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La translation de l'Abbaye de Blanche-Couronne à Pirmil.

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Premier Projet.

Les religieux de la Congrégation de Saint-Maur ne furent pas longtemps à s'apercevoir que l'Abbaye de Blanche-Couronne ne leur procurait pas les avantages qu'ils en avaient espérés.

En 1675, « considérant la ruine de l'abbaye, la situation peu avantageuse et malsaine », ils projetèrent le dessein de la transporter plus près de Nantes.

Pour cette translation, il leur fallait tout d'abord le consentement des fondateurs. C'était alors le duc de Coislin, en sa qualité de baron de Pontchâteau.

Le 1er mars 1675, sur la demande du T.R.P. Dom Marsolle, supérieur général de la Congrégation de Saint-Maur, il donna le consentement nécessaire à la condition qu'il continuerait, « lui et ses successeurs, à jouir de ses droits de fondateur, et qu'après l'établissement de la communauté dans le lieu où s'en fera la translation, il lui sera fourni pareille reconnaissance aux mêmes qualités, clauses et conditions par les religieux qui y résideront alors ». Reconnaissance qu'ils leur délivrèrent le 22 mai 1676.

Forts de son autorisation, les religieux sollicitèrent du Conseil du roi un arrêt leur permettant de s'établir à Nantes, dans la ville ou dans un des faubourgs. Ils obtinrent cet arrêt le 9 octobre 1676. Mais plusieurs difficultés les ayant empêchés de le mettre alors à profit, ils renouvelèrent leur démarche en 1693. Ils avaient alors jeté leur dévolu sur le prieuré de Saint-Jacques de Pirmil, qui appartenait également aux Bénédictins.

Mais cette translation, que l'on pouvait considérer comme un établissement nouveau, ne pouvait se faire à Nantes, sans l'autorisation de la ville. La question vint au bureau de ville le 20 décembre 1693. Comme elle était importante, on décida de convoquer l'ancien bureau et l'on fixa la séance au 23 suivant. Au jour dit, on présenta une lettre de M. de Nointel, intendant de Bretagne, ainsi que l'arrêt déjà obtenu par les Bénédictins ; puis on remit de nouveau l'affaire au dimanche 27, après avoir pris la résolution de faire avertir l'ancien bureau et « les Corps », c'est-à-dire : le Chapitre, la Chambre des Comptes, le Siège présidial et l'Université.

On voit par le procès-verbal de la délibération, que le procureur du roi syndic n'était pas suffisamment fixé sur les intentions des religieux. Il se demandait s'ils voulaient simplement s'établir à Pirmil et prendre la place des anciens religieux, ou fonder un établissement nouveau dans la ville ou dans les faubourgs. Il était hostile à ce dernier projet, trouvant que les bénédictins avaient assez dans la ville de leur prieuré de Sainte-Croix. Quant à leur établissement à Pirmil, il n'y voyait pas d'inconvénient, pourvu qu'ils s'abstinssent d'enseigner à des externes et à des séculiers « quelque science que ce soit ». Lisons le texte de cette délibération.

« Délibérant au sujet de l'établissement prétendu par les RR.PP. Bénédictins, a été, par M. le procureur du Roi syndic, dit que, pour régler la réponse qui est à faire à Mgr l'Intendant, il serait à souhaiter de savoir ce que demandent les religieux de l'abbaye de Blanche-Couronne, d'autant qu'on ne peut pas connaître par l'arrêt du Conseil de 1676, ni par la lettre de Mgr l'Intendant, quelle est leur prétention : car, suivant lad. lettre du 19 déc. présent mois, de mond. Mgr l'Intendant, il semble qu'ils se contentent d'avoir un établissement dans le prieuré de Pirmil pour remplir les places des quatre anciens religieux vacantes ; par l'arrêt du Conseil il paraît qu'ils prétendent avoir un établissement dans cette ville et faubourgs, cette communauté le consentant et leur donnant un lieu convenable ; prétention qui ne peut être tolérée, attendu qu'ils ont déjà, dans la paroisse de Sainte-Croix de cette ville, un prieuré avec une juridiction haute, moyenne et basse ; qu'ils ont encore le prieuré de la Magdeleine en bois, qui n'est qu'à une lieue de cette ville où ils sont seigneurs spirituels et temporels, et ce qui serait un lieu très propre pour ces religieux qui suivent leur institut et qui doivent mener une vie solitaire.

Pour ce qui est des logements du prieuré de Saint-Martin, il est vrai qu'ils sont beaucoup angustiés, mais cela vient du propre fait de ces religieux, pour avoir aliéné leur cloître et autres emplacements.

C'est pourquoi si lesd. religieux veulent, sous prétexte dud. arrêt du Conseil, s'établir dans cette ville et faubourgs, dans la qualité qu'il a de procureur du Roi syndic, il requiert MM. de l'assemblée, en présence de M. le comte de Morvaux, représentant M. le Gouverneur, de s'opposer formellement à cette ambitieuse prétention.

Mais si ces religieux se veulent fixer au seul prieuré de Pirmil, comme ils font semblant de le vouloir faire, suivant ladite lettre, pour remplir les quatre places des anciens religieux qu'ils supposent être vacantes, quoique, de fait, elles soient remplies par quatre religieux qui servent actuellement, mais comme les anciens religieux de Pirmil sont Bénédictins, et que ceux de Blanche-Couronne le sont aussi, sous cette différence que ceux de Blanche‑Couronne sont de la Congrégation de Saint-Maur, et comme il y a lieu d'espérer que ces religieux qui sont presque d'un même ordre pourront facilement s'accorder, et que le public ne recevra pas de préjudice quand ces religieux réformés de Blanche-Couronne rempliront les places des quatre anciens religieux non réformés, pourvu, et non autrement, que les religieux de Blanche-Couronne déclarent préalablement qu'ils n'entendent occuper que les places des quatre anciens religieux, et, à toute extrémité, suivant les termes de la fondation dudit prieuré, et qu'ils ne pourront s'accroître au-delà du domaine ancien qu'ils ont, ou doivent avoir, dans ledit prieuré de Pirmil, dont les droits sont très considérables, et dont un prieur, situation très avantageuse, en ce cas, comme il paraîtrait qu'il n'y aurait presqu'aucun changement quand des religieux bénédictins réformés viendront remplir les places des non réformés, donnant préalablement un acte dans toutes les formes, par lequel ils renonceront à jamais à l'avenir à tout établissement dans la ville et faubourgs, et sous d'autres conditions dont on pourra convenir ; il estime, après cela, qu'il n'y a pas lieu d'opposer l'établissement desdits religieux dans le prieuré de Pirmil ; c'est sur cela qu'il requiert MM. de l'Assemblée, de délibérer, même de vouloir faire entendre à Mgr l'Intendant, la nécessité qu'il y a que lesdits religieux fixent et arrêtent premièrement leur intention, pour, ensuite, cette communauté pouvoir régler leur réponse, soit par consentement ou par l'opposition ; et pour cela supplier M. l'Intendant vouloir statuer un temps aux religieux pour se conseiller, fixer et déterminer, et ensuite accorder à cette communauté quelques jours, après que lesdits religieux auront fourni leur dite déclaration, pour y fournir une réponse précise.

Sur quoi, de l'avisement de l'assemblée et des Corps, en présence de M. le comte de Morvaux, et, sur ce, ouï le procureur du roi et de la ville en ses conclusions, ont arrêté que les abbé, prieur et religieux de Blanche-Couronne, lesdits religieux bénédictins réformés de la Congrégation de Saint-Maur, dûment autorisés de leur supérieur majeur, comparaîtront au greffe de cette ville, ou, par personnes dûment fondées de leur procuration et déclareront qu'ils limitent leur établissement dans la maison du prieuré Conventuel de Saint-Jacques de Pirmil, et qu'ils renonceront à jamais de s'établir, ni aucun autre religieux de leur ordre dans la ville et faubourgs de Nantes : auquel lieu et prieuré de Pirmil, ni autres lieux de la ville et faubourgs, ils ne pourront régenter aux externes et séculiers, soit de grammaire, humanité, philosophie, théologie et autres sciences, et, passé de ladite déclaration, et à laquelle condition et non autrement, le bureau et députés sont d'avis et consentent leur dit établissement audit prieuré de Pirmil, et acte décerné des déclarations des députés des sieurs du chapitre de cette ville, de fournir autres moyens d'oppositions ainsi qu'ils verront, passé que lesdits religieux auront fait et garanti leur déclaration de la manière qu'ils prétendent entrer audit prieuré de Pirmil ».

Cette perspective d'aller à Pirmil n'était pas agréable à tous les religieux de Blanche-Couronne. On avait établi dans la chapelle du prieuré un service de prédication. Or, la prédication pouvait gêner quelques Bénédictins qui s'étaient peut-être mis dans l'ordre de saint Benoît avec l'espérance de n'avoir point à y prêcher. Par ailleurs, Pirmil était tout près des Récollets, établis sur les Ponts. Voués par état à la prédication, ils y réussissaient si bien que les habitants de Pirmil ne voulaient pas d'autres prédicateurs, pas même des Capucins.

Un supérieur du P. Jean Blusson, moine à Blanche-Couronne, lui ayant offert un changement de position, celui-ci le remercia de sa bienveillance par une lettre dans laquelle il lui expose librement ses sentiments.

Il exprime d'abord son désir de ne point aller à Pirmil ; il dit qu'il est fort inférieur en talent à un autre père qu'on propose pour cette résidence. « Je ne suis point prédicateur ; je ne serois pas même d'avis qu'on imposast cette charge à Pirmil. Les Récollets sont en possession de cette charge que le sacriste leur donne ; et les habitants sont chargez du prédicateur, M. de Nantes donna mandement le dernier caresme à un capucin qui fut fort mal reçu des habitants qui aiment les Récollets, leurs voisins, on se feroit un office de cette chaire auprez de ces religieux, avec lesquels il est à propos de vivre en bonne intelligence. Ils ont accoutumé d'y mettre de bons prédicateurs y pourrons-nous fournir ? ».

Et pourtant, ce n'est pas qu'il se trouve bien à Blanche-Couronne.

« Quelque part que j'aille, continue-t-il, il ne se peut que je ne sois mieux, selon l'homme, qu'en ce désolé lieu qui n'a jamais été si inhabitable qu'à présent... Votre Révérence qui connoist l'estat de Blanche-Couronne, voit bien qu'il faut prendre une dernière et prompte résolution de bâtir ou de s'établir ailleurs, où j'aurais bien plus de penchant. Car, quelque chose qu'on fasse, Blanche-Couronne ne sera jamais qu'une vraie synagogue de Sathan, pour me servir des termes de saint Bernard, où les bons religieux refuseront de venir, manque de régularité...

Par bonheur pour nous, nos marais n'ont point esté sans eaux car aussitost qu'elles se dessecheront, nous ne manquerons pas de tomber malades ; j'en ai esté quitte pour un mois de maladie et de langueur, ce qui est peu de chose pour ce lieu ; personne ne s'y est pourtant encore si bien porté que nous. Si je voyais qu'on y peut faire quelque chose de commode pour y vivre régulièrement, j'y passerois volontiers le reste de mes jours, mais je me dégouste voïant que tout ce que nous pourrons faire ne servirait de rien... Blanche-Couronne, le 4 mars 1694. Jean Blusson, M.B.J. ».

Tout en poursuivant le transfert de leur abbaye à Pirmil, les religieux de Blanche-Couronne cherchaient aussi s'il ne pourraient pas la transporter ailleurs. Partant du principe que leur situation n'était pas tenable, vu le délabrement de ses bâtiments, et que du moment qu'il fallait reconstruire, mieux valait le faire dans une situation moins malsaine, ils songèrent aussi, pour cette reconstruction, à la Roche-Bernard et à la Gaudinais, terre qui leur appartenait près de Savenay.

L'affaire devait être traitée dans une assemblée solennelle désignée sous le nom de « diette » parmi les religieux. A l'occasion d'une « diette » qui devait se réunir à Paris, en 1694, le P. Quillet, un des hôtes de Blanche-Couronne, écrivit à l'un de ses supérieurs la lettre suivante :

« A Blanche-Couronne, ce 5 mars 1694.... Comme votre Révérence nous a différé jusqu'à la diette, pour savoir absolument la résolution des nos Révérends Pères sur Blanche-Couronne, nous espérons que c'est à ce coup qu'on verra quelque chose de si déterminé, qu'il n'y aura plus à discuter ni à délibérer. La place, en l'estat où elle est, n'est pas tenable ; ou il faut la quitter ou il faut bâtir. Il est cependant bon que je marque à votre Révérence que M. le Duc de Coislin veut bien que nous nous établissions à la Roche-Bernard, suivant le projet du P. procureur de Redon. Il nous offre même quelques avantages : il me l'a dit à moi même. Si l'on ne suit pas ce parti, et qu'on voulût transférer Blanche-Couronne en quelque lieu proche, mieux situé, outre le champ que votre Révérence a vu en passant par notre bourg, et dont on a déjà tant parlé, nous en avons encore un autre à proposer, qui a paru, à mon collègue et à moy, fort propre pour bâtir un monastère. Le lieu s'appelle la Gaudinais, distant du monastère d'une petite lieue, sur un lieu plus élevé. Les, avantages que nous y trouvons au-dessus de cet autre champ auquel on a pensé, c'est :

1° Qu'on y sera utile à plusieurs villages voisins qui vont à la messe à trois quarts de lieue de leur demeure, et peut-être davantage ;

2° On est plus près de Nantes ; en été, on pourra y aller et venir en un même jour ;

3° La situation en paraist plus avantageuse. Il y a de la pierre sur le lieu, de fort belles fontaines proches ; la plus grande difficulté que j'y trouve, c'est qu'il faudrait changer de paroisse : cette espace de la Gaudinais étant dans Savenai, et Blanche-Couronne est dans un autre bourg appelé la Chapelle. Ce n'est là qu'une proposition que je fais. Votre Révérence l'exposera si elle le juge à propos à la diette, et elle pourra auparavant envoyer quelque personne intelligent pour visiter la place ». [Signé] P. Quillet.

Au milieu de toutes ces tergiversations et de toutes ces études, les choses restaient toujours en l'état, ou plutôt allaient de mal en pis. A un moment on en revint au projet de reconstruire l'abbaye à la même place, et on avisa aux moyens de se procurer les fonds nécessaires pour cette reconstruction coûteuse. L'abbaye avait des créanciers qui ne se pressaient pas de payer leurs dettes. C'étaient d'autres abbayes de la Congrégation de Saint-Maur, qui abusaient un peu trop du principe que tout est commun entre frères : inter fratres omnia communio. Elles avaient pourtant été condamnées par le chapitre général de la congrégation à s'acquitter envers Blanche-Couronne, mais cette ordonnance du chapitre était restée lettre morte. Dans leur besoin urgent de fonds, les Pères Quillet et Blusson adressèrent à leur Supérieur général la supplique dont voici le texte :

« Au Très Révérend Père Supérieur général et aux Révérends Pères assemblés en la diette annuelle de la Congrégation de Saint-Maur.

Supplient très humblement vos religieux de Blanche-Couronne, exposant que leur monastère étant dans une désolation qui le rend inhabitable par la ruine entière de ses bâtiments, et la résolution étant prise par le Très Rév. Père Supérieur général de rétablir ledit monastère, dans le lieu même où il est à présent situé, ils se croient obligez de représenter à vos Révérences qu'ils ne sont nullement en état d'entreprendre ces ouvrages, à moins que les monastères qui doivent audit Blanche-Couronne, et particulièrement Rhedon, Lonlai et Saint-Calais, ne soient contraints de payer incessamment les sommes qu'ils doivent et auxquelles ils ont été condamnez par le dernier chapitre général.

Item, ils se croient obligez de demander à vos Révérences la jouissance d'un prieuré, dit de Lanchaillou, membre dépendant dudit Blanche-Couronne, dont jouissent à présent nos pères de la Chaume, qui ont un monastère fort commode, et bien basti, qui sont sortis de leurs mauvaises affaires, et qui peuvent mieux se passer de ce bénéfice que nous, qui, avec un revenu très modique, sommes dans la nécessité de rebastir un monastère tout entier, excepté l'église, et qui, d'ailleurs, en demandant ce prieuré, ne demandons que ce qui est naturellement à nous.

Item, ils se sentent pressez par le besoin extrême où ils sont, de demander à vos Révérences quelque secours, quelque assistance, les ressources qu'ils ont, soit dans ce qui leur est dû, soit dans ce qu'ils retirent de leur fonds, ne pouvant pas aller fort loin.

Item, ils croient devoir insinuer à vos Révérences qu'il y a plusieurs années qu'on parle, qu'on propose, qu'on arrête de bâtir à Blanche-Couronne et que, cependant, au milieu de tant de projets et d'ordonnances, les religieux qui y demeurent sont toujours exposez à toutes les injures de l'air, au danger même d'être écrasez sous les ruines d'un lieu des plus délabrez du monde, et qui ressemblent plus à d'anciens restes de monastère qu'à un monastère même ; qu'ainsi il est enfin temps de mettre la main à l'oeuvre et de commencer à rebâtir un monastère qui, aïant déjà une situation fort incommode, ne peut qu'il ne soit très désagréable par l'état effroyable de ses bâtiments.

Ce considéré,

Vous plaise, nos Révérends Pères :

1° Employer votre autorité pour faire exécuter l'ordonnance du dernier chapitre général qui condamne Saint-Aubin, Rhedon et Saint-Calais de payer incessamment ce qu'ils doivent à Blanche-Couronne ;

2° De nous adjuger la jouissance du prieuré de Langchaillou ;

3° Vous plaise faire ressentir les effets de votre charité à ce monastère tombé, qui ne peut se relever de lui-même ;

4° Vous plaise de donner des ordres très précis qu'on commence incessamment à bâtir ; vous plaise envoyer un dessein approuvé, de ceux que nous avons envoyé depuis peu à Paris et qui seront entre les mains du R. P. Surerain. Ce faisant, vous nous obligerez à prier Dieu pour Vos Révérences, vous rendrez service au monastère le plus désolé de la Congrégation et ferez justice.

Fait à Blanche-Couronne, le 27 avril 1695,

Fr. Pierre Quillet, prieur ; Fr. Jean Blusson ».

Ce projet de reconstruire sur place alla encore rejoindre ceux qui restaient en place et l'on en revint encore au projet de transférer l'abbaye à Pirmil.

Les Bénédictins ayant accepté les conditions posées par la ville à leur établissement à Nantes, adressèrent au roi une requête dans laquelle ils lui font les représentations suivantes :

« Ils n'ont pu profiter de la permission accordée par l'arrêt du Conseil d'État du 9 octobre 1676 pour la translation de l'abbaye de Blanche-Couronne, dans la ville ou l'un des faubourgs de Nantes, à cause de certaines difficultés qui seraient survenues et de grandes dépenses que ladite Congrégation auroit été obligée de faire pour l'achat des fonds bâtiments et entretien des religieux ; ne se pouvant passer d'un monastère dans la ville de Nantes, ou à sa proximité, pour servir d'hospice et de retraite au concours de plusieurs religieux de l'ordre qui sont obligés de s'y rendre et d'y séjourner, pour les affaires de leur monastère, et de loger avec les séculiers dans le tumulte des cabarets et hôtelleries, ils auraient, au mois d'avril 1693 présenté une nouvelle requête à Sa Majesté, tendante à ce qu'attendant qu'ils eussent les moyens de s'établir à Nantes, ou autrement il lui plût leur permettre de s'établir dans le prieuré conventuel de Saint-Jacques ou de Pilemil, situé au-delà de la rivière de la Loire, dans une paroisse champêtre, hors les limites de la ville de Nantes et des faubourgs de Nantes ; attendu que ce prieuré est déjà membre de ladite Congrégation, uni à l'abbaye de Saint-Jouin dont il dépend de l'année 1655 ; que c'est un fonds de l'Ordre déjà acquis à la Congrégation et amorti ; qu'il n'y a plus que deux religieux de l'ancienne observance, pour y faire le service divin ; que, par les concordats, autres que lesdits religieux de la Congrégation de Saint-Maur ne peuvent occuper places vacantes ; que ce petit établissement serait d'une grande utilité à l'Ordre par la retraite qu'il procurerait aux religieux et aux habitants de Pilemil et lieux voisins, par le secours qu'ils tireraient de leurs instructions, messe, aumônes et autres assistances ; que d'ailleurs c'était un religieux de la même Congrégation qui est pourvu et titulaire du prieuré. Ils ajoutent que le seigneur Évêque de Nantes, le sieur curé et les habitants de ladite ville le souhaitent et y ont déjà consenti par acte des 22 mars et 2 juin 1696 ».

Leur requête fut appuyée par un avis favorable donné au mois de juillet suivant par M. de Nointel, intendant de Bretagne, et un arrêt du Conseil, rendu à Versailles le 20 septembre 1696, leur accorda leur demande, « sans néanmoins, qu'ils puissent transférer le service et les revenus de ladite abbaye de Blanche-Couronne audit prieuré : à la charge par lesdits religieux de faire déclaration au greffe de la Communauté de ladite ville de Nantes, qu'ils renoncent à leur établissement en ladite ville et fauxbourgs et qu'ils se limitent au prieuré de Pilemil auquel lieu, ni dans la ville et fauxbourgs, ils ne pourront régenter aux externes et séculiers conformément à la délibération des habitans de ladite ville de Nantes du 27 décembre 1696 ».

Toutes les formalités étaient donc remplies pour le départ. On put croire que, du coup, ils allaient enfin quitter Blanche-Couronne. Une nouvelle volte-face les y retint. (G. Durville).

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