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ABBAYE DE BLANCHE-COURONNE : époque de sa fondation

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Ce défaut de documents a fait recourir aux conjectures les plus diverses. Relativement à l'époque de la fondation de Blanche-Couronne, on a surtout donné trois dates : 969, 1126, 1160.

La date de 969 a été avancée par « le calendrier ecclésiastique de Nantes » de l'année 1748. Indiquée par l'abbé Travers, elle a été adoptée par Ogée et par tous les auteurs qui se bornent à piller son dictionnaire, sans discerner ce qu'il contient de mal de ce qu'il a de bien : défaut de critique qui a maintenu et même mis en circulation, dans notre histoire locale, bien des erreurs que l'étude des documents originaux nous donne trop souvent l'occasion de relever.

Cette date est invraisemblable. Il y avait à peine trente ans que les Normands régnaient en maîtres dans le pays Nantais. Il faudrait apporter des documents positifs pour prouver que les Seigneurs du pays voisin étaient, dès lors, en état de faire une fondation aussi importante que celle d'un monastère.

On concevrait, à la rigueur, à cette époque, la résurrection d'une ancienne abbaye florissante comme celle d'Aindre. Il eût fallu moins de ressources pour relever de ses ruines un établissement de ce genre que pour en fonder un nouveau. Épuisé, sous tant de rapports par de longues guerres et par la présence continuelle des pirates, le pays n'était pas en état de faire un si grand effort.

Par ailleurs, les abbayes des Xème et XIème siècles étaient dans l'usage de recevoir en don des églises paroissiales et tous les droits qui y sont attachés. Au Xème siècle, nous voyons ainsi les abbayes bretonnes de Redon et de Landevenec bénéficier de cet usage. Si l'abbaye de Blanche-Couronne avait été fondée dès cette époque, elle eût certainement compté des cures ou des prieurés-cures parmi les bénéfices à la nomination de ses abbés.

Or, comme nos autres abbayes nantaises fondées au XIIème et au XIIIème siècles, c'est-à-dire Buzay, Mellerai et Villeneuve, l'abbaye de Blanche-Couronne n'a jamais nommé à aucune cure : elle ne disposait que de trois prieurés et d'une aumônerie. On peut conclure de ce fait qu'elle a été fondée à l'époque où, par suite d'une modification dans les usages et aussi dans la législation ecclésiastique, les moines ne pouvaient plus recevoir de donations entraînant charge d'âmes : l'administration diocésaine ayant désormais un clergé séculier plus capable de remplir sa mission.

Si la date de 969 est trop ancienne, celle de 1160 est trop récente. Nous trouvons cette dernière dans le catalogue des abbés de Blanche-Couronne publié à la suite de l'histoire de Bretagne de D. Morice. Parlant de donations faites par les seigneurs de Donges, de la Roche-Bernard et de Pontchâteau, l'auteur de l'article dit : « Leurs donations étant postérieures à 1160, on ne croit pas que la fondation de l'abbaye soit plus ancienne ».

Cette opinion a été adoptée par l'abbé Tresvaux, qui reproduit textuellement les lignes précédentes, tout en y ajoutant : « Cependant, on croyait, à Nantes, qu'elle remontait à l'an 969 ».

Cette date de 1160 est aussi insoutenable que celle de 969. Le nom de Blanche-Couronne, nous l'avons dit, apparaît pour la première fois, du moins, dans les documents imprimés jusqu'ici, en 1161.

Un acte du cartulaire de Quimperlé mentionne, à cette date, Ernaud, abbé de Blanche-Couronne, en qualité d'arbitre dans un différend qui s'est élevé entre l'abbaye de Quimperlé et le Chapitre de Nantes.

Il est donc incontestable que l'abbaye existait au plus tard à cette époque ; mais il n'est pas vraisemblable qu'elle ne comptait alors qu'une année d'existence. Les fonctions d'arbitre, dans un litige important, ne se confient pas à un personnage qui n'a pas encore fait ses preuves : l'abbé Ernaud ne devait pas en être à sa première année d'administration.

D'ailleurs, la raison que l'on donne de cette date, c'est que les donations faites à Blanche-Couronne lui sont postérieures. C'est conclure sans preuve que, de ce que les titres de l'abbaye qui ont été conservés ne remontent qu'à la fin du XIIème siècle, elle n'en a jamais eu de plus anciens.

Cette conclusion est peu logique. S'il ne nous a été conservé aucun titre des donations antérieures à 1160, il ne s'ensuit pas que ces donations n’ont pas eu lieu, mais que les titres qui les relataient ont péri.

Nous savons pertinemment que dès avant 1160 l'abbaye avait déjà reçu des donations importantes. Le souvenir en est rappelé dans plusieurs actes confirmant à Blanche-Couronne les bienfaits des seigneurs de la Roche-Bernard et de Pontchâteau. Il est à remarquer que les titres auxquels nous faisons allusion n'ont nullement le caractère de titre primordial. Ils sont de simples confirmations faites par ces seigneurs des générosités de leurs ancêtres. Or, de la teneur même de ces titres, il est aisé de conclure que les auteurs de des générosités vivaient dans la première moitié du XIIème siècle : par suite, c'est trop rajeunir la fondation de Blanche-Couronne que de la placer après 1160.

Ainsi, dans un acte de 1210, Eudon, seigneur de Pontchâteau, restitue à Blanche-Couronne un bien qui lui avait été donné par son aïeul Daniel, et par son père Olivier, ainsi que le comte de Nantes Geofroy. Or, ce dernier était comte de Nantes en 1156 et mourut en 1158. Quant à Daniel, père d'Olivier et aïeul d'Eudon, il accompagna en 1148 le duc Conan à Angers.

De même, en 1236, Constance, dame de Pontchâteau, et fille d'Eudon, confirma à l'abbaye les donations faites « par son père et ses autres ancêtres : donaciones quas Eudo de Ponte pater meus vel alii antecesores mei antea fecerant ». 0r, ce nom d'ancêtres suppose évidemment une suite de personnages antérieurs à son père Eudon mentionné dans des actes de 1167 à 1219.

Avant 1160, l'abbaye avait reçu des donations non seulement des seigneurs de Pontchâteau, mais encore de ceux de la Roche-Bernard. En 1239, Jocelin, seigneur de cette localité, confirme aux moines de Blanche-Couronne la possession « de moulins et de salines acquises, soit anciennement, soit récemment, aussi librement qu'ils les possédaient dans les temps passés, au temps de noble homme Jocelin, seigneur de la Roche-Bernard, de bonne mémoire, son arrière-grand-père : in tempore nobilis viri Jocelini, domini de Rocha Bernardi... attavi mei ».

C'est évidemment bien trop serrer les générations que de placer en 1160, l'arrière-grand-père d'un seigneur en fonctions en 1239.

Ainsi, non seulement nous n'avons pas l'acte de fondation de l'abbaye, mais nous n'avons pas même les actes des donations qui lui ont été faites à son origine par les seigneurs de Donges, de la Roche-Bernard et de Pontchâteau ; et ce n'est que par des actes postérieurs à 1160 que nous connaissons ces donations.

Il résulte de ces faits que Blanche-Couronne a reçu plusieurs biens de seigneurs qui vivaient dans la première moitié du XIIème siècle. L'opinion qui place sa fondation après 1160 ne mérite donc aucun crédit.

Après avoir écarté les deux dates extrêmes assignées à la fondation de Blanche-Couronne, il nous reste à examiner la troisième, celle de 1126. Elle a été donnée dans les « Etrennes Nantaises de 1748 ». Il est regrettable qu'elle n'ait été accompagnée d'aucune référence, d'aucune indication qui puisse permettre d'en examiner le fondement. Prise en elle-même, c'est elle, en effet, qui cadre le mieux avec les faits.

Et ici, nous ne parlons pas seulement des faits que nous venons de rappeler et qui, consignés dans des documents authentiques, reculent la fondation de l'abbaye de 1160. Nous abordons une question nouvelle qui va nous éloigner un instant de Blanche-Couronne et nous transporter à l'abbaye de la Grenetrière, en la paroisse de Saint-Sauveur d'Ardelay, à une lieue des Herbiers, dans le diocèse de Luçon. (G. Durville).

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