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LES BIENS DE L'ABBAYE SAINT-SAUVEUR DE REDON DURANT LA PÉRIODE FÉODALE.

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Les limites du domaine donné aux moines en 834 par Noménoé en toute propriété et seigneurie [Note : Cette donation pleine et entière fut faite au nom de l'Empereur (Louis le Débonnaire), dont Noménoé se considérait encore comme le délégué] sont, à travers les siècles, demeurées celles de la commune de Redon. Ce sont les deux rivières de l'Oût (ou l'Oust) et de la Vilaine depuis leur confluent jusqu'à une ligne passant par Saint-Jean d'Espileurs et Mussain (ou Mussan), laquelle constitue le troisième côté du triangle.

Ainsi dotée dès le principe, objet par la suite de nombreux privilèges, libéralités et donations, l'abbaye de Redon eut au Moyen Age une importance féodale considérable.

Ses bâtiments, son pourpris, ses jardins, cours et basses cours couvraient une superficie d'environ six journaux d'un seul tenant. En son église abbatiale se célébrait chaque jour l'office suivant l'usage de Rome dont, par une faveur insigne Saint-Sauveur dépendait immédiatement au spirituel. On commençait les matines à minuit avec douze leçons aux « fêtes commandées », trois aux autres jours ou seulement une « suivant l'institution du monastère », prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies du jour et fête à l'ordinaire, grand'messe du jour et fête, chantée avec diacre et sous-diacre, messe de Notre-Dame et messe, pour les trépassés. Les jours sans fête à douze leçons, on disait un service pour les défunts avec vêpres le soir, et vigile le matin.

Pour desservir l'abbaye et ses chapellenies régulières, le nombre des religieux avait été fort important ; le régime de la commende le fit singulièrement diminuer. A la fin du XVIème siècle, il n'y avait que neuf religieux prêtres et dix novices, chiffres qui, après s'être un peu relevés au siècle suivant, tombèrent encore plus bas au XVIIIème. Parmi ces moines existent des « officiers ordinaires » pourvus et institués par l'Abbé qui pouvait les révoquer à son gré ; c'étaient : le prieur claustral, le sous-prieur, l'aumônier, le maître d'hôtel et l'official de cour ecclésiastique. Ce dernier pouvait être un prêtre séculier. Tous les religieux, ainsi que les domestiques de l'abbaye, étaient « entretenus de vivres » par l'Abbé.

L'Abbé était librement choisi par ses frères pour être leur supérieur, pour gouverner le monastère et en administrer les biens. Ce droit d'élection libre, conforme à la règle de saint Benoit, avait été confirmé aux moines de Redon par le roi Salomon dès le IXème siècle. Après le décès d'Yves Le Sénéchal, dernier Abbé régulier, en 1467, les moines de Saint-Sauveur furent régis par le prieur claustral qui eut seul désormais la juridiction spirituelle. Au point de vue du temporel le monastère n'eut plus à sa disposition que la « mense conventuelle », c'est-à-dire cette portion de revenus que lui laissait le partage avec l'Abbé commendataire [Note : Lorsque s'y établi le régime commendataire, l'abbaye avait un revenu global de trente mille livres].

L'aveu présenté le 8 juin 1580 au roi Henri III, successeur des ducs, par l'abbé commendataire Paul-Hector Scotti énumère les « maisons, fiefs, juridictions, privilèges, droits, rentes, domaines, métairies, revenus et appartenances du benoit moustier Monsieur Saint Sauveur ». Ce document inédit, dont une copie se trouve en nos archives, et le riche fonds de l'Abbaye de Redon aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine ont fourni les divers renseignements groupés en cette étude.

I. — Prieurés et paroisses dépendant de l'Abbaye de Redon.

L'Abbé de Saint-Sauveur avait droit de désigner celui de l’abbaye de la Chaume au Comté Nantais. En outre, vingt-sept prieurés et douze paroisses dépendaient de Redon.

Les prieurés étaient :

— au diocèse de Vannes : Arzon, Blavet (Port-Louis), Châteaunois en Bieuzy, Ruffiac, Saint-Barthélemy en Redon, Sainte-Croix de Josselin, Saint-Goual en Locoal, Saint-Michel de la Grelle en Pluherlin et Saint-Nicolas de Baud ;
— au diocèse de Nantes : Ballac, le Bourg-des-Moustiers, Bremefeu, Crossac, Frossay, l'Ile d'Her, Juigné, Marsac, Massérac, Notre-Dame de Toutes-Joies à Nantes, Pembé en Nivillac et Saint-Nicolas de Redon, ce dernier fondé en 1369 ;
— au diocèse de Rennes : Châteaubourg, Montautour et Pléchâtel ;
— au diocèse de Saint-Malo : Maxent et Saint-Sauveur de Léhoac ;
— au diocèse de Cornouailles : Saint-Nicolas de Carhaix.

Le prieuré de Ruffiac devait chaque année, à la Saint-Jean d'été, à l'Abbé de Saint-Sauveur 10 livres de rente appelées « fourniements » et 3 sols de rente « charité » ; celui de Saint-Goual devait au même terme 40 livres de « fourniements » ; celui de Pléchâtel avait les revenus les plus importants. Quant à Saint-Barthélemy, situé dans la paroisse même de Redon, nous lui consacrons plus loin une notice détaillée.

Les cures étaient celles de Redon, Bains, Brain, Langon, Arzon, Locoal, Marsac, Massérac, Maxent, Moays, Châteaubourg et Pléchâtel, dont les desservants étaient présentés à la nomination par l'Abbé de Saint-Sauveur et portaient la simple appellation de « vicaires perpétuels », le titre de Recteur étant réservé à l'Abbé.

II. — Possessions personnelles de l'Abbaye dans la ville et dans la campagne de Redon.

Bien que les moines de Saint-Sauveur fussent seigneurs supérieurs de toute cette zone triangulaire dont nous avons donné plus haut les limites, et que toutes les terres, nobles ou roturières, n'y relevassent que d'eux, ils détenaient peu de biens propres en la paroisse de Redon. En voici la liste d'après l'aveu présenté au Roi par l'Abbé, Auguste de Choiseul, le 24 décembre 1677 :
— l'abbaye Saint-Sauveur ; — trois maisons joignant la cour de l'abbaye et donnant dans la Grand'Rue ; — quatre maisons rue de Port-Nihan ; — quelques autres maisons sises en divers quartiers de la ville ; — les greniers et fours banaux de Port-Nihan, dont le revenu allait à la sacristie ; — les prisons, sises en la Grand'Rue, près des remparts ; — les halles et l'auditoire [Note : L'auditoire était le tribunal des justices seigneuriales de l'abbaye et de Beaumont], entre la Grand'Rue et les rues basses, joignant par endroit la rue aux Febvres ; — La salorge [Nore : Grenier à sel] du port, sur la grande place entre le port et Saint-Pierre ; — les greniers et écuries du port, joignant les venelles du Jeu de Paume ; — les fours banaux du faubourg Saint-Michel, dont le revenu allait à la sacristie ; — la maison Saint-Maur, contenant deux journaux de terre, allant de la venelle Saint-Michel à Galerne (c'est l'hôpital actuel) ; — l’enclos de la Houssaye et de la Prégenterie, consistant en maisons, chapelle, grange, fuie, bois, vigne, prés, vergers et labours, en toute trente journaux entourés de murs, le long du chemin de Redon à Messac (route actuelle de Sainte-Marie), joignant ledit chemin d'un côté, de l'autre la Vilaine ; — le manoir et la métairie noble de Buard, maisons, grange, cour close, issue, jardin, verger, prés, bois, taillis et futaie, vignes et trois pièces de labour, en tout vingt-quatre journaux ;

Manoir de Buard, propriété de l'abbaye de Redon (Bretagne).

 

— Plusieurs prés dans les marais près de la ville ; — l'écluse de Veildraye-sur-l'Oût, entre Redon et Saint-Perreux ; — l'écluse du Tertre sur la Vilaine, entre la grée du Tertre et les prés de la Mée ; — les deux moulins à eau de Port-Nihan sur la Vilaine et les moulins à vent de Beaumont, Galerne et Beaulieu ; le moulin à eau de Courrouët-sur-l'Oût ; l'étang de Vial et son moulin à eau, et le moulin à vent de Vial (ce dernier en Bains) ;

Moulin de Vial, propriété de l'abbaye de Redon (Bretagne).

— le fief de l'Aumônerie, sis au Châtelet, « à prendre entre les petits prés de la Fontaine Saint-Pierre, la prée du Quefer, la rivière d'Oût, les grands prés de Codilo, à monter à la Croix-Verte, autrement appelée la Croix-Baillart, et de ladite croix à la Fontaine Saint-Pierre et au bas du port » ; — des rentes dûes à l'Aumônerie de l'Abbaye sur diverses maisons en Saint-Michel, entre autres 10 sols 5 deniers sur la maison Saint-Maur, 30 sols tournois sur une partie du jardin de la dite maison, 18 sols tournois sur la chapellenie du Bourneuf et sur des maisons à la Houssaye, et 18 sols sur la Hérauderie au Châtelet ;
— à cause de la Sacristie, « la dîmes des vins, grains, lins et chanvres qui se lève au haut du faubourg Notre-Dame, à commencer depuis le domaine de Beaumont jusqu'à la pièce de la Bussonnerie (près la Ville-Happe), à descendre par le chemin au-dessous où est la fontaine (du Tuet), à monter par une petite venelle qui mène au moulin de Galerne, et descendre par le chemin qui mène au doué « et abreuvoir au Duc (doué de Saint-Samson) et va par le long de la venelle des Tanneries (rue Thiers) au bas du dit domaine de Beaumont ».
— Les « passagers » (passeurs) du bac d'Aucfer devaient apporter chaque année à l'abbaye à la fête de Noël une bourse de satin blanc contenant 13 deniers monnaie, et la déposer pendant la messe de minuit, au moment de l'Élévation, sur le maître-autel de l'église abbatiale, sous peine de 3 livres monnaie d'amende.

III. — Quelques actes relatifs aux biens de l'abbaye, d'après un inventaire de 1699.

Mai. 1391. — Lettres de remises des biens de l'abbaye « usurpés pour avoir tenu le parti de la France contre le duc de Bretagne ».
12 Mars 1434. — Arrentement par l'abbaye à Jehan Rohan, pour 12 sols de rente, d'une pièce de terre contenant un journal, sise « où souloit entre le boys de la Houssaye », en Redon..
1434, 1431, 1439, 1440. — Privilèges « pour lever impôts pendant quatre ans pour achever les arches du pont de la Mée ».
10 janvier 1441. — Arrentement par l'abbaye de la « maison de la Bogue, joignant la porte Saint-Nicolas, à Redon », pour une rente de 4 livres, 9 sols, 3 deniers, à Jehan de Malestroit, évêque de Nantes.
29 août 1485. — Arrentement par l'abbaye de la « maison de la Bogue, butant d'un bout à la grand'rue », à N... Guyomard, moyennant 4 livres de rente et 10 sols à la Pitance.
20 octobre 1563. — Vente des moulins de Vial et de Courrouët en Redon et Bains, du temporel de l'abbaye, au sieur Apuril de Lourmois pour 975 livres.
1er mai 1567. — Rachat de ces deux moulins.
1569. — Aliénation par l'abbé, pour 600 livres, de l'écluse du Tertre de Renac, louée 30 livres. (Elle fut retirée la même année).
18 juillet 1576. — Le Pape accorde au roi Henri III une Bulle « pour lever cinquante mille écus de rente sur les bénéficiers ». Cette Bulle est vérifiée au Parlement de Paris le 7 septembre. L'évêché de Vannes est taxé à 312 écus de rente et l'abbaye de Redon à 61 écus. Pour satisfaire à cette taxe, l'abbaye dut aliéner plusieurs de ses biens qu'elle racheta dans la suite.

(R. de Laigue).

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