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FONDATION DE L'ABBAYE DE QUIMPERLE

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Fondation de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et ses premiers abbés

L’abbaye de Quimperlé aussi illustre par son antiquité que par les droits et privilèges dont elle jouissait est redevable, de sa fondation à la libéralité de Gralon le Grand, comte de Cornouailles et à la vertu de Saint Gurthiern (ou Guthiern), fils d’un des rois bretons de Cambrie qui ayant tué dans une bataille son propre neveu, sans le connaître en fut tellement pénétré de douleur, que dès lors foulant aux pieds les grandeurs, et même la couronne qui lui était préparée, il résolut de se retirer dans la solitude pour y gémir et faire pénitence le reste de ses jours.

S’étant donc dérobé à la vigilance de ses courtisans et de ses domestiques, il se retira dans un lieu désert et affreux situé, entre deux montagnes au nord de la grande Bretagne, ou il vécut près d’un an, inconnu aux hommes ; s’y voyant enfin découvert et craignant qu’on ne l’obligeât de rentrer à la cour il passa dans une solitude encore plus reculée sur les bords de la rivière de Tamar ou il demeura plusieurs années [Note : Gurthiernus et pater ejus victores in illa die fuerunt et Gurthiernus filium sororis suœ occidit, nesciebat enim esse amicum sibi et post quam intellexit esse filium sororis suœ perituit se hano culpam facere, et flevit et postea exivit in desertum et habitavit in valle magna inter duos montes in septentrionali partœ Britanniœ. (Vie de Saint Gurthiern d’après le cartulaire de Sainte-Croix de Quimperlé. Edition Le Men)].

De là, il vint en l’île de Groix près de l’embouchure du Blavet [In parvo lembulo venit ad insulam quœ vocatur Groiœ], et il y séjourna quelque temps connu seulement des pêcheurs de l'Ile. Mais le seigneur du lieu qui fut averti de sa présence lui témoigna beaucoup de respect et le fit connaître au comte Gralon seigneur suzerain de l’île. Ce prince aussitôt le fit prier de le venir voir.

Le Saint obéit et Gralon fut si content et édifié de sa vertu et surtout de son humilité qu’il voulut le retirer de son rocher de Groix, et pour l’y engager il lui donna un terrain admirable par sa situation nommé Anaurot au confluent des rivières Isol et Ellé avec mille pas de terre à l’entour et le territoire de la paroisse de Baye. Ce fut en ce lieu qu’on nomma depuis Quimperlé qui signifie confluent d'Ellé que Saint Gurthiern bâtit un monastère.

On ne sait aujourd’hui quel en fut le patron ? quel fut le nombre des disciples du Saint ? ni même en quelle année ce fut construit ? Albert Le Grand en fixe l’établissement vers 550 et cette date est aujourd’hui généralement acceptée.

Près du monastère élevé par Saint Gurthiern et ses compagnons, et sur le terrain concédé par Gralon, beaucoup de personnes attirées par leur réputation de sainteté et voulant profiter de leurs leçons se construisirent des cabanes qui donnèrent naissance à la ville de Quimperlé.

Les habitants de Cornouaille ne furent pas les seuls à ressentir les bienfaits de Saint Gurthiern car Guérec premier comte de Vannes voyant son pays menacé par la famine parce que les vers qui mangeaient les blés en herbe ruinaient entièrement l’espérance de la moisson, jugea sur l’éclat des miracles du Saint qu’il n’y avait meilleur moyen pour arrêter les ravages de ces vers que d’avoir recours à ses prières. Il députa donc vers lui trois des principaux habitants de Vannes, GUEDGUAL, CATHUOTH et CADUR pour le prier d’avoir pitié de son pays. Gurthiern sensible aux misères de ce peuple envoya de l’eau bénite et ordonna qu'on la jetta sur la campagne, ce qui n’ eust pas été plus tôt fait que tous les vers qui la ravageaient moururent comme si cette eau eut été un poison assuré [Note : In tempore illo regnante Guerec'h comite orta est pestilentia et fames in Broguerech, scilicet vermes comedebant segetes ; qua propter misit prœdictus comes nuntios suos ad sanctum Gurthiernum, videlicet Guedgual, et Cathoth et Cadur ut subviniret patriœ. Vir autem dei cito advenit et benedixit aquam, misit que per illam patriam, fugavit que immensam vermium multitudinem. (De inventione reliquiarum sancti Gurthierni aliorum que sanctorum tempore Benedicti abbatis et Guigoni filii Huelin de castro henbont in insula Groï ab Oedrio monacho reveletarum. Cartulaire de Sainte-Croix. Edition Le Men)].

Le comte Guérec par reconnaissance donna à Saint Gurthiern et à son monastère une terre située sur la rivière de Blavet nommé Vegnac et depuis Kervignac.

L’histoire particulière de l’abbaye et celle de la translation des reliques de Saint Gurthiern font présumer que ce saint resta demeurer à Kervignac jusqu’à sa mort qui arriva au commencement du septième siècle. Le corps de Saint Gurthiern avec l’histoire de la vie et quelques parties des reliques des saints Guénolé, Guenahel, Symphorien et Idunet furent transportés et cachés à l’île de Groix vers 878 lorsque le monastère fut ruiné par les Normands : ces reliques furent trouvées sous l’abbé Benoist, vers 1066.

La mémoire de Saint Gurthiern, s’est conservée à Quimperlé dont il a été le premier abbé et dans l’île de Groix ou se trouve une chapelle sous son invocation, au lieu où se trouvait son oratoire, et qui porte encore aujourd’hui le nom de Loc-Gurthiern.

Il s’y tient tous les ans une assemblée le jour de la fête du Saint c’est-à-dire le 29 juin mais cette fête tombant le jour consacré à la mémoire des saints Apôtres saint Pierre et saint Paul, est transférée au 3 juillet. Il y aussi à Doëlan près de Quimperlé, un prieuré de l’abbaye sous le vocable de Saint Gurthiern.

Aucun des successeurs de notre saint n’est connu, seulement on lit dans la vie de Saint Gouesnou Evêque de Léon que l’an six cens septante et cinq estant allé avec son frère Saint Majan visiter Saint Corbasius qui faisait alors construire un monastère au lieu ou est Kemperlé il se permit quelques critiques qui déplurent à l’architecte et ce dernier en conceut une estrange haine contre saint Gouesnou, et estant monté sur les échaffaux dressez pour lembrisser l’église et passant, par dessus le Saint, il laissa comme par mégarde tomber son marteau, droit sur la teste et luy brisa le crâne (Vies des Saints de la Bretagne Armorique par Fr. Albert Le Grand).

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« Si je voulois (dit Bonaventure du Plesseiz) m’arrester à tout ce que les historiens ont rapporté de cette seconde fondation je me jetterois dans un grand embarras pour les concilier ensemble, et je courroie grand risque de m’égarer avec eux car ni Gorheden, moine et historien de Quimperlé qui vivait dans le onziesme siècle ny d’Argentré ny Albert Le Grand ne conviennent de sa véritable époque ».

Je veux dans cette notice suivre mon devancier et d’accord avec lui je fixerai la fondation à 1029. Voici au surplus, comment s’exprime la chronique du monastère. « Anno MXXVIII cœnobium Sanctœ crucis Kemperlegii ab Alano cornugalliœ comite œdificatur atque inibi Gurloesius abbas ab Orscando pontifice benedicatur, etc.

« L’acte de fondation y est aussi conforme et je crois que ce serait volontairement vouloir s’égarer que de ne pas suivre des guides aussi assurés ; Nous avons encore plusieurs autres titres et surtout deux gros manuscrits qui sont les seuls qui nous restent des débris de la ligue ayant été racheptés en 1590 des soldats qui pillèrent le monastère qui justifient et prouvent ce que je dirais de cette fondation. Mais avant d’en parler je crois utile de dire quelque chose de notre illustre fondateur, le comte Alain Caignard ».

Bénédict évêque de Cornouaille après, la mort de son père Budic prit le titre de comte et épousa Gueneodon dont il eût cinq enfants, à savoir : Alain Caignard qui fut comte de Cornouaille, Orscard évêque de Quimper, Guethenoc et Guérec, et une fille nommée Avan, qui fut mariée à Huélin fils de Bérenger seigneur d'Hennebont.

Dès que Bénédict vit son fils Alain Caignard en estat de le représenter il luy fit une démission de tous ses biens, pour ne plus s’occuper que du gouvernement de son église. Alain devenu comte de Cornouaille par cette démission ne jouit pas longtemps des biens paternels et le père vécut encore assez pour estre témoin des disgrâces de son fils, car en 1008 Geffroy I, duc de Bretagne estant mort dans son voyage de Rome d’un coup de pierre qu’une femme violente, emportée luy donna dans la teste, piquée qu’elle fust de ce que l’épervier du duc avait plumé sa poule, il laissa ses estats à son fils aisné Alain III sous la garde de sa mère Havoise ; Juhaël frère du duc prince ambitieux, trouvant l’empire d’une femme insupportable, pensa, par les mauvais conseils de quelques flatteurs à luy oster le gouvernement de l'estat et la garde du duc Alain son nepveu. Il fut soutenu dans cette idée par les seigneurs du pays et particulièrement par Alain Caignart qui tenoit un des premiers rangs parmi eux. Mais Juhaël homme faible et sans courage fit échouer son entreprise par sa lâcheté et son inconduite car presque tous les seigneurs qui avaient pris son parti ayant estés surpris dans le château de Malestroit avec luy y furent assiégés et pris et payèrent de leur teste leur folle entreprise. Notre comte Alain le plus fort de ce parti fust assez heureux pour éviter le même sort mais il fut vivement poursuivi par le jeune duc qui entra dans la Cornouaille, où il fit tant de ravages et commit tant d’hostilités qu’il l’obligea de fuir par mer en Acquitaine et de la en France avec les débris de son parti. Le jeune duc Alain trouvant le pays sans appui et sans défense s’en saisit et y mit des gouverneurs et des garnisons dans toutes les places, Alain Caignart se voyant exilé de sa patrie et dépouillé de tous ses biens pensa sérieusement à faire la paix avec le jeune duc et son esprit fécond en ressources luy fit naître une occasion favorable dont il scût profiter.

Eudes I, comte de Chartres et de Blois et non de Champagne comme le dit d'Argentré avait une fille nommée Berthe que l’on pouvoit dire avec raison estre un miracle de la nature par sa beauté, car quoi qu’elle n’eut encore que douze à treize ans elle faisoit déjà les délices de tous ceux qui la connaissoient et s’attiroit les voeux des plus grands seigneurs de la France. Nostre comte Alain pensant bien quil feroit plaisir au Duc s’il pouvoit luy faire espouser cette jeune princesse fit si bien par ses intrigues secrètes qu’il vint enfin à bout de l’enlever avec le peu de troupes qui luy restoit et qu’il l’amena en Bretagne sans avoir couru aucun risque quoi quil fut poursuivi très vivement par plusieurs seigneurs qui par alousie se croioient intéressés dans cet enlèvement, le jeune Duc n’eut pas plustôt vu cette princesse que charmé de sa vive beauté et de ses autres belles qualités, il l’épousa dans la ville de Rennes au grand contentement des seigneurs de sa cour qui célébrèrent cette fête avec autant de pompe que de magnificence et il leur fit à tous des présents dignes de leur qualité et de leur rang.

Alain Caignart n’en voulut rien prendre il demanda seulement la restitution de ses terres de Cornouaille et de Belle-isle que Geffroy Ier père du jeune Duc avait déjà enlevées à Benedict pour en faire un don à l’abbaye de Rhedon en faveur de son frère Catualon qui en estoit abbé, le jeune Duc par une juste reconnaissance luy accorda sa demande et donna ordre en conséquence à tous ses capitaines de sortir de la Cornouaille et à l’abbé de Rhedon de remettre Belle-isle entre les mains d'Alain Caignart. — il ne fût pas plustôt maître de ses états qu’il s’occupa à réparer les désordres que la guerre y avait causés et pensa à se marier. Il s’adressa donc au Duc et le pria de demander la main de Judith fille de Judicaël comte de Nantes princesse qui d’ailleurs avait toutes les qualités de l’esprit et du corps propres à rendre un homme heureux.

Le comte Judicaël consentit au mariage qui fut célébré dans l'isle d'Indre au dessous de Nantes. Ce mariage heureux d’abord eut dans la suite ses amertunes et ses chagrins. Guiomarch Vicomte de Léon ennemi d’autant plus dangereux qu’il était plus voisin entra comme un furieux en Cornouaille et y commit tous les désordres imaginables. Alain Caignart ayant cependant assemblé ses troupes avec quelques secours que lui envoya le Duc châssa le vicomte de ses terres et l’obligea à lui demander la paix.

Vers l’an 1026 nôtre comte eut le malheur de perdre son père qui mourut Evêque de Cornouaille, il fut remplacé sur le siège épiscopal par Orscand son second fils. Peu de temps après Alain Caignart étant en son château de Quimperlé fut affligé, d’une fluxion sur les yeux si extraordinaire qu’il ne pouvoit dormir ny jour ny nuit. La comtesse désolée et voyant que les médecins qui y avaient épuisé leur art et leur science n’y pouvaient rien ; conseilla à son mari de s’adresser au suprême médecin. Il se tourna donc vers Dieu avec toute confiance et fist voeu que s’il luy plaisoit de le secourir dans son triste état, il reconnaitroit cette insigne faveur par un don considérable, à l’église. Dans la nuit suivante il s’assoupit et vit ou crut voir une croix brillante comme l’or qui descendoit sur luy et à son réveil, il se trouva soulagé. Il fit alors part à la comtesse et à son frère Orscand de ce qui lui estoit arrivé pendant son assoupissement. — Ils luy conseillèrent de batir une église et un monastère sous l’invocation de Sainte-Croix et le conseil ayant été accepté par Alain Caignart il ne fût plus question que du lieu ou on exécuterait le projet.

Il y avait auprès de son château un lieu nommé Anaurot qui avait été donné à Saint Gurthiern par le comte Grallon, et où il restait encore quelques vestiges de cet ancien monastère qu’il jugea très-propres à ce dessein, ce fut dans ce lieu qu’il jetta les fondements de l’église et de ce monastère qu’il dédia dans son cœur à la Sainte-Croix en reconnaissance de sa guérison. - L’église ne fut pas plutôt dans son état de perfection, et le monastère en estat de loger ceux pour qui il étoit preparé qu’il envoya un officier de sa maison vers Catualon abbé de Rhedon pour luy demander des religieux et un homme capable de la gouverner. Gurloës prieur de Rhedon dont la vertu et la piété estoient connues et admirées de tout le monde fut celuy sur lequel Catualon jetta les yeux pour en faire le premier abbé de ce nouveau monastère. — Il se mit en chemin au commencement de septembre avec les autres moines que l’abbé luy avoit donnés pour compagnons et l’abbé Catualon les accompagna dans la route. Le comte Alain, la comtesse Judith et les autres seigneurs de sa cour avertis de leur arrivée sortirent du château pour aller au devant deux. Le comte les reçut avec une joie et une satisfaction infinie dans son château de Kemperlé, ou ils demeurèrent jusqu'au 14 de septembre jour dédié à la Sainte-Croix et qu’on avoit choisi exprès pour la dédicace d’un temple qu’on avoit élevé à sa gloire.

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L’abbé Gurloës y fut béni par Orscand évêque de Quimper et Catualon abbé de Rhedon, après quoy le comte Alain le mit en possession de l’église et du monastère et fit dresser les actes nécessaires pour l’assurance du temporel qui consistoit dans l'isle du Guedel autrement Belle-isle, terrain extrêmement fertile situé à quatre lieues du continent qui fut le premier fond que le comte avoit destiné pour le subsistance de l’abbé et de ses religieux, il y adjouta encore tous les droits et revenus dont il jouissait dans Quemperlé à la charge seulement de prier pour la prospérité du Duc Alain son seigneur, pour le salut de son âme et de sa très digne épouse la comtesse Judith, de ses enfants et de toute sa famille.

Orscand évêque de Quimper qui avoit esté témoin de la piété de son frère n’en fut pas plus attaché aux devoirs de son estat ; l’exemple de son père que l’épiscopat n’avoit pas empêché de se marier fit plus d’impression sur son esprit, il rechercha la fille de Rivelen de Crozon et les nopces étoient prestes à se célébrer à la face de l’église lorsque Alain Caignart s’y opposa ; mais l’opposition cessa aussitôt que le prélat eut abandonné au comte son frère une partie des terres de son église. La fille de Rivelen de Crozon s’appeloit Onuen et l’évêque en eut trois enfants à savoir Bénédict qui luy succéda dans l’épiscopat, Guigou qui fut doyen de la cathédrale et Conan. La qualité de femme d’évêque ne faisait pas honte à Onuen et elle portoit même cette qualité si haut quelle ne daignoit pas se léver en la présence de la comtesse Judith qui quelque vertueuse qu’elle fut, n’étoit pas moins jalouse de son rang, elle voulut donc avoir raison de ce mépris trop marqué et il en conta encore à l’évêque une terre de son église. Ces sortes de mariages n’étoient pas rares dans ces temps là et les enfants qui en provenoient estoient reputés légitimes et l’épiscopat passoit souvent des pères aux enfants comme nous le voyons dans Thibaud de la Guerche évêque de Rennes qui a donné l’origine à la maison de la Guerche de sorte que l’on peut dire de luy avec raison que in illo universa épiscopata est progenies car il y en a eu trois qui se sont succédé dans l’évêché de Rennes.

Au commencement de l’année 1030 Robert duc de Normandie déclara la guerre au duc de Bretagne et fit bâtir le fort de Channes près de l’embouchure de la rivière de Coisnon pour tenir en respect tout le pays de Dol qu’il venoit de ravager, après quoy il retourna en Normandie fort content de l’insulte qu’il venoit de faire.

L’année d’après le duc de Bretagne entra dans le comté d'Avranches avec son armée, nostre comte Alain Caignart ly suivit, mais par l’entremise de l’Archevesque Rouen la réconciliation fut faite entre les deux princes dans une entrevue qu’ils eurent au mont Saint-Michel. Après le retour de nostre comte Alain dans son pays il donna encore a l’abbaye de Sainte-Croix les petits monastères de saint Tien et saint Teretien le premier est sans doute Lothéa et l’autre saint Tourhan, il y joignit encore la tréve de Trélivalaire et deux villages l’un nommé Caëres et l’autre Caër-Merien, et aussi Trebalay et Tréguennou en la paroisse de Banalec. Peu après le duc Bretagne se brouilla avec nostre comte, sans qu’on en puisse savoir la raison, et entra dans les terres de Cornouaille à la teste de son armée qui pénétra jusqu'à Locronan mais Alain Caignart ayant ramassé toutes ses forces avec toute la diligence possible se mit en embuscade dans la forêt de Névet et quand il s’appercut que les Rennois estoient débandez pour piller il fondit sur eux en tua un grand nombre et mit le reste en fuite. Il y a quelque sujet de croire que cette guerre fut suscitée par l’intrigue de Guiomarch, vicomte de Léon et de Morvan qui avoient comme je l’ay dit ci-dessus fait la guerre à nostre comte sans aucun succès. — Peu après nostre comte en action de grâce de la victoire qu’il venoit de remporter fit un don à cette abbaye de l’église de saint Ronan ou Locronan et de toutes les terres qui estoient contenues dans la franchise avec tous les revenus du bourg. L’acte en fut passé vers la fin de l’an 1031 et déposé de la part d'Alain Caignart entre les mains de l'abbé Gurloës. C’est de ces biens qu’on a formé depuis le prieuré qui existe aujourd’hui sous le nom de Locronan. — La comtesse Judith voulant imiter la piété de son mari demanda à l’abbé Gurloës d'entrer en confraternité avec luy et ses religieux, ce qui luy fut accordé en chapitre en présence d'Alain Caignart avec le consentement du quel elle donna à ce monastère les biens qu’il lui avait donnés pour dot en l’épousant, et ces biens consistoient en cinq villages dans la paroisse de Clouhar qui sont prés le port de Douëlan, avec la moitié du bourg les dixmes, les droits funéraux de l’église et toutes les rentes et la tréve de Trequiloé. — L’acte qui est sans date est signé d’elle et de son mari, d'Orscand évêque de Cornouaille et autres personnes de distinction et fut mis entre les mains de l’abbé Gurloës qui l’accepta. Ces biens ont estés aliénés depuis comme je le diray dans la suite. — Huelin fils de Béranger seigneur de Hennebont beaufrère d'Alain Caignart parce qu’il avait épousé sa sœur Avan voulut aussi avoir la qualité de bienfaiteur de cette abbaye en luy faisant un don de l'isle de Tanguethen avec les églises de saint Gurthiern en l'isle de Groie et celle de saint Meloir avec toutes les terres qui en dépendoient, et en cette considération il fut admis à la confraternité de l’abbé et des moines qui aussi à leur tour luy firent présent de trois chevaux de prix et d’un riche tapis ; l’acte en fut passé à Quimperlé, du consentement de sa femme Avan, de ses enfants Tangui et Guegou en présence d'Alain Caignart qui y signa avec Budic ou Benoit évêque de Vannes (qui n’eut d’autre part à cette fondation quoi qu’en dise Albert le Grand que celle d’y avoir donné son approbation) Félix, abbé de saint Gildas de Rhuis et Elisée, abbé de Landevenec, la comtesse Judith, Avan et ses enfants Tangui et Guégou, et Huelin qui le présenta à l'abbé Gurloës en 1037 au mois de février. — Nostre comte Alain Caignart ayant terminé à son avantage comme je l’ay dit ci-dessus les différents qu’il avoit avec Guyomarch vicomte de Léon pensa aussi à recouvrer les biens de sa femme Judith seule et légitime héritière de Judicaël son père comte de Nantes. — Budic son frère naturel s’en estoit emparé à la mort du père et ne vouloit pas s’en dessaisir, il voulut même engager le duc Alain III à l'en investir ce qu’il refusa constamment, ce qui porta Budic à faire alliance avec Foulques comte d'Anjou pour se maintenir dans le comté de Nantes en faisant la guerre au duc de Bretagne, mais cette guerre n’eut pas grande suite car Lanfranc pour lors archevesque de Dol, homme d’esprit et d’intrigue, fit si bien qu’il les porta à faire la paix à condition néanmoins que Budic jouiroit pendant sa vie du comté de Nantes et qu’il renonceroit aussi à l’alliance de Foulques comte d'Anjou. — Budic n’en jouit pas longtemps car il mourut vers la fin de la même année 1037, mais ses enfants Mathias et Matathias en prirent possession malgré la convention ci-dessus qui les en excluoit, ce qui obligea Alain Caignart de porter la guerre dans la comté Nantois pas mer et par terre et après divers événements et plusieurs combats la guerre fut heureusement terminée par la mort de Mathias qui arriva en l'an 1051 et le comté de Nantes rentra ainsi entre les mains de sa légitime héritière et en conséquence Hoël fils aîné d'Alain Caignart en prit la qualité au titre de sa mère en 1054.

Ce fut dans cette année que Gurloës qui avoit sagement gouverné ce monastère pendant vingt-cinq ans s’en démit entre les mains de Jean moine de son abbaye.

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Jean deuxième abbé fut bénit par Orscand évêque de Quimper qui étant revenu du Concile de Verceil, avoit du consentement du Pape Léon IX donné à l’abbaye de Sainte-Croix la juridiction épiscopale sur les paroisses de Quimperlé et sur toutes celles qui appartiendroient dans la suite à la dite abbaye. Il ne se passa rien de considérable sous le gouvernement de l’abbé Jean qui fut tout au plus de deux ans car il se démit aussi de son titre d’abbé entre les mains de Vital moine de son monastère.

Ce fut du temps de celui-ci que mourut l’abbé Gurloës en odeur de sainteté et ce qu’on ne peut assez regretter c’est qu’on ne trouve quasi rien d’écrit de sa vie sinon qu’il avait été moine et prieur de Rhedon (Redon) dont on l'avoit tiré pour en faire le premier abbé de Sainte-Croix et qu’il à fait plusieurs miracles pendant sa vie et après sa mort qui arriva en 1057. — Dans la même année Alfred susnommé Mab donna à cette abbaye une terre nommé le vieux Miniki ou le Cadage c’est-à-dire les droits du comte qui lui appartenoient, il donna de plus pour le repos de l’âme de sa femme Gasseline une terre nommée Quirilunan en la paroisse de Guiscriff et l’abbé Vital par reconnaissance luy fit présent de deux chevaux et d’un tapis de prix et Harnou céda à cette abbaye le droit de dixme qu’il avait sur cette terre. L’année suivante Alain Caignart nostre illustre fondateur alla recueillir au ciel le fruit de ses travaux, sa mort est marquée dans nostre nécrologe le 4ème de juin 1058, celuy de Landevennec a fait aussi mention au même jour : pridie nonas junii obiit Alanus Caignart Cornugalliœ comes frater noster. Il estoit entré en confraternité avec les abbé et religieux de Landevennec et en estoit bienfaiteur car il avoit fait un don considérable à cette abbaye en luy cédant tous ses droits dans Châteaulin comme les chef-rentes le droit de pesche, celuy de Four, Cour et Moulin. C’est ce qui a formé depuis le prieuré de saint Idunet en Châteaulin, il fut enterré dans le chapitre de cette abbaye et l’on y voit encore aujourd’hui son tombeau ou il est représenté, armé l’épée au costé, les mains jointes le casque ouvert le bouclier sur le bras gauche ayant un lion couché à ses pieds qui est une marque qu’il est mort chez luy, car quand les princes mouroient dans les combats ou leur mettoit aux pieds un lion debout. Peu après la mort d'Alain Caignart. L’abbé Vital 3ème abbé de ce monastère mourut en odeur de sainteté et le moine Gorheden et messieurs de sainte Marthe luy donnent avec raison le titre de Saint (Fr. Bonaventure du Plesseix).

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