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Le prieur Dom Jean-Baptiste Moreau de l'abbaye du Relec

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Les documents nous livrent pour le XVIème siècle, les noms de deux prieurs : Guillaume Le Roux, 1562 (Archives de MM. du Coëtlosquet) et 14 mai 1568 (Archives du Finistère, 4 H 95), et Loys Benoît, prieur en 1596 (Archives du Finistère, 4 H) et le 14 février 1598 (Bull. de la Société archéol. du Finistère, 1892, p. 100-102).

Le 10 avril 1615, c’est Pierre Boulenais qui est prieur (Archives du Finistère, 4 H 62).

De 1625 à 1627, Julien Bienassis, prieur du Relec, est vicaire général de Léon.

Nous trouvons ensuite les noms de Francois Le Clerc, puis de Grégoire Godet, 1653, 1656, 1667, 18 mars 1660 (Bull. de la Société archéol. du Finistère, 1885, p 80).

En 1661 apparaît Jacques Trouillaut, docteur en Sorbonne. Profès du Relec en date du 17 septembre 1653, il est prieur du Relec de 1661 à 1672 [Note : Le 6 juillet 1670, dom Trouillaut assista à un service chanté à Plougonven, pour le seigneur du Cosquer. Dans l'église se trouvaient en même temps que lui le sieur de Penarstang-Lezormel et le sieur de Quelorn Le Léoyer. Tous deux armés armés de fusils, portaient un bâton pendu à la ceinture. Ces gentilshommes étaient venus en dessein de donner la bastonnade au prieur du Relec, pour le punir d'avoir au Relec même, infligé le même traitement à un de leurs parents (acte notarié du 16 octobre 1670)], puis devient directeur spirituel de l’abbaye de Notre-Dame de Joie, près d’Hennebont, diocèse de Vannes. En 1682, il est nommé vicaire général de l’ordre en Bretagne.

Etienne Bidard, remplacé par Trouillaut à Notre –Dame de la Joie, succède à ce dernier comme prieur du Relec, le 16 novembre 1672. Docteur en théologie, il était vicaire général de l’ordre en Bretagne. Il mourut le 26 juin 1675 à l’abbaye cistercienne de Kerlot, et fut inhume en l’église Saint-Mathieu de Quimper.

Jean-Baptiste Moreau, bâchelier en théologie de la Faculté de Paris devient prieur de Relec le 4 février 1680 (Archives du Finistère, 4 H 15). Nommé prieur de Notre-Dame de Bon-Repos, diocèse de Vannes, le 21 juillet 1683, il est remplacé, le jour même, par Jacques Trouillaut [Note : Le 28 janvier 1681, dom Moreau avait vu l'un de ses religieux, Joseph Leclerc, profès depuis 9 ans, passer à l'abbaye de Saint-Aubin-des-Bois, pour y prendre la réforme (Ibid.)]. Quelques mois plus tard, le 29 février 1684, Trouillaut quittait ce monde, et le 30 avril suivant, Moreau lui était donné comme successeur.

En 1694 Jean-Baptiste Moreau devint prieur de Cîteaux, puis on le retrouve au Relec en 1706. C'est le moment de décrire l'œuvre entreprise par cet homme de valeur.

Elle est retracée dans le procès-verbal suivant, dont le ton savoureux reflète l'enthousiaste fierté des moines :

En arrivant au Relec au début de 1680. il vit d'abord une grande et haute église sans lambris dans la nef et les bas-côtés, ni dans la croisée du côté de la chapelle de Notre Dame ; il vit la chapelle, qui est un des plus beaux morceaux d'architecture, noir comme un jeu de paume, où les religieux étaient assis sur des pierres noires et humides, un méchant escalier de pierres noires et glissantes pour aller de l'église au dortoir qui était sans lambris ; il y avait de petites chambres à l'antique, et des fenêtres à la capucinade ; le tour du cloître fait en petite voûte de deux pieds de large entre deux rangs de petites colonnes prêtes à tomber.

M. le prieur fit d'abord blanchir tout le chapitre et faire trois grands bancs, un au milieu pour les supérieurs, les deux autres à côté, d'une belle et forte menuiserie. Il fit faire un crucifix d'argent massif sur une croix d'ébène garnie d'argent de même, qui est sur le grand autel, en place d'un vieux crucifix de bois.

Il a fait en 1682 repeindre et dorer le grand retable. Il a fait faire aussi le saint ciboire d'argent en 1685, au lieu d'un très faible et antique qui y était, avec une boite et orseaux d'argent pour les saintes huiles. Il a payé en 1682 un très beau calice fait à Paris qui a coûté 350 livres.

En 1682 il fait venir dans des canaux d'une éminence distante de l'abbaye... de l'eau excellente, qui se décharge dans un bassin de plomb, d'où elle sort par deux canaux de plomb dont l'un s'ouvrant pour les besoins de la maison, et l'autre pour faire un jet d'eau de 14 pieds de haut, et qui retombe dans un bassin de pierre de taille de 30 à 40 pieds de diamètre.

Il a fait la porte et les deux pyramides de pierre de taille du petit jardin. Il a fait sabler les allées du grand et du petit jardin, il a fait construire un très joli pavillon soutenu par huit piliers de pierre de taille ; en dehors c'était un lieu de conférence au-dessous, et une chambre de santé... cela fut fait à la prière des anciens religieux.

Le même prieur a fait faire un dais de damas et de brocart avec des dentelles d'or pour porter le Saint Sacrement, un parement d'autel précieux de velours rouge, ciselé à fond d'argent avec dentelle et frange d'argent fin, de plus un reposoir de velours rouge ciselé de même avec dentelle et frange d'argent fin, pour exposer le. Saint Sacrement en évidence. Il a fait faire ensuite des aubes à dentelle.

Puis la charpente et le lambris du côté des chapelles de Notre-Dame et de Saint-Bernard, ce qui manquoit depuis un siècle. Il a fait ensuite lambriser toute la nef depuis le presbytère, qui est voûté jusqu'au grand pignon de l'entrée de l'église, après avoir fait mettre des poutres neuves et des crampons de fer à tous les tirants pour les rendre plus forts. Il a fait ensuite lambriser les deux côtés de la nef en 1685, 86, 87. En 1689 il a fait achever l'orgue en y ajoutant le positif enfermé dans une sculpture de bois très jolie, et placer l'orgue entière sur une tribune très bien faite et soutenue par des colonnes très bien placées et travaillées à l'entrée de l'église.

Il a fait relever deux côté du cloître avec belles et grandes pierres de taille qui l'affermissent.

Il a fait ensuite un escalier neuf et des plus hardis et des plus commodes, de pierres de taille avec un balustre, pour monter de l'église au dortoir, dont il a fait mettre la porte au milieu du corridor et placer celle du fond vis-à-vis.

Et il a fait percer la muraille du cloître, et fait un escalier de pierres de taille pour aller du cloître au dortoir, ce qui manquait auparavant.

Il a fait ensuite rebâtir le dortoir en 1691, 1692, 1693, depuis la voûte du côté de l'Orient et de l'Occident, avec une charpente et des chambres neuves très commodes, avec de belles fenêtres dans les chambres, et des croisées qui donnent un grand jour dans le dortoir.

En 1690, il a fait venir de Paris des livres qui sont dans le chœur qui servent pour le chant et la psalmodie. Il a augmenté la bibliothèque de très beaux livres nouveaux marqués dans le catalogue.

Il a fait aussi boiser la cheminée du réfectoire, celle de la chambre du prieur, avec un plancher, une charpente, une antichambre, un cabinet neuf. Voilà ce que M. le prieur a fait au Relec avant d'aller pour la deuxième fois prieur à Cîteaux. Ce fut en 1694 (Archives du Finistère, 4 H 15).

Jean-Baptiste Moreau, après avoir été prieur de Cîteaux devint syndic général de l'ordre en Ile-de-France, charge analogue à celle qu'il avait exercée en Bretagne durant six ans. Au chapitre général de 1699, il fut nommé visiteur des abbayes de l'ordre en Rouergue, Quercy, Languedoc et Roussillon. En mars 1706, il revint pour la troisième fois comme prieur au Relec.

M. de Grancé, abbé du Relec, étant mort au siège de Turin, le Roi nomma, la veille de Noël 1706, pour abbé, Nicolas David Berthier, premier évêque de Blois. Le prélat prit possession de l'abbaye, par procureur en mars 1707, et par une visite personnelle au mois de juillet suivant. Le lendemain de son arrivée le prieur lui fit cette harangue :

Illustrissime premier évêque de l'église et du diocèse de Blois, qui êtes aussi l'ornement, l'amour, la lumière et l'exemple de toute l'église gallicane, vous, avez souhaité de voir cette abbaye à laquelle le plus grand des rois vous a nommé, et qui est assez considérable, dans cette province par la protection singulière de la Sainte Vierge, qui prend plaisir d'y être honorée, par un très grand nombre de fidèles, en faveur desquels elle a fait plusieurs miracles.

Nous avons aussi désiré de notre part de jouir ici de votre aimable et douce présence, nos ardents désirs vous y ont attiré, vous avez satisfait l'attente de tous ceux qui sont dans des transports de joie de voir à présent de près un prélat dans lequel on remarque je ne sais quoi qui ravit les yeux et charme les cœurs. Car la majesté et la modestie s'unissent ensemble sur votre front, la vivacité de votre esprit paraît dans l'éclat de vos yeux, tous les traits de la piété brillent sur tout votre visage.

Que dirai-je de votre nom si fameux dans l'histoire, célèbre par tant de titres d'honneur, consacré depuis longtemps à la postérité par une longue suite d'aïeux, dont les uns ont combattu dans la robe et dans l'épée pour le service de Dieu, du Roy et de l'État, tandis que d'autres, élevés sur le chandelier de l'église militante, ont porté le flambeau de la vérité dans tout le Languedoc, et dans les assemblées générales du Clergé, avec tant de bonheur et de succès, que les ennemis de la religion ont été convertis ou convaincus par leurs exemples et la force de leurs discours.

C'est en suivant, Monseigneur, les traces glorieuses de vos ancêtres, que tout le monde admire à présent dans vous cet assemblage de vertus si belles que l'apôtre saint Paul désirait dans un évêque accompli, et qu'il a si bien décrit dans ses admirables épîtres à Tite et Timothée, ses disciples, et que même saint Benoît, notre législateur demande aussi dans un abbé quand il veut remplir parfaitement ses devoirs. De là vient comme d'une source heureuse et féconde cette inclination singulière et ce penchant merveilleux que vous avez pour maintenir la paix et la bonne intelligence entre l'abbé et les religieux, entre le chef et les membres. De là vient encore cet équité naturelle profondément gravée dans votre cœur, qui veut accorder à chacun ce qui lui est dû légitimement.

Aussi, Monseigneur, nous avons sujet d'espérer plus que jamais un sort plus heureux, et certes, la divine Providence ne pouvait nous donner un abbé meilleur et plus conforme à nos désirs et à nos besoins, dans ce temps difficile, et dans l'état où nous sommes, car s'il n'y a pas eu d'abbé dans cette maison qui vous ait surpassé en réputation et en dignité, pour l'affabilité, les grâces, le mérite, le crédit et la faveur auprès du roi et des grands, ni enfin, par toutes les rares qualités du corps et de l'esprit nous espérons aussi qu'aucun abbé dans la suite ne vous surpassera, par les bienfaits, l'affection généreuse et la justice que nous attendons de vous.

Dans une lettre adressée le 1er juillet 1707 au prieur du Relec, Mgr de Blois avait annoncé son arrivée et celle de ses gens, promettant « de régler toutes choses de manière que tout le monde fût content ». C'est dans cette espérance que le prieur et ses religieux lui firent un excellent accueil, à sa personne et à sa suite. Tous furent logés au couvent durant six semaines. Quelque temps après son départ, les religieux présentèrent à l'abbé une requête où, se disant lésés de 4 à 5000 livres dans la part qui devait leur échoir des revenus de l'abbaye, ils lui demandaient justice, d'autant que des réparations s'imposaient, et qu'il avait réduit à sept le chiffre des quinze religieux prévus pour le monastère. Ils ajoutaient qu'ils étaient trop peu nombreux pour pouvoir s'acquitter de l'Office divin et garder une plus exacte régularité. La pétition était signée : Moreau, prieur ; Cheveuil ; Jean Le Corneux, sous-prieur ; Rufflet, cellerier ; Jacques Chéron ; Delaunay ; Hyacinthe de Botloy.

L'abbé avait regagné Blois sans avoir rien conclu avec les moines, ni leur avoir fait, pas plus qu'à leur église, la moindre libéralité, quoi qu'on se fût mis en grands frais pour le bien accueillir.

Le prieur s'adressa, le 1er octobre 1707, aux juges royaux de la sénéchaussée de Lesneven, pour leur exposer l'état des choses. Il demandait que l'on fît trois parts des revenus du monastère, la première destinée à l'abbé, la seconde aux religieux, la troisième encore à l'abbé, pour acquittement des charges. Le 21 octobre 1709, un décret du grand conseil royal lui donnait satisfaction (Archives du Finistère, 4, H 3).

L'année suivante, à la date du 31 mai, Dom Moreau est toujours prieur au Relec (Archives du Finistère, 4 H 16).

Dans la nuit du 28 au 29 juillet 1713, le feu prit au manoir abbatial, bâtiment à trois étages, datant de plus de 400 ans, habité par Jean Thibault de Coatcourant, fermier de l'abbaye. Réveillé à une heure du matin, Moreau envoya immédiatement le sous-prieur avec les clés et du secours, et il enjoignit de donner l'alarme au son de la grosse cloche. Par le tuyau de la cheminée, le feu avait attaqué la sablière où reposaient les poutres du grenier. Les flammes gagnant le grenier y avaient consumé les grains et les meubles. Le feu s'était aussi communiqué à une grande salle dénommée la chambre à l'alcôve, et il fallut, pour arrêter l'incendie, démolir le plafond de la chambre dorée. Quelques mois plus tard, le 13 décembre, une expertise, faite sur place, estima les réparations éventuelles à 5721 livres.

Dans leur détresse les moines eurent recours à l'abbé. Celuici, dans une lettre d'ailleurs charmante, manda à dom Moreau qu'il avait trouvé un moyen de faire réparer l'abbatiale, sans qu'il lui en coutât rien : c'était une coupe de bois dans la forêt du Relec. Grand émoi chez les religieux, qui décident de mettre opposition à ce projet. L'évêque de Blois en prend bien à son aise : n'a-t-il pas un tiers des revenus de l'abbaye pour s'acquitter des charges et faire les réparations nécessaires ? Et dom Moreau de rédiger un plaidoyer, où il défend résolument la cause de ses moines. Une dégradation des bois ferait un tort irréparable à l'abbaye, « qui est située dans un pays froid, au bas des montagnes et des rochers, et dans un lieu aquatique ». Quel besoin d'ailleurs de faire immédiatement cette coupe de bois ? L'hôtellerie du monastère, grand bâtiment à trois étages, de 160 pieds de long, avait été victime de la foudre en 1666, et les religieux ont pourvu à sa reconstruction « en prenant le nécessaire sur le bois qui était sur le lieu, et en se retranchant sur leur pensions ». Pourquoi aujourd'hui encore ne pas user du même précédé ?

Les moines du Relec furent cités à Rennes le 15 février 1715 devant l'intendant royal de Bretagne, pour être entendus sur la question avec les représentants de l'abbé.

Nous ignorons la suite de l'affaire. Ce que nous savons, c'est que dom Moreau était encore prieur le 21 mai 1715 (Archives du Finistère, 5 H 20).

(H. Pérennès).

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