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TRANSLATION DE L'ABBAYE DE BLANCHE-COURONNE A PIRMIL.

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Le document que nous venons de citer, par ailleurs, ne parle que des seigneurs de Rochefort inhumés à Blanche-Couronne et ne dit rien des seigneurs de Pontchâteau, fondateurs de l'abbaye. Il est cependant certain que Blanche-Couronne a reçu la dépouille mortelle de quelques-uns de ces seigneurs, au temps où, à cette seigneurie, ils n'en ajoutaient pas d'autres qui ont motivé leur sépulture dans des enfeux situés ailleurs.

Ainsi, en 1258, Eon ou Eudes de Pontchâteau fit une fondation pour l'entretien d'une lampe qui devait brûler jour et nuit devant la tombe de son père à Blanche-Couronne. Sa fondation est de 35 sols : 25 pour l'entretien de cette lampe et 10 pour la célébration d'une messe qui sera dite, du Saint-Esprit, le jeudi de la Pentecôte, tant qu'il vivra, et, après sa mort, au jour anniversaire de son décès.

Peut-être, en leur qualité de fondateurs, les seigneurs de Pontchâteau étaient-ils inhumés dans l'église même, tandis que les seigneurs de Donges et de Rochefort, pour avoir un enfeu particulier, auront élevé, près de l'église, la chapelle qui portait leur nom. C'est ainsi qu'à Buzay, les seigneurs de Rais, grands bienfaiteurs de l'abbaye, étaient inhumés dans la chapelle dite « des seigneurs de Rais ».

Le nouveau monastère dut être reconstruit dans les premières années du XVIIIème siècle. Dans la visite rapide que nous y avons faite, il y a quelques années, nous avons vu, sur un de ses bâtiments, les dates de 1719 et 1743. Nous y avons inutilement cherché les armes de l'abbaye qui s'y trouvent pourtant quelque part. Ces armes n'ont pas été enregistrées dans les recueils de d'Hozier. Nous les avons rencontrées sur un sceau appliqué à un acte de 1750. Elles représentent une couronne royale à trois fleurons accompagnée de sept hermines, 2, 2, 2, 1. L'écu est surmonté à dextre, d'une mitre à senestre d'une crosse tournée en dedans.

Vers le milieu du XVIIIème siècle, l'abbaye de Blanche-Couronne dut recevoir fréquemment les visites de l'abbé Travers. Notre très érudit historien Nantais avait été, en 1745, exilé chez les Augustins de Candé, à cause de son jansénisme, et transféré de là chez les Cordeliers de Savenay, en 1747. Il y resta jusqu'en 1748, où en vertu d'une permission royale datée de Versailles le 26 juin, il put se retirer à sa maison du Champ-Guillet, en Couëron. Mal vu des Cordeliers dont il était l'hôte bien malgré lui et aussi malgré eux, il semble avoir reçu un accueil plus bienveillant chez les Bénédictins de Blanche-Couronne. Son Histoire de Nantes montre qu'il a largement puisé dans leurs archives, et dans les titres de Blanche-Couronne on trouve des analyses d'actes d'une écriture qui ressemble beaucoup à la sienne.

Cette fréquentation d'un milieu si en rapport avec ses goûts aura sans doute été un grand adoucissement à sa peine. En tout cas, on peut dire que, grâce à son amour du travail, notre histoire a profité des adversités de notre meilleur historien.

En 1765, l'abbaye reçut une autre visite dont le compte rendu nous donne une idée exacte de sa situation. Cette année, les abbayes bretonnes dépendant de la congrégation de Saint-Maur furent visitées par un Bénédictin qui a consigné ses observations dans un registre des renseignements sur plusieurs établissements religieux du diocèse de Nantes. Voici l'article qu'il consacre à Blanche-Couronne :

« La visite de l'abbaye de Notre-Dame de Blanche-Couronne a commencé le 27 du mois d'août et a fini le même jour, l'an 1765.

Le R.P.D. François-Mathurin Lanier, prieur, de la ville de Rennes, âgé de 51 ans, profès de Saint-Melaine, le 15 novembre 1732.

D. René Lecureuil souprieur de Lezigné, diocèse d'Angers, âgé de 59 ans, profès de Marmoutier, le 14 mai 1724.

D. René-François Daveau, procureur, âgé de 30 ans, profès de Marmoutier, le 27 octobre 1755.

D. René-François-Pierre Fougerolle, clerc de Mayenne, diocèse du Mans, profès de Saint-Melaine, le 24 septembre 1760.

Temporel.

Messe conventuelle : 2.155 livres.

Office claustral : 33 livres.

Prieurés non unis : 1.020 livres.

Rentes seigneurieuses : 24 livres.

Espèces évaluées : 700 livres.

Casuel : 112 livres.

Total du revenu : 4.044 livres.

Charges perpétuelles.

Décimes : 474 livres.

Entretien de la sacristie : 100 livres.

Médecin, chirurgien, apothicaire : 150 livres.

Aumône de propre mouvement : 48 livres.

Réparations : 300 livres.

Total des charges : 1.072 livres.

Total du revenu : 4.044 livres.

Total des charges : 1.072 livres.

Reste net : 2.972 livres.

Sur quoi le monastère paye à la Congrégation :

Pour le régime : 60 livres.

Pour autres taxes : 350 livres.

Total : 410 livres.

Le monastère a annuellement ses provisions de blé, foin, paille, avoine, et est obligé d'acheter le vin.

On n'acquitte point la messe de 6 h pour le T.R.P. Général, à cause du petit nombre des religieux.

Abbé commandataire : Mgr de l'Angle, évêque de Saint-Papoul.

L'abbaye est affermée 5.000 livres.

Elle peut valoir 4.000 livres ».

Au moment de cette visite, l'abbaye était à la veille de sa translation. Elle eut lieu définitivement en 1767. Un arrêt du Conseil, porté cette année, prononça la réunion des Bénédictins de Blanche-Couronne et de ceux de Saint-Jacques de Pirmil. L'abbaye était alors occupée par les trois Pères qui s'y trouvaient en 1765.

Une note insérée sur les registres paroissiaux de la Chapelle-Launay indique ainsi le jour de leur départ :

« Les RR.PP. Bénédictins de Blanche-Couronne ont quitté la maison le jour de l'Ascension pour se rendre à Nantes. Etaient alors : prieur, D. Lasnier ; souprieur, D. René Lecureuil ; et procureur, D. Davaud ».

En mentionnant cette translation Ogée dit que l'abbaye fut réunie « à l'abbaye de Saint-Jacques, située à l'extrémité d'un des faubourgs de Nantes ».

Nous ferons remarquer que Saint-Jacques de Pirmil était un prieuré et n'a jamais été une abbaye.

Même après sa translation à Nantes Blanche-Couronne continua d'avoir un abbé qui portait son nom.

Son dernier titulaire fut Etienne-Jean-Marie Baptiste-Louis de la Tour le Gallois, prêtre du diocèse d'Aix pourvu de l'abbaye par bulle de Pie IV, donnée à Rome aux nones de mars 1775.

Blanche-Couronne est actuellement la propriété du Département. Elle était possédée jadis par le peintre Nantais Toulmouche, gendre de M. Lecadre, avocat à Nantes, qui l'avait acquise en 1811.

Les peintres ont dans leur atelier tous les genres de costume et, s'ils n'habillent pas tous leurs personnages, ce n'est pas parce qu'ils manquent d'habits, c'est pour d'autres raisons.

Or, l'atelier avait des costumes de moines, et nous nous sommes laissé dire que les cloitres de Blanche-Couronne fréquentés par des hôtes joyeux revirent des habits de moines – l'habit ne fait pas le moine – sans revoir les austérités de leurs premiers habitants.

Parmi les hôtes illustres qui passaient alors par Blanche-Couronne, les journaux, dans le temps, ont signalé l'académicien poète de Hérédia. Ils lui prêtèrent même l'intention de faire l'histoire de l'abbaye.

Eut-il vraiment cette intention ? Il ne semble pas être venu à Nantes dépouiller les documents qui renferment cette histoire. Mais quel besoin ont les poètes de consulter des documents pour faire une histoire sur une abbaye du Moyen-Age ? La précision des documents ne peut que gêner les rêveries de leur imagination, et l'histoire de l'abbaye de Blanche-Couronne par de Hérédia eut certainement gagné en poésie ce qui lui aurait manqué en vérité. (G. Durville).

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