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ABBAYE DE SAINT-SAUVEUR

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Abbaye de Saint-Sauveur - Redon

Ratuili, possesseur des "plous" de Bains et de Sixt, donne en 832 à saint Convoyon ou Conwoïon, moine bénédictin et archidiacre de Vannes, natif de Comblessac, le lieu de Roton (Redon) pour y établir un monastère. L'établissement définitif de cette abbaye (abbatia Sancti Salvatoris Rotonensis) date de l'an 832 : il est fondé pour 20 religieux, et l'abbé jouit alors d'un revenu de 12 000 francs. La donation est ratifiée en 834 par Nominoë, premier roi de Bretagne et par Louis Le Débonnaire. L'abbaye est placée dès 834, sous la règle de Saint-Benoît. La création de l'abbaye est confirmée par Nominoë en 834 et par l'Empereur Louis Le Pieux en 836. L'abbaye est pillée par les Normands vers 864 ; les bénédictins se retirent alors à Maxent où meurt Conwoïon en 868. Relevant du Saint-Siége à partir de 1040, l'abbaye va subir les exactions de Mauclerc puis de la guerre de Succession. C'est à Saint-Sauveur de Redon qu'abdique en 1112 le duc Alain Fergent en faveur de son fils. Admis parmi les bénédictins, Alain Fergent y demeure jusqu'à sa mort en 1119. Le dernier abbé régulier meurt en 1467. Le cardinal Richelieu en est l'abbé comandataire de 1622 à 1642 et y introduit la Congrégation de Saint-Maur. L'abbaye est supprimée pendant la Révolution. L'église est détruite en 1784 par un incendie qui épargne seulement le choeur. Elle a été depuis reconstruite, mais sur un plan beaucoup moins étendu que l'ancien, ce qui fait que le clocher est maintenant éloigné de la nef d'une distance de cinquante pieds. Cette église est aujourd'hui celle de la paroisse. Les Eudistes achètent les bâtiments de l'abbaye en 1838 et y établissent un Collège en 1839. 

L'église Saint-Sauveur (XIème - XVIIIème siècle) est édifiée à l'initiative d'Alain IV Fergent, duc de Bretagne (de 1084 à 1112) et de l'Abbé Hervé. Le clocher roman date du XIIème siècle. Le chevet date du XIII-XIVème siècle. La façade occidentale date de 1786-1992. La nef date du XI-XVIIIème siècle. Le chœur gothique date du XIIIème siècle. Le déambulatoire date du XIVème siècle. Les fonds baptismaux datent du XVII-XXème siècle. Le maître-autel et le retable majeur datent de 1634 - 1636 - XVIIIème et XIXème siècles. L'autel et le retable du Sacré-Cœur datent du XVIIème siècle. Le reliquaire du Pape Léon III date du XVIII-XIXème siècle. La tour gothique isolée date du XIVème siècle. L'autel Jeanne d'Arc date de 1920. La chapelle aux ducs et la chapelle Saint-Roch datent du XIVème siècle. On y trouve l'enfeu de Raoul de Pontbriand (XVème siècle), abbé de Redon de 1419 à 1422. 

Saint Convoion ou Saint Conwoïon, diacre de l'église de Vannes, jette les fondements de cette abbaye en 823. Il est né à Comblessac dans le même diocèse, et il est élevé au sacerdoce par l'évêque Renier. Rempli de la grâce, il se retire dans la forêt de Redon avec quelques personnages plein de piété. Autorisé par Ratuili, seigneur du lieu, et par Nominoë, lieutenant de l'empereur Louis le Débonnaire, il édifie quelques cellules et un oratoire qu'il dédie au Sauveur du monde. Un religieux de Saint-Maur-sur-Loire se joint aux nouveaux habitants du désert, et leur apprend pendant deux ans à pratiquer la règle de saint Benoît. Convoion voyant que le Ciel avait approuvé son établissement, le fait confirmer par l'empereur Louis le Débonnaire, alors maître de la Bretagne, et de nombreux donations ne tardent pas à enrichir son monastère. Le clergé d'Angers lui donne le corps de saint Apothème, évêque de cette église. Il obtient en 847, du Pape Léon IV, le corps de saint Marcellin, pape et martyr. D'autres églises lui cèdent les corps de saint Maloir, martyr, et de saint Benoît, ermite de Macerac. L'acquisition de ces trésors le console beaucoup des persécutions que le démon lui avait suscitées dès le commencement de sa retraite, mais elle ne le met pas à couvert de la fureur des Normands. Après avoir souffert plusieurs insultes de la part de ces barbares, il est obligé d'abandonner son monastère et de se retirer avec, ses religieux au château de Plélan. La guerre se prolongeant, il construit dans ce lieu un nouveau monastère, et confie le soin de celui de Redon à Ricand, son disciple. Dégagé d'une partie du gouvernement, il ne s'occupe plus que de Dieu, à qui il rend son esprit le 5 janvier 868. Son corps est inhumé à Plélan, puis il est ensuite transporté à Redon. Ricand ou Ritcand est chargé de l'administration de Redon, tandis que saint Convoion termine sa carrière à Plélan. Après la mort de ce saint homme, il obtient du roi Salomon que les abbés de Redon soient élus par la communauté, conformément à la règle de saint Benoît. Salomon lui soumet le monastère de Plélan en 869, et veut que ce dernier soit appelé le monastère de Salomon. Il le comble de présents dignes de sa magnificence, entre autres des reliques de saint Maixent et de saint Léon, pape. Ricand décède en 871. Liosic est élu, en 871, en vertu du privilège accordé par Salomon à son monastère. Il obtient de Gurvant, comte de Rennes, et de Pasquiten, comte de Vannes, la moitié de la seigneurie de Plechâtel. Son prédécesseur est gratifié de l'autre moitié par le roi Salomon. Roenvallon est indiqué comme abbé de Redon dans une donation faite à cette abbaye, par le comte Pasquiten, le 19 juin 876. Libère ou Livers, fils de Ratuili, premier bienfaiteur de l'abbaye, la gouverne de l'an 877 jusqu'en 888. Il assiste au couronnement du duc Alain le Grand, fait en l'église d'Allaire, en 878, par Armengaud, évêque de Nantes. Après cette cérémonie, le duc donne à l'église de Saint-Sauveur de Redon, le bourg d'Ardon dans l'île de Rhuis. Fulchric succède à Livers en 888. C'est de son temps que Quérak, fils du duc Alain le Grand, tombe malade au bourg d'Allaire. Le duc, sensiblement affligé du danger où se trouvait son fils, le fait transporter à l'église de Saint-Sauveur de Redon, et le recommande aux prières des religieux. Tandis qu'ils sont en prières, une sueur abondante sort du corps de l'enfant, ses douleurs se dissipent et il se trouve parfaitement guéri. Le duc, en reconnaissance de cette guérison, fait présent au Sauveur du monde de son domaine de Macerac, le 8 novembre 888. Ritvald donne l'habit monastique à Retwalart, son frère. Catluiant est contemporain de Gurmaillon, comte de Bretagne, et de Bili, évêque de Vannes, qui lui donne la paroisse de Guipré. Adémar, frère de Haimon, vicomte de Poitou, est abbé de Redon, lorsque l'on rend aux Poitevins le corps de saint Maixent, qu'ils avaient apporté en Bretagne pour le préserver de la fureur des Normands. Cette restitution est faite en 924. Bernard vit sous le règne du duc Alain Barbetorte. Héroic, médecin de profession, est accusé, en 982, d'avoir empoisonné Guerech, comte de Nantes, pour favoriser Conan, comte de Rennes. Il y a pas de preuve que Héroic ait été abbé, mais il pouvait être religieux et médecin. Thibaud succède à Héroic avant l'an 992, et meurt au commencement du siècle suivant. Mainard gouverne les abbayes de Redon et du Mont-Saint-Michel, sous le règne du duc Geoffroi Ier. Ce prince lui donne l'île de Guadel ou de Belle-Ile, dont il confie l'administration à Catuallon, qui est son successeur. Le duc Alain III affranchit à sa considération tous les biens de l'abbaye de Redon, et les exempte des rentes dont elles étaient redevables au domaine. Mainard quitte l'abbaye de Redon quelques mois avant sa mort, et se retire au Mont-Saint-Michel, où il décède en 1009. Catuallon, frère du duc Geoffroi Ier, et oncle du duc Alain, est nommé pour ces raisons abbé sérénissime dans une charte de son monastère. Il est d'abord chargé de l'administration de l'île de Guadel, où il assemble plusieurs religieux pour célébrer les offices divins, avant de prendre la place de l'abbé Mainard. Cette élection donne un grand relief à la communauté de Redon, et lui procure de grands biens pendant que Catuallon vit. Judicaël, évêque de Vannes, son frère, lui rend la juridiction épiscopale que Susan et Courantgen, ses prédécesseurs, avaient donnée à Redon, mais dont l'exercice avait été interrompu par les guerres des Normands. Il souscrit la fondation de l'abbaye de Saint-Gildas-des-Bois en 1026, et fournit des religieux pour ce nouvel établissement. Il fait la même chose en 1029 pour le monastère que le comte Alain Cagnart fonde à Quimperlé. La Chronique de cette abbaye indique que l'abbé décède en l'an 1041, mais il semble que l'auteur s'est trompé, puisque le Pape Léon IX lui adresse une bulle vers l'an 1050. Il est probable qu'il se démet et qu'il meurt qu'en 1050. Le nécrologe du Ronceray en assigne le jour au 15 janvier. Hogonnan ne nous est connu que par la Chronique de Quimperlé. Il ratifie l'association faite par Catuallon entre son monastère et celui de Sainte-Croix de Quimperlé. Perennès augmente considérablement les revenus de son abbaye par les donations qu'il reçoit. Josselin, fils de Guethenoc, vicomte de Porhoët, fonde de son temps le prieuré de Sainte-Croix de Josselin. Raoul, seigneur de Montautour, lui donne la terre de ce nom en 1047, et Harscoët, seigneur de Rais, fonde l'abbaye de La Chaume qu'il soumet à celle de Redon. C'est aussi sous le même règne que sont fondés les prieurés de Her et de Notre-Dame de Paimboeuf : le premier, par Rodulphe, seigneur de Pèlerin, et le second, par Glevian, prince de Bécon. Perennès meurt le 21 mai 1060, suivant les nécrologes de Quimperlé et de Landévennec. Almod marche sur les traces de ses prédécesseurs et en reçoit la récompense dès son vivant. Il fait confirmer en 1062, par Quiriace, évêque de Nantes, toutes les donations faites à son abbaye dans ce diocèse. Mais il se brouille par la suite avec ce prélat pour les immunités de son église. Quiriace fait tous ses efforts pour les anéantir, et Almod ne néglige rien pour soutenir les droits de sa maison. N'ayant pu en venir à bout, il porte ses plaintes contre le prélat, à Etienne Corticole, légat du saint Siége en France. Etienne se transporte à Nantes dans l'espérance de pacifier les troubles, mais il n'y réussit pas. Il évoque l'affaire à Rome : elle y est examinée, en 1075, en présence du Pape, du légat Corticole, de plusieurs archevêques, évêques et abbés. Parmi ces derniers se trouve Almod, abbé de Redon. Ce dernier sait si bien plaider sa cause, qu'il fait déposer Quiriace de son siége. Quiriace, ayant appris cette nouvelle, cède au jugement, et sa soumission lui vaut son rétablissement. On ignore l'année et le jour de la mort de l'abbé Almod. Bili gouverne l'abbaye en 1084. Les seigneurs de Châteaubourg lui donnent cette même année la dîme de leurs moulins. Sa mort est marquée au 28 octobre dans le nécrologe de Landévennec. Robert est indiqué comme abbé de Redon dans des actes datés de 1086 et 1091. Il a un grand différend avec les chapelains du duc Alain Fergent, qui prétendent officier dans son église et avoir les offrandes des fidèles, lorsque le duc est présent. Mais ils sont déboutés de leurs prétentions par sentence des évêques de Rennes et de Vannes, à qui le duc défèrent la décision de cette affaire. Justin assiste en 1092 aux obsèques d'Emme de Léon, vicomtesse de Porhoët, faites dans l'église de Sainte-Croix de Josselin par Morvan, évêque de Vannes. L'année suivante, il règle avec le même prélat l'exercice de la juridiction épiscopale qu'il a sur ses vassaux. Il reçoit en 1100 la fondation du prieuré de Frossai, diocèse de Nantes, faite par un clerc nommé Urvod, qui embrasse l'état religieux, et en 1101 celle du prieuré de Lohéac. Ce dernier a été fondé par Gautier, seigneur de Lohéac, en l'honneur d'une portion de la vraie croix qui lui avait été apportée de la Terre-Sainte par Simon de Ludron. Pour conserver ce précieux instrument de notre rédemption, Gautier fait bâtir une église qui est consacrée le 29 juin 1101 par Judicaël, évêque de Saint-Malo. La consécration finie, Judicaël transporte solennellement le reliquaire dans la nouvelle église. Guillaume, abbé de Saint-Méen, le fameux Robert d'Arbrissel, avec ses compagnons et une foule de peuple, assistent à cette pieuse cérémonie. Gautier dote ensuite son église de revenus convenables pour 'entretien des religieux qui la desserviraient. L'abbé Justin, qui est un des principaux promoteurs de cette fondation, souscrit en 1105 à celle des chanoines réguliers de Saint-Médard de Doulon. On ne connaît pas l'année de sa mort. Gautier est assez heureux pour gagner les bonnes grâces du duc Alain Fergent, et pour faire exempter ses vassaux d'Avezac, de Marsac et de Macerac des contributions et des corvées que ce prince exigeait dans le pays pour la construction du château de Blain. Les lettres qu'il obtient à cet effet sont datées de l'an 1108. Il meurt le 10 novembre, suivant le nécrologe de Landévennec. Hervé a la satisfaction de recevoir à la pénitence celui qui depuis longtemps était le persécuteur de son abbaye. C'est le duc Alain Fergent, qui avait beaucoup vexé les vassaux de Redon, pour la construction du château de Blain. Touché de Dieu, il se démet de ses Etats en 1112, et se retire au monastère de Redon, où il termine ses jours en 1119. Dès les premiers jours de sa conversion, il répare le tort qu'il avait fait à quelques vassaux de l'abbaye, en les exemptant de tailles qu'il leur avait imposées. Soutenu de la protection de ce prince, Hervé prend possession en 1117 de l'Ile de Guadel, qui avait été donnée à son monastère par le duc Geoffroi, mais que le comte Alain Cagnart avait revendiquée comme une portion de son patrimoine, et cédée aux religieux de Quimperlé. Ces derniers ne se sentant pas assez forts pour résister à un si puissant adversaire, portent leur plainte à Gérard, évêque d'Angoulême et légat du saint Siège en France. Gérard condamne l'abbé de Redon à rendre dans un mois ce qu'il avait pris injustement, sous peine d'interdit et d'excommunication. L'abbé, n'ayant point exécuté la sentence, subit les censures qui y étaient portées. On ne sait pas ce qu'il avait fait pour mériter l'absolution; mais il ne renonce pas entièrement à ses prétentions sur Belle-Ile, comme on le voit dans la suite. Il rend en 1119 les derniers devoirs au duc Alain Fergent, qui est inhumé dans son église par Baldric, archevêque de Dol, assisté de Marbode, évêque de Rennes, de Brice, évêque de Nantes, de Jacques, évêque de Léon, et autres prélats. Après la mort d'Alain Fergent, Olivier de Pontchâteau, Savari, vicomte de Donges, et plusieurs autres seigneurs de leurs amis, font du dégât sur les terres de l'abbaye de Redon, enlèvent ses vassaux et les rançonnent. L'abbé se plaint auprès du duc Conan III, qui ne tarde pas à venir à son secours. Les seigneurs, avertis de la marche du duc, s'enferment dans l'église de Redon. Le duc les force dans leur retraite, et fait enfermer dans la tour de Nantes les chefs de ce brigandage avec quelques-uns de leurs complices. Pour réparer les profanations commises dans le sanctuaire, l'abbé Hervé fait le voyage de Rome en 1126 et présente au pape une lettre du duc qui prit Sa Sainteté de remédier aux désordres qui règnent en Bretagne, surtout dans le territoire de Redon soumis au saint Siège. Le pape donne commission à Gérard, évêque d'Angoulême, son légat, et à Hildebert, archevêque de Tours, d'assembler un concile en Bretagne, et d'inciter les évêques à se servir de toute l'autorité de leur ministère contre les usurpateurs des biens ecclésiastiques. Il permet aussi à l'abbé Hervé de faire réconcilier son église par tel prélat que bon lui semble. L'abbé, étant de retour à son monastère, dispose toutes choses pour la réconciliation de son église. Elle est faite le 25 octobre 1127, jour de la première dédicace, par Hildebert, archevêque de Tours, assisté de Guy, évêque du Mans, de Hamelin, évêque de Rennes, de Donoal, évêque d'Aleth, de Galon, évêque de Léon, de Robert, évêque de Quimper, et de plusieurs abbés et seigneurs. Le lendemain, Olivier de Pontchâteau, que le duc a mis en liberté, offre au Sauveur du monde et à son église de Redon la terre de Ballac. La prison ne l'avait point rendu plus sage et ses inclinations étaient toujours les mêmes. Sollicité par ses amis qui aimaient le désordre, il ravage encore les terres de l'abbaye en 1131, et consomme en débauches tout son butin. Les religieux le citent en justice et obtiennent une sentence contre lui, mais il s'en moque. Insensible à toutes les remontrances, il est excommunié par Brice, évêque de Nantes. Ce dernier coup l'étonne et le réduit à la raison. Pour réparer les dommages qu'il avait faits à l'abbaye, il lui donne la terre de Brengoen. On ne sait pas l'année de la mort de Hervé, sous l'administration duquel ces événements arrivent, mais il vit encore en 1133. Guillaume tient le siège abbatial en 1140, suivant une transaction passée entre quelques-uns de ses religieux et les seigneurs d'Armaillé. Yves, prieur claustral de Redon, succède à l'abbé Guillaume et juge, l'an 1144, le différend qu'Alfred du Valarblez et ses partisans ont avec Hervé de Sion. Il obtient du pape Eugène IV, en 1147, la confirmation de tous les privilèges de son monastère. En 1148, il rend les derniers devoirs à la duchesse Hermengarde, et l'enterre à côté du duc Alain Fergent, son époux. On croit qu'il vit jusqu'en 1158.  Silvestre souscrit à la donation du "droit de bouteillage" dans le port de Vannes, faite en l'an 1164 aux Bénédictins de Saint-Martin de Josselin par Eudon, comte de Porhoët, et Alain, vicomte de Rohan, son cousin. Il meurt en 1169, selon les Mémoires de Du Paz. Vivien souscrit à une transaction passée en 1187 entre Pierre, évêque de Saint-Malo, et les religieux de Marmoutier, touchant les églises que ces derniers possédaient dans le diocèse de Saint-Malo. Après la mort de Vivien, la communauté s'assemble et élit le sujet qui lui paraît le plus propre pour la gouverner. L'élu va trouver Guethenoc, évêque de Vannes, pour lui demander la bénédiction, mais Guethenoc ne veut point lui la donner, à moins qu'il ne lui fait serment de fidélité et d'obéissance. L'élu refuse de faire ce serment et s'en démet de son droit. La communauté, assemblée une seconde fois, élit Jean qui, n'ayant pu gagner l'évêque, se pourvoit à Rome. Le pape Innocent III, sans annuler ni approuver l'élection, ordonne que les parties mettent leurs raisons par écrit et produisent leurs titres. Cette ordonnance était juste ; mais elle ne pouvait s'exécuter sans des dépenses considérables. Pour les éviter, les parties choisissent pour arbitres de leur différend Geoffroi, évêque de Nantes, et Pierre, évêque de Saint-Brieuc. Les arbitres, après avoir examiné les raisons alléguées de part et d'autre, reconnaissent en 1208 que l'abbaye est soumise au saint Siège, et néanmoins ils accordent à l'évêque de Vannes la juridiction sur six paroisses qui en dépendaient. Cette sentence est confirmée par le pape Innocent III en 1210, mais la paix qu'elle produit n'est pas de longue durée. Guethenoc suscite un nouveau procès au monastère par rapport aux amendes qui appartiennent au "for ecclésiastique". Cette affaire ayant été portée à Rome, le pape Honoré III commet l'évêque de Saint-Brieuc et l'archidiacre de Rennes pour la terminer. La sentence rendue par ces deux commissaires adjuge au monastère la troisième partie des amendes dont il avait joui jusqu'alors. Ces chicanes terminées, le duc Pierre Mauclerc en suscite de plus funestes à l'abbaye. Résolu de renverser tout ce qu'on appelait droits, privilèges et immunités ecclésiastiques, il s'empare non seulement des droits de l'abbaye de Redon, mais encore de ses revenus. Insatiable de biens, il traite de la même manière presque toutes les églises du pays. Le clergé de Bretagne en porte ses plaintes au pape, qui excommunie Mauclerc, et met tout son duché en interdit. Ce jugement ne sert qu'à irriter Mauclerc et à exciter son avidité. Maître des droits ecclésiastiques, il cherche à s'emparer de ceux de ses barons. Ces derniers, soutenus de l'autorité du roi saint Louis, forcent Mauclerc en 1137 à remettre le duché à Jean de Bretagne, son fils. Pour réparer le mal qu'il avait fait, il prend la croix et fait le voyage de la Terre-Sainte. Au milieu de tous ces désordres, Cadioc, évêque de Vannes, renouvelle toutes les chicanes que Guethenoc son prédécesseur avait faites à l'abbaye de Redon, mais obligé de défendre les droits de son église contre le duc, il fait une trêve de quinze ans avec l'abbé et les religieux. Le traité est passé au pays de Rais en 1157. Le nouveau duc est d'un caractère plus doux et plus modéré que son père, mais il n'est pas moins adroit à augmenter ses revenus. Ce qu'il ne croit pas pouvoir faire par lui-même, il le fait exécuter par d'autres, qu'il lui est libre de désavouer. Ses officiers pillent encore le monastère de Redon, enlèvent les ornements de l'église, s'emparent d'une partie de ses revenus, et obligent les religieux à abandonner leur maison. On ne sait pas quel est le lieu de leur retraite, mais ils sont encore fugitifs en 1253. Le pape Innocent IV leur écrit, cette même année, une lettre dans laquelle il déclare qu'on ne peut les forcer pendant leur exil à pourvoir aucune des églises ou aucun des bénéfices qui dépendent de leur abbaye. Enfin, la tranquillité ayant été rétablie en 1256 par l'intervention du pape Alexandre IV, les religieux fugitifs retournent à leur maison, et s'appliquent à réparer les pertes qu'ils avaient faites. Le monastère de Redon se trouve dans une si grande désolation, qu'il faut le rebâtir entièrement, les anciens bâtiments n'étant pas en état d'être réparés. Les religieux en viennent à bout avec le secours des maisons qui leur sont associées, des aumônes des fidèles, des restitutions que la crainte des censures leur procure, et par la libéralité de la comtesse Agnès, qui leur fait présent, entre-autres choses, d'un crucifix d'argent, qui est peut-être le même que l'on voit encore au maître-autel au XVIIIème siècle. Les titres de l'abbaye ne nous fournissent que le nom d'un abbé depuis l'an 1187 jusqu'en 1288. Pour suppléer à ce défaut, nous insérons ici les noms de quelques abbés qui se trouvent dans le nécrologe de la maison. Il est à souhaiter que l'auteur de cet ouvrage ait marqué l'année de leur mort, mais il est tombé dans une faute ordinaire à tous les compositeurs de martyrologes, de nécrologes et d'obituaires. Jean souscrit en 1210 à un acte de restitution faite à l'abbaye de Blanche-Couronne par Eudon, seigneur de Pontchâteau. Il semble que se soit le même qui eut tant de différends avec Guethenoc, évêque de Vanne, pour l'exemption de son abbaye. Daniel meurt le 11 septembre, suivant l'obituaire de son abbaye. Henri de Rigoer meurt dans le mois d'octobre, selon le même obituaire. Robert Bisel meurt au mois de mars, suivant le même obituaire. Jean de Guipri transige en 1288 avec Guillaume, sire de Rieux, pour les réparations d'une porte de la ville de Redon, appelée la porte Redonnaise. Il meurt le 12 février 1307, et il est inhumé dans son église avec une épitaphe. Voici cette épitaphe : "Mille datis annis centum ter et ... Joannis Funere patroni plebs doluit Rotoni. Simplex, pacificus, humilis, facundus, honestus. Justus, munificus, mitis, honorificus.". Olivier de Berno fait un nouveau traité en 1332 avec l'évêque de Vannes, qui exempte de la juridiction épiscopale les maisons priorales, les religieux et les domestiques qui y habitent. Mais les églises paroissiales dépendantes des prieurés sont exceptées de cette exemption, et soumises au prélat. Ce traite est approuvé la même année par Etienne, archevêque de Tours. Jean de Tréal tient le siège abbatial de 1340 jusqu'en 1370, suivant les catalogues anciens et modernes. Dès le commencement de son administration il a le chagrin de voir mourir le duc Jean III, qui ne laisse point d'enfants. Le duché devient la proie de Charles de Blois et de Jean de Bretagne, comte de Montfort, qui se font la guerre pendant plus de vingt ans. L'abbé prend le parti de Charles, qui lui paraît avoir le meilleur droit. Cette démarche est la source de maux qu'il va endurer pendant toute la guerre. Il a le malheur d'être fait prisonnier, et de voir toutes ses fermes détruites. Mis en liberté par le paiement d'une somme considérable, il fait fortifier sa ville par des murs et des fossés, et la tient jusqu'à la bataille d'Auray. Après cette journée, le vainqueur se présente devant les places qui avaient tenu le parti de son concurrent. L'abbé de Redon n'attend pas l'arrivée de Jean de Montfort ; il le prévient avec les principaux de la ville, et ils concluent ensemble un traité par lequel le duc s'engage à maintenir les droits de l'abbaye, consent à l'élargissement des otages que l'abbé avait donnés pour sa rançon, et lui cède la nomination du capitaine de la ville, droit dont les abbés ont joui jusqu'à l'établissement des commendes. Après ce traité conclu en 1364, le duc entre victorieux dans Redon. L'abbé se trouve l'année suivante à Guerrande, où il signe le traité de paix fait entre le duc et les procureurs de la comtesse de Penthièvre. Il meurt dans le mois de mars 1380. Matthieu le Bar gouverne le monastère en 1370, selon les catalogues, et meurt en 1380. Guillaume de Trebiguet, abbé de Quimperlé, est transféré à Redon en 1384. Son élection est notifiée au duc par Jean Treal, à qui les religieux avaient donné leur procuration pour faire cette notification. Il prend le parti du roi de France contre le duc, mais il obtient des lettres d'abolitions en 1382. Son nom se trouve dans les souscriptions du douaire accordé en 1387 à la duchesse Jeanne de Navarre, et dans le rôle des abbés qui assistent aux Etats de Nantes en 1389. Raoul de Pontbrient, abbé de Redon, fait serment de fidélité au duc en 1396, et obtint une sauvegarde pour son abbaye. Jean de Pontbrient est nommé entre les personnes qui assistent à la cérémonie de l'hommage rendu le 7 janvier 1404 au roi Charles VI, par Jean V, duc de Bretagne. Raaul de Pontbrient consent en 1419 au mariage de Jean d'Acigné, seigneur de Lande, son allié, avec demoiselle Catherine de Malestroit. Il obtient en 1421, du duc Jean V, que la fabrique des monnaies établie à Redon ne porte aucun préjudice à l'abbaye. Sa mort arrive le 18 décembre 1422. Guillaume Bodart obtient en 1427, du duc Jean V, la sortie de tous les monnayeurs et banquiers établis à Redon, à cause du tort qu'ils causaient à l'abbaye. Il meurt en 1428. Guillaume Chesnel obtient ses bulles du pape Martin V en 1429, et rend aveu au duc, le 12 janvier 1432, pour tous les biens que son abbaye tient sous le ressort de Ploërmel. On lui attribue l'honneur d'avoir fait construire en pierre le pont de Redon, qui n'était anciennement que de bois. Il obtient pour cet effet la permission de lever quelques droits sur les vins et les denrées qui entrent dans la ville. Son décès arrive en 1439, suivant les catalogues. Jean de Sesmaisons obtient ses bulles du pape Eugène IV en 1439. D'autres veulent que ce soit Jean du Tertre, concurrent d'Yves Le Sénéchal, mais les catalogues ne font aucune mention de Jean du Tertre, et mettent Jean de Sesmaisons au nombre des abbés. Yves le Sénéchal, fils d'Even, seigneur de Kercado, et de Jeanne La Vache, est élu en 1440, et son élection est confirmée par le concile de Bâle, qui n'était pas encore terminé. Le pape Eugène IV, ignorant ce qui s'était passé dans le concile, nomme à l'abbaye de Redon Jean Du Tertre, religieux de la même maison, et écrit au duc en sa faveur. Le duc n'agrée point la nomination de Jean Du Tertre et s'en tient à ce qui avait été fait par le concile. Le pape, n'ayant pu rien gagner sur l'esprit du duc, consent qu'Yves Le Sénéchal demeure en place, à condition néanmoins qu'il renonce à l'obéissance du concile de Bâle, et qu'il dédommage Jean Du Tertre de ses frais. C'est à ces conditions qu'Yves Le Sénéchal prend possession de son abbaye. Pour le récompenser de sa soumission, le pape lui accorde le pouvoir de bénir les ornements des églises, et de réconcilier celles qui auraient été profanées. Après avoir donné au saint Siége des preuves de sa soumission, le nouvel abbé met la dernière main au pont de la ville, qui avait été commencé par son prédécesseur, fait construire une chapelle en l'honneur de la sainte Vierge, et augmente les édifices de son monastère. Son attention au gouvernement de sa maison lui mérite l'estime du duc François 1er, qui demande au pape Nicolas V l'érection de l'abbaye en évêché. Le pape lui accorde sa demande en 1449, à condition que l'église de Redon soit toujours desservie par des religieux profès de l'ordre de Saint-Benoît, et que l'évêque soit tiré du même ordre. Mais cette érection n'aura pas lieu, et elle est arrêtée tant par la mort du duc François Ier que par l'opposition des évêques voisins. Yves Le Sénéchal continue ses premières fonctions, et vieillit à la tête de sa communauté. Devenu infirme et incapable d'agir, il se décharge des affaires temporelles sur Jean Le Sénéchal, son parent. Ce dernier abuse de l'autorité qui lui avait été confiée, et s'attire une disgrâce par sa mauvaise conduite. Les religieux, mécontents de son administration, en portent leurs plaintes au duc, qui en 1462 réduit l'abbé à une pension de six cents livres, et commet, par ses lettres du 20 juillet, l'abbé de Saint-Mathieu pour administrer le temporel de Redon. Soit par mécontentement ou par imbécillité, Yves Le Sénéchal se démet en 1463 de son abbaye en faveur d'Arthur (ou Artur) de Montauban, qui de l'ordre des Célestins était passé dans celui de Saint-Benoît. Le duc, informé de cette disposition, s'oppose à la prise de possession d'Arthur, et rompt toutes les mesures qu'il avait prises pour s'établir en Bretagne. Le titre d'abbé demeure à Yves Le Sénéchal, qui cesse de vivre le 3 janvier 1467. Il est inhumé dans la chapelle de Bonne-Nouvelle, qu'il avait fait construire, et où l'on voit son tombeau avec son épitaphe : "Hit jacet venerabilis Dominus Yvo Le Sénéchal, abbas insignis hujus monasterii, qui hanc aedificavit capellam, aliaque multa reaedificavit aedificia. Tandem post multa valdè laudabilia et laude digna moritur die 3 januarii anno 1467. Anima ejus requiescat in pace. Amen.". Alain de Coetivy, d'une famille noble et distinguée de Bretagne, dernier évêque d'Avignon avant l'érection de ce siége en archevêché, évêque commendataire de Dol, prieur de Béré et cardinal du titre de sainte Praxède, obtient l'abbaye de Redon en 1468, et meurt à Rome le 22 juillet 1474, étant évêque de Savine. Odet de La Rivière est élu en 1474 et obtient la même année ses bulles du pape Sixte IV. Le cardinal de Foix lui confie le soin du diocèse de Vannes, dont il est évêque. Il obtient en 1486, du duc François II, la permission de visiter tous les prieurés réguliers dépendant de son abbaye. Après la mort de ce prince, il cède à la duchesse Anne un magnifique calice d'or qui se trouve depuis longtemps dans son église, et qui pèse quinze marcs huit onces. La duchesse lui donne en reconnaissance un autre calice d'argent, pesant trente marcs, et cent livres de rente sur son domaine. Il fait confirmer, en 1491, tous les privilèges de son abbaye, et meurt le 7 octobre de l'année suivante. Son tombeau est dans la chapelle de Notre-Dame-du-Puy. Guillaume Gueguen, évêque de Mirepoix, obtient l'abbaye en commende en 1492. Il est transféré à Nantes en 1500, et meurt le 29 novembre 1506. Antoine de Grignaux, évêque de Tréguier et abbé commendataire de Redon, meurt en 1505, suivant Padioleau, mais cet auteur se trompe au moins pour le nom, car Antoine de Grignaux ne meurt que plus de trente ans après. Il avait un frère nommé Jean, qui pouvait avoir été pourvu de l'abbaye sur la démission de Guillaume Gueguen, et être décédé en 1505. Pierre de Brignac, religieux de Redon et abbé de Saint-Gildas de Ruis, est élu en 1505, et obtint ses bulles du pape Jules II. En 1506 le roi lui donne mainlevée du temporel le 27 février 1507. Il meurt en 1514, et la saisie est mise sur l'abbaye le 18 juin. Louis de Roussy, cardinal du titre de saint Clément, succède à Pierre de Brignac, et vit encore en 1520. Clément Champion, valet de chambre ordinaire du roi François Ier, obtient du pape Clément VII les bulles de l'abbaye de Redon, et la permission de les mettre à exécution le 20 novembre 1524. Jean Salviati, fils de Jacques Salviati et de Lucrèce de Médicis, sœur du pape Léon X, naît à Florence le 24 mars 1490, et il est nommé cardinal le 1er juillet 1517. Envoyé nonce en France en 1527, il y est pourvu de l'évêché de Saint-Papoul et de l'abbaye de Redon. Le roi lui permet, le 14 mai 1528, de mettre à exécution les bulles qu'il avait obtenues pour ce dernier bénéfice. Les abus qui se sont glissés dans le monastère depuis l'introduction des commendes, l'obligent de travailler à les réformer. Le mandement qu'il obtient en 1541 pour cette opération prouve qu'il y trouve beaucoup d'opposition de la part des religieux. Il meurt d'une attaque d'apoplexie à Ravenne le 28 octobre 1553. Bernard Salviati, frère de Jean, chevalier de Malte, grand prieur de Rome et amiral de son ordre, embrasse l'état ecclésiastique et il est pourvu en 1549 de l'évêché de Saint-Papoul vacant par la démission de son frère. Il semble qu'il obtienne du même l'abbaye de Redon pour laquelle il fait serment de fidélité au roi le 10 janvier 1557. La reine Catherine de Médicis le choisit pour son grand aumônier, et lui procure le chapeau de cardinal en 1561. Il meurt à Rome le 6 mai 1568, et il est enterré dans l'église de Sainte-Marie de La Minerve. Paul-Hector Scotti, italien, fait serment de fidélité au roi pour l'abbaye de Redon en 1575. Il embrasse le parti de la Ligue et du duc de Mercœur, qui en est chef en Bretagne. Le roi, pour le punir, fait saisir son temporel en 1591, et donne au sieur de La Tiolaie les deux tiers des revenus de Brains et de Langan. Cet abbé meurt en 1596, et tous ses effets sont déclarés appartenir au roi par déférence. Le roi en gratifie le sieur de Lignerie-Saint-Luc. Artur (ou Arthur) d'Espinay, fils de François, seigneur de Saint-Luc, chevalier de l'ordre du roi, grand-maître de l'artillerie de France, et de Jeanne de Cossé, est nommé à l'abbaye de Redon en 1600, et fait serment de fidélité au roi le 26 avril. Il fait rebâtir la maison abbatiale, et introduit dans le monastère les Pères de la Société réformée de Bretagne. Il assiste aux Etats généraux assemblés à Paris en 1614 en qualité de député du clergé de Bretagne, et fait serment de fidélité au roi en 1618 pour les abbayes de Redon et de Rillé. Le roi le nomme quelques mois après à l'évêché de Marseille, et le fait commandeur de ses ordres. Il meurt en 1618 sans avoir été sacré. Armand-Jean du Plessis, cardinal, duc de Richelieu, premier ministre du royaume sous le règne de Louis XIII, fait serment de fidélité au roi pour l'abbaye de Redon en 1622. Il introduit en 1628 les Bénédictins de la congrégation de Saint-Maur dans son abbaye, et leur aide à rebâtir les lieux réguliers, qui tombent en ruines. Il termine ses jours le 4 décembre 1642, et il est inhumé dans l'église de Sorbonne, qu'il a fait construire. César de Choiseul du Plessis-Praslin, chevalier de Malte, fils de César, maréchal de France, et de Colombe de Charron, première dame d'honneur de la duchesse d'Orléans, tient l'abbaye de 1643 jusqu'en 1648, date à laquelle il est tué à la bataille de Trancheron. Alexandre de Choiseul, frère du précédent, est pourvu en 1648, et quitte l'état ecclésiastique en 1652 pour suivre la profession des armes. Auguste de Choiseul, frère des deux précédents, est pourvu en 1652, et se démet en 1681 pour soutenir sa maison dont, il était devenu héritier. Emmanuel-Théodose de La Tour d'Auvergne prend possession de l'abbaye en 1681. Le prince de Turenne, son frère aîné, étant mort en 1692, il renonce à l'état ecclésiastique et se marie en 1696. Henri-Oswald de La Tour d'Auvergne est nommé à l'abbaye de Redon en 1692, sacré archevêque de Vienne le 10 mai 1722, et fait cardinal en 1737. Il assiste à l'élection du pape Benoît XIV en 1740, se démet de son archevêché en 1745, et meurt à Paris le 23 avril 1747, à l'âge de soixante-seize ans. Il était abbé supérieur de Cluny, grand prévôt de l'église cathédrale de Strasbourg, et possédait quatre abbayes avec celle de Redon. Henri-Louis-René Desnos est nommé à l'abbaye de Redon le 27 mai 1747, étant alors vicaire général de Saint-Brieuc. Il devient évêque de Rennes en 1761, puis de Verdun en 1770. Il conserve son abbaye jusqu'au moment où la révolution l'en dépouille, et meurt en exil dans le courant de l'année 1793.

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

A signaler que le cartulaire de l'abbaye de Saint-Sauveur de Redon (VIII-XIIème siècle) se trouve aujourd'hui aux archives historiques du diocèse de Rennes. Ce cartulaire est constitué d'un ensemble de 147 parchemins, donnant le texte de 391 actes qui vont de la fin du VIIIème siècle à la moitié du XIIème siècle.

Différentes possessions de l'abbaye Saint-Sauveur de Redon (tiré du Cartulaire de Redon).

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

Voici ce que dit le Pouillé de Rennes :

Dans la première moitié du IXème siècle, saint Convoyon, natif de Comblessac et archidiacre de Vannes, vint chercher la solitude à l'extrémité de son diocèse avec quelques autres prêtres bretons. Ils s'arrêtèrent près du confluent de l'Oult et de la Vilaine, dans un lieu nommé Roton, et résolurent de s'y fixer. Dieu leur manifesta d'ailleurs sa volonté en faisant apparaître une croix lumineuse à l'endroit même où se trouve aujourd'hui le maître-autel de l'église Saint-Sauveur de Redon. Puis Convoyon, sachant que le territoire appartenait à un chef de paroisse bretonne ou mactiern, appelé Ratuili, se rendit auprès de ce seigneur, à sa résidence de Lisfau, située dans la paroisse de Sixt. « Ratuili, qui, dans ce moment-là, tenait, suivant l'antique usage, ses assises au bord d'une fontaine, accueillit avec faveur la requête des moines. Séance tenante, il leur concéda le terrain de Roton, ce à quoi consentit gracieusement son fils Catworet » (nota : Cartulaire de Redon., Prolégomènes, par M. de Courson. — Le précieux ms. du Cartulaire de l'abbaye de Redon, donné naguère par M. Debroise, ancien Bénédictin, à l'archevêque de Rennes, est déposé maintenant au Grand-Séminaire de cette ville).  

La Bretagne obéissait à cette époque à Nominoë, lieutenant de l'empereur Louis-le-Débonnaire, mais qui devint plus tard roi indépendant lui-même. En 834, ce prince conféra aux religieux, déjà propriétaires fonciers par suite de la donation de Ratuili, les droits de seigneurie temporelle sur tout le pays de Redon ; mais remarquons qu'alors une immense forêt et quelques prés dans les clairières environnaient le nouveau monastère, ce qui fait supposer que les premiers tenanciers de l'abbaye n'étaient que de pauvres gens. 

La nouvelle fondation eut toutefois à soutenir de grandes contradictions. Certains mactierns, qui appartenaient probablement à la parenté de Ratuili, s'efforcèrent d'effrayer les moines et de les faire déguerpir. L'empereur Louis-le-Débonnaire sembla lui-même parfois favoriser les ennemis de Convoyon ; mais la protection persévérante de Nominoë, la résignation calme et sereine du saint fondateur, les hautes vertus de ses compagnons triomphèrent de tous les obstacles. Les paroisses de Bains et de Langon d'abord, puis celles de Renac, de Plaz (Brain) et d'Arzon, furent ajoutées au domaine de l'abbaye. « Depuis ce jour, la prospérité du grand monastère alla toujours croissant ; les donations y affluèrent de tous côtés, et, parmi les princes du pays, ce fut à qui y viendrait prendre l'habit monastique, consacrer à Dieu quelqu'un de ses enfants, ou marquer la place de son tombeau » (Cartulaire de l'abbaye de Redon, Prolégomènes, XXXI). 

De grandes tristesses cependant accompagnèrent les derniers jours de saint Convoyon : il lui fallut abandonner son monastère de Redon, ruiné par les invasions normandes. Salomon, roi de Bretagne, protégea heureusement les moines fugitifs ; il les recueillit dans son palais de Plélan et fonda en leur faveur le couvent de Maxent, où mourut saint Convoyon, en 868. 

L'abbé Ritcand, successeur de ce dernier, essaya de relever de ses ruines le monastère de Redon ; mais tant que durèrent les pillages des Normands, l'abbaye eut beaucoup à souffrir, quoique protégée longtemps par le duc Alain-le-Grand. Ce fut l'abbé Catwallon, frère du duc Geoffroy Ier, qui, après ces temps difficiles, reçut la mission de réparer les désastres accumulés depuis plus d'un siècle sur le couvent de Saint-Sauveur. Il s'en acquitta avec zèle et put se réjouir avant sa mort, arrivée vers 1040, de voir son oeuvre accomplie. Il avait obtenu que Redon relevât directement du Saint-Siège et que l'abbé exerçât sur son territoire proche, c'est-à-dire dans les paroisses de Redon, Bains, Brain et Langon, un pouvoir presque épiscopal. 

L'abbaye de Redon jouit alors longtemps d'une grande prospérité, qui fut atteinte toutefois par le gouvernement despotique du duc Pierre Mauclerc, et plus tard par la guerre de la succession. Non-seulement il fallut, aux XIIIème et XIVème siècles, relever une partie des bâtiments claustraux, mais on dut songer aussi à maintenir la discipline dans le monastère. Grâce à la vertu et à l'énergie de quelques-uns de ses abbés, Saint-Sauveur se releva de la dégradation où il tombait. La vertu y brilla de nouveau du plus vif éclat ; aussi le pape Nicolas V écouta-t-il favorablement le duc François Ier, l'un des plus zélés protecteurs de ce monastère. 

A la prière de ce prince, le Pape érigea l'abbaye de Redon en évêché, à la condition que le nouvel évêque serait toujours tiré de l'Ordre de saint Benoît (1449). A noter que pour former le diocèse de Redon, le Pape projetait d'enlever aux diocèses voisins les paroisses suivantes : à celui de Nantes, Avessac, Fégréac, Massérac et Pierric ; — à celui de Saint-Malo, Guipry, Pipriac, Lohéac et Baulon ; — à celui de Rennes, Pléchatel et Bourg-des-Comptes ; — enfin à celui de Vannes, Bains, Redon, Brain et Langon. Ce furent les plaintes formulées par les évêques dépossédés qui firent le Pape renoncer à ce projet (D. Morice, Preuves de l'Histoire de Bretagne, II, 1446). Malheureusement pour Redon, la bulle de Nicolas V ne fut pas mise à exécution. Yves Le Sénéchal, alors abbé de Saint-Sauveur, mourut sans l'épiscopat, en 1467, et avec lui s'éteignit la série des abbés réguliers. Aussitôt après sa mort, l'abbaye de Redon tomba en commende, et par là même en décadence. 

Au XVIIème siècle, la Société des Bénédictins réformés de Bretagne vint s'établir à Redon ; cette abbaye devint la résidence du supérieur général et comme le centre de la nouvelle congrégation. Malheureusement le cardinal de Richelieu, nommé abbé commendataire de Redon, se fit, — disait-il lui-même, — donner par le roi le protectorat de la congrégation de Bretagne « afin de la démembrer » (Histoire de Redon, p. 152). Il y réussit facilement, et la congrégation de Saint-Maur, plus favorisée, prit possession de l'abbaye de Redon. 

Ce fut dans ce monastère de Saint-Sauveur que fut conçue en 1689, par le prieur dom Audren, la vaste entreprise qui nous donna, au siècle suivant, la grande Histoire de Bretagne, œuvre des Bénédictins. 

Les dernières années de l'abbaye de Redon furent bien tristes : en 1780, l'église abbatiale fut incendiée ; dix ans plus tard, le dimanche 14 février 1790, la malveillance mit de nouveau le feu au monastère. C'était la Révolution qui faisait son oeuvre dévastatrice. Elle ne trouva à Saint-Sauveur que sept religieux, qui en furent expulsés sans pitié. 

Nous nous contenterons de ce simple abrégé des annales de Saint-Sauveur, parce que nous ne pouvons songer à refaire ici, même partiellement, cette histoire, après l'importante publication du Cartulaire de Redon, par M. de Courson, et celle de l'Histoire de Redon, par dom Jausions. Toutefois nous noterons quelques faits se rapportant au IXème siècle et éclairant la question des origines, si intéressante à cette époque. Le Cartulaire nous apprend que le lieu donné à Convoyon par Ratuili s'appelait Roton, dont on a fait Redon, « ipsum locum Roton vocatum »,  — « monasterium quod vocatur Roton » (Cartulaire de l'abbaye de Redon, 2). 

Ce monastère de Roton se trouvait, à l'origine, dans le diocèse de Vannes et dans la paroisse de Bains : « Abbas monasterii, cujus vocabulum est Roton, in pago Broweroch, in loco qui dicitur Bain » (Cartulaire de l'abbaye de Redon, 335). 

Le territoire environnant l'abbaye, et formant encore aujourd'hui la paroisse de Redon, se nommait Ros ; il s'étendait entre les deux rivières de Vilaine et d'Oult et une ligne coupant la paroisse de Bains, de Spiluc (nunc Saint-Jean-des-Pileurs ?), au bord de la Vilaine, jusqu'à Mussain, village situé sur les rives de l'Oult : « Partem que vocatur Ros circumcinctam ex duabus aquis, id est, ex Ultone flumine et Visnoniâ, et, ex tertia parte, de antiqua ecclesia Bain, sita in parte que dicitur Spiluc, pervenientis, per finem hereditatis Wethencar et per finem villule que dicitur Mutsin, usque ad flumen Ult » (Cartulaire de l'abbaye de Redon, 335). 

Outre la localité de Redon, nous trouvons donc mentionnés dès cette époque le village de Mussain vers 834, et celui de Bocudon, « in loco nuncupante Bocudon », vers 861 existant encore l'un et l'autre en Redon. Le monastère de Redon renferma dès l'origine douze moines qui firent leurs voeux vers 833 : c'étaient Convoyon, Conhoiarn, Tethwin, Wincalon, Condeloc, Riowen, Wetenwoion, Léomel, Arthwolan, Riwelen, Cumdelu et Cunneur. Dès 834 ils pratiquèrent la règle de saint Benoît, que leur enseigna l'ermite Gerfroy, ancien moine de Saint-Maur-sur-Loire. 

Les Normands ne détruisirent pas complètement l'abbaye de Saint-Sauveur quand ils envahirent Redon ; malgré le départ de saint Convoyon pour Plélan, vers 864, plusieurs religieux demeurèrent à Redon ; ils semblent même avoir élu abbé Ritcand du vivant de leur bienheureux fondateur, parce que celui-ci demeurait à Plélan (D. Jausions, Vie de saint Convoyon). 

Les principaux bienfaiteurs de Redon au IXème siècle furent : l'empereur Louis-le-Débonnaire et le roi Charles-le-Chauve ; — les rois bretons Nominoë, Erispoë et Salomon, qui favorisèrent de tout leur pouvoir ce pieux établissement ; — les comtes Pascweten, dont la femme Prostlon fut inhumée à Saint-Sauveur ; Alain-le-Grand et Judicaël, qui firent de fréquents voyages à l'abbaye ; — les mactierns Ratuili en 832, Alfrid en 852, et Hoiarscoet, qui se qualifiait prince d'Avessac, en 858 ; — enfin, un nombre infini de nobles, de prêtres, etc., dont il serait fastidieux de rappeler ici les noms, et qui tinrent à faire leurs aumônes parfois considérables au nouveau monastère. 

Remarquons, enfin, les divers modes d'investitures employés par les bienfaiteurs de Redon : c'est d'abord l'investiture par le gant, « per manicam », dont se servent Roiandréon vers 833, Sulmonoc vers 861, Nominoë, Courantmonoc et Sulhaeloc en 867, Hirdhoiarn et Worethoiarn à la même date, Spérawet et Maenworet en 868, Dréholom vers 870 et le comte Alain en 883 ; — c'est ensuite l'investiture par la glèbe, ou motte de terre, « per cespitem », dont usent Retwalart en 833, Worcomin en 846, Urwethen vers 851, Ratlowen et Catlowen en 867 ; ces deux derniers joignent la charte à la glèbe, « per cartam et cespitem » ; — enfin, il est fait mention d'un quatrième mode d'investiture : Warshoni donne aux moines de Redon son petit monastère « per suam crucem que de collo ejus pendebat » (Cartulaire de l'abbaye de Redon). 

Si nous rapprochons des noms de ces divers bienfaiteurs de Redon ceux des moines qui fondèrent ce monastère et ceux des témoins nobles qui figurent alors, tels que Catweten, Deurhoiarn, Jarnwocan, Wurlowen, Festworet, Wincalon, Tanetwin, Drelowen, etc., etc., nous avons la preuve que toute la population du pays de Redon était alors bretonne. Aussi la fondation de l'abbaye de Saint-Sauveur fut-elle de la part de Nominoë une oeuvre politique en même temps qu'un acte religieux ; il considéra ce nouveau monastère comme étant un véritable boulevard destiné à soutenir l'indépendance de la Bretagne en face des prétentions des rois de France sur notre pays. C'est ce qui explique la faveur toute particulière dont jouit l'abbaye de Saint-Sauveur auprès des souverains bretons durant tout le moyen-âge et la rapide et grande puissance à laquelle parvint ce monastère.

L'Aveu rendu au roi, le 8 juin 1580, par Paul-Hector Scotti, abbé commendataire de Redon, va maintenant nous faire connaître l'importance que conservait encore au XVIème siècle l'abbaye de Saint-Sauveur. 

L'abbé Scotti déclare donc posséder : « la ville de Redon, laquelle est de toute antiquité murée et fermée de fortes murailles, ceintures et forteresses, portes, boulevards, ponts, grosses tours et autres deffences accoustumées aux bonnes villes de ce pays de Bretagne, et outre les faubourgs de ladite ville. Ensemble le total de la paroisse de Redon, environnée et cernée de deux fleuves, savoir du fleuve de Vilaine, passant lez les murailles de ladite ville, et du fleuve d'Aoust. En laquelle paroisse est sise et située ladite ville de Redon, avec les maisons, édifices, halles, cohue, auditoire, tribunal, barreau y estant ; en laquelle ville est assise l'église et grand temple de Saint-Sauveur de Redon, abbaye, couvent, monastère, maisons abbatiale et conventuelle, salles, dortoirs, et les logis appelés les Logis du Duc, avec autre logis appelé la Béguine, près la Porte-Neuve de ladite ville, avec les jardins, cour et basse-cour étant au-dedans d'icelle abbaye, et pourpris d'icelle, le tout en un tenant, contenant ladite abbaye 6 journaux de terre ou environ, le tout cerné et circuité de murailles èt au-dedans de la ville » [ Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. — Archives communales de Redon. — Le pourpris de l'abbaye comprenait, en outre des jardins enclos dans l'enceinte, une salorge sur le port ; — une vigne appelée le Clos de la Houssaye, avec « maison et pressoir à presser vin... le tout cerné de murailles et baies de paux » (renfermant 30 journaux de terre en 1673) ; — une garenne « et refuge à connils » près la maison de Lanouas ; — 24 pièces de terre en prés ou en labour ; — plusieurs écluses sur la Vilaine et sur l'Oult]. Notons ici les deux logis du Duc et de la Béguine, et le manoir abbatial. 

Les ducs de Bretagne affectionnant beaucoup Redon, comme nous l'avons dit, il était très-naturel qu'ils eussent dans ce monastère des appartements particuliers (nota : En 1586 se trouvait dans l'abbaye « une ancienne maison qu'on appellait le logis des ducs, dans les salles de laquelle estoient les armes et escussons desdicts ducs et rois de Bretagne » - Bulletin de l'Association Bretonne, V, 107). Quant au logis de la Béguine, nous croyons que ce fut la demeure de la bienheureuse duchesse Ermengarde, dont le mari Alain Fergent s'était fait moine à Redon même. « Cette princesse, devenue veuve, dit Albert Le Grand, se retira à Redon, et, y ayant reçu l'habit de l'ordre de Cisteaux, de la propre main de saint Bernard, acheta une grande et spacieuse maison près le monastère de Saint-Sauveur, où, ayant amassé quelques filles pieuses, elle passa le reste de ses jours au service de Dieu » (Vie des Saints de Bretagne). Elle mourut saintement à Redon en 1147 et y fut inhumée près du duc Alain son mari. Enfin, l'hôtel abbatial, résidence privée des abbés commendataires de Redon, était accolé à l'église, avec laquelle il devait primitivement communiquer ; ce bâtiment, resté debout, sert à la fin du XIXème sioècle d'Hôtel-de-Ville. 

L'église abbatiale de Redon était, en 1580, la même que l'église paroissiale actuelle ; mais, plus grande alors, sa nef touchait la tour maintenant isolée par suite du terrible incendie de 1780. 

« En laquelle église (abbatiale), continue Scotti, se célèbre le divin office par chacun jour à l'usage de l'Eglise romaine, de laquelle au respect spirituel immédiatement dépend ladite abbaye, scavoïr : par chacun jour matines, qui sont commencées à minuit ; aux jours de festes leurs commandées (sont lesdites matines) à douze leczons, et aux autres jours, à trois et une (leçons) seulement, suivant l'institution de ladite église et monastère ; et prime, tierce, sexte, none, vespres et complies du jour et feste, comme porte l'Ordinaire, suivant le manuel ; avec la grand'messe du jour et feste, à diacre et sous-diacre, le tout dit en chantant à haute voix, et une messe de Notre-Dame et une pour les trépassés. Item y a par chacun jour, non feste de douze leczons, service pour les défunts : vespres au soir et vigilles au matin » (Déclaration de 1580). 

Outre ce service conventuel, quatorze chapellenies régulières, auxquelles pourvoyait l'abbé (nota : Voici leurs noms en 1580 : Saint-Benoît, — la Trinité, — Notre-Dame-de-la-Cerche, — Saint-Michel, — Saint-Laurent, — Saint-Gilles, — Saint-Maur, — Saint-Yves, — Saint-Samson, — Sainte-Marguerite, — les Trois-Maries, — Saint-Convoyon, — Saint-Marcellin, — Sainte-Barbe), et un certain nombre de chapellenies séculières, que présentait le prieur claustral, se desservaient dans l'église abbatiale. « Et pour faire ledit service sont résidants dans ladite abbaye neuf religieux prestres et dix novices, de l'ordre de saint Benoît ; desquels religieux y a officiers pourvus et institués par l'abbé, scavoir : un prieur claustral, un sous-prieur, un aumosnier, un maistre d'hostel, un official ». Parmi ces religieux nous trouvons nommément désignés, en 1580, le prieur claustral dom Jean de Robien, dom René du Plessix, dom Jean de Serres, dom Pierre Hux, dom Perceval de Bardy, dom François Boschier et dom Yves d'Andigné. 

Les droits de collation de l'abbé de Redon étaient étendus : « A ledit sieur abbé droit de conférer, instituer et pourvoir d'abbé l'abbaye de la Chaume, en l'évesché de Nantes, lorsqu'elle vaque ». Il conférait également les vingt-six prieurés de Locoual, Crossac, Ruffiac, Saint-Barthélemy, Arzon, Saint-Michel-de-la-Gresle, Pléchâtel, Châteaubourg, Montautour, Châteaunoix, Marsac, Saint-Nicolas, Bourg-des-Moustiers, Brémefin, Massérac, Her, Toutes-Joies, Juigné, Pembé, Ballac, Maxent, Lohéac, Sainte-Croix de Josselin, Saint-Nicolas de Blavet, Frossay et Saint-Nicolas de Carhaix. — Enfin, il présentait aux douze cures de Notre-Dame de Redon, Bains, Langon, Brain, Arzon, Locoual, Marsac, Massérac, Mouais, Châteaubourg, Pléchâtel et Maxent (nota : L'abbaye le Redon avait primitivement possédé la totalité ou une grande partie de plusieurs autres paroisses perdues pour elle avant 1580, telles que Béganne, Renac, Caden, Allaire, Fégréac, Bourg-des-Comptes, Le Pellerin, Guipry, etc.). 

Mais le grand privilège de l'abbaye de Redon, longtemps conservé dans sa plénitude, était de dépendre immédiatement du Souverain-Pontife et d'être, par suite, « nullius dioecesis ». En effet, dès l'origine même de l'abbaye, Susan, évêque de Vannes, concéda à saint Convoyon, vers l'an 850, la juridiction épiscopale sur les paroisses de son diocèse dépendant du monastère de Redon. Supprimée pendant les dévastations normandes, cette exemption fut en 1021 restituée à l'abbaye par l'évêque Judicaël, sur les instances de l'abbé Catwallon. Dès lors il n'y eut plus dans les paroisses de Redon, Bains, Brain et Langon « d'autre Ordinaire que l'abbé régulier de Redon » (D. Jausions, Histoire de Redon). Ce qui faisait dire aux moines de cette abbaye qu'ils étaient « seigneurs spirituels » aussi bien que temporels dans tout le territoire de Redon, parce que ce petit pays, exempt de toute juridiction épiscopale, était directement soumis au Souverain-Pontife. 

Mais des contestations s'élevèrent à ce sujet dès le XIIIème siècle entre l'abbé de Redon et l'évêque de Vannes, et les arbitres choisis par eux déclarèrent en 1208 que l'abbaye relevait bien immédiatement du Saint-Siège, mais que les paroisses sur lesquelles elle avait droit de patronage seraient désormais soumises toutes, sans exception, à la juridiction des Ordinaires. « Cette sentence, confirmée en 1210 par le pape Innocent III, servit toujours de règle dans la suite. Un traité, passé en 1332 entre l'évêque et l'abbé, reconnut positivement que l'abbaye et les maisons priorales étaient exemptes de toute juridiction épiscopale, mais il spécifia nettement aussi la soumission des églises paroissiales à cette juridiction » (l'abbé Luco, Bulletin de la Société polym. du Morbihan, 1875, p. 178). 

Toutefois, l'abbé de Redon conserva longtemps encore une officialité propre ayant seule pouvoir dans les paroisses de Redon, Bains, Brain et Langon ; mais au XVIème siècle, « pour le bien de la paix », les moines de Redon consentirent à partager l'exercice de ce tribunal spirituel avec l'évêque de Vannes, qui supportait difficilement ce dernier vestige de la grande exemption primitive. Voici comment fut alors constituée l'officialité de Redon, fonctionnant en 1580 avec deux officiaux, l'un nommé par l'abbé et l'autre par l'évêque : « Ledit sieur abbé a en sadite terre et seigneurie de Redon et paroisses de Bains, Brain et Langon, cour et juridiction ecclésiastiques qui se tiennent en l'auditoire lez l'église de Notre-Dame de Redon, au jour du jeudi ordinaire et autres jours extraordinaires par semaine, par les officiers que ledit seigneur a droit de pourvoir et instituer avec les officiers de Mgr l'évesque de Vannes, scavoir : un official, un promoteur et un greffier ; lequel official juge et décide avec l'official de Mgr l'évesque de Vannes, et donnent sentence par le conseil l'un de l'autre aux causes et matières qui sont de leur juridiction et connaissance tant civile que criminelle, expédiées en ladite cour, et les appellations interjectées en icelle vont droitement en cour de Rome, pour là estre donné jugement définitif aux appellants. L'un desquels officiaux ne peut juger sans l'autre. En laquelle cour de Redon il y a sceau pour sceller les lettres et instruments ecclésiaux, du devoir duquel sceau appartient audit sieur abbé le tiers, et les deux autres tiers dudit sceau appartiennent à mondit seigneur l'évesque de Vannes ; et des condamnations et amendes qui se font en ladite cour en appartiennent les deux tierces parties audit sieur abbé et l'autre tiers à Mgr l'évesque de Vannes » (Déclaration de 1580). 

A côté de ce tribunal purement ecclésiastique, qui fonctionna jusqu'au commencement du dernier siècle (nota : Mgr d'Argouges, évêque de Vannes, sacré en 1692, ne nomma point d'official à Redon, et l'abbé Henry-Oswald de la Tour-d'Auvergne ne remplaça point non plus M. Mancel, son official, qui mourut vers 1716), se trouvait à Redon la juridiction seigneuriale temporelle, exercée par les officiers de l'abbé : « A ledit abbé de Redon droit de juridiction haute, basse et moyenne, et pour icelle exercer a droit ledit sieur abbé de mettre et instituer juges, sénéchal, alloué, lieutenant, procureur et greffier auquel ledit abbé paie gage... lesquels ont droit de juger et décider aux matières tant civiles que criminelles, et les appeaux (appels) auxdites causes civiles qui sont interjectés en ladite cour vont par devant les juges présidiaux de Rennes, et aux causes de crimes vont en la cour du Parlement de Bretagne. Mesme a ledit sieur abbé droit de justice patibulaire à quatre pocts pour punir les malfaiteurs et délinquants pris et appréhendés en ladite juridiction ; quelle justice est assise sur la montagne de Beaumont (nota : ce gibet fut plus tard transféré sur le champ de foire) et a cep et collier en ladite ville de Redon... Item a droit de geolle et prison en ladite juridiction, et y peut mettre geollier et gardes d'icelle » (Déclaration de 1580). 

L'abbé de Redon jouissait naturellement de nombreux droits féodaux ; nous ferons remarquer les suivants, et tout d'abord celui de guet : « Ledit sieur abbé a privilège que tous les hommes mariés, manants et habitants en ladite ville de Redon, sont tenus et sujects à l'appel qui d'eux sera fait par ses officiers, le jour de la vigille de la My-Aoust, se rendre et comparaistre en armes, sans adjournement ni autre assignation, en ladite abbaye, au devant de l'auditoire, à l'heure de trois heures de l'après-midy, pour aller de là par la ville, en compagnie des­dits officiers, pour voir s'il n'y a aucuns qui voulussent s'esmouvoir et troubler le peuple à la foire de la My-Aoust qui se tient audit Redon le lendemain de ladite feste de la My-Aoust, et ce, sous peine d'amende pour les défaillants. Et à la fenestre de chacune maison doit estre mise, lorsque lesdits officiers, hommes et subjects passent en armes, une chandelle de suif allumée, sous peine (d'amende) pour les défaillants. Et lesdits manants de ladite ville qui ont été mariés en l'an doivent ledit jour, après ledit guet, chacun deux pots de vin d'Anjou ou de Gascogne et un pain de 6 deniers aux officiers dudit abbé » (Déclaration de 1580). 

Ce droit de guet avait pour origine l'obligation où se trouvèrent longtemps les abbés de Redon de faire faire la police dans leur ville par leurs propres officiers ; l'ordre étant surtout nécessaire à Redon lorsque arrivait la mi-août, époque de la plus grande foire de l'année, les moines avaient pris ces mesures pour le maintenir. 

Il y avait en effet, en 1580, marchés et foire à Redon, comme il suit : « A ledit sieur abbé droit de marchés ordinaires en ladite ville et forsbourgs de Redon, scavoir au lundy et jeudy de chacune sepmaine. Et en chacun an il y a audit Redon six foires générales, scavoir : la foire Fleurie, la foire de la Quasimodo, la foire de l'Ascension, la foire de la My-Aoust, la foire de la Marzeline, appartenant audit sieur abbé, et la foire de Sainte-Croix de septembre, appartenant au prieur de Saint-Barthélemy, qui la tient dudit abbé ». L'abbé de Redon avait aussi « droit de forestage » dans la paroisse de Redon ; — « droit de chasse à toutes sortes de bestes èsdites paroisses de Redon, Bains et autres dépendant de l'abbaye, prohibitif à toutes autres personnes de quelque qualité et condition qu'elles puissent estre » ; — « droit de pesche à retz et filets en la rivière de Vilaine, prohibitive à tous autres » ; — « droit de présenter et mettre maistres d'écoles aux paroisses de Redon, Bains, Brain et Langon, pour instruire les enfants desdits lieux » ; « droit de présenter un prédicateur aux Avent et Caresme, chacun an, en ladite paroisse de Redon, quel prédicateur ledit sieur abbé est tenu salarier ». — Est enfin tenu « ledit sieur abbé d'entretenir un régent suffisant pour apprendre les novices de sadite abbaye et payer ses gages par chacun an » (Déclaration de 1580). 

Le commerce de Redon étant assez considérable au moyen-âge, à cause du port de cette ville, l'abbé de Saint-Sauveur avait certains droits sur les marchandises. Parmi ces droits figuraient tout d'abord ceux qui regardaient la cohue ou halle de Redon, fréquentée alors, comme maintenant, par les bouchers et les poissonniers : « A ledit sieur abbé droit de mettre les bouchers pour vendre chair, en la halle et cohue dudit Redon, et d'eux prendre le serment, par le moyen du prieur claustral de l'abbaye, de fidèlement se porter en leur estat, à la nomination toutefois du sieur de Beaumont [nota : Le seigneur de Beaumont, en Redon, devait en effet recevoir les bouchers, après s'être enquis de leur savoir-faire ; aussi chaque boucher lui devait-il « quatre pains, quatre quarts de vin et un plat de viande le jour que ledit boucher fait sa feste », et ceux qui vendaient de la viande en détail sur la halle devaient au même seigneur de Beaumont, « le jour de Caresme-prenant, un gros os mollier de boeuf » (Déclaration de 1580)]. Et les bouchers ne doivent tuer boeufs ni vaches qu'ils ne les aient menés devant la maison du député pour cet effet mis par ledit sieur abbé, pour voir s'ils sont sains et mangeans, sous peine de 60 sols d'amende »

Ces ordonnances de police étaient très-sages, à coup sûr ; voici celles qui concernaient les poissonniers : « Tous poissonniers, apportant poisson à vendre en ladite ville de Redon, ne peuvent vendre ledit poisson que premier ils n'aient porté leurdit poisson audit sieur abbé et qu'il en ait pris pour sa provision et celle des religieux de sadite abbaye, sous peine de confiscation dudit poisson. Et pour taxer le poisson, ledit sieur abbé a droit de mettre et faire jurer un taxeur en ladite cohue. Item que tous les bateaux, venant par la rivière d'Oult et de Vilaine, chargés de moules, huîtres et autres poissons en coques, sont tenus, auparavant vendre dudit poisson, en apporter à ladite abbaye pour la provision desdits abbé et religieux, sans en prendre aucun paiement, à pareille peine de confiscation, leur donnant ledit abbé du pain et du vin »

Parmi les artisans qui devaient payer à l'abbé de Redon ce que nous appelons maintenant des patentes, figurent les cordonniers, dont chacun lui devait, « le jour de la foire Fleurie (nota : Foire du Lundi-Saint, qui se tient encore à Redon à la fin du XIXème siècle), la meilleure paire de souliers qu'il avait étalée ledit jour ». L'on ajoute qu'ils ne devaient pas d'autre rente. Comme seigneurs de la ville de Redon, les abbés de Saint-Sauveur avaient les droits ordinaires de coutumes sur les marchandises qui passaient au pont de la Mée sur la rivière de Vilaine, sur celles qu'on étalait dans les foires et dans les marchés et sur celles qui venaient par eau au port de Redon. Au sujet de ces dernières, il faut noter que les marchands habitant Redon ne payaient rien pour les vins, ni pour les sels, les fers et autres choses semblables. Les boulangers qui demeuraient à Redon ne payaient pas non plus d'impôt de ce genre, tandis que les boulangers forains, venant vendre en ville, devaient une rente. C'est ainsi que les moines favorisaient sagement les marchands de leur ville et faisaient, par suite, prospérer le commerce local. 

Les marchands de sel habitant Redon étaient également privilégiés : « Ledit sieur abbé a droit de lever et prendre de chacune barque chargée de sel venant au port de Redon et déchargée par marchands forains, pour le maistre et le garçon de la barque, une mine de sel, et par chaque compagnon deux mines, mesure de Redon, pour le salage dudit sieur abbé. Et quand le sel appartient aux marchands de Redon n'est deub qu'une mine de sel pour le maistre et le garçon de la barque et les compagnons ne doivent rien. Lequel salage les mesureurs et porteurs de sel dudit Redon sont tenus de mesurer et porter de chaque barque en la salorge dudit abbé, sise au port de Redon. ... Et mesme sont tenus porter de ladite salorge jusqu'au charnier de l'abbaye tel nombre de sels qu'il est nécessaire pour les salage et provisions dudit sieur abbé et des religieux, sans aucun salaire dudit portage » (Déclaration de 1580). 

Enfin, l'abbé de Redon avait le droit de « ban et estanche sur le sel », c'est-à-dire qu'il pouvait faire vendre du sel à Redon par ses officiers et fermiers, durant quinze jours chaque année, sans que les marchands ordinaires pussent en vendre pendant ce temps-là. 

L'abbé de Saint-Sauveur possédait encore « sur la rivière de Vilaine, près l'abbaye, quatre moulins appelés moulins de Port-Nihan ; — sur la rivière d'Oult, un emplacement de moulin appelé Courrouët ; — plus un autre moulin à eau nommé le moulin de Via, avec sa chaussée et son étang ; — et enfin le moulin à vent de Gallierne ; auxquels moulins sont tenus les hommes et subjects de ladite paroisse de Redon porter leurs grains à moudre ». L'abbé levait aussi « dans toute la paroisse de Redon les trois parties de la dîme au dixiesme de tous fruits », et tenait « ses plaids généraux en l'auditoire de la cour de Redon le jour de la vigille de la My-Aoust » (Déclaration de 1580). 

Telle était la puissance de l'abbé et des moines de Saint-Sauveur à Redon même, mais leur domination s'étendait bien au-delà. Ils possédaient en Bains le manoir du Plessix, avec un parc de 220 journaux de terre « cerné de murailles » ; 100 autres journaux de terre en bois taillis ; trois moulins à vent et deux moulins à eau, des prairies et la totalité des dîmes ; — en Brain et Langon, une seigneurie importante portant le nom de ces paroisses, avec haute justice, manoir seigneurial au bourg de Brain, totalité des dîmes dans les deux paroisses, trois moulins à vent et trois moulins à eau, bois de haute futaie, garenne, prairies considérables, four banal, colombier, auditoire, etc. ; — en Piriac et Guérande, une haute justice, des vignes et pressoir, des rentes et des mouvances ; — en Mouais, la châtellenie de ce nom avec un ancien manoir, un moulin, des prairies, une haute justice et la totalité des dîmes ; — en Avessac, les fiefs de la Provostaye, de Painfault et de Quinsihniac ; — en Saint-Vincent-sur-Oult, le fief de Ressac, avec haute justice ; — en Saint-Just, le fief d'Allérac ; — en Rieux, le fief de Saint-Jean-des-Marais ; — en Maxent, le fief de l'Abbaye ; — en Marsac, autre fief de l'Abbaye ; — en Allaire, le fief de Saint-Gorgon ; — en Pléchâtel, le fief du Plessix-Bardoul, etc., etc. A tout cela il faut ajouter les vingt-quatre prieurés et les nombreuses paroisses dépendant de Redon, pour se faire une idée de l'importance qu'avait encore au XVIème siècle l'abbaye de Saint-Sauveur. En 1720, les revenus de ce monastère montaient à 37 336 livres 13 sols 10 deniers (Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 1 H, 2). 

Nous avons quelques sceaux de l'abbaye de Redon : Un fragment de sceau, de 1303 ; il est rond et représente le Sauveur assis, nimbé d'un nimbe crucifère, tenant un livre à la main gauche (probablement bénissant de la droite) ; dans la partie droite du champ (qui seule subsiste) est une sextefeuille ; la légende est brisée. Un sceau de 1381. Il est également rond ; dans une rosace et sur champ ouvragé est une crosse posée en pal, accostée de deux roses ; la légende porte : + S . AD . CON…TUS (contractus) MONASTERII ROTONENTIUM. Le contre-sceau présente une crosse entre deux palmes, avec ces mots : + CONTRA . AD . CONTRAT (contrasigillum ad contractus). Nous avons, enfin, un sceau du XVIIIème siècle, de forme ovale et armorial ; il représente l'écusson de l'abbaye : de gueules à deux crosses posées en pal et adossées d'or, timbré d'une mitre et accompagné de deux branches d'olivier et de palmier entourant l'écu. Il n'y a pas de légende. Le prieur claustral de Redon avait aussi ses armoiries propres : d'azur à la croix d'or cantonnée de quatre roues de même (Collection des Sceaux de France, III, 32 – Armorial général, ms. de 1697).

Abbés de Redon :

01 SAINT CONVOYON, dont nous n'avons pas à retracer ici la vie après les publications diverses faites à son sujet. Né à Comblessac, il fonda l'abbaye de Redon vers 833 et mourut à Saint-Maxent de Plélan (nunc Maxent) le 5 janvier 868. 

02 — RITCAND, chargé par saint Convoyon de veiller sur les terres de Redon pendant l'invasion normande, fut élu abbé selon la règle de saint Benoît du vivant même, semble-t-il, du saint fondateur. Il releva le monastère de Redon, y rappela les moines réfugiés à Saint-Maxent, sauf quelques-uns laissés dans ce prieuré, soumis par le roi Salomon à l'abbaye de Redon. Ritcand reçut plusieurs donations considérables qui lui permirent de remettre en état le temporel de son monastère et d'y établir solidement la régularité ; il mourut en 871. 

03 — LIOSIC prit parfois le titre d'abbé de Saint-Sauveur et de Saint-Maxent, et paraît avoir souvent résidé dans ce dernier monastère. Il obtint de Gurwant, comte de Rennes, la moitié de la paroisse de Pléchâtel, dont l'autre moitié avait déjà été donnée à Redon par Salomon. 

04 — ROENWALLON était abbé de Redon en 876. 

05 — LIBERIUS, fils du mactiern Ratuili, et offert à Dieu dès son enfance par ce seigneur, gouverna l'abbaye de 877 à 888 ; il assista au couronnement d'Alain-le-Grand dans l'église d'Allaire et reçut de ce prince la paroisse d'Arzon en Rhuys, donnée précédemment à Redon par Louis-le-Débonnaire, mais dont les moines avaient été dépouillés. 

06 — FULCHRIC. Du temps de cet abbé, élu en 888, le duc Alain-le-Grand donna à Redon les paroisses de Marsac et de Massérac. Fulchric devint en 896 évêque de Nantes. 

07 — RITWALD imposa l'habit monastique à Rethwalart, son frère. 

08 — CATLWIANT était contemporain du comte Gurmailhon et de Bili, évêque de Vannes, qui lui donna une partie de la paroisse de Guipry. 

09 — ADHEMARD, frère de Savary, vicomte de Thouars, fut obligé, en 924, de céder aux comtes de Poitiers le corps de saint Maxent, déposé à Plélan. 

10 — BERNARD vivait au temps d'Alain Barbe-Torte, qui mourut en 950 ; à cette époque, Héroic, savant médecin, empoisonna Guérech, comte de Nantes, mais rien ne prouve qu'il fut moine de Redon, à plus forte raison qu'il fut abbé de ce monastère, comme on a voulu le dire. 

11 — ARUF souscrivit à plusieurs donations faites au Mont Saint-Michel vers 990. 

12 — THEOBALD était abbé de Redon en 992, lorsque fut livrée la bataille de Conquereuil. 

13 — MAYNARD, homme d'une grande sainteté, gouverna tout à la fois les deux abbayes de Redon et du Mont Saint-Michel ; il mourut dans cette dernière vers 1009. Le duc Geoffroy Ier donna à Redon l'île de Belle-Ile du temps de cet abbé. 

14 — CATWALLON, frère du duc Geoffroy Ier et oncle du duc Alain, donna un grand relief à son monastère, qui sous son gouvernement parvint à son plus haut degré de puissance ; aussi peupla-t-il de ses religieux les nouvelles abbayes de Saint-Gildas-des-Bois et de Quimperlé. On croit que ce grand abbé mourut vers 1040.

15 — HOGONAN ratifia l'association conclue entre Redon et Quimperlé. 

16 — PERENNES, d'abord prieur de Redon, fut élu abbé vers 1045. De son temps furent fondés les prieurés de Sainte-Croix de Josselin, de Notre-Dame de Frossay, d'Her en Noirmoutiers, de Notre-Dame de Montautour, donnés tous à Redon ; alors aussi Harcoët, seigneur de Retz, fonda l'abbaye de la Chaume, qu'il soumit à celle de Redon. C'est en mémoire de ce dernier fait que l'abbaye de Redon prit plus tard pour armoiries : de gueules à deux crosses adossées d'or (Armorial général ms. de 1697). Pérennès mourut le 21 mai 1060. 

17 — ALMOD, prieur, puis abbé de Redon, eut de longs démêlés avec Quiriac, évêque de Nantes, et vit se fonder les prieurés de Lohéac et de Juigné. 

18 — OLIVIER Ier succéda immédiatement à Almod, mais l'on n'en sait pas autre chose. 

19 — BILI, prieur, devint abbé en 1084, et de son temps fut fondé le prieuré de Châteaubourg. 

20 — ROBERT était abbé dès 1086 ; il eut un différend avec les chapelains du duc Alain Fergent, qui prétendaient officier et recevoir les offrandes dans l'église de Redon quand le duc s'y trouvait ; il resta vainqueur, mais abdiqua peu après. Il vivait encore simple moine en 1111. 

21 — JUSTIN assista en qualité d'abbé aux obsèques de la vicomtesse de Porhoët, en 1092, et souscrivit à la fondation de la collégiale de Doulon, en 1105. 

22 — GAULTIER fit exempter, en 1108, ses vassaux des corvées exigées par le duc pour la construction du château de Blain ; il donna l'habit monastique à Rouaud de Guignen et reçut le don d'une partie des dîmes de Saint-Malo-de-Phily. Il mourut le 10 novembre. 

23 — HERVE admit parmi ses religieux le duc Alain Fergent en 1112 ; il obtint la réconciliation solennelle de son église abbatiale, polluée par Olivier de Pontchâteau, et reçut de ce seigneur repentant les terres de Ballac et de Brangoen. Hervé vit encore fonder, en 1132, le prieuré de Notre-Dame-du-Cellier. 

24 — GUILLAUME Ier était abbé en 1140. 

25 — YVES Ier, prieur, puis abbé de Redon, jugea en 1144 un différend survenu entre Hervé de Sion et Alfred de Villarblez. Il obtint en 1147 la confirmation de tous les privilèges de son monastère, et inhuma dans son église, auprès de son mari le duc Alain Fergent, la duchesse Ermengarde, en 1148. Yves gouvernait encore Redon en 1157, mais peu après il se retira à l'abbaye de Saint-Aubin d'Angers, où il mourut. 

26 — SILVESTRE reçut à Redon Guillaume, abbé de Saint-Aubin d'Angers, et lui donna Château-Sé, « castellum, Seii » ; Du Paz dit qu'il mourut en 1169. 

27 — VIVIEN souscrivit en 1187 à une transaction entre l'évêque de Saint-Malo et les moines de Marmoutiers. 

28 — JEAN Ier eut beaucoup à souffrir, d'abord de Guéthenoc, évêque de Vannes, qui contestait les privilèges de son abbaye, puis du duc Pierre Mauclerc, qui s'empara des revenus du monastère. Cet abbé mourut vers 1233. 

29 — DANIEL ne fut pas plus heureux ; l'évêque de Vannes Cadioc continua de le poursuivre, et le duc Jean-le-Roux acheva de ruiner l'abbaye de Redon. Daniel dut prendre avec ses moines le chemin de l'exil ; on croit qu'ils se retirèrent en Touraine. Grâce à l'intervention du pape Alexandre IV, ils purent rentrer à Redon en 1256. Daniel mourut le 11 septembre. 

30 — HENRI DE RIGOERT est placé ici par D. Morice, mais on ne connaît de lui que sa mort, arrivée le 28 octobre. 

31 — PIERRE Ier était abbé du temps du pape Clément IV (1265-1269) ; il mourut à Rome le 5 mars, plaidant, pour sauvegarder la juridiction de son monastère, contre le duc de Bretagne. 

32 — ROBERT BISEL succéda au précédent, sous le pontificat de Grégoire X, et mourut avant le 22 août 1280, le 3 août selon le Nécrologe de Redon. 

33 — JEAN DE GUIPRY. On trouve son nom en 1285 (Gallia Christiana, t. XIV, col. 954). Il transigea en 1288 avec Guillaume, seigneur de Rieux, au sujet d'une porte du pont de Rieux appelée Porte-Redonnaise. L'année suivante, il régla avec le duc Jean II la question de la juridiction de Redon. On lui attribue la construction du choeur et de la tour de son église abbatiale. Il mourut le 12 février 1307 et fut inhumé dans cette église avec cette épitaphe, que l'on y voit encore 

Mille datis annis centum ter et … Joannis 

Funere patroni plebs doluit Rotoni. 

Simplex, pacificus, humilis, facundus, honestus, 

Justus, munificus, mitis, honorificus (Hauréau, Gallia christiana, XIV) 

34 — OLIVIER DE BERN (DE VERN?) ou BERNO. Il est nommé abbé le 6 mai 1308 (Reg. Vat. 55, cap. 421, f. 79, v°). Le 31 mai 1308, à Poitiers, il promet de payer 500 florins d'or pour son service commun et cinq menus services (Regesti Clementis Papae V appendices, t. I, Romae, 1892, p. 219, II, 79). Le 12 mars 1309 lui est délivrée une quittance de 250 florins d'or pour son service commun et de 47 florins, 8 sous, 3 petits tournois pour ses menus services (Archives du Vatican, Collectoria, 314, f. 89 v°). Le 8 décembre 1310, payement du cens à l'Eglise romaine et s'élevant chaque année à 3 besants d'or (Collectoria, 314, f. 112 v°) [Note : De 1310 à 1329 le besant d'or est calculé à raison de 9 gros sous tournois]. Le 3 juin 1312, idem (Collectoria, 314, f. 124 v°). Le 23 février 1318, citation à comparaître en cour d'Avignon pour répondre de diverses accusations portées contre lui. Le 21 janvier 1321, payement du cens (Reg. Avinion. 47, f. 379 v°). Le 15 décembre 1321, idem (Ut s., f. 491 v°). Le 29 mai 1329, idem (Reg. Avinion. 34, f. 402 v°). Il traita en 1332 avec l'évêque de Vannes au sujet de la juridiction épiscopale dont les prieurés de Redon étaient exempts. Ollivier meurt le 15 septembre d'une année que ne désignent ni le Gallia (t. XIV, col. 954) ni De Corson (Pouillé) et qui doit être 1339. 

35 — JEAN DE TREAL gouverna de 1340 à 1370. Ayant embrassé le parti de Charles de Blois, il vit son monastère pillé par les troupes de Jean de Montfort, ses fermes détruites, ses bois coupés, et lui-même fut fait prisonnier. Mis en liberté moyennant rançon, il fortifia la ville de Redon et fit, après la bataille d'Auray, sa soumission à Jean de Monfort. L'élection de Jean de Tréal [Note : Auparavant prieur de Ruffiac, au diocèse de Vannes, il fut nommé à la Chaume le 13 mars 1331, par suite du transfert de l'abbé Nicolas de Tréal à l'abbaye de Saint-Melaine, au diocèse de Rennes (Reg. Vat. 97, ep. 28)], abbé de la Chaume, au diocèse de Nantes, est contestée (Bulle du 4 décembre 1339). — (Pièce justificative, n. II). L'élection est confirmée, 17 mars 1340 (Pièce justificative, n. III). Jean de Tréal s'oblige à payer 500 florins d'or pour son service commun, le 27 mars 1340 (J.-M. Vidal, Lettres communes de Benoît XII, t. II, p. 432). Le doyen et le scholastique de Nantes ainsi qu'Alain Gontier, chanoine de Nantes, interviennent pour faire servir à Guy Ferziat, pauvre clerc du diocèse de Léon, tombé aveugle, une pension que Jean de Tréal a refusé de lui continuer malgré qu'il y soit tenu ; bulle du 23 mai 1341 (J.-M. Vidal, op. cit., II, p. 383, n. 9080). Ordre à l'évêque de Nantes et à deux chanoines d'Angers de mettre Arnaud [Note : Arnaud avait été nommé abbé le 4 novembre 1340 (J.-M. Vidal, op. cit., t. II, p. 237, n. 7673)], ancien abbé de Saint-Laurent de Liège, en possession de l'abbaye de la Chaume dont le pape l'a pourvu et dont Gérard de Machecoul, seigneur de Retz, et Jean de Tréal l'empêchent de jouir ; bulle du 4 janvier 1342 (J.-M. Vidal, op. cit., t. II, p. 391, n. 9132). Le 4 août 1355, prière à l'archevêque de Tours, à l'évêque de Luçon et à l'abbé de Saint-Aubin d'Angers d'unir leurs efforts pour procurer la liberté de Jean de Tréal fait prisonnier (Reg. Avinion. 129, f. 482 v° ; pièce justificative, n. IV). La chronique de Michel le Bouteillier (Bibliothèque Nationale, mss. latin 12695, f. 125 v°) et De Courson (Cartulaire de l'abbaye de Redon en Bretagne, p. CCCXCIII) reportent la mort de Jean de Tréal à l'année 1370; Hauréau. (Gallia Christiana, t. XIV, col. 955) indique le 5 mars sans préciser l'année ; De Corson (Pouillé..., t. II, p. 173) admet qu'elle eut lieu en mars 1370. Armes : de gueules au croissant burelé d'argent et d'azur

36 — MATHIEU ou MACE LE BART. Nommé abbé le 9 avril 1371 (Pièce justificative, n. V). Autorisation d'être béni par un évêque de son choix ; bulle du 2 mai 1341 (Reg. Avinion. 173, f. 325 v°). Le privilège de l'autel portatif et l'indulgence plénière à l'article de la mort lui sont accordés ; bulles du 27 mai 1371 (Reg. Avinion. 174, f. 251 v° et 232 r°). Mathieu est mentionné dans une bulle du 19 avril 1380 (Reg. Avinion. 224, f. 328 r°). Il ratifie le traité de Guérande le 14 (ou 23) juin 1381 (Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, t. II, col. 280). Il (?) reçoit quittance du duc de Bretagne, le 22 octobre 1382 (Bibliothèque Nationale, mss. français 22330, f. 536 v° et voyez supra, p. 98). Armes : d'azur au léopard d'argent

37 — GUILLAUME DE TREBIQUET ou TREBIGUET. Les religieux et le chapitre de l'abbaye acceptent le choix qui a été fait de Guillaume par le duc de Bretagne (Dom Morice, Histoire de Bretagne, Preuves, t. II, col. 449 et Archives de la Loire-Inférieure, E, 77) ; lettre du 9 mai 1384. Nomination de Guillaume par Clément VII le 26 mai 1384 (Gallia t. XIV, col. 955). Le même jour, le pape le recommande à la sollicitude du duc de Bretagne (Archives de la Loire-Inférieure, E, 49). Le procureur de Guillaume promet en son lieu et place de payer pour son service commun 500 francs d'or et cinq menus services ; 26 août 1384 (Reg. Avinion. 279, f. 158 v°). « Comptes de Révérend Père en Dieu et sieur, frère Guillaume de Trebiguet, humble abbé du moustier de Saint-Sauveur de Redon, commencé au manoir de Brain en la présence de mondit sieur le vendredy après la saint Pierre et saint Paul l'an 1385 » (Bibliothèque Nationale, mss. français, 22330, 1. 560 v°). Quittance de 20 florins d'or délivrée à Guillaume de Trébiguet pour le payement d'une partie de ses menus services ; 19 avril 1386 (Collectoria 363, f. 19 v°). Délai de payement de son service commun ; 3 janvier 1389 (Collectoria 363, f. 164 r°). Il assiste aux Etats de Nantes en 1389. Il résigne sa charge d'abbé en faveur de Guillaume le Roux, refuse d'abandonner l'abbaye et à la suite d'un procès est destitué de tous ses droits ; 1393-17 novembre 1395. Armes : d'argent à deux fasces de sable

Abbaye Saint-Sauveur de Redon Voir Compétition de Guillaume de Trébiguet et de Guillaume le Roux.

38 — RAOUL Ier (de Pontbriant). Nommé abbé le 17 novembre 1395, mais les bulles ne sont expédiées que le 4 janvier et délivrées le 5 janvier 1396 (Reg. Vat. 321, f. 45 v°). Permission aux évêques de Saint-Brieuc et de Rennes de recevoir son serment de fidélité à l'Eglise Romaine ; bulles du 3 janvier, expédiées le 4 et délivrées le 5 janvier 1396 (Reg. Avinion. 299, f. 222 r°). Les évêques de Nantes, Angers et Vannes sont chargés de le mettre en possession du monastère de Redon que détient l'intrus Guillaume de Trébiguet ; bulles du 23 mars 1396, expédiées le 7 et délivrées le 11 avril 1396 (Reg. Avinion. 300, f. 74 r°). Lettres de sauvegarde « données à Révérend Père en Dieu Raoul, humble abbé de Saint-Sauveur de Redon, à Paris, le VIIème jour de septembre 1396 » (Bibliothèque Nationale, mss. français 22330, f. 536 v°). Privilège de l'autel portatif ; 11 décembre 1403 (Reg. Avinion. 316, f. 490 v°). Quittance du payement d'une partie de son service commun et des arriérés de celui que devait son prédécesseur, Guillaume de Trébiguet ; Avignon, le 25 janvier 1404 (Reg. Avinion. 308, f. 108 v°). Quelques-uns croient que c'est le même personnage que Raoul de Pontbriand qui suit ; d'après eux, il eût résigné en faveur d'un parent, puis eût ensuite repris la crosse abbatiale.

39 — JEAN DE PONTBRIAND accompagna le duc Jean V à Paris en 1404. Armes : d'azur au pont de trois arches d'argent, maçonné de sable.

40 — RAOUL DE PONTBRIAND, abbé dès 1419, obtint en 1421 du duc de Bretagne que la fabrique des monnaies établie à Redon ne porterait aucun préjudice à son abbaye. Il mourut le 18 décembre 1422 et fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-de-Pitié, où l'on voit encore son tombeau, oeuvre remarquable de style flambloyant, avec cette inscription : Cy gist frère Raoul de Pontbriand, humble abbé de Redon, qui décéda le XVIIIème jour de décembre, l'an mil IIIIc XXII. Dieu lui pardoint. Amen. La statue couchée de l'abbé devait primitivement reposer sous l'arcade de cette belle tombe ; elle a malheureusement disparu, ainsi que les écussons de la maison de Pontbriand ornant le sarcophage et portant : d'azur au pont de trois arches d'argent, maçonné de sable

41 — GUILLAUME BODART obtint, en 1427, du duc Jean V le départ des monnayeurs établis à Redon, à cause du tort qu'ils causaient à l'abbaye ; il mourut l'année suivante. 

42 — SIMON était abbé de Redon en 1429. 

43 — GUILLAUME CHESNEL reçut ses bulles en septembre 1429, et rendit aveu au duc en 1432. Il commença la construction en pierre du pont de la Mée, à Redon, et approuva la fondation de l'hôpital de cette ville. Il mourut en 1439. Il existait deux familles nobles du nom de Chesnel en Bretagne ; l'une portait : de sable à la bande fuselée d'or ; l'autre : d'argent à trois marmites de sable. Nous ne savons à laquelle appartenait l'abbé de Redon.

44 — JEAN DE SESMAISONS obtint des bulles d'Eugène IV, en 1439. Armes : de gueules à trois tours de maison d'or

45 — YVES LE SENECHAL, fils d'Even Le Sénéchal, seigneur de Kcado, et de Jeanne La Vache, fut élu en 1440. Sous son gouvernement, le pape Nicolas V érigea Redon en évêché, à la prière du duc François Ier, mais cette érection n'eut pas de suite. Yves acheva le pont de la Mée et construisit dans son église abbatiale la chapelle de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, où il fut inhumé, en janvier 1467, avec cette épitaphe : Hic jacet venerabilis dominus Yvo Le Senechal, abbas insignis hujus monasterii, qui hanc edificavit capellam, aliaque multa reedificavit edificia. Tandem post multa valde laudabilia et laude digna moritur, die 3 januarii, anno 1467. Anima ejus requiescat in pace. Amen. Ce tombeau se composait d'une table, supportée par quatre piliers ornés des écussons de la famille Le Sénéchal : d'azur à neuf macles d'or, 3, 3, 3 ; sur la table était l'effigie du défunt, revêtu d'une chappe chargée de macles et portant la crosse et la mitre. 

46ALAIN DE COETIVY, archevêque d'Avignon, puis évêque de Dol, et enfin cardinal de Sainte-Praxède, fut le premier abbé commendataire de Redon ; nommé en 1468 , il mourut en 1474 et fut inhumé à Rome dans son église cardinalice, où l'on voit encore son magnifique tombeau. Armes : fascé d'or et de sable de six pièces

47ODET DE LA RIVIERE fut élu par les religieux de Redon en 1474, se fit confirmer en 1491 tous les privilèges de son abbaye et mourut l'année suivante, le 7 octobre ; son corps fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-du-Puits. Armes : d'azur à la croix engreslée d'or

48GUILLAUME GUEGUEN obtint l'abbaye en commende en 1492, devint évêque de Nantes et y mourut le 23 novembre 1506. Son tombeau, oeuvre de Michel Columb, est dans la cathédrale de cette ville et porte cette inscription : 

Cy gist Révérend Père en Dieu Messire Guillaume Guéguen, 

évêque de Nantes, abbé de Redon, 

vice-chancelier et premier président de la Chambre des Comptes, 

mort le 23 novembre 1506 (Armorial des évêques de Nantes, par M. de la Nicollière, 76). 

Mgr Guéguen portait : d'argent à l'olivier de sinople, au franc quartier d'hermines chargé de deux haches d'armes de gueules en pal

49 — PHILIPPE DE LASTELLIER était abbé de Redon en 1499, d'après M. Hauréau. 

50 — PIERRE DE BRIGNAC, religieux de Redon et abbé de Saint-Gildas de Rhuys, fut élu abbé de Redon en 1505 et mourut en 1514. Armes : écartelé au 1er et 4ème d'argent à l'arbre d'azur, au 2ème et 3ème d'azur plein

51 — LOUIS DE ROSSI, cardinal du titre de Saint-Clément, succéda au précédent ; il vivait encore en 1520. Armes : d'or à l'aigle impériale de sable chargée sur la poitrine d'un écu d'azur au lion d'or couronné de même, tenant de la patte dextre une rose d'argent tigée et feuillée de sinople

52 — CLEMENT CHAMPION, valet de chambre du roi François Ier, obtint l'abbaye en 1524. 

53 — JEAN SALVIATI, fils de Jacques et de Lucrèce de Médicis, soeur du pape Léon X, cardinal et évêque de Saint-Papoul, pourvu de l'abbaye en 1528, mourut à Ravenne le 28 octobre 1553. Armes : d'argent à trois bandes bretessées de gueules

54 — BERNARD SALVIATI, frère du précédent, également cardinal et évêque de Saint-Papoul, fit serment de fidélité en 1557, mourut à Rome le 6 mai 1568, et fut enterré à Sainte-Marie-de-la-Minerve. Mêmes armes que les précédentes. 

55 — PAUL-HECTOR SCOTTI, comte de Rigolène, neveu du précédent, fit serment de fidélité en 1575. Cet abbé commendataire, quoique Italien comme ses prédécesseurs, vint habiter son monastère, mourut en 1596 et fut inhumé dans la chapelle Saint-Roch de son église abbatiale. Son tombeau y occupait la muraille septentrionale, et les religieux faisaient son service anniversaire le 26 janvier. 

56 — ARTHUR D'ESPINAY, fils de François d'Espinay, seigneur de Saint-Luc, et de Jeanne de Cossé, évêque de Marseille, nommé abbé en 1600, reconstruisit l'abbatiale, introduisit à Redon la réforme de Bretagne et mourut en 1618. Armes : d'argent au chevron d'azur chargé de onze besants mal ordonnés d'or

57 — ARMAND DU PLESSIX, duc de Richelieu et cardinal, fils de François du Plessix et de Suzanne de La Porte, fit serment de fidélité en 1622 ; il remplaça la réforme de Bretagne à Redon par celle de Saint-Maur, aida les religieux à relever leur monastère, mourut le 4 décembre 1642 et fut inhumé à la Sorbonne. Armes : d'argent à trois chevrons de gueules.

58 — CESAR DE CHOISEUL DU PLESSIX-PRASLIN, chevalier de Malte, fils du maréchal de France César de Choiseul et de Colombe de Charron, posséda l'abbaye de 1643 à 1648, époque où il périt à la guerre. Armes : d'azur à la croix d'or, cantonnée de dix-huit billettes de même, cinq dans chaque canton du chef et quatre dans chaque canton de la pointe

59 — ALEXANDRE DE CHOISEUL, frère du précédent, pourvu en 1648, quitta l'état ecclésiastique en 1652. Mêmes armes. 

60 — AUGUSTE DE CHOISEUL, frère des précédents, pourvu en 1652, se démit de l'abbaye en 1681 et se maria. Mêmes armes. 

61 — THEODOSE-EMMANUEL DE LA TOUR-D'AUVERGNE, fils de Godefroy, duc de Bouillon, et de Marie-Anne Mancini, prit possession de l'abbaye en 1681 ; mais ayant perdu son frère, le prince de Turenne, en 1692, il résigna et se maria. Armes : d'azur semé de fleurs de lys d'or, à la tour d'argent maçonnée de sable, brochant

62 — HENRI-OSWALD DE LA TOUR-D'AUVERGNE, neveu du précédent, fils de Frédéric, comte d'Auvergne, et d'Henriette de Zollen, fut d'abord abbé de Conches et de Cluny, puis nommé abbé de Redon en 1692, archevêque de Vienne en 1722, et cardinal en 1737 ; il mourut à Paris le 23 avril 1747. Mêmes armes que les précédentes. 

63 — HENRI-LOUIS DES NOS, fils de Charles, comte des Nos, et de Catherine des Nos, chanoine du Mans et abbé de Saint-Evroult, fut pourvu de l'abbaye de Redon le 27 mai 1747, devint évêque de Rennes en 1761, puis de Verdun en 1770. Il conserva cette abbaye jusqu'à ce que la Révolution l'en vint dépouiller. Il mourut émigré à Coblentz en 1793. Armes : d'argent au lion de sable, armé, lampassé et couronné de gueules.

 

Description faite par Michel Piron, prieur mauriste, de l'abbaye de Redon en 1633 : « Pour l'abbaye, la fondation est de huict cens ans, son revenu est grand et l'église fort bien battie. Elle peut estre au second rang des belles églises de France. Elle est très bien ornée et servie par des religieux de l'ordre de sct Benoist à présent réformés de la congrégation de sct Maur. Et sont vingt et cinq ou trente de communauté. Leurs bastiments sont anciens, assés grands et estendus. Il y a une belle maison abbatiale battie par feu monsr Artus d'Espinay de saint Luc, evesque de Marseille et abbé dudit lieu. Les autres logemens portent les armes des abbés, l'un de la maison de Brignac, l'autre de la maison de Kercado, et les autres du cardinal Salviati, qui en estoit abbé. Le grand et principal autel de l'église est enrichy de la figure du Crucifix, laquelle est d'argent et d'une excessive grandeur, et attaché à une croix aussi couvert d'argent, elle est accompagnée de deux images de la Vierge et de st. Jean, aussi d'argent, lesquelles on trouve bien avoir esté données à l'église, mais pour le crucifix, on ne le trouve pas, et tient on par une ancienne tradition qu'il aborda dans un batteau couvert au havre de Redon sans aucune conduitte d'homme. Ce batteau a esté conservé longtemps dans l'église mais enfin la dévotion du peuple l'a emporté pièce à pièce. Il y a des chasses d'argent qui contiennent de fort précieuses reliques, confirmées de siècle en siècle par de grands miracles et encores journellement, entr'autres le corps de sct Marcelin pape et martyr, et celui de sct Ypotheme, evesque d'Angers, partie de celui de sct Convoyon premier fondateur et abbé d'icelle, celuy de sct Benoist de Masserac, religieux, celui de sainct Mélar martyr, que que soit la plus grande partie d'iceulx ; outre une partie du chef de sct Melaine, un bras de st Léon pape, une partie des os de st Yves et autres très belles pretieuses reliques richement en chassées, outre plusieurs belles argenteries et calices, croix, images, entr'autres les douze apostres d'argent taillez en bosse de la haulteur de près de trois pieds chacun, plusieurs ornementz de draps d'or. Sur leur grand autel est un tabernacle doré des plus beaux et des plus grands qu'il y ait en France. Les vitres et les pierres de l'église portent les marques de quelques uns de leurs bienfaicteurs, entr'autres de Jan premier et Jan second, ducs de Bretagne peinctz en priantz en une haulte vitre du coeur, au dessouds desquelles il y en a d'autres, deux desquelles portent les peinctures et armes des seigneurs et dames de Malestroict, une de ceux de Rieux, et une autre de ceulx de Rochefort ; au dehors d'iceluy en la chapelle de Nostre Dame, en laquelle ces bons religieux ont eslevé un bel autel avec un beau tableau de l'Annonciation, des piliers, corniches et moulures dorées, une vitre pour les mesmes marques des seigneurs et dames de Laval et de Derval et de Montauban, avec peinture d'un abbé de la maison de Kercado nommé Yves Le Seneschal, duquel se voit aussi le tombeau de pierre eslevé sur quatre piliers ; en une autre verrière les seigneurs de Mejusseaulme et de la Gaudinaye ... Derrière le coeur, il y a une chapelle qui porte les armes des seigneurs de la Rouardaye en surnom de l'Hospital ... ; en la chapelle qui suit, il y a plusieurs seigneurs et dames de la maison de Tréal, représentés qui portoient de gueules au croissant burelé d'argent, mesmes un abbé de cette maison nomé Jan de Tréal qui vivoit il y a près de trois centz ans. Il y a dans ceste abbaye un beau chartrier où leurs chartes ont esté fort bien conservés. Ils ont trois ou quatre cartulaires manuscripts desquels vous apprendrez la vie de saint Convoyon qui fonda l'abbaye par les bienfaictz et approbation de Louis le Debonnaire empereur et roy de France et de Nominoe prince de Bretagne et de plusieurs autres seigneurs, et d'autres sainctz de ladite abbaye, comme ilz ont les corps scts qui y sont, breff leurs plus remarquables bienfacteurs et beaucoup d'autres choses très aggreables et profitables, rapportant le tout à la gloire de Dieu » (Archives Bibliothèque Nationale).

Ville de Redon : plan de l'église et abbaye (vers 1650).

Plan de l'église et abbaye (vers 1650).

Quelques bulles papales :

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Bulle papale pour l'abbaye de Redon (Bretagne)

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Quelques photos de l'Abbatiale prises par R. Frey (en 2007) :

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

Le retable est commandé par Richelieu, abbé commendataire de l'abbaye, à l'architecte lavallois Tugal Caris. Il date du XVIIème siècle. Les personnages sont du XVIIIème siècle.

 

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

Bretagne : abbaye Saint Sauveur de Redon

 

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