapelle à la porte, où l'on dit la messe pour les personnes du sexe.

Qu'ils ont, devant et autour de leur d. maison, plusieurs allées de grands arbres, dont ils ne tirent aucun profit, et qu'ils conservent seulement pour l'ornement ; de plus, qu'entre les susd. allées et aux environs, ils ont à peu près 45 arpents de bois tallis, dont ils coupent six à sept arpents chaque année, pour en faire des fagots.

Qu'ils ont encore aux environs de leur maison quelques pièces de prés, qu'ils font valoir par leurs mains, et dont le foin sert à la nourriture des chevaux, mules et vaches qu'ils entretiennent.

Les biens et revenus de la Chartreuse d'Auray consistent en métairies, tenues ou domaines congéables, autres terres, et rentes, dont le dénombrement est cy-après rapporté.

I. En Brech.
La métairie du Merdy, la métairie de Kerlois, la métairie du Crélin, deux tenues à Crélin, une tenue à Digantel, une tenue à Kerrudo, une tenue à Kerperdrix, une tenue à Kerpalud, une tenue à Saint-Degan, une tenue à Bonerfaven, une tenue à Kerhéré, une tenue à Kerberuet, et trois tenues Cazlan, rapportant en tout 1.200 livres 5 sols.

II. Pluvigner.
Une métairie à Keraudran, une métairie à Kerlégan, une métairie au Guernic-Bras, une métairie à Kervadec, une métairie à Kervanic, une métairie à Kerezan-Brigitte, une métairie à Rosordoué, quatre métairies à Scourbourg, une métairie au Chonso, rapportant en tout 1.114 livres 2 sols.

Six tenues à Scourbourg, trois tenues à Storlais, deux tenues à Tallen, deux tenues à Kerriel, trois tenues à Kerrio, deux tenues à Kerivaut, deux tenues à Kerlégano, quatre tenues à Kerezan-Coet-Kerizac, deux tenues à Kerfouérel, les tenues de Kerguivarec, rapportant 934 livres 10 sols.

Tenues isolées à Brévantec, Bot-Orain, Gohého, Mondo, Lesmadien, Cornahiou, Foz, Saint-Julien, Lavadec, Lesbého, Logodec, Talhoët, Croix-Méen, Poulengon, Erender, Kercair, Kerlidec, Kermoizan, Kerouart, Kerroux, Miného, Kervadec, Kervéléon, Kervran, Kervaudin, Kerhan, Kerivello, Kergruyar, Kerdaniel, Kerbélec, Kerbarvec, Kerbrien, Parc-Cotillan, Kerbernard, Kerdavid, Kerézan-Lau, Guernic-Biban, Kerren-fontaine, Rosordoué et au bourg, rapportant, avec les rentes censives et autres, 1.491 livres 18 sols.

Total de la paroisse : 3.540 livres 10 sols.

III. Grand-Champ.
Quatre tenues à Kerambart, quatre tenues à Favisson, deux tenues à Trémeur, une tenue à Castelguen, à Nevadic, au Resto, à Membro, Kerfur, Brandivy, Kerveno, Kerodiern, deux tenues à Manétavy, une métairie au Resto, une lande à Lanvaux, et une autre à Kerparis, rapportant en tout 839 livres 9 sols.

IV. Plumergat.
 Une métairie au bourg, une tenue à Coëtjagu, une autre à Kerjegu, une autre à Locmaria-er-Fang, une tenue à Kermaréchal, une autre à Trédazo, une à Kerraut et une à Rescuel, rapportant ensemble 614 livres 4 sols.

V. Crach, etc.
Une tenue au bourg de Crach, un trait de dîme, deux tenues à Kergaledan, une tenue à Kericard, une à Kerloi, et une au Parc-au-Duc.

En Locmariaker, une tenue à Kercadoret, une autre à Lopérec, une à Kerenès, une autre à Kerroch, et une au Hellut.

En Plœmel, une tenue à Palevarh, une autre au bourg, une à Borterbic, et rentes à Kergueno et Kerbérénic.

En Plouharnel, une tenue au Runesto.

En Erdeven, une tenue à Kerjosselin, et une taille près le Sach. Total 1.023 livres 18 sols.

VI. Belz, etc.
Une tenue à Crubelz, une autre à Kerbelz, une 3ème à Trébonantel.

En Mendon, trois tenues à Cochelin, quatre tenues à Lapaul, une à Keriavec, et une à Kerverch.

En Landaul, deux tenues à Trésidy, une à Kerhillio, une autre à Kerguen, une à Kergestin, et une autre à Kergoullec.

En Landévant, une maison au bourg, une tenue à Kerlois, une autre à Kerveno-Botavel, une à Kerandisac, et une à Kersanic.

Total de ces paroisses : 1.298 livres 14 sols.

VII. Vannes, etc.
Les terres de Bernus, 1000 livres ; une maison à Bernus, 30 livres ; un cabaret à Bernus, 42 livres ; une maison à Auray, 60 livres ; rentes diverses à Auray, 9 livres 18 ; rentes constituées sur particuliers, 823 livres 1 sol. Total : 1 .964 livres 19 sols.

VIII. Guérande.
Les 240 œillets des salines du Croisic : 2000 livres et plus.

IX. Moulins.
Le moulin à vent près d'Auray, affermé brut. 144 livres.
Le moulin de Tréauray, après la rente payée. 270 livres.
Le moulin du Pont, en Pluvigner. 466 livres.
Le moulin à eau de Keraudran, en Pluvigner. 192 livres.
Le moulin à eau de Loguiviec, en Pluvigner. 220 livres.
Le moulin à eau de la Forêt, en Grand-Champ. 420 livres.
Les moulins de Cochelin, en Mendon. 294 livres.

Total : 2.006 livres.

Total général des recettes : 14.386 livres 9 sols.

Charges.
« Nourriture de 25 religieux et 5 frères (en 1728). 1.350 livres.
Poisson frais et salé. 2.120 livres.
Œufs, beurre, fromage, fruits, épices. 1.700 livres.
Fourniture de vin, droits compris. 2.500 livres.
Vêtements, linges, chaussures. 1.170 livres.
Aumônes en pain et en argent. 1500 livres.
Blanchissage et éclairage. 350 livres.
Livres, papier, outils. 250 livres.
Médecins et apothicaires. 100 livres.
Gages de 22 domestiques. 700 livres.
Cidre pour les domestiques. 200 livres.
Journaliers et ouvriers divers. 500 livres.
Écuries et charrettes, harnais. 410 livres.
Réparations du couvent et des métairies. 1.500 livres.
Réparation des moulins. 602 livres.
Pour les décimes au gouvernement. 749 livres 13 sols.
Pour les frais de justice. 30 livres.
Voyage du prieur au chapitre général. 500 livres.
Voyages des visiteurs, officiers, correspondance. 440 livres.
Fourniture de cierges à l'église. 247 livres 10 sols.
Entretien des ornements et du linge. 120 livres.
Rente due à l'évêque sur Bernus. 167 livres.
Rente due à M. de Kermellec sur Rosordoué. 17 livres 15 sols.
Dettes de 5.200 livres, sans intérêts à payer »
.
Total. 17.223 livres 18 sols.

Total des recettes. 14.386 livres 9 sols.
Total des dépenses. 17.223 livres 18 sols.
Déficit. 2.837 livres 9 sols.

« D'où il résulte que la dépense excède le revenu, et que par conséquent la dite Chartreuse n'a pas un revenu suffisant pour faire subsister le nombre de trente religieux, pour lequel elle a été fondée d'abord (erreur, c'était pour 13 religieux et quelques frères), ce qui la met dans la nécessité de faire des emprunts considérables, comme on l'a vu.

Nous soubsignez prieur et religieux de la Chartreuse du Champ Saint-Michel lez Auray, assemblez en chapitre à la manière accoutumée, après avoir leu et examiné la dite déclaration de nos biens et revenus, cy dessus transcrite, la certifions et affirmons véritable, sur les peines énoncées en la délibération de l'Assemblée générale du clergé de France du 12 décembre 1726 ; de laquelle déclaration nous avons remis le double à M. le syndic du clergé du diocèse de Vannes. En foy de quoy nous avons signé le présent ». (Arch. — Copie).

Au moment où cette déclaration fut faite, on venait d'achever des travaux considérables, qui avaient épuisé les ressources de la maison ; mais l'équilibre se rétablit bientôt et se maintint jusqu'à la Révolution. Il est vrai que le nombre des religieux diminua avec le temps, mais l’économie faite sur ce chapitre servit surtout à augmenter la part des pauvres.

Outre les secours en argent et en grain que les Chartreux distribuaient libéralement aux pauvres honteux, ils faisaient tous les mardis une aumône générale aux mendiants. Voici comment le correspondant d'Ogée, dans le Dictionnaire de Bretagne, apprécie cette distribution :

« Cette aumône consiste dans un morceau de pain bis de deux livres ou plus, qui se distribue à la porte de la maison, à tout venant, enfant ou vieillard, homme ou femme, de quelque condition et qualité que ce soit. Personne n'est rebuté ce jour-là ; et pour avoir part au bienfait, il suffit de se présenter et de tendre la main. Cette manière de faire l'aumône, outre qu'elle est très dispendieuse pour la maison, à qui elle coûte environ un tonneau de seigle, c'est-à-dire environ 200 livres par semaine, et qu'elle produit peu de soulagement, est sujette a une multitude d'abus, plus pernicieux les uns que les autres... ».

Sans aucun doute l'aumône générale peut avoir ses inconvénients, et des paresseux peuvent se mêler aux indigents dignes d'intérêt. Mais quel est le moyen pratique de discerner les uns des autres ? Comment faire une enquête sérieuse sur des centaines de pauvres ? Donner à tout le monde, sans distinction, peut conduire à des abus ; mais ne donner à personne, par crainte des abus, serait un crime. Les Chartreux, placés dans cette alternative, préféraient faire l'aumône, dussent-ils parfois donner à des paresseux : l'inconvénient n'était que partiel et le bien était général.

La vie sobre des religieux profitait ainsi aux pauvres. On l'a vu, le poisson, les œufs, le riz, le beurre, les légumes et les fruits formaient la base de leur nourriture. Il n'y avait de viande que pour les hôtes, les domestiques et les ouvriers. Leur cellier recevait, à côté du clairet ordinaire et du vin de Nantes, les produits de l'Anjou et de la Gascogne ; ils avaient aussi du cidre, mais c'était principalement pour les domestiques.

La promenade commune était obligatoire une fois par semaine.

Elle avait lieu, au commencement, dans les environs du monastère, jusqu'à la distance d'une demi-lieue ; à partir de 1654 et avec l'agrément du chapitre général, elle fut plus étendue.

Jh.-M. Le Mené.

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