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Succession chronologique et Biographie sommaire des abbés de Beaulieu |
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Succession chronologique et Biographie sommaire des abbés de Beaulieu,
extraites de l'Histoire inédite du diocèse de Saint-Malo, par le P. Le Large.
SOURCE : Bibl. Nle. : Ms. fr. 22358, f° 42. (Anc. Bl. Manteaux, n° 86).
ROLLAND DE DINAN n'eut pas plutôt fait la paix avec Henry, roy d'Angleterre, et Geffroy, son fils, duc des Bretons, qu'il pensa à procurer dans les terres de sa dépendance, plusieurs établissemens utiles au diocèse de Saint-Malo [Note : Cf. Anc. compilation de Nantes, celle de Gervais de Cantorbie. (Note du P. Le Large)]. L'Abbaye de Notre-Dame de Beaulieu fut fondée par ce seigneur en 1170.
L'historien du Paz nous a donné une généalogie des seigneurs de la Maison de Dinan. L'autheur de la nouvelle Histoire de Bretagne en a dressé une plus étendue et plus suivie : il seroit assez utile d'en parler ici. Nous nous contenterons de dire seulement que Rolland de Dinan, fondateur de l'Abbaye de Beaulieu, étoit petit-fils du fameux Geoffroy de Dinan, si considéré de Henry premier, roy d'Angleterre. Il augmenta de beaucoup le prieuré de Saint-Malo de Dinan, par deux terres considérables dont le Roy Henri Ier l'avoit gratifié. Ce même Geoffroy avoit eu plusieurs enfans : les deux aînés furent Ollivier, prince de Dinan, fondateur de l'Abbaye de Boquen et du prieuré de Jugon, et Allain, seigneur de Bécherel [Note : Ord. Vital. L. XIII, p. 906. Note du P. Le Large]. Ce dernier, qui fut père de Rolland, le fondateur de Beaulieu, passa pour un des plus braves et des plus déterminés capitaines de son temps. Rivalon de Dinan fut encore le grand-oncle de Rolland. Il se consacra de bonne heure à la deffense de la Terre Sainte. Il y fit des actions incroyables de valeur en combattant contre les Sarrazins [Note : Ord. Vital. L. XI, p. 825. Note du P. Le Large].
Rolland qui succéda à tant d'illustres parents ne dégénéra point de leur valeur. Il les imita même dans leur piété, quand il commença à fonder l'Abbaye de Beaulieu. Ce ne fut, selon Etienne de Tournay [Note : Epitre 126. Note du P. Le Large], que par le mouvement d'un détachement absolu de toutes les vanités du monde. Ce seigneur ne fit cependant dans la fondation de cette Abbaye que ce dont il étoit convenu avec Albert, évesque diocésain, scavoir qu'il y auroit huit prestres dans cette abbaye [Note : « Pierre Le Baud, écrit du Paz (Généalogies, p. 123), a parlé de nostre Rolland de Dinan, lequel des auparavant ce temps, voyant qu'il n'avoit aucuns heritiers issus de sa chair, ny esperance d'en avoir, s'estoit adonné aux œuvres de piété et avoit fait édifier une église et avoit intention de faire bastir auprès l'icelle un monastère, où il deliberoit mettre des chanoines reglez de l'Ordre de Sainct-Augustin, comme j'ay appris d'une epistre, que luy escrit Estienne de Tournay, qui fut premièrement chanoine regulier en l'abbaye de Sainct Victor les Paris, puis abbé de Saincte Geneviève, et enfin evesque de Tournay. C'est la 145e et est telle : Rolando, nobili viro de Dinnano. Copiosus est divinæ gratiæ finus, qui nec defecit singulli et sufficit universis, dispersos colligit, errantes revocat, redeuntes amplectitur, nolentes trahit et inuitos compellit intrare. Hujus desiderio devotionem, vestram gaudemus accendi, quœ terrenae militiæ labores infructuosos contenmens, totam, se, ut audivimus, adpalmam supernæ vocationis extendit, dum aut in opera misericordiæ libenter erogat sua, aut in exemplum institiæ bona prosequatur aliena. Crescat in dies voluntas hœc bona, et beneplacem et perfecta; ut Ecclesia, quam edificatis regularibus disciplinis, per industriam vestram possit instrui, per abundantiam suppleri, per providentiam gubernari. Et quoniam secreto Dei indicio carnis vestræ non relinquitis hœredes, novellam illam plantationem vestram, in parte bonorum vestrorum hœreden constituite, ut cum defeceritis, recipiant vos in œterna tabernacula, ne si forte indigentes et orphanos reliqueritis eos, mendicare cogantur et de laboribus vestris plus aliquis consequatur gloriam et honorem. Ne autem beneficia vestra, transitoria et illusoria post dormitationem vestram appareant, pro salute vestra, monemus consulimus et rogamus, ut ea firmitare conferantur Ecclesiæ, cui illa confertis, qua nec alicujus malitia possint auferri, aut avaritia minui, aut potentia pertubari. Ita demum fratres, quos inibi ad servitium Dei colligitis, mensuram bonam et confertam et coagitatam et superefleuntem dabunt in finum vestrum ; si paupertas eorum et abundatia vestra sufficienter suppleta fuerit et eleemosinæ vestræ perseveranter aluerint servos Dei. Inferim commendamus vobis sanctæ conversationis et indolis in Christo prœcipuæ fratrem Guillelmum, canonicum nostrum, pariter ac vestrum, cujus conservatio inter nos grata Deo et hominibus, sine omni querela communem gratiam meruit et singularem opinionem reportavitur. Suscipite in eo partem viscerum nostrorum, cui sic Ecclesiam nostram concessimus, ut tanquam unus ex nobis Episcopalia simul ac spiritualia, fraterna communione percipiat, communi fraternitate persolvat. Liberalitatem vestram plena gratiarum actione prosequimur, qui palefredum vestrum sine merito nostro nobis misistis et donantes affectum en tam convenienti dono familiceriter ostendisti].
Aussy tost que cette fondation fut faite, Conan, duc de Bretagne, l'affermit par ses lettres patentes et comme ce seigneur faisoit son séjour à Guingamp, il voulut y avoir pour chapelain et commensal un des chanoines de cette nouvelle abbaye. Si les lettres du duc Conan font mention d'un chanoine de l'Abbaye de Pont-Pilard, c'est que Rolland de Dinan et Albert, évêque de Saint-Malo, avoient originairement ainsi nommé l'Abbaye de Beaulieu.
Quoy qu'on ait des titres de differens temps de cette Abbaye, il est cependant constant que ces titres n'ont parlé qu'en général de l'Abbé et du Couvent des chanoines de Pontpilard ou de Beaulieu, sans en exprimer la pluspart les noms. C'est pourquoy la liste des Abbés de Beaulieu n'est pas aussi complète qu'on l'auroit souhaitée [Note : Il est remarquable, en effet, que les chartes et lettres que nous avons citées concernant Beaulien, lesquelles sont encore assez nombreuses, contiennent si rarement le nom de l'abbé de ce monastère, d'où difficulté d'établir la succession de ces personnages].
E., abbé de Notre-Dame de Beaulieu, n'est désigné que par la lettre initiale de son nom dans une charte de l'année 1199 [Note : Il s'agit d'un accord entre Guillaume de Lohéac et Amaury de Montfort, qui se disputaient la cure de Guer], qui est à l'abbaye de Paimpont. Quoy qu'on parle ailleurs de cette même charte, il y est marqué qu'elle fut signée à Rennes, l'an 1199, en présence du prieur et de l'Archidiacre de Saint-Malo et de l'Abbé de Saint-Jacques de Montfort et de E., abbé de Notre-Dame de Beaulieu. Si le chanoine W. qu'Estienne de Tournay avoit instruit dans les pratiques régulières et envoyé à Rolland de Dinan dans le temps qu'il projettoit la fondation de Beaulieu, a été fait le premier abbé de cette maison, il y a lieu de croire qu'il se nommoit Wido ou Eudo en latin, qu'on traduit Eon ou Eudon.
GUILLAUME [Note : Il signe en 1207 un accord entre son abbaye et celle de Beauport au sujet de Goudelin. (Anc. Ev., tome IV, p. 63)] étoit abbé de Beaulieu en 1209, lorsqu'il approuva le règlement fait au sujet des dismes de Caulnes entre l'Evêque et le Chapitre de Beaulieu. D'autre part, en 1213, Gervaise, dame de Dinan, n'ayant pas son sceau pour confirmer une charte de l'Abbaye de Boquen, pria Guillaume, abbé de Beaulieu, d'y mettre le sien [Note : Cf. du Paz : Généalogie, p. 126]. Ce fut encore au même abbé que Juhel de Mayenne, mary de Gervaise de Dinan, Sénéchal de Bretagne, adjugea en 1212 les droits qu'on lui contestoit au marché de Plemaudan [Note : Les deux textes que nous donnons de cette lettre ne mentionnent pas le nom de cet abbé].
B... ne paroit que par cette lettre initiale comme abbé de Beaulieu dans une charte de 1226, qu'on pourroit transcrire à la fin de cette histoire [Note : Il s'agit d'une donation faite au Chapitre de Beaulieu et à celui de Saint-Malo d'une portion de dîme en la paroisse de Caulnes par Geoffroy de la Roche, Chevalier. (Anc. Ev., VI, p. 615). Ce B.... fut un des commissaires nommés par le Pape en 1231 pour juger le différend que Pierre, évêque de Saint-Malo, et son Chapitre, avaient avec Hamon de Québriac au sujet des dîmes de Broons].
Il est fait mention dans un ancien nécrologe de Montfort de deux abbés de Beaulieu, dont l’un s'appelloit GUILLAUME, qui est mort le 8 des ides de May, et l'autre se nommoit JEAN et mourut le 3 des ides de Novembre. On n’a trouvé aucun vestige de ces deux abbés dans les titres de l'Abbaye de Beaulieu : ce qui fait connoistre, qu'il y en a eu beaucoup d’égarés et qu'on les aura enlevés de cette maison, dans le temps qu'elle fut réformée. Comme on a trouvé dans un ancien nécrologe de Montfort les noms de ces deux abbés de Beaulieu [Note : Au même nécrologe de Montfort, le 8, mai, le 30 septembre et le 11 novembre], c'est ce qui nous autorise de plus en plus à croire que ces deux abbés sont morts pendant que la confraternité des chanoines de Montfort et de ceux de Beaulieu estoit en vigueur, c'est-à-dire au milieu du XIIIème siècle [Note : Ici se place GUILLAUME, qui scella, l'an 1298, un acte passé entre le prieur de Lehon et Guillaume Menguy, touchant le moulin de la Haye de Dinan].
ROBERT étoit abbé de Beaulieu eu 1307, c'est ce qui est constant par l'original d'une quittance [Note : C'est une quittance donnée aux exécuteurs testamentaires du duc Jean II] signée de cet abbé qu'on conserve dans le château de Nantes. Cet abbé vivoit encore en 1322, car il reconnut dans cette même année que le Prieur de Bécherel estoit exempt des droits de coutume qui appartenoient à l'Abbé de Beaulieu pendant les foires de Plemaudan. On trouve dans un ancien nécrologe de l'Abbaye de Rillé, ordre des chanoines réguliers, la mort de Robert, abbé de Beaulieu au 29 de septembre. Il ne faut point douter que la même confraternité dont on a parlé cy dessus, entre les maisons des chanoines réguliers de l'ordre de Saint-Augustin, n'ait été la raison de ce que l'on lit dans ces nécrologes le temps que les abbés de ces maisons sont décédés.
On voit par quelques titres de l'Abbaye de Beaulieu que JEAN LE BON étoit abbé de cette maison et qu'il mourut en 1363 [Note : Ms. fr. 22322 : l'an 1361, Jean le Bon, abbé de Beaulieu. Les lettres de son successeur, alors prieur de la Landec, sont du 18 janvier 1363. (Archives du Vatican)].
GUILLAUME DE LESQUEN succéda à ce Jean le Bon. Il y a apparence que cet abbé de Beaulieu étoit de la maison noble des Lesquen de la Bretesche, qui étoit déjà illustre [Note : On trouve au Ms. fr. 22325, Guillelmus de Lesquen, humilis abb. de Belloloco die Martis, post festum omnium SS, anno 1374. (B. Nle.)].
GUILLAUME DUVAL succéda à Guillaume de Lesquen en 1391 ; il assista à une assemblée des Etats de Bretagne en 1398 et mourut en 1405.
GUILLAUME FLO fut pourvu de l'Abbaye de Beaulieu en 1406, par Benoît de la Lune [Note : Benoît XIII] qui fut longtemps reconnu pour légitime Pape en Bretagne. Jean V, duc de Bretagne, reçut cet abbé de Beaulieu à la prière du Pape Benoît. Il le mit même au nombre de ses Conseillers d'Etat [Note : Cf. Lettres et Mandements du duc Jean V : 1°) Tome 1er, p. 65. 2e registre de chancellerie, f° 19, Analyse : L'an 1405, novembre : Mandement de payer à messire Guillaume Floch la somme de IIIIxx X l., pour ses gages du temps qu'il fut en France en la compagnie de Monseigneur, au temps où il était comte de Montfort ; 2°) Tome 1er, p. 7, novembre 1405 : Mandement de délivrer à messire Guy de Mollac 4 aulnes et demies de drap et 2 pennes d'aigneaux noirs, et à messire Jehan Fremont et à messire Guillaume Floch à chascun 5 aulnes et 400 d'escureux ; 3°) Tome 3ème, p. 219, 1417, 13 novembre : Mandement du duc à Jean Periou de donner à Guillaume le Floch, son aumônier, 5 aunes de bon drap et un millier (de gris) à dix tires, pour se faire une robe (Le Coq). Bib. Nat., Ms. fr. 22331, f° 4°. Analyse], ce qui paroit par deux chartes de l'année 1407, dont l'une est dans l'Abbaye de Saint-Serge et regarde le prieuré de Chemeré, l'autre contient les exemptions accordées par le duc de Bretagne aux monnoyeurs de Nantes [Note : Registre de la Ch. des Comptes, 1407, cote 1185 (Référence de D. Le Large)]. Guillaume se démit de l'Abbaye de Beaulieu dès 1426, et c'est pourquoy on ne l’appelloit plus que Monsieur l'Ancien. Il mourut au mois de juillet 1427 et fut enterré dans son Abbaye, le jour qu'on faisoit la mémoire de saint Samson. On lit dans une enquête faite en 1450, depuis la mort de cet abbé, par des personnes qui l'avoient vu et connu, que cet abbé avoit du mérite et étoit homme de bien [Note : Arch. de Beaulieu (Référence de D. Le Large).].
GUILLAUME BOUTIER succéda à Guillaume Flô [Note : Cf. la lettre de recommandation que Benoît envoya en sa faveur au duc de Bretagne le 13 août 1406]. Il fut pourvu de l'Abbaye de Beaulieu par le Pape Martin V, en 1426. Le duc Jean le Sage, auquel ce Pape l’avoit recommandé, le mit au rang de ses Conseillers ordinaires et on lit son nom dans plusieurs lettres où il est désigné présent au Conseil. Les chanoines de Saint-Malo, informés du mérite et des bonnes qualités de cet abbé, l'élurent pour leur évesque. Ils députèrent même à Rome Jean Mouchel, Chanoine de leur Eglise, pour défendre et appuyer cette élection, mais comme l'Evesché de Saint-Malo vacquoit en cour de Rome, par la mort du Cardinal de Montfort [Note : Ce cardinal mourut à Sienne le 27 septembre 1432], le Pape y transféra Amaury de la Motte, évesque de Vannes, sans beaucoup réfléchir à celui que les chanoines de Saint-Malo pouvoient avoir élu [Note : Voir sur cette élection : E. Vaucelles, La Bretagne et le Concile de Constance, Rome 1906].
Il est vray qu'Amaury de la Motte ne survécût que deux ans à sa translation et que les chanoines de Saint-Malo élurent de nouveau Guillaume Boutier, abbé de Beaulieu. Cet abbé se crut obligé par cette nouvelle élection de seconder les intentions des chanoines de Saint-Malo, il envoya donc par plusieurs fois des députés à Rome, mais après bien du temps et des peines perdues, il se vit contraint de rayer de ses titres, celui d'élu de Saint-Malo [Note : On trouve mention de Guillaume Boutier : a) Le 8 septembre 1430, l'abbé de Beaulieu, ayant distribué des aumônes au nom du duc, en retire quittance (Lettres et Mandements du duc Jean V, tome V, p. 82) ; b) Guillaume, abbé de Beaulieu, conseiller et aumosnier du duc, 1432, 1439. Compte à lui rendu par Olivier la Vache, seignor du Manoer-Guillaume en 1432 (Ms. F. 22325, B. Nle.) ; c) Guillaume, abbé, présente Langadia, à fr. Jehan Rabuen, 1461 ; original (Ms. F. 22325, B. Nle.) ; d) Dom Pierre de Montplace, prieur de l'Abbaye sous Dol, et religieux de Saint-Florent, soutient ses droits en plaidant en 1445 contre Guillaume Boutier, abbé de Beaulieu, qui prétendait à ce prieuré. (Guill. de Corson, Pouillé, tome II, p. 466)].
Du vivant de l'abbé Guillaume Boutier, le duc Jean vint deux fois à l'Abbaye de Beaulieu.
On n'a point su précisément en quelle année Guillaume Boutier mourut, car on voit qu'il est encore vivant en 1467. Après sa mort, on l'enterra dans le chœur de son abbaye au côsté de l'Evangile à l'endroit où on voit son tombeau élevé et l'écu de ses armes « gironné de gueules et d'hermines de douze pièces » qui, sont les anciennes armoiries .des Boutier et des de la Bouteillerie.
MARC GRUEL succéda à Guillaume Boutier : il estoit son parent. Quelques actes de l'Abbaye de Beaulieu ne parlent de lui qu'en général et font seulement connoître qu'il étoit abbé en 1470. On voit dans le chartrier de l'Abbaye qu'il a conféré quelques bénéfices et il en conféra encore quelques-uns en 1476 [Note : Ms. fr. 22325, B. Nle. MARC, abbé, 4 avril 1473. Collatio Capellaniæ de Vetere turre (La Vieille Tour, près Bécherel)].
GUY LE LIONAYS étoit d'une famille considérable par ses alliances et par sa noblesse [Note : Cf., p. 793, des Généalogies du Paz. (Référence du. P. Le Large). Il était, croyons-nous, originaire de Plouër]. Il fut le premier abbé commandataire de Beaulieu dès 1477. On voit par quelques anciens monuments qui sont parmi les titres du château de Nantes que les chanoines de Rennes élurent en 1502 Guy le Lionays, qu'on dit estre de ce Chapître, pour succéder à l'évesque Michel Guibé, sous le bon plaisir du duc et de la duchesse ; mais l'élu ne fut pas agréable à la Cour du duc de Bretagne. Les chanoines de la Cathédrale en furent aussitôt avertis ; c'est pourquoy ils déclarèrent par un acte du 3e jour de mars 1501 à Guy le Lionays qu'ils ne prétendaient pas le recevoir pour leur Evesque, parce que le choix qu'ils avoient fait de sa personne n'étoit pas agréable au Souverain de la province [Note : Cf., Guillotin de Corson : Pouillé de l'Archidiocése de Rennes, tome premier, p. 218 et 82 : « Guy Le Lyonnais, abbé de Beaulieu, reçu les 26 et 28 janvier 1487, fut élu par le Chapitre, évêque de Rennes, le 13 mars 1502 ; mais Anne de Bretagne refusa de ratifier ce choix. Du Paz dit que cette princesse offrit alors l'évêché de Rennes à son aumônier, Pierre Le Baud, mais celui-ci refusa et la reine nomma alors Robert Guibé, frère de l'évêque défunt ». Voir aussi les textes concernant cette affaire : Arch. de la Loire-Inférieure, E. 77].
En 1517, Guy le Lionays jugea à propos de se démettre de son Abbaye de Beaulieu [Note : Cf. B. Nle. ; Ms. fr. 22322 : Guy Le Leonnais, frère de l'abbé de Saint-Melaine, chanoine de Rennes, abbé de Beaulieu, mourut le 18 juin 1528 ; il travailla à mettre l'abbaïe en règle (dit-on)] en faveur de son neveu MATHURIN GLÉ, mais le Pape Léon X n'y consentit que parce que Guy le Lionays se réserveroit le nom et la qualité de Commandataire et l'entière jouissance de tous les biens de l'Abbaye qu'il résignoit. Cet abbé mourut le 18 juin 1528, comme il paroit par l'inscription de son tombeau qui est dans l'église de Beaulieu.
MATHURIN GLÉ [Note : Cf. B. Nle. ; Ms. fr. 22322 : Collation de la cure de MÉGRIT, faite par le cardinal de Sainte-Potentiane (Brissonnet), à Maturin Glé, chanoine de Beaulieu, le 13 mars 1504] étoit de la famille de la Cotardais.
On vient de dire qu'il eut le titre de l'Abbaye de Beaulieu dès le vivant de son oncle. Il paroit par les bulles du Pape Léon X que Mathurin Glé y est nommé Abbé de Beaulieu, mais on y réserve cependant la qualité et les revenus de cette Abbaye à son prédécesseur [Note : Cf. B. Nle. ; Ms. F. 22322, f. 427].
Le 14ème jour d'aoust 1532, cet abbé de Beaulieu assistai, étant à Rennes, à la cérémonie du couronnement de François III, duc de Bretagne, fils aîné de François Ier, Roy de France. Il fit l'office de diacre à la messe où le duc de Bretagne fut couronné [Note : Cf. : Ceremonial de France, tome premier, p. 621. Référence du P. Le Large]. Il mourut en 1545 [Note : Mathurin Glé trouva moyen d'obtenir, avant de mourir, la commande de l'abbaye d'Augustins de N.-D. de Geneston au diocèse de Nantes, le 19 juin 1538. (D. Taillandier : Hist. de Bret., t. II). Mathurin Glé, dit, D. Taillandier, obtint la main levée du temporel de cette abbaye le 19 juin 1538].
SIMON DE MAILLY ou de Maillé de Brézé n'eut d'abord que l'économat de l'Abbaye de Beaulieu, mais il en fut fait abbé en 1546 [Note : Cf. B. Nle. ; Ms. fr. 22322 : 1546, 26 février, Simon de Maillé, abbé de Beaulieu]. On n'a aucune connoissance de ce qu'il a fait pendant qu'il étoit abbé. Il fut nommé à l'Archevêché de Tours en 1554. Quelque temps avant sa mort, il s'estoit démis de son abbaye de Beaulieu. Il se réserva seulement, sous le bon plaisir du Pape, de donner cependant tous les bénéfices qui vaqueroient. Le Pape luy en donna le pouvoir, il mourut en 1579, âgé de 82 ans.
URBAIN DE RORTAYS étoit abbé de Beaulieu dès l'année 1571. Il l'étoit encore en 1591, puisqu'il conféra la cure de Goudelin, qui est une dépendance de son abbaye, située près de Chatelaudren, en Basse Bretagne. En 1583, cet abbé assista à un Concile provincial à Tours.
CLAUDE GLÉ, Conseiller au Parlement de Bretagne, fut abbé en 1599. On n'a pu scavoir combien de temps il a esté abbé ny en quelle année il mourut. Il étoit apparamment de la même famille que Mathurin Glé, l'un de ses prédécesseurs [Note : Cf. B. Nle. ; Ms. fr. 22325 : Claude Glé, conseiller en la cour et abbé commendataire en l'abbaye de Beaulieu, 1603, 20 mars. Claude Glé, sieur de la Roche, en Lancieux, était fils cadet de Bertrand Glé, sieur de la Costardaye, et de Peronnelle du Pan. Il succéda à son père dans sa magistrature et devint conseiller clerc au Parlement de Bretagne l'an 1581. Claude mourut à Rennes et fut inhumé dans cette ville le 14 juin 1606].
CHARLES DE BOURGNEUF, qui fut transféré de l'Evêché de Saint-Malo à celui de Nantes, possédoit l'Abbaye de Beaulieu en 1608. Il fut abbé jusqu'en 1617. Passant alors par Chartres, il fut attaqué d'une violente maladie qui l'emporta le 6ème jour de juin. Son corps fut enterré dans l'église de l'abbaye de Saint-Père auprès du tombeau de saint Fulbert. Il avoit choisi cet endroit pour sa sépulture et avoit demandé cette grâce avant de mourir [Note : Cf : Pouillé de l'Archidiocèse de Rennes, tome premier, p. 599 : « Charles de Bourgneuf, fils de René, baron d'Orgères et seigneur de Cucé, près de Rennes, premier président au Parlement de Bretagne, et de Louise Marquier, fille du seigneur de la Gailleule, fut tonsuré à Rennes le 28 mai 1575. Nommé évêque de Saint-Malo, le 6 décembre 1586, il se rendit d'abord à Paris, où Mgr de Gondy le fit sous-diacre le 28 mars, diacre le 23 mai et prêtre le 17 septembre 1587, puis à Rome, où il reçut la consécration épiscopale. Lorsqu'il arriva à Saint-Malo, Charles de Bourgneuf fut fort mal reçu par son Chapitre et par les habitants, tous ardents ligueurs, qui le soupçonnaient de favoriser Henri IV, encore hérétique. Ce prélat, dégoûté de son siège, permuta avec Jean du Bec, appelé à l'évêché de Nantes le 30 octobre 1596. Charles de Bourgneuf avait été pourvu l'année précédente de l'abbaye de Saint-Jean-des-Prés et il le fut, encore de celle de N.-D. de Beaulieu en 1608. Il ne reçut ses bulles pour Nantes que le 31 août 1598 et mourut évêque de cette ville le 16 juillet 1617 à Chartres, en revenant de Paris. Il fut enterré dans le chœur de l'église abbatiale de Saint-Pierre en Vallée, proche le tombeau de saint Fulbert »].
GILLES GASSELIN, Aumosnier de la Reyne Marie de Médicis et chanoiné de l'Eglise Collégiale de Mortaing, fut nommé à l'Abbaye de Beaulieu après la mort de Charles de Bourgneuf. Ses bulles sont dattées du 18 décembre 1616 [Note : Cette date paraît erronée, si l'on en juge par la bulle ci-après : « Paulus V P., monasterium de Belloloco Egidio Gasselin, canonico, sœculare collegiate S. Gualli Guillelmi de Mortain, Abricensis diocesis, tenendum et administrandum quoad viveret, collocat, anno 1617. XV Kal. Januarii, Pontificatus nostri anno 13 » (Bibl. Nle. Mss. F. 22325)]. On voit par quelques actes qui sont aux Archives de cette Abbaye qu'il en fut possesseur jusqu'en 1624 [Note : Le P. Le Large se corrige lui-même au paragraphe suivant. C'est François Langlois qui succéda à Gilles Gasselin, puis vint ensuite l'abbé du Tremblay].
CLAUDE PHILIPPE LE CLERC DU TREMBLAY lui succéda. Il étoit d'une famille ancienne et devenue illustre par les divers employs dont le Roy a honoré quelques personnes qui en sont sorties. Il prit possession de l'Abbaye de Beaulieu le 18 de juin 1628 [Note : Cf. Bib. Nle. : a) Ms. fr. 22325 « M. du Tremblai prit possession l'an 1628, étant écolier au collège de Navarre, fils d'un gouverneur de la Bastille. Il eut presque en même temps l'abbaye de Montdez (Mons Dei), près Bayeux » ; b) Ms. fr. 22325 : « Messire Claude Philippe Le Clerc du Tremblay, conseiller et aumônier du Roy, abbé de Beaulieu dès le temps de Louis XIII. Son sceau porte un chevron avec 3 roses »]. Il connut par lui-même que la conduite des chanoines réguliers de cette maison n'étoit pas conforme à leur Etat, et pour y remédier, il jugea à propos d'y introduire les chanoines réguliers de Sainte Geneviève qui en prirent possession le 21 d'aoust 1659 [Note : B. Nle., Ms. fr. 22322 : 1659. La réforme introduite le 21 août]. Cet abbé a continué de posséder cette abbaye jusqu'au 5 de septembre 1704, époque à laquelle il mourut à Paris, âgé de 91 ans. Il fut enterré dans l'église de Notre-Dame comme ancien Chanoine de cette Métropole.
FRANÇOIS LANGLOIS, né en Bretagne, de la noble famille des Langlois Prémorvan et du Plessis Méen, fut Abbé de Notre-Dame de Beaulieu, en 1626 et 1627. Le précédent abbé, Claude-Philippe Le Clerc, étoit neveu du fameux Père Joseph, Capucin, qui eut tant de part au gouvernement sous le ministère du Cardinal de Richelieu. On scait que Louis XIII proposa le Père Joseph pour le Cardinalat, sur la fin de l'an 1635, à l'occasion de la promotion que le Pape devoit faire en faveur des Couronnes. Ce qui est à remarquer, c'est qu'en 1637 le Pape qui ne vouloit point donner le chapeau de Cardinalat à un Capucin, offrit de le donner à son neveu, lequel étoit abbé de Beaulieu depuis plusieurs années.
EDOUARD BARGEDÉ, chantre, chanoine et grand vicaire de Nevers, fut nommé par le Boy le 1er de novembre 1704 à l'abbaye de Beaulieu, vacante par mort dès le mois de septembre précédent, et depuis le Roy l’a fait Evesque de Nevers.
J.-FRANÇOIS BOTREL DE LA BRETONNIÈRE, originaire de Bretagne [Note : Il était seigneur de la Bouyère, en Yvignac], a eu l'Abbaye de Beaulieu sur la démission que son prédécesseur en fit entre les mains du Roy avant son élévation à l'épiscopat. Il décéda à Rennes le 23 septembre 1738, après avoir joué un certain rôle aux Etats de Bretagne. (Cf. B. Pocquet, Hist. de Bretagne, tome VI, p. 198 et 208).
Son successeur, écrit D. Taillandier, fut M. TIERCENT DU RUELLANT, chanoine et grand vicaire de Rennes, qui fut nommé dès 1738.
Après lui vint en 1749, FRANÇOIS DE BRUNES DE MONTLOUET fils de Julien de Brunes, seigneur de Montlouet, en Pleines-Fougères, et de Julienne Symon, lequel naquit en 1712. Abbé de Beaulieu, vicaire général et official, il était encore chanoine et archidiacre en 1750. Quatre ans plus tard, il fut nommé évêque de Saint-Omer et sacré en 1755. (Guillotin de Corson, Pouillé, tome Ier, p. 496, et B. Pocquet, op. cit., tome VI, p. 237).
Il dut résigner son abbaye, lors de son élévation à l'épiscopat, car dès l'année 1755, nous trouvons abbé commendataire de Beaulieu LOUIS-MARIE DE PONTUAL, docteur en Théologie et vicaire général de Vannes, lequel fut le dernier abbé de Beaulieu, puisqu'il occupa cette charge jusqu'en 1789, époque de sa mort.
(A. Lemasson).
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