Web Internet de Voyage Vacances Rencontre Patrimoine Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Bienvenue !

La discipline monastique à l'abbaye Notre-Dame du Relec en Plounéour-Ménez

  Retour page d'accueil        Retour page "Abbaye du Relec"  

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

Boutique de Voyage Vacances Rencontre Immobilier Hôtel Commerce en Bretagne

L'ordre de Cîteaux était régi par une charte fondamentale, appelée la Charte de charité, œuvre du chapitre général de 1119, approuvée le 20 septembre de cette année par Calixte II.

Cette charte demande que, dans les divers monastères, il y ait unité dans l'interprétation de la règle. Au point de vue du gouvernement elle prévoit que chaque abbaye, tout en possédant une réelle autonomie, est contrôlée par l'abbé de la maison fondatrice. La régularité et l'uniformité sont donc assurées dans chaque monastère par la visite annuelle du « père immédiat », ou à son défaut, d'un autre abbé de l'ordre. Il revient au chapitre général annuel de tracer des directives pour l'ordre entier.

En ce qui touche l'abbaye du Relec, les Archives du Finistère possèdent quelques cartes de visite. Elles datent de 1598, 1676, 1688, 1697, 1707, 1711, 1713, 1714, 1749, 1763 (Archives du Finistère, 4 H 13). Ces rares documents permettent de se faire une idée du niveau de la vie intérieure et de la discipline en notre monastère dans la seconde partie du XVIIème siècle, et la première partie du siècle suivant.

Le 4 septembre 1598, les moines du Relec reçoivent la visite d'Antoine Bouguier, abbé de Nôtre-Dame de Villeneuve, au diocèse de Nantes, vicaire général de l'abbé de Cîteaux. Dans une maison qui pouvait avoir de 18 à 20 religieux, le visiteur n'en trouve que 8, dont 6 prêtres. Ce nombre est insuffisant ; aussi à la prochaine Toussaint, trois novices devront-ils être admis à la profession. Certaines sommes sont affectées à l'entretien des religieux, des employés, des hôtes, des malades. Le prieur recevra par an 100 livres tournois, le sous-prieur 6 écus, le précepteur qui enseigne la jeunesse 5 écu, le chantre 5 écus. Cent charretées de gros bois sont prévues pour le chauffage annuel, et soixante pour le four. On achètera de grands psautiers, des missels, des nappes d'autel, des aubes ; 110 livres sont consacrées au luminaire de l'église. Pour l'aumône du Jeudi-Saint les moines ont droit à 10 quartiers de seigle. Trois pipes de vin et huit quartiers de froment leur sont assurés par an. Pour leur pitance, il sera baillé par jour aux prêtres dix écus, aux autres six écus et deux tiers d'écu. Il est à croire que la règle était convenablement observée au couvent. Le procès-verbal de visite n'y fait aucune allusion.

Voici maintenant in extenso la carte de visite du 4 août 1676. Elle met sous les yeux du lecteur les divers articles du règlement de l'ordre cistercien.

Nous, frère Jean Petit, abbé de Cîteaux... savoir faisons que, visitant notre dévot monastère de Notre-Dame du Relec aliàs de Gerber, au diocèse de Léon, nous y avons trouvé dix religieux, savoir sept prêtres et trois jeunes religieux sous la conduite de notre révérend confrère dom Fiacre Cahisy, abbé de Surio, commissaire en la dite abbaye, lesquels ayant ouï en scrutin, le très saint sacrement de l'autel préalablement visité en la manière accoutumée, nous avons jugé à propos pour le bien et utilité d'icelle tant au spirituel qu'au temporel de faire les règlements suivants :

Premièrement l'office divin (auquel selon notre sainte règle rien ne doit être préféré) sera célébré dévotement et sans précipitation, faisant les pauses au milieu et à la fin des versets, suivant la différence et solennité des jours avec le chant et les cérémonies accoutumées en notre ordre.

Les heures en seront sonnées ponctuellement, et tous les religieux assisteront en coules, sans pouvoir s'en absenter que par permission du supérieur. Les quatre grandes fêtes de l'année, et celles du saint sacrement et de saint Bernard, ils chanteront en notes tout l'office les autres fêtes de sermon ils commenceront au Te Deum, et les dimanches et fêtes de commandement à Prime, les autres jours ils chanteront seulement Tierce, la messe, vêpres, et complies.

Tous feront leurs semaines de messes, le supérieur y compris, et ils s'acquitteront fidèlement tant de la conventuelle que de celles de Notre Dame, et pour les morts, sans pouvoir les appliquer autrement que conformément à l'intention de notre ordre. Ils en feront de même des autres messes, soit de fondation, soit de dévotion, et quand ils ne seront pas semainiers, ils seront tenus de dire la messe au moins trois fois par semaine suivant nos statuts, et les jeunes religieux et novices communieront tous les dimanches et les fêtes de commandement.

Les deniers qui proviendront des dites messes et offrandes seron perçus par le sacriste, dont il tiendra et rendra compte tous les trois mois, et seront mis entre les mains du cellerier ou procureur, desquels il sera pris jusqu'à la concurrence de deux cents livres pour être employées à la décoration de l'église.

Le silence sera gardé exactement, principalement depuis les complie jusqu'au Pretiosa du lendemain (Le Pretiosa est un verset de Prime), et aux autres temps qui ne sont pas destinés à la récréation, laquelle sera donnée deux fois le jour, depuis le dîner jusqu'à une heure après midi, et depuis le souper ou la collation jusqu'à complies, et en outre, deux fois la semaine, savoir le mardi et le jeudi, lorsqu'ils ne seront pas empêchés par une fête de commandement, ils pourront aller prendre l'air et se promener au dehors depuis le dîner jusqu'au premier coup de vêpres, tous ensemble sans pouvoir se séparer les uns des autres, et sans entrer dans aucune maison ni village voisin. On ne parlera jamais dans les lieux réguliers, savoir dans l'église, les deux côtés du cloître attenant à la dite église et au chapitre, le réfectoire et le dortoir, et on n'entrera point dans les chambres les uns des autres sous peine de discipline.

Ils prendront garde, dans les conférences, de ne point mêler aucune discussion qui puisse malédifier ou altérer la charité, mais se préviendront d'honneur les uns les autres, les plus jeunes témoignant toujours beaucoup de déférence pour les anciens, lesquels leur feront aussi paraître de la bonté et affection.

Quand il aura été accordé à quelqu'un d'aller au dehors, il n'y pourra coucher s'il n'en a eu la permission expresse, sera tenu de retourner dans le temps qui lui aura été marqué sous peine de ne sortir pendant une année entière, et autres peines arbitraires ou supérieures à proportion de la faute.

Nous défendons très expressément dans ces sorties de boire ou manger dehors, quand on n'ira qu'à deux lieues du monastère, sans permission. expresse, sous peine d'être privé de vin trois jours entiers. Et si quelqu'un se trouve être pris de vin, [il en sera privé] pendant huit jours, et s'il fait scandale, il en sera privé trois mois entiers, et recevra la discipline au chapitre, et les autres pénitences que lui voudra encore imposer le supérieur, à proportion de la faute. Tous coucheront au dortoir, même le supérieur, sans que personne en puisse être dispensé que par nécessité et infirmité. Ils s'y retireront après la méditation de complies finie, et après avoir pris de l'eau bénite de la main du supérieur, qui aura soin de faire fermer les portes, tant du dortoir que les autres du monastère, et en gardera les clefs jusqu'au lendemain, qu'il les rendra au religieux qu'il aura établi portier.

Ils prendront aussi leur réfection le matin et le soir, dans le réfectoire commun, où il leur sera servi suffisamment et honnêtement par un religieux, sans qu'il soit licite à qui que ce soit de manger dans sa chambre ni ailleurs, sinon les malades dans l'infirmerie seulement, et ceux qui auront permission de manger avec les hôtes, dans le lieu destiné à cet effet.

Le religieux qui sera chargé de la dépense s'en acquittera fidèlement, et aura soin de fournir les choses nécessaires. Il aura seul les clefs des choses qui lui auront été confiées, soit de la cave, du grenier et autres, dont il rendra compte dans son journalier, qui sera arrêté tous les quinze jours au moins.

La pauvreté étant essentielle à l'état religieux, tous s'étudieront à la pratiquer en esprit, et aucun ne s'appropriera quoi que ce soit, et ne pourra rien recevoir ou en disposer sans permission du supérieur. Leurs besoins leur seront administrés charitablement, sans exception de personnes, et honnêtement, autant que les facultés du monastère le pourront permettre.

Nous recommandons sur toutes choses le soin des malades, qui selon notre sainte règle, doivent être considérés comme Jésus-Christ même. Ils seront traités avec douceur et charité dans l'infirmerie commune, qui à cet effet, sera garnie de meubles, linges, et autres choses nécessaires pour le soulagement des malades, dont l'infirmier sera chargé et aura soin.

L'argent de la communauté sera mis dans le coffre à trois clefs ; le supérieur en aura l'une, le procureur ou cellerier la seconde, et le plus ancien de la communauté la troisième, dans lequel coffre il y aura un livre on sera écrit chaque fois ce qu'on y mettra, et ce qu'on en tirera, et signé par ceux qui ont les clefs.

Le lieu servant d'archives, où sont les titres et papiers concernant les biens temporels de l'abbaye, sera pareillement fermé de trois clefs, dans lequel sera mis le marteau des bois, qui n'en sera tiré que pour nécessités urgentes ; et, lorsqu'on marquera quelques bois, ce sera toujours en présence de deux religieux, savoir le procureur ou cellerier, et d'un autre député par le supérieur [Note : Ce marteau servait à marquer les arbres qui devaient être abattus]. L'état des revenus temporels de la communauté sera mis au commencement du livre des comptes, pour, sur icelui, être les comptes rendus tous les trois mois par le procureur ou cellerier, en présence du supérieur et de toute la communauté, qui en signeront l'arrêté ainsi que le comptable.

Les livres de la bibliothèque seront conservés avec soin ; l'un des religieux en sera chargé, lequel seul en aura une clef, ainsi que le supérieur, et personne ne pourra y prendre aucun livre qu'en laissant un billet signé. Et nous défendons très expressément et sous peine de désobéissauce d'en transporter aucun hors le monastère.

Lorsqu'il y aura quelque chose d'importance concernant la commanauté, elle sera assemblée, et le supérieur la proposera, pour ensuite être prise résolution devant tous et à l'égard des affaires de moindre conséquence, il suffira de prendre conseil des anciens seulement.

Quand un officier entrera en charge, il recevra les choses appartenant à son office par inventaire signé de lui et du supérieur, et, quand il en sortira, il les rendra aussi par inventaire.

Il sera nommé un religieux qui sera chargé de l'instruction des valets et domestiques, et aura soin de les faire prier Dieu en commun tous les soirs, et entendre tous les matins la messe quand il se pourra, ou au moins entrer à l'église pour y prendre de l'eau bénite et faire leurs prières.

Les femmes n'entreront jamais, sous quelque prétexte que ce soit, dans aucun des lieux réguliers, si ce n'est dans l’église, et encore dans la nef et dans l'aile droite seulement, si ce n'est pour communier au grand autel, d'où elles se retireront incontinent après la communion, dans la dite nef ou aile droite, dont la porte sera fermée. Aucun des religieux ne leur parlera sans permission, sous peine d'être privé de vin, et s'il se trouve que quelqu'un a parlé à une femme suspecte ou mal famée, il sera procédé contre lui extraordinairement.

Pour éviter l'oisiveté, qui est la source de tous les vices, les dits religieux s'étudieront à bien employer leur temps. Les jours de dimanches et fêtes de commandement ils vaqueront à l'oraison mentale, et à la lecture des bons livres, et les jours ouvriers, hors les heures de l'office, ils s'occuperont à quelque travail manuel, en commun autant que faire se pourra ; et feront tous les ans une retraite de dix jours, conformément au Bref du pape Alexandre VII.

Nous estimons qu'il suffira d'avoir trois chevaux, qui serviront à la communauté suivant les besoins d'un chacun, outre lesquels il ne sera loisible à personne d'en avoir, sinon un bidet pour aller quérir les provisions.

Tous les officiers auront un grand soin des choses qui leur seront confiées, et de s'acquitter avec fidélité de leurs charges, et dans une grande soumission et déférence pour le supérieur, lequel ne se mêlera du temporel que conformément au dit bref.

Finalement nous les exhortons de vivre en paix, union et charité, et à se perfectionner dans la pratique de notre sainte règle et du bref comme aussi à faire des prières pour les nécessités de l'Eglise, pour notre Saint Père le Pape, pour le Roi et toute la famille royale, pour la paix et union entre les princes chrétiens, pour Nous et pour le bon gouvernement de notre ordre.

Et sera faite lecture de notre présente carte de visite dans le chapitre, en présence des dits supérieurs et religieux, à ce qu'aucun n'en ignore, tous les vendredis ou samedis des Quatre-Temps de l'année.

Fait et prononcé au chapitre de l'abbaye, en présence de la communauté... le quatrième jour du mois d'août l'an de grâce mil six cent soixante seize.

F. JEAN, abbé général de Cîteaux.

Le 1er avril 1688 la visite est faite au Relec par l'abbé de Notre-Dame de Prières, Joseph-Melchior de Sérent [Note : Homme remarquable qui restaura, en l'abbaye de Prières, les édifices et la discipline. En entrant en charge, il y avait trouvé 40 religieux, il en compta bientôt une centaine (Notre-Dame de Thymadeuc, p. 23-24)]. A ce moment le monastère compte cinq religieux prêtres, deux non prêtres et un novice. Il est demandé aux moines d'apporter plus d'exactitude et de soin à l'office divin. Ils s'abstiendront de manger et de boire avec les hôtes en dehors des repas, comme de s'assembler pour boire au premier son des vêpres, ou encore de se trouver aux assemblées publiques et aux festins de village. Ils se garderont de retenir de l'argent sur les honoraires ou les offrandes. Un portier sera établi près des portes de la cour. Que les religieux tâchent d'être plus fidèles que par le passé au règlement de 1676 !

Le 19 mars 1697, Joseph de Sérent est encore au Relec. Et voici ce qu'il demande notamment aux religieux : réciter complies non plus après vêpres, mais après la récréation qui suit le souper ; garder le silence hors des récréations, spécialement au dortoir ; au chapitre nul ne prendra la parole que le supérieur. Pour les repas, il faut observer le bref d'Alexandre VII qui ne permet l'usage de la viande que trois fois par semaine et l'interdit pendant l'Avent et le Carême. Il faut s'abstenir de boire dans les cabarets ; se faire la couronne ou tonsure régulièrement ; se mettre au chœur par rang de profession.

Le procès-verbal de la visite passée le 1er juillet 1707 par l'abbé de Sérent contient quelques prescriptions nouvelles. Tous les religieux porteront des bas blancs, et non des bas de couleur noire. Défense leur est faite de manger et boire en fraude sous peine de suspense a divinis. Qu'ils se gardent bien de faire abattre du bois dans la forêt au delà des besoins de la communauté. Le visiteur demande, d'autre part, une plus exacte observance des règlements déjà donnés.

Accompagné du prieur de Langonnet, Charles Caoursin, Joseph de Sérent fait encore la visite canonique du Relec le 8 octobre 1711. Le procès-verbal dressé à cette occasion commence par rappeler la carte de visite de 1697 qui défend de dire complies après vêpres, puis, celle de 1688, qui, sous peine d'excommunication ipso facto réservée au prieur, interdit de retenir de l'argent sur les honoraires de messes ou les offrandes. Défense est faite aux religieux de dire Sexte et None pendant la messe conventuelle, ou de sortir du chœur au cours de cette messe. Il s'agit ensuite du temporel de l'abbaye qui est en péril par suite de l'accroissement des dettes. Pour y mettre ordre, il est prévu qu'aucun ouvrage ne se fera dans le monastère sans le consentement exprès du père prieur, et même qu'on renoncera à toute nouvelle entreprise jusqu'à extinction des dettes de la communauté. Nul ne pourra faire venir des provisions ou du vin de l'extérieur sans un ordre positif du prieur. Défense est faite aux moines d'entrer à la Dépense pour y boire ou manger. On leur permet trois chopines de vin par jour dans l'ensemble de leurs repas, en les exhortant à donner aux hôtes l'exemple de la sobriété.

Le cellerier tiendra deux registres, l'un pour les recettes, l'autre pour les dépenses, et tous les trois mois il rendra ses comptes à la communauté. Le père prieur devra tenir la main à l'exécution de la présente carte de visite ainsi que de celles de 1707 et 1708, et à l'observation du Bref d'Alexandre VII au sujet de l'abstinence de viande. Suit une promesse signée le 12 avril 1712, par le prieur dom Moreau, où il s'engage, au nom de ses religieux, à se conformer aux prescriptions de la carte de visite.

Le 2 avril 1713, nous retrouvons au Relec Joseph de Sérent, accompagné, cette fois encore, de Charles Caoursin, prieur de Langonnet. Sa visite terminée, l'abbé de Prières insiste, dans son rapport, sur la défense déjà faite de rien retenir sur l'argent des messes et des offrandes. Il renouvelle d'autres ordonnances relatives à la sobriété monastique ou à la restriction des dépenses, et condamne une pratique abusive en interdisant aux moines de partager entre eux l'argent provenant de l'homologation des contrats.

An cours d'une autre visite qui eut lieu le 29 août 1714, Joseph de Sérent constate avec douleur que les règlements donnés l'année précédente et antérieurement n'ont point été observés. Cette fois il les impose sous peine de désobéissance formelle.

Les cartes de visite nous manquent pour les années qui suivent, et nous ignorons donc si les mesures prises par l'abbé de Prières eurent pour effet de rétablir la discipline au monastère du Relec.

Le 17 octobre 1730, apprenant « qu'il se passe des affaires importantes au Relec », Andoche Pernot, abbé de Cîteaux, délègue dom Pitteu, prieur de Saint-Maurice de Carnoët, pour « régler, ordonner, destituer, constituer, punir et procéder contre les délinquants, le cas échéant » (Archives du Finistère, 4 H 13). De quoi s'agit-il ? On n'en sait rien.

Le 25 mars 1749, au cours de leur visite, les abbés de Bon-Repos et de la Joie ne trouvent au Relec que quatre religieux. Ils demandent qu'il y ait une deuxième messe de règle, dès que le nombre de moines sera de cinq, et exhortent la communauté à se faire aider dans l'administration du temporel plutôt par des religieux que par des séculiers. Ils ne voient pas d'autres observations à faire.

Lors d'une visite faite au Relec le 2 août 1763 par l'abbé de Bégar, le bon ordre règne dans l'abbaye : « Tout va bien, constate le visiteur, et nul besoin de faire des règlements ».

L'impression qui se dégage de ce rapide exposé, c'est que si les moines du Relec n'ont pas toujours été des modèles de mortification et de pénitence, ces défauts sont dus à l'humaine faiblesse, et que leurs supérieurs, au cours du contrôle exercé par des visites régulières, les ont toujours exhortés à une plus grande perfection dans les vertus essentielles de leur état. Presque pas de trace au Relec de ces abus, malversations et dérèglements de l'ordre monastique, survenus par l'introduction des commendes, et dont le précis impressionnant est fourni par dom Martène [Note : Histoire de Marmoutier, publiée par M. l'abbé C. Chevalier, tome II, p. 397 et suiv.].

Il faut dire d'ailleurs, à l'honneur des religieux du Relec, qu'ils étaient par leurs aumônes la providence du pays. A preuve le procès-verbal des dégâts causés à l'abbaye par un terrible cyclone, qui s'était abattu les 4 et 5 octobre 1765 sur la région de Plounéour-Ménez. Au cours d'une expertise faite dans la forêt en décembre de la même année, par un temps glacial le procureur du monastère et ses auxiliaires aperçoivent un jour « plusieurs hommes vieux et vieilles femmes suivis d'enfants, garçons et filles, au nombre de plus de quinze... auxquels le sieur procureur d'office a demandé pourquoy ils voloient ainsi le bois, ils ont répondu qu'ils n'avoient ny serpe ny outils coupants, que le bon Dieu leur avoit envoyé du bois en le renversant et cassant, et que messieurs les prieurs et religieux qui les fesaient vivre par leurs aumônes ne les livreroient, pas à la justice, qu'ils ne craignoient pas qu'on les laissât mourir de faim ny de froid » (Archives du Finistère, Fonds de la justice du Relec, série B).

L'hospitalité des moines était proverbiale et, au cours du XVIIIème siècle, les Morlaisiens se plaisaient à leur rendre visite, échangeant aimablement leurs ortolans contre les carpes des étangs de l'abbaye.

(H. Pérennès).

 © Copyright - Tous droits réservés.