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RECONSTRUCTION DE L'ABBAYE DE BLANCHE-COURONNE.

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La résolution de se fixer à Blanche-Couronne était, cette fois définitive. — Elle entraînait la nécessité de reconstruire l'abbaye. Les lettres des P.P. Quillet et Blusson nous ont en effet appris que la situation n'y était pas tenable. Les bâtiments, toujours dans l'attente de réparations urgentes qui ne venaient jamais, tombaient dans un état de plus en plus lamentable, comme on peut en juger par le document suivant qui nous en donne une triste description :

« Le dortoir peut encore servir quelques années. Le pignon, toutefois, du costé de midy, a besoing d'estre refait, et toute la couverture de dessus est tombée dans la largeur de trois chevrons de chaque costé, dès l'automne dernier. Tout le lambris est tout à fait pourri et tombe journellement. Les murailles de ce dortoir n'ont que 21 pieds de hault, et devraient bien en avoir 24, pour donner aux cellules du dortoir 9 pieds à l'estage de dessous et 12 pieds sous poutre, et en hausser le plan d'un pied et demi.

Le corps du bastiment du costé de midy, n'a rien que les quatre murailles, à la réserve d'un petit réfectoir de la largeur de 12 pieds, une petite chambre d'hoste ou d'infirmerie au dessus. Item, une cuisine basse de 24 pieds de largeur : tout le reste sert de bûcher. Au bout, néanmoins, il y a une chambre pour coucher les serviteurs. Le bastiment n'a que 16 pieds de hault et devroit en avoir 24.

Généralement toutes les murailles ne peuvent estre haussées parce qu'elles sont toutes creuses, massonnées de terre et sont des nids à rats au-dedans. Il n'y a pas de seureté d'y faire des croesées.

Les deux tiers de la charpente et couverture du cloestre et tout ce qui est bastiment du costé du midy, demande à estre refait tout de neuf, aussi bien comme les chapelles. Les vitrages de l'église sont toutes rompues, ormis celles du grand autel. Tout le lambris de l'église tombe. Il n'y a pas de seureté d'estre dedans pendant que les grands vents soufflent ».

En prévision de cette reconstruction on avait envoyé à Paris les plans mentionnés dans la requête du 27 avril 1695. Ces plans avaient été dressés à différentes époques, l'un est daté de 1675, l'autre de 1682, d'autres ne portent aucune indication de temps.

Tous ces plans ont été conservés avec les diverses modifications qu'ils subirent. Quand on les compare les uns avec les autres, la difficulté est plutôt de savoir ceux qui ont été exécutés réellement. Dans l'impossibilité de les publier nous en tirerons du moins des indications qui permettront à ceux qui sont sur les lieux de se faire une idée aussi exacte que possible de la topographie de l'abbaye.

Sur un de ces plans qui donne une idée assez précise de l'ensemble de l'abbaye, « la première entrée du monastère » est du côté du chevet de l'église, et non du côté de la porte, comme aujourd'hui. Une fois cette première entrée franchie, on a sur la gauche le jardin de l'abbé, et sur la droite la maison d'habitation construite par Nicolas du Colledo.

Elle figure sur le plan avec la rubrique « Logis de M. l'abbé, fort bien bâti ». Ce logis s'allonge de l'est à l'ouest parallèlement à l'église, et à l'est, il est séparé par un couloir de la chapelle des seigneurs de Rochefort, accolée au choeur de l'église du côté de l'Évangile. Ce logis a été complètement démoli : nous croyons qu'il en reste encore les fondations.

Au choeur, du côté de l'Évangile, sont accolées, les unes à la suite des autres, trois chapelles avec chacune son autel, à l'orient. La dernière, s'avançant à l'est un peu plus dans le jardin que les deux autres, est désignée sous le nom de « chapelle des seigneurs de Rochefort » ; elle mesure 20 pieds. Cette chapelle renfermait plusieurs tombes dont nous parlons plus loin. La première de ces trois chapelles, celle qui touche le choeur, est désignée sur un plan sous le nom de « chapelle de Notre-Dame ».

La maison conventuelle s'étend au sud de l'église. Elle comprend le cloître carré autour duquel sur les trois côtés s'élèvent des bâtiments plus importants les uns que les autres.

Le cloître, « couvert en apentis » a 80 pieds de longueur et 10 de largeur ; il entoure une cour au milieu de laquelle se trouve un puits. Au nord règne, le long de la chapelle, un bâtiment qualifié du nom de dortoir.

Peintures murales à l'Abbaye de Blanche-Couronne (Bretagne).

Le principal bâtiment présente, à l'est, une façade très régulière donnant sur le jardin des religieux. Il est composé d'un corps principal et de deux avant-corps ou pavillons. On y voit, dans une sorte de soubassement, des soupiraux ronds destinés à donner du jour et de l'air aux celliers. Tout le bâtiment comporte un rez-de-chaussée, un étage et des mansardes éclairées par des lucarnes à frontons triangulaires qui émergent du toit. Le corps du bâtiment a six fenêtres : chacun des pavillons en a deux.

Le pavillon nord, appuyé à la chapelle, renferme, au rez-de-chaussée, le revestiaire ou sacristie, qui servait aussi de chapelle et donnait dans le choeur de l'église, du côté de l'Épitre. Au-dessus se trouvait « la chambre commune », et au-dessus de cette dernière, dans les mansardes, la bibliothèque. L'autre pavillon, donnant à la fois à l'est et au sud, renfermait au rez-de-chaussée la cuisine ; au-dessus, l'infirmerie, et au-dessus, dans les mansardes, un « beauregard », ou deuxième chambre de l'infirmerie. Le rez-de-chaussée du corps principal avait trois destinations. Les deux fenêtres vers le nord, touchant la sacristie étaient celles du « Chapitre » ; les trois suivantes, celles du réfectoire ; et la dernière, entre la cuisine et le réfectoire, celle de la dépense.

Le second bâtiment, tourné vers le sud et donnant sur le jardin où se trouve une pièce d'eau, était moins important que le premier. Il a été l'objet de plusieurs plans, les uns par terre, un autre d'élévation, difficiles à concilier entre eux. Le plan d'élévation est aussi percé, dans le soubassement, de soupiraux pour les celliers, mais ces soupiraux sont rectangulaires et non pas ronds comme ceux de l'autre bâtiment. Ce bâtiment comporte simplement un rez-de-chaussée dont les six fenêtres sont surmontées de six lucarnes à fronton triangulaire, servant à éclairer les mansardes.

Les indications fournies par ces différents plans ne concordant pas entre elles, il est difficile de déterminer avec exactitude la destination de toutes les salles de ce bâtiment. Qu'il suffise de dire en général qu'il était destiné aux hôtes de l'abbaye. Sur un de ces plans une des salles donnant sur le jardin est qualifiée de salle ou réfectoire d'hôtes, et au-dessus se trouvent trois chambres d'hôtes.

Le troisième côté du monastère, celui de l'occident, donnant à l'est sur le cloître, à l'ouest sur la cour de servitude, ne figure que sur les plans par terre et y a diverses désignations. Sur un de ces plans la boulangerie occupe l'extrémité sud de ce côté ; l'entrée du cloître était à l'extrémité nord, la plus grande partie du bâtiment servait de grenier.

Il y a à la Bibliothèque Nationale un document intéressant sur la chapelle et ses tombes telles qu'elles existaient à cette époque. Nous le reproduisons textuellement :

« Remarques sur les écritures de l'église, chapelle et tombeaux de Blanche-Couronne : Dans la vitre du grand autel, outre l'image du Christ et de la sainte Vierge qui sont dans le milieu, il y a, du côté de l'Évangile, saint Nicolas et saint Louis ; du côté de l'Épitre, saint Guillaume et saint Brieuc dans un même careau, et saint Georges dans le suivant. Dans le vitrage d'en bas, un abbé qui porte l'aumusse, et au-dessous sont les seigneurs et dames de Rochefort avec leurs alliances, dont l'un est un chanoine ou religieux ainsi qu'il est dépeint, tenant deux clefs, qui est une alliance. L'inscription qui est au-dessus ne se peut bien lire, mais l'on y voit clairement le nom de Rochefort.

Dans la chapelle de saint Yves est ainsi écrit : " Frère Jean Leroy, prieur du cloistre de ceans fist peindre cest hautel de Saint-Yves l'an de grâce mil IIIème quatre-vingt-six ; priex Dieu pour son ame ".

Dans la chapelle de Rochefort est écrit, contre la paroy, proche l'autel : Alienor domina Dongiae - Inter omnes natas Britanniae - Cujus corpus sub mortis specie - Expectans aditum supernae patriae.

Dans la tombe qui se rend sous l'autel, et vis-à-vis dudit autel : " Icy gist Monsor Guillaume, sire de Rochefort, vic. de Donges, qui trespassa le lendemain de la San Jehan l'an de grace mil... ".

Dans la première tombe du côté du logis abbatial : " Icy gist Monsor Bonabes de Rochefort, chevalier, qui trespassa le jeudy avant la Pentecoste, l'an de grace M et CC et LXXX et VII. L'ame de luy soit en repos. Amen ".

Dans la deuxième ensuyvant : " Icy Guillaume, fils Monsor Thebaud de Rochefort ".

La troisième ne se peut lire.

Dans la quatrième : " Icy gist Monsor Thebaud de Rochefort ".

Dans la dernière qui est la cinquième, proche la muraille vers l'église : " Icy gist madame Marguerite, fame monsor Guillaume seignor de Rochefort, vicomte de Donges, fille monsor Alen de Dignen, qui trespassa le 1er jour de otoubre l'an de grace M CC. L X et XIIII ".

Dans une autre tombe qui est au-dessous des précédentes et toute seule est écrit d'un côté : " Marie d'Ancenis, fille de Mgr Geffroy d'Ancenis, seigneur et baron d'Ancenis... ".

Le reste se pourroit lire s'il était lavé ».

Nous ne nous arrêterons pas à faire connaître plus amplement les seigneurs de Rochefort et de Donges dont ces inscriptions rappelaient le souvenir. Bornons-nous à dire que toutes ces tombes n'ont pas été détruites. Il y en avait autrefois une en pierre de lias à la porte de la chapelle. Si nos souvenirs sont fidèles, c'est celle de la fille d'Alain de Dinan. C'est un beau travail du XIIIème siècle. Il serait bien mieux au Musée d'Archéologie qu'exposé à toutes les injures du temps. On trouve aussi une autre de ces tombes à la cuisine, où un vandalisme utilitaire en a fait un évier ! Qui eût dit au seigneur de Donges dont elle couvrait les restes, que cette belle pierre artistement travaillée, passerait de la chapelle à la cuisine pour y remplir un pareil emploi ? [Note : Il s’agit en fait de l’autre partie de la pierre tombale de Marguerite, fille de Alen de Dinan] (G. Durville).

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