Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

NOTES sur les LES d'AINDRE et AINDRETTE

  Retour page d'accueil       Retour Ville d'Indre   

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

A deux lieues au-dessous de Nantes, plantée au milieu du vieux lit de la Loire, entourée au levant, au nord et au couchant, de prairies et de terrains d'alluvion, s'élève une vaste colline rocheuse sur laquelle s'est fixée de temps immémorial une rude agglomération de marins et de pêcheurs. Par son altitude, sa population nombreuse et sa superficie, aussi bien que par son passé historique, elle mérite d'attirer l'attentibn. C'est le chef-lieu de la commune d'Aindre.

Le christianisme fut introduit dans notre contrée dès le IIIème siècle ; mais, ce ne fut que du VIème au VIIème, dit Verger. (Manuscrit de la Bibliothèque de Nantes), que l'on établit les paroisses de la rive droite de la Loire. Saint Pasquier, évêque de Nantes, sollicita de l'abbé des Fontenelles, au pays de Caux, l'envoi de quelques religieux pour fonder un monastère. Cet abbé lui envoya Hermeland accompagné d'une douzaine de moines. Ils choisirent pour retraite l'île désignée dans les vieux titres sous le nom d'Antrum, dont plus tard on fit Aindre. Grâce aux libéralités de l'évêque Pasquier et des bourgeois de Nantes, le monastère fut construit en deux ans. Seize années plus tard, saint Hermeland y fit élever deux églises sous les invocations de saint Pierre et de saint Paul.

Le 24 juin 843, le monastère fut ravagé par les Normands qui descendaient la Loire après avoir saccagé la ville de Nantes. Transportés en partie à Loches, les restes du Saint, mille ans plus tard, en 1848, ont été rendus à notre diocèse.

Budic, fils de Judicaël, comte de Nantes, en 1005, fit bâtir, près du monastère, sur le haut de la colline, un château dans lequel fut célébré, en 1026, le mariage de Judith, sa sœur, avec Alain Caignard, comte de Cornouaille (Verger). Les seuls vestiges, soit de l'abbaye, soit du château de Budic, se bornent à quelques ruines auprès du calvaire actuel. On, y a trouvé, vers 1860, des cercueils en pierres calcaires. Deux de ces cercueils, dit M. Bizeul, servaient d'auges à la porte de l'ancienne poste aux chevaux de Treillères.

Vers 1789, existait à la Basse-Aindre une très curieuse chapelle en ruine dédiée à Saint Léger. Elle fut détruite et le sol enclavé dans une propriété privée. Pour la remplacer, le prieur d'Aindre fit construire près du Calvaire, à quelques pas de l'ancienne et sous le même vocable, une nouvelle chapelle un peu plus petite (Vie de Saint Hermeland, par E.-G.-Mazeau, imp, 1848). Rappelons encore qu'à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle, c'est de Nantes que partaient ces hardis capitaines de corsaires, dignes émules de ceux de la Manche, qui ont fait payer cher aux Anglais les revers qu'infligeaient aux nôtres leurs vaisseaux de haut bord (Voir, à la Bibliothèque publique, à ce sujet, les Oubliés cors. le Chéry, par S. de la Nicollière, 1893). Le Chéry, de 600 tonneaux, armé de 20 canons, ayant rencontré de nuit, le 5 janvier 1798, la frégate anglaise la Pomone, de 40 bouches à feu, qui, semblait fuir devant lui, engagea le combat. Son commandant Chassin, capitaine de frégate, ayant eu dès le commencement de l'engagement la poitrine traversée par un biscayen, fut remplacé par le deuxième capitaine, Isaac Boquein, de la Basse-Indre, qui ne consentit à se rendre qu'au moment où le navire, désemparé, les poudres noyées, sa mâture abattue, coulait bas. Nous avons connu, dans sa verte vieillesse, vers 1850, ce vaillant officier dont la belle tête martiale exprimait une mâle et calme énergie. Au nombre de ses lieutenants figuraient Pierre-Jean Praud de la Nicollière, père de notre vénérable ancien président, et Pierre de Veillechèze, notre aïeul (archives privées).

En face d'Aindre, à la gauche du cours de la Loire, existe une île plus petite, portant primitivement le nom d'Antricinum, changé plus tard en celui d'Aindrette. En 1427, elle faisait partie du domaine ducal. Avec le roi de France, Henri II, dernier duc de Bretagne, Aindrette fut englobé dans le domaine royal. Henri III la donna à son beau-frère, Philippe Emmanuel, duc de Mercœur, qui, par son mariage avec Marie de Penthièvre, avait des prétentions au Duché de Bretagne dont il avait été nommé gouverneur en 1582. Ce prince, en 1594, fit, sur un plateau de rochers situé au centre de l’île, élever, à la place de constructions plus anciennes, un château qui existe encore. On raconte que, lorsqu'il y séjournait, il aimait à aller méditer dans le petit hermitage qui s'est conservé jusqu'à ce jour à l'extrémité occidentale et qui, au commencement du VIIIème siècle, à en croire la tradition, servit de retraite à Saint Hermeland. Les ennemis du duc, au fait de ses habitudes, auraient, en 1597, projeté de s'emparer de sa personne en ce lieu qu'il affectionnait. Mais, prévenu à temps, il déjoua leur projet.

La petite chapelle, consacrée à des usages profanes pendant la Révolution, a été rendue au culte par l'Administration de la marine en 1845 (Vie de Saint Hermeland déjà citée).

Plus tard, en 1642, l'île d'Aindrette appartenait à Louis du Plessier, Sgr de Genonville, en Vüe. Le Roi l'échangea avec lui contre le fief du Pont-en-Vertais et la prairie de Biesse situés dans la banlieue sud de Nantes (Vie de Saint Hermeland, f° 110, et Et. de Cornulier, dict. des terres et jurid. de l'ancien comté Nantais). Ce Louis du Plessier, par le mariage de sa fille Françoise, le 24 septembre 1603, avec Pierre de Cornulier Lucinière, était un aïeul en ligne maternelle, de l'amiral de Cornulier, maire de Nantes en 1874, et de son fils, le général de division comte de Cornulier Lucinière.

En 1778, le célébre Lieutenant Général de Police, Gabriel de Sartine, devenu Ministre de la Marine, établit à Indret une fonderie de canons qui fut transférée à Lorient en 1828, C'est aujourd'hui l'établissement national d'Indret dont le vieux château de Mercœur abrie l'état-major (Vie de Saint Hermeland).

LÉGENDE DE SAINT HERMELAND.

D'une puissante famille de Nimègue, à en croire les uns, de la ville de Noyon, selon d'autres, celui qui devint Saint Hermeland fut de bonne heure placé à la cour d'un roi de Neustrie, descendant de Clovis. Séduit par sa solide instruction et par sa bonne grâce, le prince se, prit pour lui d'une vive et profonde affection. Frappé de son penchant à l'isolement, il le fit chevalier, le nomma son échanson et voulut l'unir à une dame jeune et belle, fille d'un de ses conseillers, espérant ainsi le retenir près de lui.

« Mais, l'amour de Dieu qui avait embrasé son cœur ne put être estouffé par ces offices lesquels ne le surent divertir de sa première résolution ni induire à condescendre à un party si avantageux. Il pressa tant et si souvent importuna le roy qu'enfin il en obtint son congé et le remerciant, ostant son collier d'or et déceignant son espée, les posa à ses pieds, sortit de la cour et alla droit se rendre au monastère de Fontenelle en Neustrie. S'étant jeté aux pieds de l'abbé Lombard, il postula l'habit de St-Benoist lequel peu après, il reçut au grand contentement des autres moynes quise promettaient quelque chose de grand de ce nouveau religieux.

En ce temps là, étoit évêque de Nantes un Sainct personnage nommqé Pasquer qui envoya vers Lambert, abbé de Fontenelle, luy demander Hermeland et quelques autres de ses compagnons pour peupler un monastère, qu'il vouloit bâtir en son diocèse. Le bon abbé ayant lu la lettre de l'évêque en loua Dieu et en conféra avec ses religieux tous lesquels, bien qu'il leur fascha de se défaire d'Hermeland, y consentirent et luy nommèrent douze autres moynes pour aller avec luy, lesquels ayant pris la bénédiction de l'abbé, se rendirent à Nantes où St-Pasquier vint au devant d'eux suivy de son clergé et de tout le peuple, Sainct-Pasquier les logea dans son manoir épiscopal.

Le lendemain, les saincts Pasquier et Hermeland s'embarquèrent dans un bateau que l'évêque avoit fait équiper au port de la Fosse de Nantes et ayant fait prière à Dieu, ils levèrent la voile, dévalèrent la rivière de Loyre et furent portés à la rade d'une isle appelée Aindre qui est une des plus belles de cette rivière, près de laquelle il y avait une autre isle nommée Aindrette en laquelle se trouvait, autrefois, une chapelle de Saint-Martin, Le bateau, arrivé à la rade d'Aindre, s'arrêta tout court, ce qui fit connaître aux saincts que c'étoit le lieu qu'ils devoient choisir. Après l'avoir visité, ils retournèrent à Nantes et ayant tracé le plan futur du bâtiment, les ouvriers furent appelés de toute part. Sainct Hermeland ayant amassé en ce lieu un grand nombre de religieux, menoit une vie plus d'ange que d'homme, de sorte que l'odeur de ses rares vertus s'espandit non seulement par la Bretagne, mais encore par toutes les provinces circonvoisines.

Allant, une fois, par pays, il fit rencontre d'un Comte Breton nommé Arnauld, homme meschant et vicieux. Le sainct abbé le salua et puis le reprimanda doulcement, luy remonstrant l'énormité de ses vices. Déja les satellites mettoient la main à l'espée n'attendant que le commandement de leur maistre pour courrir sus au sainct et à ses confrères. Mais Dieu touscha tellement Arnauld qu'il l'escouta patiemment, le remercia et luy promit de s'amander, le suppliant de prier pour luy et descendant de cheval, fit tirer une bouteille de vin que ses gens portoient et pria le saint de boire à sa santé. Mais, quand ce vint à verser, il ne s'y trouva qu'une petite goutte. Le Comte rougit de honte ; mais, Sainct-Hermeland ayant fait le signe de la croix sur la bouteille, elle se trouva si pleine qu'elle versa sur les mains et manchettes du Comte qui but de ce vin comme aussy toute sa suite qui estoit de six hommes, Sainct-Hermeland et ses moynes et, après, se trouva pleine encore. Ce que voyant le Comte, il s'agenouilla devant le sainct abbé et ayant reçu sa bénédiction, poursuivit son chemin. En mémoire de ce miracle, cette bouteille fut recherchée et rendue au monastère d'Aindre et se montroit aux pélerins qui y alloient par dévotion.

Un caresme, un de moynes se promenant avec luy sur le bord de la rivière, luy récita qu'un bourgeoys de Nantes avoit depuis peu pris une lamproye d'excessive grandeur. Pensez-vous pas, respondit-il, que s'il plaisoit à N. S. il ne nous en donneroit pas une aussy belle ? Il n'eût pas plus tôt achevé, qu'une lamproye nageant à fleur d'eau se vint rendre à eux, laquelle ils coupèrent en trois et en enyoyèrent 2 parts au monastère, retenant pour eux la troisième.

Se voyant déjà caduc et penchant vers le tombeau, il se retira, dit dom Lobineau, en solitude à Aindrette pour éviter les saluades et visites des pèlerins tant estrangers que Nantois. Sentant sa fin approcher, il estandit modestement son corps usé de vieillesse et d'austéritez et, recommandant son esprit à Dieu, il expira tranquillement, sans douleur, au milieu de ses frères à un âge très avancé, en l'an 720.

Il fut ensevely au cimetière commun des religieux. Saint-Hermeland apparut à l'un deux nommé Sadracunte et de la lumière qui l'environnoit esclaira toute la chambre, lui révélant toute la gloire de laquelle il jouissoit au ciel. Il lui commanda de dire à l'abbé David qu'il levast son corps du lieu où il estoit et le fit honorablement ensevelir en l'église et monastère, près le maistre-autel, puis disparut. Le moyne Sadracunte récita cette apparition à son abbé; lequel assigna jour pour faire faire cette translation, auquel il leva ce sainct corps et le porta en l'église de Saint-Pierre d'Aindre où il fut révéré d'une grande multitude de peuple qui s'estoit trouvé à cette solennité et qui fut recréée d'une souëfve odeur qui sortit de ce sainct corps et, durant trois jours, parfuma toute l'église ».

(Voir le rapport de M. Stne de la Nicollière sur une pierre tombale du VIIIème siècle, de l'abbé d'Aindre. L'auteur de ce rapport croit, avec une très grande probabilité, que le tombeau qui recouvrait cette curieuse dalle funéraire était celui du moine Sadracunte, ou mieux Sadrovertus, ami et disciple de Saint Hermeland. Ce précieux spécimen de l'art sous la première race est, aujourd'hui, l'un des plus importants monuments déposés au Musée archéologique de Nantes).

Les historiens de Saint Hermeland ne sont pas d'accord sur la date de sa naissance et de son décès. D'après la biographie très curieuse, mais sans nom d'auteur, publiée chez Mazeau, à Nantes, en 1848, il serait né entre 640 et 645, et, d'accord avec dom Lobineau, décédé vers 720 (biographie f° 129). Ce qu'il y a de certain c'est que Saint Hermeland a laissé, de son séjour en notre contrée, un souvenir impérissable. A la Basse-Aindre, on retrouve sur la partie supérieure de la colline, de rares vestiges de son monastère détruit par les Normands. A Indret existe encore, à l'extrémité occidentale de l’île, le petit l'ermitage où il s'était retiré à la fin de sa vie. Il est le patron de six paroisses dans notre diocèse : Aindre, Aindrette, Bonaye, Guenrouët, Saint-Herblain et Saint-Herblon. Enfin, dans la Basse-Loire, son nom est donné au baptême à nombre d'enfants de pêcheurs, de marins et de cultivateurs.

L'église de Nantes célèbre sa fête le vingt-cinquième jour de novembre.

Les quelques brèves notes concernant les lieux témoins de la vie et des travaux apostoliques de Saint Hermeland pourront, nous l'espérons, intéresser le lecteur et tenir lieu de modeste cadre à la curieuse légende que nous ont transmise nos vieux chroniqueurs. Elle remonte à tant de siècles que, fut-elle entachée de quelques erreurs, elle n'en demeurerait pas moins captivante. Il en est souvent des veilles légendes comme des récits de vieilles gens.

(A. de Veillechèze).

© Copyright - Tous droits réservés.