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CAHIER DE DOLÉANCES D'AUDIERNE EN 1789

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Subdélégation de Pont-Croix. — District de Pont-Croix, arrondissement de Quimper, canton de Pont-Croix. — La petite ville d'Audierne était une trève d'Esquibien.
POPULATION. — 1.200 habitants ; 259 feux et 1.095 habitants en 1794.
CAPITATION. — 221 cotes (3 l. et au-dessous : 137 ; au-dessus : 84). Total : 1.313 l. 14 s. 4 d., se décomposant ainsi : capitation, 896 l., 21 d. pour l. 78 l. ; milice, 119 ; casernement, 219.
VINGTIÈMES. — 645 l. 15 s. 6 d. — Vingtièmes d'industrie (Audierne et dépendances) : 50 l.
FOUAGES. — (Voir Esquibien).
CORVÉE. — Route Quimper-Audierne. 732 toises. Dist. 0 km 7. Cap. 702 l. Synd. le sieur Kerillis-Calloch. — Cette ville faisait autrefois avec l'Espagne et les autres pays étrangers un commerce de sardines et de maquereaux considérable, qui depuis quelques années est presque tout à fait tombé (OGÉE). — On y pêche sur la côte beaucoup de congres, de juliennes, de merlus ; on les sèche au soleil. Audierne expédiait en Espagne pour 30.000 livres de congres secs, on exportait jadis d’Audierne beaucoup de grains ; les bâtiments, à leur retour, étaient chargés de vins, de planches et de fer. — « Tout manque ici : Audierne est un séjour de misère et privations  ». (CAMBRY) [Cf. J. SAVINA. Audierne à la fin de l'ancien régime, dans le Bulletin de la Soc. archéol. du Finistère, 1914].

PROCÈS-VERBAL. — Assemblée électorale, le 13 avril, sous la présidence « noble maître Guillaume-Marie Verron, avocat en Parlement, résidant à Audierne, commissaire en cette partie, au défaut de juges et de juridiction exercée, ayant pour adjoint greffier Me Jacques Lannou, notaire à Pont-Croix ». — Comparants : Rullan Le Corre, Guillou, F.-M. Delécluse, C.-L. Delécluse, Lannou, Maubras, Simon Yven, Y.-L. Kerillis-Calloch, Suplé, Hervé Boetté, Botsey-Guezno, Jean Urvoix, Michel Guilcher, Yves Thomas, Jean Louarn , Alain Louarn, Jean Salaün, Henri Gargadennec, Guillaume Riou, Pierre-Corentin Lannou, Guillaume Perherin, Jean Kerloch, Henri Bellegou, Alain Jaffry, Pierre Lannou, Yves Riou, Henri Priol, Yves Priol, Guillaume Carval, M. Riou, Le Blouch, Y. Beléguic (voir la note 1 qui suit), Jean Quillivic, Yvinou, René Le Naour, Jacques Kerloch, Joseph Mauguen, Corentin Trevidic, Jean Louarn, Jean Houart, Yves Sérec, Jean Magadur, Yves Guezingar, Sébastien Cohenner, Yves Masson, Jean Penesquen, Jacques Le Floch, Guillaume Lucas, Michel Cabillic, Sinion Quemener, Pierre Le Guen, Yves Magadur, Jean Boetté, André Cosquer, J.-P. Pérennès, Guillaume Urvoix. — Députés : Botsey-Guezno (voir la note 2 qui suit), N.-F. Maubras (voir la note 3 qui suit), F.-M. Delécluse(voir la note 4 qui suit), Kerillis-Calloch (voir la note 5 qui suit).

Note 1 : Béléguic (Yves), négociant, officier municipal d'Audierne en 1790 ; administrateur du district de Pont-Croix en juillet 1790 ; figure sur la liste des notabilités départementales en l'an IX.

Note 2 : Mathieu-Claude Guezno de Botsey (1763-1839), négociant, procureur-syndic d'Audierne en 1790, membre du Directoire du département du Finistère, où il s'occupa principalement de questions financières, de 1790 à 1792. Elu député à la Convention, fut suppléant au comité de Finances, vota la mort du Roi. Représentant en mission à Rochefort, à partir du 17 Janvier 1794, puis près de Hoche à l'armée des côtes, participa activement à la pacification de La Mabilais, en avril 1795 ; membre du Conseil des Cinq-Cents jusqu’en mai 1798, il devint sous l'Empire receveur des douanes à Audierne. Exilé comme régicide en 1816, il vécut en Belgique jusqu’à la Révolution de 1830. A ce moment, il rentra à Audierne, où il fut élu conseiller municipal, le 5 novembre 1831, L’un des derniers survivants de la convention, il y mourut le 6 juillet 1839.

Note 3 : Maubras (Noël-Fidèle), né à Audierne en 1761, négociant, syndic du corps politique d’Audierne en 1788, il représenta la munipalité d’Audierne à la Fédération de Pontivy en février 1790 ; membre du Directoire du district de Pont-Croix en 1790, membre du Comité de surveillance d’Audierne en 1793, agent municipal d’Audierne en 1798, capitaine d’une compagnie franche pour la garde des côtes du Finistère en vendémiare an VIII : adjoint-maire d’Audierne sous l’Empire.

Note 4 : Delécluse (François-Marie), négociant, officier municipal, puis membre du Directoire du district de Pont-Croix en 1790, agent municipal d’Audierne de 1794 à 1798, juge de paix du canton d’Audierne en germinal an VI.

Note 5 : Kerillis-Calloc’h (Yves-Laurent), négociant et armateur, syndic du comité permanent d’Audierne en juillet 1789, membre du Directoire du district de Pont-Croix en 1790, adjoint-maire d’Audierne en 1808.

 

Résultat des délibérations des communes d'Audierne, assemblées à l'extraordinaire et convoquées selon les formes énoncées dans le procès-verbal de l'assemblée tenue, ce jour, 13 avril 1789, les dits résultats formant le cahier des plaintes, doléances et remontrances qu'elles entendent faire à Sa Majesté sur tout ce qui peut intéresser le bien de l'Etat.

L'assemblée, après avoir délibéré, a arrêté à l’unanimité :

1° — Qu’il soit donné à ses représentants aux Etats généraux des pouvoirs suffisants pour procurer à la France une constitution heureuse.

2°— Que, conformément à ce principe, ils soient chargés de demander le retour périodique des Etats généraux et que l'ordre du Tiers y soit toujours convoqué en nombre égal à celui des deux autres ordres réunis.

3° — Que Sa Majesté soit suppliée d'abolir ces distinctions humiliantes qui avilirent les communes aux derniers Etats généraux.

4° — Que l'assemblée nationale soit invitée à choisir, dès son ouverture, une manière de délibérer qui puisse balancer les intérêts respectifs des trois ordres et qu'elle soit priée de considérer que cet équilibre indispensable présente la nécessité de compter les voix par tête et non par ordre, dans tous les cas, et de délibérer en commun sur toutes matières.

5° — Que le Tiers soit admis à entrer dans tous les ordres et dans tous les corps, sans distinction, et què tous les tribunaux souverains soient, autant qu'il sera possible, composés de nobles et de roturiers en nombre égal (voir la note qui suit).

Note : Les membres du Tiers ne sont pas admis à occuper des places de magistrature au Parlement de Bretagne. Un arrêt du 2 janvier 1732 exige des nouveaux magistrats qu'ils soient issus d'ancienne extraction (Cf. SAULNIER, Le Parlement de Bretagne, pp. LIX et sqq.).

6° — Qu'il plaise à Sa Majesté de n'accorder désormais des lettres de noblesse que pour services importants rendus à la patrie (voir la note qui suit).

Note : Les parties en italiques dans les art. 2 et 6 sont empruntées aux art. 2 et 14 de Pont-Croix.

7°— Qu'elle soit suppliée de détruire un nombre infini de privilèges attachés à certaines places et qui pèsent sur la classe la plus indigente de la nation (L’art. 7 est analogue à l’art. 16 de Pont-Croix).

8°— Qu'elle soit encore suppliée de procurer la réforme des abus relatif à l'administration de la justice et de convenir avec les représentants de la nation des moyens les plus propres à simplifier les formes des procédures et à en diminuer les frais et les longueurs (Voy. l'art. 7 de Goulien).

9° — Qu'il suit rendu une loi par laquelle tous les individus de tous les ordres indistinctement seront condamnés à subir les mêmes peines pour les mêmes crimes.

10° — Qu'il soit fait, désormais, un examen rigoureux des talents et des bonnes moeurs des personnes qui se présenteront pour être promues à un office public (L'art. 10 présente de grandes analogies avec l'art. 17 de Pont-Croix).

11° — Que la police soit, à l'avenir, confiée aux municipalités et aux corps politiques, qui nommeront un commissaire pour veiller au maintien de l'ordre et des égards que se doivent les citoyens, et, si cette concession n'est pas universelle, qu'elle soit au moins donnée à toutes les villes qui n'ont aucun tribunal et qui sont éloignées de leurs juges (voir la note qui suit).

Note : Il n’y avait pas de juge à Audierne. Les brigades de maréchaussées les plus rapprochées, celles de Quimper et de Châteaulin, ne faisaient leurs tournées qu’à des intervalles très longs et très irréguliers. Le subdélégué de Pont-Croix fit de nombreures réclamations à ce sujet.

12° — Qu'on cherche les meilleurs moyens d'assurer l'exécution de toutes les lois du royaume et de ne permettre qu'aucun des sujets du monarque puisse les enfreindre impunément.

13° — Qu'on prenne une connaissance exacte de la dette de l'Etat, qu'elle soit sanctionnée et consolidée ; que le niveau dans les finances soit enfin rétabli et qu'il plaise à Sa Majesté de prendre avec la nation des mesures certaines pour y maintenir l’ordre à l’avenir.

14° — Que tous les impôts distinctifs qui grèvent le Tiers soient abolis, et notamment le franc-fief, le droit de suite de moulin, la corvée des grandes routes, les droits féodaux (voir la note qui suit), etc.

Note : Il était perçu un droit de passage en barque d'Audierne à Poulgoazec 3 d. par personne, 1 s. par cheval, 5 s. par barrique de vin, 6 d. par boisseau de grain. Ce droit appartenait au domaine royal, qui l'affermait 165 l. par an. Une barque et deux hommes étaient à la charge du fermier (Arch. d'Ille-et-Vilaine, C 2438).

15° — Art. 8 de Goulien.

16° — Que tout domanier ait désormais la liberté de planter et la propriété de la moitié des bois qu'il aura élevés ; qu’il sera tenu de désigner ses bois sur ses déclarations et qu'il pourra exploiter sa moitié, en prévenant son seigneur.

17° — Que tous les impôts qui existeront et seront créés de nouveau soient répartis également entre les trois ordres, ainsi que toutes charges publiques.

18° — Que, dans le choix des nouvelles impositions, on ait à préférer celles qui retombent directement sur les riches, ici qu'un impôt sur les chiens de chasse, sur les livrées, laquais, etc...

19° — Que les bénéfices ecclésiastiques soient d'un produit modéré ; que tous les prêtres soient pensionnés et qu'il plaise surtout à Sa Majesté de réduire les revenus des communautés excessivement rentées.

20° — Que la répartition de toutes les impositions quelconques soit à l'avenir confiée aux généraux des paroisses, qui peuvent seuls connaître la juste valeur des biens qui les environnent, leurs changements de mains et les révolutions qu'éprouvent les fortunes des contribuables (Les art. 20 et 21 présentent quelques analogies avec l'art. 4 de Pont-Croix).

21° — Que, pour parvenir à la plus juste répartition possible, chaque général soit chargé de faire un nouveau cadastre de tous les biens fonds de sa paroisse et un examen rigoureux de toutes les fortunes mobilières.

22° — Qu'il soit fait un fonds pour le soulagement des pauvres et qu'il soit, en conséquence, établi des hôpitaux publics dans toutes les villes qui en manquent (Voy. l'art. 11 de Pont-Croix. — Il n'y avait pas d'établissement d'assistance à Audierne).

23° — Que la police soit désormais chargée de veiller à ce que le canton ne soit jamais dépourvu de grain pour que le peuple puisse toujours l'obtenir à un prix modéré (voir la note qui suit).

Note : Lors des émeutes de Pont-Croix, en octobre 1788, les habitants d'Audierne avaient autorisé le chargement des blés contenus dans les greniers de leur ville. « Le 12 décembre 1788, 60 à 80 personnes partirent de Pont-Croix, au son des tambours, des claquements de fouets et soufflements de cornes, environ les sept heures du soir, pour Audierne, et cela pour inspirer et susciter les habitants d’Audierne à pousser aussi loin que ceux de Pont-Croix l'esprit d'insurrection qui les anime » (Lettre du subdélégué de Pont-Croix à l'Intendant, 22 décembre 1788). Quelques actes de violence furent commis pour empêcher les embarquements de grains. Le 20 juillet 1789, les officiers municipaux de Quimper firent remettre en liberté six citoyens d'Audierne et quelques citoyens de Pont-Croix détenus à Quimper pour avoir participé à ces troubles (Arch. municipales d’Audierne, reg. des délibérations, 26 juillet 1789).

24° — Que l'éducation publique soit surveillée et que les établissements d'écoles gratuites soient multipliés.

25° — Que le port d'armes soit désormais permis à tout honnête citoyen pour la conservation de sa personne et de ses biens (voir la note qui suit).

Note : Une ordonnance du duc de Duras, commandant en chef de la Province de Bretagne, en date du 3 mars 1769, défend aux paysans et habitants des campagnes, autres néanmoins que ceux qui en ont le droit par leur naissance ou leur emploi, de garder à l'avenir dans leurs maisons aucun fusil, pistolet, poudre ni plomb, à peine de prison et de plus grande punition, si le cas y écheoit (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 156).

26° — Qu'il soit accordé au commerce et à l'agriculture le plus d'encouragement possible.

27° — Qu’il n'y ait, désormais, dans toute l'étendue du royaume, qu'un seul et même poids pour toute espèce de denrées et qu'une seule et même mesure pour toute espèce de grains.

28° — Qu'on abolisse toutes les entraves qui gênent la circulation intérieure ; qu'il soit ordonné aux préposés des fermes, dans tous les ports, de se prêter à la promptitude des expéditions et de favoriser le commerce, dans tous les cas qui n'offriront aucune suspicion de fraude ; qu'on s'efforce, enfin, de détruire l'espèce d'opprobre attaché à la profession de commerçant.

29° — Qu'il soit ordonné aux administrateurs des postes d'établir un bureau et un buraliste pour recevoir et délivrer les lettres, paquets et argent, généralement dans toutes les villes (Audierne, Pont-Croix, Douarnenez, Pont-l'Abbé) et notamment à Audierne ou le porte-feuille se délivre et se confie au premier particulier qui se présente, confiance dangereuse parce qu'elle facilite l'interception des lettres et autres objets.

30° — Que les pêches nationales soient protégées et favorisées et que les ports utiles à la marine royale et marchande soient entretenus avec le plus grand soin.

31° — Que les députés à l'assemblée générale de la sénéchaussée aient spécialement à remontrer que le port d'Audierne mérite une attention particulière ; que son entretien intéresse essentiellement et le gouvernement et le commerce ; qu'il est situé entre les deux plus dangereux passages de le côte de Bretagne, ceux du Raz et de Penmarch, si fameux par leurs naufrages (voir la note 1 qui suit) et où ils seraient moins fréquents si le port d'Audierne était mieux soigné et mieux reconnu par l'établissement d'une tour à feu qu'on pourrait construire à son entrée (voir la note 2 qui suit) ; que la baie du même nom est, dans les malheureaux temps de la guerre, le parage ordinaire des corsaires ennemis, que les navires poursuivis n’ont d’autre refuge ni d'autre retraite que le port en question ; qu'il s'y forme une pépinière de marins et que la majeure partie de ses habitants est attachée à la marine royale et qu’à cette considération cette ville ne devrait pas être assujettie au tirage des milices garde côtes ; finalement, qu'il serait utile d'y établir une école de marine (voir la note 3 qui suit) ; qu'il existe, à l'entrée de cette ville, une superbe communauté de capucins à la veille d'être abandonnée et que cette maison vaste et spaciense, qui est dans une agréable situation, logerait commodément et les élèves et les personnes chargées de leur éducation.

Note 1 : En 1766 et 1765, les Etats de Bretagne avaient voté une somme de 4.000 l., payables en deux termes, pour les travaux d'une digue au port d'Audierne. En 1767, on avait construit 30 toises de long sur 22 pieds de largeur et 18 de hauteur. En 1768-1769, la jetée fut allongée de 15 toises en mer. Mais la subvention accordée ne fut pas suffisante, et durant l'hiver la tempête avait dégradé l'ouvrage. L'ingénieur David estima qu'il fallait une somme de 1.000 l. pour parachever la jetée. Cependant, en 1772, la Commission intermédiaire répondait à Guezno qu'il ne fallait pas espérer une subvention supplémentaire. En 1788, la communauté, par l'organe de Maubras, syndic, adressait une nouvelle supplique à l'Intendant pour le prier de faire tous ses efforts dans le but d'obtenir une somme de 6.000 l. pour parachever et consolider le môle. Les travaux purent être repris et la jetée terminée en 1791, grâce à une subvention de 12.000 l. accordés par le Conseil général du Finistère (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 2395, 4904).
Les naufrages étaient, extrêmement fréquents dans ces parages au XVIIIème siècle. Les cotes de Penmarch et du Cap-Sizun, semée d'écueils et balayées par des courants rapides, étaient particulièrement redoutées des navigateurs. De 1723 à 1791, il y eut 203 naufrages entre les pointes de Penmarch et du Raz : Côtes de Penmarch, 59 naufrages ; le Raz et île de Sein, 39 ; baie d'Audierne, entre Primelin et Tréguennec, 105 (Audierne, 22 ; Esquibien, 6 ; Phuhinec, 17 ; Plovan, 19 ; Plozévet, 15 ; Pouldreuzic, 8 ; Primelin, 5 ; Tréguennec, 7 ; Tréogat, 6) (Arch. du Finistère, B 4333 à 4401. Invent. som., t. III, pp. 13 et sqq.).
Sur les naufrages et les pillages d'épaves sur les côtes de Cornouaille au XVIIIème siècle, voy. la très intéressante étude de M. BOURDE DE LA ROGERIE, Introduction…, pp. CXVII et sqq.

Note 2 : Les « tours à feu » étaient peu nombreuses sur les côtes bretonnes. Il n'en existait aucune sur les côtes de la Cornouaille. Celle d’Ouessant, bâtie au XVIIème siècle, reconstruite en 1782, était éclairée par un feu de charbon. Le feu de Saint-Mathieu, établi sur le tour de l'abbaye, était constitué par des lampions à huile. Ces phares rudimentaires n'avaient qu'une faible portée (Cf. BOURDE DE LA ROGERIE, Introduction..., pp, XXI-XXII). Le 19 septembre 1790, l'assemblée du district de Pont-Croix, renouvelant le vœu, du cahier d'Audierne, demande la construction d'un phare à la pointe de Lervily, près d'Audierne, et l’établissement d'un mât de signaux à l'entrée de ce port (Arch. du Finistère, L 2).

Note 3 : Il y avait une école d'hydrographie à Saint-Malo depuis 1660, à Nantes depuis 1671 ; de nouvelles écoles furent créées, au XVIIIème siècle, à Morlaix, Quimper, Auray et Le Croisic (Cf. BOURDE DE LA ROGERIE, op. cit., p. XV). — Pierre-Thomas Duchesnay obtin des provisions de maîtres d’hydrographie à Quimper et prêta serment, en cette qualité, en 1739 (Arch. du Finistère, B 4268, reg. B 4273). — Le vœu d’Audierne fut réalisé sous le Révolution. Un maître d’hydrographie s’établit dans ce port ; « Il avait beaucoup d’élèves et faisait de forts écoliers » (CAMBRY, op. cit., p. 284). — Conformément aux décrets des 21 et 30 juillet 1791, une « école gratuite et publique d’hydrographie » fut établie à Audierne, le 13 décembre 1791, VAULTIER (Charles-Louis), né en 1766, professeur d’hydrographie, fut chargé de cette école, dès sa creation ; il y enseigna, jusque vers 1830 (Arch. municipales d’Audierne, reg, des délibérations, passim.).

32° — Qu'elle déclare adhérer généralement à toutes les réclamations mentionnées dans le résultat des délibérations tenues en l’Hôtel de ville de Rennes, les 22, 24, 25, 26 et 27 décembre dernier, par tout l'ordre du Tiers assemblé ; qu'elle supplie Sa Majesté de statuer favorablement sur toutes ces réclamations ou d'en soumettre la décision aux Etats généraux et de conserver, au surplus, à la province de Bretagne ses privilèges et franchises.

33° — Qu'elle déclare encore charger MM. ses députés pour l'assemblée de Quimper d'appuyer sur toutes les demandes mentionnées dans le présent cahier et surtout de faire porter dans le cahier des doléances générales les articles principaux ; de s'en rapporter, au surplus, à tout ce que MM. ses députés estimeront pouvoir contribuer au bien public, déclarant finalement que toutes ses demandes n'ont d'autre but que la felicité commune et qu'elle est disposée à faire tous les sacrifices que le salut de la nation rendra nécesaire.

Clos et arrête, en la chambre ordinaire des délibérations d'Audierne, ce jour, 13 avril 1789.

Rullan-Le Corre, Jean Urvoix Simon Yven, M. Gloaguen, Yves Cariou, Yves Thomas, René Le Carval, Jacques Sergent, Guillou (faisant pour mon père) ; Allain Jaffry, Guillaume Urvoix, Corentin Lannou, Michel-Henry Riou, Yves Calvez, Yvenou, Hervé Bœtte, Henri Gargadennec, Jean Guillou, Suplé, Pierre Lannou, Jean Mauguen, Jean Louarn, Guillaume Perherin, Pierre Squividan, Michel Guilcher, Henry Bellegou, Guillaume Riou, Jean Kerloch, Alain Guillou, Henry Priol, Guillaume Riou, Mathieu Alanou, Yves Louarn, M. Kerloch, Maubras, F.-M. Delécluse, J.–L. Kerillis-Calloch, Botsey-Guezno, Guillaume Carval, C.-L. Delécluse, Guillaume Naour, Allain Louarn, J.-Pierre Lannou, Y. Béléguic, Le Blouch, Lannou, notaire, greffier : Verron, avocat et commissaire.

 

DÉLIBÉRATION DU CORPS POLITIQUE DE LA VILLE D'AUDIERNE, 30 novembre 1788 (Arch. municipales d’Audierne, Reg. des délibérations 1788-1792, fol. 3).

Assemblée du corps politique de la ville d'Audierne, à laquelle ont assisté notables bourgeois, négociants, marchands, marins-pêcheurs, laboureurs, gens d'arts et de métiers de la ville.

Les délibérants et assistants, après avoir oui M. Maubras, syndic, qui a donné lecture des arrêtés pris par la communauté de Quimper les 13, 14 et 16 de ce mois, ont été unanimement d'avis et ont arrêté :

1° De réclamer avec la communauté de Quimper et toutes autres une plus égale répartition des impôts et une meilleure représentation de l'ordre du Tiers tant aux Etats généraux du royaume qu'aux Etats particuliers de la Province (2).

2° De prier MM. les députés de le ville de Quimper, tant en Cour qu'aux Etats prochains de la Province, de solliciter de la bonté du roi et de nos seigneurs des Etats la permission aux habitants d'Audierne de participer à la nomination de leurs représentants, tant aux Etats généraux du royaume que particuliers de la Province (voir la note qui suit), et de leur accorder, à cette fin, la liberté de députer deux de leurs habitants à l'assemblée de la communauté de Quimper, lorsquelle s'occupera de cette importante élection ;

Note : Audierne avait député aux Etats de Bretagne au XVIème siècle, à titre exceptionnel, ainsi que Douarnenez et Penmarch.

3° De charger ces derniers, lorsqu'ils seront connus, d'observer partout où besoin sera :

a) Que, pour parvenir à la meilleure composition des commissions intermédiaires, les commissaires qui les composent doivent être élus par des districts représentant un certain nombre de paroisses, et que ces élections doivent se faire sans égard pour les villes où se tiennent les bureaux qui peuvent se multiplier, si le rapprochement de leurs membres est jugé nécessaire.

b) De demander, si on obtient la suppression de la corvée en nature, qu'il y ait an rôle particulier et uniquement destiné à l'assise de l'imposition pécuniaire qui doit la remplacer ; que le produit de ce rôle soit remis par le collecteur aux mains du syndic des grands chemins, que ce dernier soit chargé de soigner exactement et sous la direction de l'ingénieur du département le travail de la tâche qui incombera à sa paroisse, d'occuper à son entretien la classe nombreuse des paroissiens indigents et de rendre à son corps politique, chaque année, un compte exact de ses opérations et de l'emploi des fonds qu'il aura reçus.

c) De représenter que les corps politiques, qui sont les seuls à portée de connaître la juste valeur des biens qui les environnent, leurs changements de mains et les révolutions qu'éprouvent les fortunes des contribuables et, qu'à toutes ces considérations, ils soient à l'avenir chargés de la confection de tous rôles quelconques.

4° Enfin, de prier MM. les députés de la ville de Quimper d'accepter la procuration du général d'Audierne, à l'effet d'agir en son nom pour le succès de toutes les réclamations énoncées ci-dessus, notamment d'assurer notre monarque du tendre amour de ses fidèles sujets d'Audierne ; de supplier Sa Majesté et Nosseigneurs des Etats de s’intéresser au sort de leur ville, de fixer une Somme quelconque au rétablissement de son port, qui court à son anéantissement et dont la destruction entraîne, par contrecoup, la ruine et la désolation générale de ses habitants, en majeure partie attachés au service de la marine et réduits à une misère excessive depuis que le commerce, en ce canton, a perdu de son activité.

Fait et arrêté en la chambre ordinaire des délibérations, le 30 novembre 1788 (voir la note qui suit). (Suivent 35 signatures).

Note : Le 25 janvier 1789, la ville d’Audierne arrêta : 1° de persister dans toutes ses délibérations du 30 novembre 1788 ; 2° d’adopter toutes les délibérations tenues en l’hôtel de ville de Rennes, du 22 au 27 décembre, d’adresser ses sincères remerciements à tous les députés et agrégés qui les ont souscrites ; 3° de prier MM. les députés du Tiers assemblés à Rennes de redoubler leurs efforts pour parvenir au redressement des griefs si énergiquement développés par eux ; 4° d'approuver généralement toutes les résolutions ultérieures qui seront prises par la pluralité des représentants du Tiers (Arch. municipales d’Audierne, reg. des délibérations, 25 janv. 1789).

(H. E. Sée).

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