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CATALOGUE DES ABBÉS DE L'ABBAYE DE SAINT-JACUT-DE-LA-MER

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Saint Jagu ou Jacut (Sanctus Jacutus ou Jacobus), comme la plupart des premiers apôtres de l’Armorique, fut longtemps l’objet d’une dévotion particulière parmi les Bretons ; c’était à lui qu’étaient dédiées la plupart des églises ou chapelles sous le vocable de saint Jacques, très-nombreuses dans la province [Note : Il figure dans tous les vieux Propres de Bretagne : ainsi, dans celui de St-Méen (XVème siècle), on lit : « VI idus februarii, Jacuti abb. XII lection. de communi ». Dans le calendrier du Vetus breviarium Briocense, nous lisons : « III non.junii, Jacuti abb. III lect. ». A l’ancien bréviaire de St-Melaine : « III non. julii, Jacuti abbatis in cappis »].

Hinguethenus, le restaurateur de St-Méen, que nous fait connaître la chronique de Gaël (1008). D. Mabillon le mentionne aussi deux fois comme témoin : pour une donation faite à Marmoutiers (1020), et pour le testament du duc Alain (Annal. Bened., IV, 269).

Guiomar (Wihomarus, Guihomarus, Guihomardus) apparaît dans nos chartes auprès de l’évêque de St-Brieuc, Aemus, dont le pontificat doit être placé entre 1075 et 1090. Il assista aux funérailles d’Eudon de Penthièvre (Hist. généalog. de Bretagne, 5), à celles d’Anne, vicomtesse de Porhoët, et, la même année 1092, à la donation faite par le chef de cette maison au prieuré de Ste-Croix de Josselin (Tit. de Marmout. — D. Mor., I, 480).

Marcherius est nommé dans l’acte relatant les libéralités faites par Geoffroy de Porhoët à St-Martin de Josselin, en 1118 (Ibid., 139).

Guillaume passa avec l’abbé de Marmoutiers, qui portait le même nom, une transaction relative aux églises de Corseul et de St-Sauveur de Dinan : nous donnerons cet acte au fonds du prieuré de St-Malo auquel il appartient.

Mainon figura au concile de Reims en 1131 ; D. Martene rapporte qu’il y fit juger un différend entre son monastère et Marmoutiers au sujet d’un droit sur la vente du poisson à Dinan [Note : Anecdota. I. 139. — Ces trois derniers abbés étaient restés inconnus à D. Mars].

Henri fut béni par Hugues, archevêque de Dol, en 1159. Six ans après, il passait avec le fermier de la Ste-Trinité un acte dont on retrouvera plus loin l’analyse. Il fut délégué par le St-Siége comme arbitre d’une contestation entre l’abbaye de la Vieuxville et Geoffroy Du Guesclin, à propos de la terre de la Fresnaie, en 1180. Comme Du Guesclin et les siens ne voulaient pas se soumettre au jugement de l’abbé, celui-ci fulmina contre la famille réfractaire une sentence d’excommunication [Note ; D. Mor., I, 679 . 680 ; III, 919. — Les collecteurs des Blancs-Manteaux rapportent la note suivanlo que le marquis de Molac avait extraite du cartulaire de la Vieuville : « Littera H. Sancti Jacuti abbatis de causa que vertebatur inter monachos Veteris Ville et G. Guiclip super terrant que vocatur Fresneia, ex dono scilicet Floride matris ejusdem G. Wuglip et fratrum suorum Richardi et Willelmi et ex concessione ipsius G. post reditum suum de Hierosolymis, et ex concessione domini sui Gaufridi pincerne Doli. Actum est hoc apud Dinannum, presente abbate Moyse, anno ab Incarnations 1180 » (T. XXIII, 98)]. Nous le retrouvons dans deux enquêtes en faveur de Dol : la première fut ordonnée par Henri III, roi d’Angleterre, en 1181, pour recouvrer les biens perdus de cette église ; la seconde fut commandée par Innocent III pour vider l’interminable querelle entre les archevêques de Dol et de Tours [Note : Dans la première il est dit : « Quod audierat ex testimonio patris quod furni et molendinum archiepiscopi, et baticulatio (le pressoir), et feudum Alani Brientii sunt de dono Juhelli ». Dans l’autre, il déclare, sous la foi du serment, « quod vidit Gal. archiepiscopum Dolensem habentem duos episcopos suffraganeos, videlicet Trecorensem et Briocensem, et postea vidit Oliverium in archiepiscopum in Ecclesia Dolensi, et vidit predictos episcopos cum clero Dolensi recipere predictum 0. in processione. De Hugone autem archiepiscopo Dolensi quod ...... rediens a consecratione, nec a clero nec a populo admissus est ; et hac necessitate compulsus Romanum adiit Pontificatum ; et ibi, ut audivit, ab obedientia Turonensis Ecclesie est absolutus a Papa Adriano, et pallium ab eo obtinuit, quo, ipso presente et vidente, usus est in consecratione cujusdam altaris monasterii Sancti Jacuti et in benedictione prefati abbatis, et in multis aliis locis ». (D. Mor., I, 686, 740.) — Nous mentionnerons encore ici un dissentiment entre cet abbé et l’évêque de Tréguier, signalée comme suit au T. XLVI, 213 des Blancs-Manteaux : « Ego Joscius, Dei gracia Turonensis humilis minister, omnibus tam presentibus quam futuris salutem : notum facimus quod controversia que diu extitit agitata inter Guillelmum Trecorensem episcopum et Henricum abbatem Sancti Jacuti super ecclesia Beate Marie ....... in hunc modum terminata est, etc. »].

Daniel : D. Noël Mars prétend avoir trouvé l’abbé Nicolas dès 1201 ; nous croyons que c’est une erreur, puisque nous donnons une charte de cette année où est mentionné D., abbé de St-Jacut.

Nicolas tenait le siège abbatial, en 1210, quand l’évêque et le chantre de Coutances, appelés à juger un procès entre l’abbé de St-Jacut et son meunier, prononcèrent leur sentence « sous le porche de la grande église » [Note : Nous avons trouvé dans la collection des Blancs-Manteaux l’indication d’un démélé entre cet abbé et les sires de l’Argentaye, ainsi conçue : « Universis Christi fidelibus presentem paginam inspecturis Guido de Argenton, dominus Plancoidi, salutem. Noverit universitas vestra quod cum controversia diucius agitata fuisset inter abbatem et conventum Sancti Jacuti et me et antecessores meos, dominos de Plancoit, super avenagio, gallinagio, fumagio, etc. Actum anno Domini 1219 »].

Alain, sorti de St-Maur, signait une charte de St-Aubin, comme nous l’avons vu dans les titres de cette abbaye, non pas en 1230, ainsi que le prétend D. Taillandier, mais en 1233.

Mathias, d’après D. Taillandier, serait l’abbé qui transigea avec Aliénor de Rohan pour la cohue de la Trinité : nous donnerons cette charte, mais elle ne nomme pas l’abbé de St-Jacut [Note : D. Mars ne mentionne ni cet abbé ni le précédent].

Simon, dit le même Bénédictin, fut choisi pour arbitre entre l’évêque de Dol et son chapitre pour le vicariat de Ros. L’année où il fit avec le Tronchet une association spirituelle, il ratifia un accord entre l’abbé de St-Melaine et un chevalier.

Geoffroy : nous analyserons le principal acte de son administration en 1303.

Guillaume était sur le siège abbatial six ans plus tard : les Blancs-Manteaux rapportent, au temps de cet abbé, un procès soutenu par Jean Eveillard, prieur de St-Sauveur de Dinan et procureur de l’abbaye, contre un St de Boisbilly, recteur de Créhen [Note : XLI, 647. — La même collection le signale en 1328 ; XLVI, 224].

Eon ou Eudon envoyait un frère en obédience au prieuré de Lintonne, en Angleterre, en 1337 [Note : Ibid., 644, 648, 656. — A cette dernière page, il y a une erreur de date, ce qui n’est pas rare dans cette collection toute composée de copies qui n’ont pas toujours été faites avec soin]. Suivant D. Mars, il dirigea l’abbaye depuis l’année précédente jusqu’en 1349.

Guillaume de Rays gouverna le monastère pendant quarante ans : il signa, en 1352, les lettres de créance des ambassadeurs envoyés par les Bretons à Londres pour traiter de la rançon de Charles de Blois ; en 1358, il présentait à la cure de Trégon. Il mourut le 23 juin 1390, d’après une note des Blancs-Manteaux.

Olivier Payen, Paion, Péan, Paganus [Note : Le Gallia ne met pas cet abbé à sa place ; il le nomme le dix-neuvième au lieu du dix-septième et saute les deux suivants. Quant à D. Taillandier et à ses copistes, la confusion est complète dans cette partie de leur catalogue] est un des abbés qui ont fait le plus pour St-Jacut. Nommé prieur de St-Cadreuc en 1378, il fut élu abbé à la mort de Guillaume de Rays, à la fin de 1390, disent les Blancs-Manteaux : on lui doit les pêcheries de pierres de la grève ; « la crosse abbatiale avec son bâton, qui est fort belle », dit D. Mars ; enfin, la grosse cloche de l’abbaye [Note : Il répéta deux fois sur la crosse l’inseription suivante : « Frère Olivier Paien, abbé de St-Jagu, fist faire cette crosse ». Sur la cloche on lisait : « Frater Oliverius abbas fecit facere istum campanum melius quam potuit, mill. CCCC° secundo ». Ses armes (Péan de Pontfily, près Dinard) se voyaient en plusieurs endroits de l’église: elles étaient de gueules, suivant D. Mars ; d’or, suivant M. de Courcy, à trois têtes de Maure de sable ; les Blancs-Manteaux disent : d’azur à trois testes d’argent bandées]. En 1391, il s’associa de prières avec Marmoutiers, et traita avec Bertrand Goyon, fils d’Etienne, sire de Launay, pour des dîmes en St-Pôtan. Il vivait encore en 1402 [Note : Blancs-Manteaux, XLI, 649, 661, 665].

Jean Mensiau, élu en 1404, ne se montra pas indigne de succéder à Olivier Péan. Il avait sans doute provoqué la bulle par laquelle Benoît XIII chargeait, en 1406, l’abbé de St-Melaine de Rennes de recouvrer les biens de St-Jacut, induement aliénés (Mon. Bened., XVIII. — Gal. Christ., XIV, Instr. 259). Il fut conseiller du duc et résista éncrgiquement à une ligue des seigneurs du voisinage qui avaient prétendu lui imposer un curé ; il subit leurs violences, mais il en obtint réparation. Il changea en 1412 avec Bon-Repos, pour un moulin et quelques rentes que St-Jacut possédait près de Guingamp, les passages de Minibriac, de Lequefretin, et des rentes en Dinan [Note : Manuscrit de Noël Mars]. Il mourut en 1417.

Guillaume Le Veneur lui succéda la même année ; en 1420 , il reçut du duc Jean V confirmation des privilèges du prieuré de Lannion [Note : Note : En 1422, il signa le traité entre les Etats de Bretagne et le duc de Bourgogne (D. Mor., II, 1127)] ; en 1430, il passa un traité avec Jean de la Goublaye, et concéda à l’abbaye tout ce qu’il possédait dans la grande dîme de St-Pôtan ; et, l’année suivante, il fit une autre acquisition de Geoffroy de la Ville- Harmoye [Note : Bl.-Mant., XLI, 649. — Cette collection donne son sceau en 1434, un cerf passant].

E.... n’a été signalé à D. Mars que par l’inscription de la moyenne cloche de l’abbaye [Note : Cette inscription était ainsi conçue : « Fr. E., abbas fecit fieri istud signum, anno M° CCCC° XL° II° ». Le Bénédictin a-t-il bien lu cette initiale ?.. Ce n’est pas l’avis de D. Taillandier]. 

Guillaume Milon [Note : Nous avons parlé de cette famille à l’occasion d’une chapellenie de la cathédrale de St-Brieuc (I, 229). — M. de Courcy n’a eu connaissance que d’un des deux abbés de St-Jacut qui ont porté ce nom] « a esté longtemps abbé de ceste abbaye et y a fait beaucoup de choses », dit Noël Mars. Ce fut lui qui, aidé par Charles de Dinan, baron de Châteaubriant, et sa femme Catherine de Rohan, confectionna le grand ornement de drap d’or historié, qui fut une des pièces les plus curieuses du trésor de l’abbaye [Note : Sur la croix de la chasuble, nous dit la collection des Blancs-Manteaux, se voyaient les écus mi-parti de Dinan et Châteaubriant d’un côté, et de Rohan de l’autre. Au bas étaient les armes de l’abbé. Sur les bras de la croix se voyait une pannetière de pèlerin, chargée d’une coquille d’argent et attachée à un bourdon (XLI, 660). Cet abbé est signalé en 1449 et 1450]. Il rebâtit le cloître, le portail de l’église, fit refaire la grande vitre et voûter la nef. Enfin il construisit le logis abbatial, le grand Colombier, et dans son église une chapelle en l’honneur de saint Vincent Ferrier, pour qui il avait une dévotion particulière ; il avait été, avec les évêques de Dol et de St-Malo, chargé par le St-Siége de l’enquête de canonisation de ce saint dans toute la Bretagne. Il reçut plusieurs fondations importantes, entre autres l’une du Duc, l’autre d’Alain IX, vicomte de Rohan, et fut inhumé dans sa chapelle, en 1461. Sur sa tombe on voyait encore à la fin du XVIIème siècle, avec ses armes, la crosse et la mitre que le premier à St-Jacut il avait obtenu de porter.

Bertrand de Broons, qui lui succéda, présentait à l’évêque de Dol un vicaire perpétuel pour la paroisse de St-Jacut, en 1464 (Bl.-Mant., XLI, 651) ; il mourut en 1471, d’après D. Taillandier.

Etienne Milon, protonotaire apostolique, a été confondu à tort par le continuateur de D. Morice avec le précédent abbé du même nom. Il fut le premier commendataire de St-Jacut : à la mort du dernier abbé régulier, le duc François II avait défendu aux religieux de recevoir aucun abbé sans son assentiment; ce n’est certes pas une des gloires de ce triste règne que d’avoir créé les commendes. Quand E. Milon mourut, le 25 août 1498, le chapitre s’empressa de convoquer les religieux pour élire un abbé régulier, mais ce fut en vain : la commende fut donnée à Jean, archevêque de Tarse, qui rendit aveu au duc en 1499 [Note : Bl.-Mant. XLI, 645, 651 et 650. — lci D. Taillandier a raison contre D. Mars, qui ne nomme pas cet abbé].

A partir de ce moment, la confusion qui règne dans le catalogue des abbés ou prétendus tels, dit assez le désordre qui caractérise cette malheureuse époque. Au cardinal précédemment nommé en succède un autre du titre de Sainte-Praxède, puis un troisième, Bernard de Sanctœ Mariœ in Porticu. Celui-ci soutint un procès en cour de Rome contre Fr. Jean des Cognets, élu par la communauté et appuyé par la reine Claude. Le cardinal gagne sa cause, mais il est censé donner sa démission, et une bulle de 1516 confère le titre d’abbé à son compétiteur, qui depuis long temps déjà était reconnu à Rome pour vicaire général de l’abbaye [Note : Dès 1507, comme le prouve un titre des Blancs-Manteaux, XLI, 652]. Cette bulle n’empêche pas, deux ans après, le cardinal Bernard d’écrire à Jean Des Cognets comme à son vicaire général [Note : Il était de la maison de Galinée, dit avec raison D. Mars, qui donne inexactement ses armes : elles sont en réalité « De sable à la croix potencée et contrepotencée d’argent, cantonnée de quatre molettes de même ». Le bon Bénédictin a vu aux archives de cette maison un acte prouvant que les Des Cognets étaient seigneurs de Galinée au Vème siècle ; cependant il soupçonne une erreur, et il pense que leur présence dans cette terre n’est bien établie qu’au VIIème s. Nous sommes encore plus incrédules que D. Mars, bien que nous tenions cette famille pour très-ancienne. — Les Blancs-Manteaux nous signa lent un aveu au roi par Jean Des Cognets, en 1517. (Ibid., 651)]. Celui-ci lui paya jusqu’à sa mort une pension reversible sur la famille du cardinal ; mais les successeurs de l’abbé Des Cognets refusèrent d’en continuer le paiement.

Après la mort de cet abbé, en 1520, le Pape donna St-Jacut à un certain Jean Cinthio, tandis que la Reine y appelait Jean Dollo. Les moines firent un autre choix, Georges du Guémadeuc, qui , soutenu par sa puissante famille, finit par l’emporter, comme le prouve la bulle de 1522 [Note : L’acte d'élection, rapporté aux Blancs-Manteaux (XLI, 651), est signé par des moines appartenant pour la plupart aux principales familles du pays : Mathieu Des Cognets, Yves Gouyon, Jean Halory, Rolland de St-Meloir, Pierre de la Vigne. — Le 7 décembre de cette même année, la Reine avait écrit de Compiègne au Pape pour lui déclarer que le Roi et elle ne pourraient souffrir que cette abbaye, « à cause de sa grande importance », soit dans des mains étrangères. Elle renonçait à la présentation faite par elle de Dollo, qui n’était pas religieux, et suppliait le St-Père de nommer « Georges de Guémadeuc, très-honnête religieux de ladite abbaye » (D. Mor., III, 956)].

La Reine avait souscrit au choix des moines, parce que « ceste abbaye estant finitime et frontière de la Bretagne, il estoit besoin d’une personne fidelle » [Note : Lettre de la reine Claude au St-Père. (Bl-Mant., XLI, 657. — D. Mor., II, 956)]. Or, Georges était enfant, et ne reçut les ordres extra tempora [Note : Les Blancs-Manteaux, T. XLI, 643, nous ont fourni l’acte des diverses ordinations de G. du Guémadeuc, en 1540 ; acte dressé par Geoffroy, évêque de Tibériade et suffragant de Vannes, cardinal-prêtre du titre de St-Antoine. Cette copie est tellement inexacte que nous nous abstenons de la reproduire] qu’en 1540 [Note : Bl.-Mant., XXXIX, 659. — Nous avons vu que Georges du Guémadeuc fut béni par l’évêque de St-Brieuc en 1546. Fr. Mars, qui connaissait parfaitement cette famille, ne lui donne pas les armes qui lui sont attribuées par M. de Courcy ; elles sont, dit le premier, « d’azur au léopard d’argent accompagné de cinq coquilles de même en orle ». Puisque nous parlons blason, disons que le sceau de l’évêque François de Mauny, tel que les Bénédictins l’ont vu au procès-verbal de consécration de l’abbé de St-Jacut, diffère des armes de sa famille. Il est ainsi déerit aux Blancs- Manteaux : « Un écu en bannière, écartelé au 1 et 4 d’un croissant, au 2 et 3 un lozange, sur le tout un lion »], année où il rendit aveu au Roi. En attendant, sa famille s’était emparée des revenus de l’abbaye pour les mieux gérer [Note : En 1521, Jean de St-Meloir avait été nommé receveur ; et, quelques mois après, on lui substitua Jacques Madeuc, Sgr de Guémadeuc, Trévécar et Launay. (Bl.-Mant., XLI, 644, 653)]. Cet abbé résigna en faveur de l’un de ses parents, Louis de St-Meloir, en 1559 [Note : Les bulles de cet abbé sont du 4 des ides de mars ; il prêta serment devant la cour de Nantes, le 7 novembre 1561 ; « parce que, disent les Blancs-Manteaux, il ne présentait pas les lettres du roi, mais seulement les bulles » (XLI, 653, 655). — « Frater Georgius de Guemadeuc, etc., abbas, etc. Notum facio quod hodierna die coram nobis et notario publico subsignato humilis Ludovicus de Saint Meloio ad religionis vota publice in nostra ecclesia post celebratam missam admissus est, die 25 mensis martii, anno Domini 1540, presentibus ibi nobilibus viris Eustachio de Launay, Jacobo Lavocat, Johanne Goueou, laicis Macloviensibus, cum pluribus aliis, etc. ». Signé du notaire dans l’original et dudit sieur abbé, avec ses armes, qui sont : « Escus en bannière chargé de trois coquilles, en chef un lion léopardé, teste de profil en face et trois autres coquilles en pointe ». (Bl.-Mant., XLI, 654)].

Celui-ci, entré fort jeune à l’abbaye, avait fait ses études à Paris, et était pitacier et prieur de Kermaria-an-Dro [Note : Il fut béni par Bertrand de Marillac, évêque de Rennes, aux Frères-Prêcheurs de cette ville, en 1569 seulement. Ses armes étaient « de gueules à 10 molettes d’or, 4, 3, 2, 1 ». (D. Mars)]. Il gouverna vingt-cinq ans l’abbaye, sans laisser d’autre souvenir que d’avoir aliéné une assez forte partie du temporel [Note : Nous avons trouvé toutefois les traces des efforts qu’il fit pour recouvrer une maison située « entre la rue du Puits au Bret et la rue des Degrés », à St-Malo, appelée « l’Abbaye ou la Cour de St-Jacut ». Elle avait été arrentée à un bourgeois de St-Malo, en 1535]. Il résigna en 1584, et fit élire à sa place, par les moines, Robert Harens, qui avait été chapelain des Guémadeuc [Note : Ses armes portaient trois croissants. (Bl.-Mant., XLI, 65)].

Robert ne fut jamais que l’instrument de cette famille, qui, le voyant malade, en 1592, le fit transporter à Guébriac [Note : Il y était né, et, forcé, dit D. Mars, par les Madeuc, il était entré en religion, le 15 mars 1583. (Bl.-Mant., XLI, 653)], et, avec lui, la plupart des titres de l’abbaye. Il mourut en juillet 1600, mais sans avoir ni résigné ni administré l’abbaye [Note : Toutefois, les Blancs-Manteaux donnent de lui une permission à un Frère de se faire ordonner où il voudra, en 1597. — Par les motifs précédemment déduits, nous préférons la version de D. Mars à celle de D. Taillandier].

Antoine de Brehan, Sr de La Roche, obtint ce bénéfice pour son neveu Louis [Note : Ses bulles sont des calendes de mars 1603. (Bl.-Mant., XLI, 654)] ; d’après D. Mars, l’abbaye fut censée saisie par le roi, et le Sr de La Bretèche, père de Louis de Brehan, l’exploita quatre ans sous le nom de son fils, âgé de quinze ans seulement. Louis résigna, en 1614 [Note : Ses armes étaient d’argent à un chevron d’azur billeté d’or, selon dom Mars], et la commende fut ouvertement rétablie de nouveau.

Pierre de Francheville, recteur de St-Cyriaque, chanoine et chantre de St-Brieuc, l’obtint en 1615, par le crédit de son neveu, aumônier de la reine (Bl.-Mant., XLI, 658, 661). Il voulut, en y appelant la Congrégation de St-Maur, mettre fin aux désordres dont cette abbaye était le théâtre.

Louis-Hercule de Francheville eut la commende de 1651 à 1687 ; puis il se maria [Note : Bulles de 1651 ; aveu au roi, du 29 décembre 1665, et du 12 novembre 1678. (Bl.-Mant., XLI, 655, 658. (Arch. des Côtes-du-Nord)].

René Fouquet du Breil, aumônier ordinaire du roi, lui succéda, et mourut en 1706.

Jean Rousseau de l’Aubanie, prieur et chef de l’église collégiale de Brives-la-Gaillarde [Note : En 1727, il y avait douze religieux ; le revenu était de 8,000 fr.], tint la commende jusqu’en 1760, où il fut remplacé par Yves-Alexandre de Marbeuf, chanoine-comte de Lyon, et vicaire général de Rouen [Note : A partir de ce moment, nous suivons l’abbé Tresvaux. (Eglise de Bret.)]. Celui-ci se démit quand il fut appelé au siège d’Autun, en juillet 1767; il était archevêque de Lyon en 1788.

N... de Rais eut St-Jacut après M. de Marbeuf, jusqu’en 1772.

Antoine-Joseph Deslaurents, évêque de St-Malo, garda la commende jusqu’à sa mort, en 1785. L’abbaye resta un an sous le régime de l’économat, puis elle fut donnée à Barthélemy-Philibert d’Andrezel, vicaire général de Bordeaux, député à l’Assemblée du Clergé. Après avoir émigré, il mourut inspecteur général de l’Université, en retraite, en 1824.

(J. Geslin de Bourgogne et A. de Barthélemy).

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