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Climatologie et Epidémies en Bretagne |
Les variations, perturbations atmosphériques, calamités publiques que nous publions d'après d'anciens documents, sont signalées comme se rapportant à la Bretagne |
CLIMAT EN BRETAGNE
En 1258 : En janvier, les pommiers et les fraisiers étaient couverts de fleurs blanches.
En 1314 : En 1314, l’été fut si froid et tous les fruits si tardifs, que l’on trouvoit des cerises à la nativité de la vierge. Cette année les vendanges ne se firent que vers la Toussaint, et l’année suivante il y eut une grande cherté (dom Bonnaventure du Plesseix).
En 1423 : Il survenait parfois de terribles vagues de froidure, comme en janvier 1423 où, note un contemporain, « la tête des poules et des coqs gelait ». De même en 1432 et 1439, et en d'autres années encore. C'était alors la misère noire dans les campagnes (Le Pays de Rieux, abbé Henri Le Breton).
En 1434 : "En cette année fist ès parties de Bretagne une merveilleuse gelée, laquelle, sans cesser, continue depuis la feste de Saint-André (30 novembre) jusqu'au cinquième jour de février ; et ce furent les blés et les vignes grandement empirés" (Le Baud).
En 1436 : Le 6 juillet "après vespres churent gros marteaux comme qui jettast pierre du Ciel, dont l'en fust moult espouvanté".
En 1519 : La Bretagne essuya de si furieuses tempêtes que plusieurs clochers et plusieurs forêts furent renversés.
En 1529 : Il n'y eut nulle gelée en hiver, et il fit aussi chaud en mars que d'ordinaire à la Saint-Jean.
En 1534 : La plupart des plantes gelèrent jusqu'à la racine. Il y eut aussi de violents tremblements de terre.
En 1540 : Le beau temps et la chaleur durèrent depuis le mois de février jusqu'au 19 septembre. Dans cet intervalle, il ne plut que six fois. A la fin de mai, on mangea des cerises. Le 25 juin on était au milieu des moissons. Année remarquable par son extrême abondance de toutes choses nécessaires à la vie.
En 1559 : Dans l'été de 1559, les rivières qui se rendent à Rennes étaient débordées tellement que les moulins ne pouvaient moudre pour avoir trop d'eau, faute de quoi ils ne tournent guère en cette saison. Les chemins étaient si remplis des eaux de la pluie que personne ne pouvait aller par pays (Crevain, p. 42). En 1564, arriva grand hiver, tel qu'on n'en avait pas vu depuis 1480. La plus grande froidure qui feust en cette gelée-là fut le jour de la fête des Innocents, auquel jour, les mains, les pieds, les aureilles de plusieurs hommes gelèrent qui cheminaient par les champs. (Mémoires de Claude Haton, p. 393, t. I). En 1577, la grêle tomba si grosse que lièvres et oiseaux furent trouvés morts par les champs. En 1580, la foudre tomba sur soixante clochers de la Basse-Bretagne. (Crevain, p. 229). Le mercredy 6 avril 1580, advint un épouvantable tremblement de terre à Paris, Château-Thierry, Calais, Boulogne et plusieurs autres villes de France, mais petit à Paris au prix des autres villes (P. 295, Journal d'Henri III, par Pierre de l'Estoile, t. I).
En 1573 : Les arbres se couvrirent de fleurs en janvier et abritèrent en février les nids des oiseaux. A Pâques, les blés étaient prêts pour la moisson.
En 1598 : « Le dimanche 28 de juing 1598, il fist une grande tempeste et tonnoire dont il vint une grande martellée par Ysé, Chastillon et suivant cette contrée, qui ruina les blés et aultres biens de la terre ; et estoint d’une grosseur inaudite, brisoint maisons, tuoint oyseaux et minu bestial et mesme liepvrs et entroint tels en terre demi pied ; et fut dict qu’il y en avoit tel qui pesoit six livres. » (Vitré, Reg. de N. D.).
En 1599 : A la date du 14 janvier 1599, Jean-Efflam Pichic (recteur de Plestin-les-Grèves) signale que l'église de Plouaret et la maison de Lesmaez ont été « brisées et rompues par les tonnerres de maligns esprits ».
En 1601-1609-1615-1619 : Hivers d'une douceur excessive. En 1618, "le jour de saint Barnabé au mois de juin (dans la nuit du 11 juin), il y eut à Morlaix une si horrible tourmente d'éclairs de tonnerre et de foudre, qu'on pensait la fin du monde être venue et la foudre tombant sur la tour de Notre-Dame du Mur abattit quelques brasses de la pointe de l'aiguille".
En
1642 :
— " En
l'automne, il y eut partout la province de Bretagne un grand déluge d'eau
qui ruina les ponts, étangs et moulins et fit grand dommage "
(Chronique des abbés Gallerne, Saint-Guen).
En
1656 :
— Hiver
rigoureux « En cette année 1656, l'hyver a esté tellement rude
qu'ayant commencé par grandes gelées et froidures, dès devant la Toussaint, il a
continué jusques à présent ; et le dimanche de Pasques, qui fut le 16 d'apvril,
et ses festes, il neigea, gresla et martela si abondamment que la terre estoit
entièrement couverte, et la plus grande partie des blasteries sest mort cette
année. LEFEBVRE » (registres paroissiaux de Combourtillé en Ille-et-Vilaine).
En
1659-1660 : HIVER
RIGOUREUX. — « Nota, que cette année, depuis le commencement du moys
de décembre 1659 jusques à la fin du moys de febvrier, l’an 1660, l’hyver a esté
violent par glaces et neiges continuelles, sans intermission, ensorte que la
terre a été couverte de neiges l’espace de deux moys et tiers. » (Vitré,
Reg. de N. D.). En
1662 : On n'alluma pas les
cheminées une seule fois, et les arbres furent en fleurs dès le mois de
février. Il est vrai que tout à coup, à la fin de février, le froid fut
si intense que la Manche fut gelée, que les cloches se brisaient au moindre
choc, et qu'enfin un nombre considérable de personnes périrent. En
1701 : « Il est
survenu, le jour de la Purification (que nous appelons le plus ordinairement la
Chandeleur) de l’année 1701, une tempeste et un orage de vent si grande et si
furieuze, que des gens de plus de soixante dix ans lors de cette tempeste dirent
n’en avoir jamais veu de pareilles ni qui eust duré si longtemps, car elle a
porté en plusieurs endroits et presque partout et fait un débris non pareil, car
l’on voioit les ardoises voler de tous costez, comme de la plume que le vent
emporte en l’air, les cheminées arasées : plusieurs clochers ont esté emportez
en plusieurs endroits, particulièrement celuy de St Jean, celuy de ..... et
celuy de ......., autour de Vitré, et plusieurs personnes furent tuées, et la
croix de la porte des Jacobins fut abattue et leur eglise toute decouverte et
autres malefactures. Celle des Bénédictins a esté aussi abattue. Il y a mesme
des terres ou il y a eu pour plus de 600 l. de bois abattu, d’autres terres où
il y a des 100 chartées de bois abattu, et toutes les terres en general ainsi, à
proportion de leur grandeur. A Laval il a arrivé un pareil desordre du vent, et
quantité de monde tuez et blessez en les églises et ailleurs, à Rennes il en a
esté tout egalement, ainsi que les nouvelles en sont venues à Vitré peu apres;
et je croy que cette tempeste a esté universelle, et dura à Vitré presque toute
la nuit de la veille dudit jour de la Chandeleur jusques entre midi et une heure
du jour de la Chandeleur qu’elle cessa » [Note : Les registres d’Etrelles
fout mention de cette tempête en ces termes : « Le 2 feuvrier 1701, pendant
le Credo de la grande messe, il fist un ouragan et vent si impétueux qu’il
renversa plusieurs logix et quantité d’arbres ; le clocher de Saint Jean sur
Vilaine en tombant tua deux personnes ». En
1705 : 30 décembre. — « La
nuit du mercredy, trantiesme décembre 1705, il fist un vent si extraordinaire et
furieux que mémoire d’homme on n’avoit entendu parler d’un pareil, lequel a
renversé grande quantité d’arbres et jetté des logix par terre, et découvert les
autres ; sur le logix de l’eschole du Champblanc il y a trois chevronnées a bas,
dans le bout et coin vers le soleil couschant, tirant vers le bas d’où venoit le
vent. La perte plus considérable est le clocher d’Estrelles qui estoit un des
beaux de l’evesché, lequel a esté coupé du vent ras les cloches, et ietté au
travers de la petitte rue conduisant du bourg au presbitere ; l’eglise est
toutte presque decouverte et devittrée de maniéré que la perte est très
considérable ; le clocher de Dommalain qui estoit fort beau est tombé, aussy
celuy de la Guerche, de Cornillé, de la Magdeleine de Vitré et plusieurs autres.
Le clocher d’Estrelles qui est tombé avoit esté fait et construit en l’an mil
six cent neuf, 1609, selon le chiffre qui est aux maitresses piesces du dedans
de la tour ou est escrit : 1609, mil six cent neuf ». (Reg.
d'Etrelles). En 1711, les paroissiens d’Etrelles construisirent le clocher qui
existe encore aujourd’hui. M. Chevalier, arpenteur royal à Vitré, en fut
l’architecte, et maître Mathurin Fromont en marchanda l’entreprise pour la somme
de 590 livres, sans y comprendre le bois qui devait être fourni par les
habitants et les propriétaires de la paroisse. En
1709 : "
Le 6 janvier de cette année, sur le soir, commença une période de température
glaciale qui s'aggrava singulièrement à partir du 13 janvier. Le 2 février
survint un dégel si brusque que la débâcle des glaces causa partout de
gros ravages. Puis le froid rigoureux reprit et dura jusqu'à la fin du
mois, avec chutes de neige et vents impétueux, gelant les blés et les
arbres fruitiers. A la messe, le vin glaçait dans le calice, et il fallait
recourir à des réchauds pour le garder liquide. Quant aux baptêmes, on
dut les administrer à domicile "
(Histoire de Rieux, par Henry Le Breton). En 1709, le thermomètre descendit
de 15 à 20 degrés au-dessous de zéro, le froid dura cinq semaines, les
ceps de vigne gelèrent et on dut replanter la vigne (à Pallet, entre
autre). Paroisse
de Sévérac : «
Récit de la plus terrible année qu'on ait vue depuis que le monde est créé,
ainsi que je vais dire. Elle a eu trois hivers ; l'un qui commença la mi décembre
1708 et fut assez grand pour les biens de la terre, le second commença le 7
janvier 1709 et dura jusqu'au 27 du même mois ; froid si terrible avec
la neige depuis le 9 avec grand vent qu'on ne pouvait aller ni venir. Les
oiseaux faisaient pitié. Toutes les alouettes moururent presque ; les merles,
les mauvis, les étourneaux et autres petits oiseaux remplissaient les
maisons, les grolles s'entremangeaient. Les grains ne souffrirent pas, à ce
qu'on croit, de ce choc, mais tout étant mortifié par ce que je viens de
dire, et le temps étant tantôt pluie, tantôt neige fondue. Il survint un
troisième hiver le 22 février ensuivant qui dura 9 jours. C'était un froid
sans pareil, un vent brûlant, les froments moururent, les seigles de même.
Les vignes moururent quasi toutes, du moins les vieilles ; de vin, point, par
conséquent. Elles repoussèrent par les pieds et jetèrent des lames, mais
cela ne fit guère. Il mourut quantité de pommiers même dans le mois de mai,
tout fleuris, de gros châtaigners, tous les pins, les noyers, les amandiers,
beaucoup d'abricotiers, les houx, les épines noires, toutes les ronces. Il
n'y eut par conséquent point de mûres ni prunelles. Cela causa un grand
dommage à la moisson, car les oiseaux qui étaient demeurés ne trouvant
point à se viander dans les buissons, se ruaient sur les grains. Les genêts
eurent le même sort, les ajoncs, les bruyères, Il n'y eut par conséquent
point de fleurs, les abeilles moururent de faim, cependant la cire ne fut
point chère, depuis 16 à 18 sols la livre. Point de miel. Les pauvres se
disposent à manger du pain de racines de popites qu'on dit être bonnes pour
faire du pain, du moins à empêcher de mourir. Ces popites sont des herbes
qui croissent dans les landes, la feuille quasi comme de la porée, une tige
au milieu à peu près comme l'asperge, elle fleurit blanc. Cette herbe a une
racine composée de noeuds »
(D'après les
registres paroissiaux).
Paroisse de Héric
: « Nous avons
eu cette année 1709 un hiver si rigoureux que tout a pensé périr. Les
hommes ont souffert extraordinairement. La nourriture commune du pauvre peuple
n'était que du son qu'ils faisaient cuire avec de l'eau et un peu de lait
avec quelques mauvaises herbes qu'ils ramassaient par la campagne »
(D'après les registres paroissiaux). Paroisse de
Livré-sur-Changeon :
« En cette année 1709 l'hyver fut si violent que plusieurs moururent de froid ;
et plus du tiers des chatenniers et pommiers ; et le bled vallut 36 livres
la charge, et fut grande disette. Le froid commença le 6 janvier 1709 »
(D'après les registres paroissiaux).
En
1723-1730 : Hivers très
doux. On mentionne à Saint-Vincent-des-Landes (Loire-Atlantique) que "
Le 6 juillet 1728, il s'éleva sur le 8 et 9 heures du soir, une tempête si
grande avec un vent si impétueux mêlé d'une grêle si démesurée qui renversa les
blés et avoines, brisa la plupart des pailles sans qu'on ait pu rien recueillir
en plusieurs endroits, ce qui a causé une famine dans la paroisse ...".
On signale aussi à Saint-Vincent-des-Landes qu'en 1731 " cette année il y
eut une si grande chaleur, le printemps et l'été furent si sec qu'il n'y eut
presque point de lin, peu de foin et d'avoine, mais une telle abondance de
pommes que le cidre ne valait que 30 sols la barrique. Le 27 juin, il y eut un
tonnerre si terrible pendant plus de 24 heures qu'en plusieurs paroisses et
endroits il tomba et tua plusieurs personnes ". (archives paroissiales).
En 1731 : « L'onziesme aoust le tonnerre tomba sur le dôme et dans l'église,
et brusla les bouquets de fausses fleurs dans l'armoire, environ 9 heures du
mattin » (registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). En
1740 : Le froid commença
le 6 janvier pour ne finir que le 1er mars. Il gela dans tous les mois de
cette année 1740. "
Ce qui donna de très mauvais vins, d'autant qu'il gela très fort le 15
octobre jusqu'à la Toussaint et qu'il fallut vendanger le raisin tout vert
ou tout gelé "
(Archives paroissiales de Monnières).
En 1740 : « Cette année l'hyver fut fort rude et long, le froid commença le jour
des Roys et ne finit que le 4 de mars » (registres paroissiaux de
Livré-sur-Changeon). En
1742-1743-1745 :
En 1742 : « Cette année la secheresse fut fort longue, et on fist
plusieurs fois des prières publiques pour obtenir de la pluye. Les paroisses
d'Yzé, Dourdain et Livré allèrent deux fois ensemble à la chapelle de Notre-Dame
de Bon-Secours ». En 1743 : « Cette année il ne tomba point de pluye pendant 3
mois ». En 1745 :
« Cette année il tomba de la pluye pendant tout l'été. On ust
beaucoup de peine à recueillir les blateries ; la procession de cette paroisse
alla 3 fois à Bon-Secours y joindre celle d'Yzé ». (registres paroissiaux de
Livré-sur-Changeon). En
1751, du 14 au 15 mars,
une violente tempête ravagea le pays.
"
Dans la nuit du 14 au 15 mars 1751, la force du vent fut si violente, que de tous côtés elle
renversa les églises et les maisons, brisa et arracha un très-grand nombre
d'arbres " (Registre de la famille Francheteau, de Legé). Guimar, abréviateur
et continuateur de l'abbé Travers, dit seulement sur cette même année : « Un
ouragan terrible s'est fait sentir dans la ville de Nantes » (Annales nantaises, p. 515). En
1755-1756-1757 :
En 1755 : « Cette année on
fist des prières pour avoir de la pluye ». En 1756 :
« Cette année le tems fut
fort pluvieux, il y ust un deri le jour Sainte-Anne ; Pierre Gallais Bodinière,
de cette paroisse, se noya à la Chevalerie, avec son cheval ; un autre cheval
fut noyé et le maître fut sauvé. On fist par deux fois des prières publiques
pour la disposition du tems et nous allâmes deux fois en procession à la
chapelle de Bon-Secours ». « Cette année (1757), nous allâmes en procession,
avec les Messieurs d'Yzé, à la chapelle de Bon-Secours, le 28 aoust, pour la
disposition du tems » (registres paroissiaux de
Livré-sur-Changeon).
En
1760 (le 22 juin) : Un
orage de grêle traverse toute la paroisse de Penvénan (Trégor). Les
récoltes sont dévastées. Cette année-là le prix du froment est en
hausse de 28 % sur le marché de Lannion.
En
1762-1763 :
« L'année 1762 la chaleur fut très grande et longue,
et beaucoup de champs de bled noir manquèrent. Et le froid long et grand pendant
l'hyver de 1762 à 1763 ». En 1763 : « La fin de cette année fut fort pluvieuse ».
« On eust peine à ramasser les foins. Les reliques de Saint-Amand furent
exposées : on ordonna une procession ».
« On ordonna des processions pour le
beau tems, au mois de juillet, et l'exposition du Saint-Sacrement 3 jours »
(registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon).
En
1770 : En
1770, les pluies continuelles de l'automne firent tellement déborder les eaux,
surtout des petites rivières qui tombent à Nantes, qu'elles montèrent à quatre
pieds moins haut qu'en 1711. Celles de la Sèvre firent des ravages affreux à
Clisson, en renversant plusieurs maisons et tous les moulins à papier. Elles
culbutèrent le pont et la pyramide de Pont-Rousseau, construit en
1658. La ville y entretint à ses frais un bac jusqu'à sa reconstruction [Note : Nous lisons ce qui suit
dans un manuscrit intitulé : Topographie médicale de la ville de Clisson en
Bretagne, et de ses environs, par le docteur Michel Duboueix, correspondant de
la Société de médecine de Paris et membre de l'ancienne Faculté de médecine de Paris et membre de l'ancienne Faculté de médecine de Nantes :
« Il ne se passe guère d'année que nos deux rivières de la Sèvre et de la Moine ne
sortent de leur lit et ne montent de 5, 6, 8 et 10 pieds au-dessus de leur
niveau ordinaire. Les grandes inondations sont heureusement plus rares. On
assure ici qu'il en arrive, tous les trente ans, de semblables à la dernière
dont j'ai été témoin. Des vieillards rapportent en avoir vu de pareilles, en
1710 et en 1740. Ce périodisme est un phénomène qui mériterait
l'attention des physiciens. La fameuse inondation dont je veux parler arriva
dans la nuit du 25 au 26 novembre 1770. Après trois jours de pluie continue, la
rivière monta, en moins de six heures, à trente pieds au-dessus de son niveau.
Les papeteries, les moulins à blé, à tan, à foulon et autres bâtiments établis
sur son cours, furent détruits en totalité ou en grande partie par ce torrent
épouvantable. Les maisons de Clisson, bâties dans la vallée, eurent le même
sort. Nos ponts furent emportés. Enfin cette inondation causa des ravages
terribles dans tout le trajet des deux rivières ». (P. 8 et 9). On voit encore
sur une pierre de taille, placée à l'angle d'une maison de la ruelle conduisant
de l'ancien pont de Clisson à la Garenne, cette inscription commémorative :
L'EAU A MONTÉ A CETTE HAUTEUR, DU 25 AU 26 NOVEMBRE 1770. POSÉE PAR M. P. PERERE,
1771].
En
1771-1772 :
"Toutes les manufactures du diocèse de Tréguier sont réduites à
l'inaction" note le Contrôleur Général. La raison en est la
suite d'intempéries qui mouillent le lin. En
1773 (le 18 août) :
Un orage terrible, accompagné de tonnerre et suivi, selon Habasque, d'un
tremblement de terre provoque la rupture de la chaussée de l'étang du
Minihy près de Châtelaudren. Le leff déborde. A
Saint-Brieuc,
le même orage emporte un pont de pierres élevé en 1756 par le duc
d'Aiguillon.
En
1782-1783 : La chaleur fut
extraordinaire en décembre. En janvier tout était fleuri comme en juillet
habituellement. En
1783-1784 : Hiver
1783-1784 très rigoureux (Trégor). Gelée en Basse-Bretagne, le 9 mai
1784. A Derval (Loire-Atlantique) " L'an du Seigneur 1784-1785, l'Europe
entière a éprouvé et essuyé le froid le plus violent qu'on ait ressenti depuis
plus d'un siècle, la neige est restée sur la terre l'espace de plus de deux
mois. Certaines rivières glacées à 15 pieds de profondeur ont réduit à la plus
grande indigence tous les peuples, particulièrement des campagnes, déjà épuisés
par une guerre longue et sanglante contre les Anglais, mais heureusement
terminée pour la gloire et le bonheur de la France, qui a obligé après de rudes
combats sur mer, l'orgueilleuse Angleterre à reconnaître l'indépendance de
l'Amérique et à céder à la France et à l'Espagne nombre de possessions dans
cette partie du monde " (recteur Alexis Potiron du Chatelier). En
1785 :
Grande sécheresse dans le Trégor. En
1788 :
Hiver très rigoureux dans le Trégor. Les paysans se nourrissent de
"quantité de gibier qui a péri par le froid excessif qu'il a fait,
surtout les perdrix". En juin 1788, le bas de Guingamp est noyé sous
près d'un mètre d'eau à la suite des pluies torrentielles. En
1789 (juin et juillet) :
Des pluies abondantes compromettent les récoltes dans le Trégor. En
1794 :
Eté violemment orageux dans le Trégor. En décembre 1794, début d'un
hiver rigoureux fait de neige et de glace. En
1795 :
Hiver épouvantable qui restera dans les mémoires (Habasque le cite en 1834
!). Neige en janvier 1795. ANNEES
de MALADIE, EPIDEMIES, MORTALITE EN BRETAGNE
En
1162 : Notre chronique
(Bonaventure du Plesseix) marque que
dans la même année il y eut une grande famine en Bretagne qui obligea les
hommes à manger la terre et quelques uns leur propres enfants et elle adjoute
pour marquer la cherté des vivres que le septier d’avoine coutoit cinquante
sols, somme prodigieuse pour un temps ou on ne comptoit que treize sols quatre
deniers dans un marc d’argent. Cette famine avoit été précédée par une
pluie de sang dans le diocèse de Dol, ou l’on avoit vu des ruisseaux de sang
couler d’une fontaine et du pain coupé verser du sang en abondance, si c’estaient,
ajoute dom Bonnaventure du Plesseix, des signes qui pronostiquaient la guerre,
ils n'étoient pas trompeurs et il ne falloit pas de miracle pour apprendre
aux bretons ce qu’ils n'éprouvoient que trop, et le mal avoit précédé
les avertissements (Quimperlé - A. de Blois, 1881, p. 129).
En 1162, une famine
épouvantable sévit en Bretagne, et la Chronique de Rhuys nous dit que ce fléau
fut si terrible que les hommes se nourrissaient de terre et allaient jusqu'à
dépecer leurs enfants pour les faire cuire et les manger, et que de nombreux
cadavres gisaient sur les places des villages, et sur les chemins, parce qu'il
n'y avait plus assez de gens pour les enterrer. A cette misère se joignaient les
maux qu'engendre la guerre. En
1345 : Dans
toute la Province, il y eut un cours considérable de cette maladie qu'on
nommait "le feu Saint-Antoine" ; En
1348 : Une peste
épouvantable se fit sentir d'abord dans le Maine et en Anjou, puis dans toute la Bretagne. Mortalité effrayante.
En 1484, elle ravage Poitiers, Laval, Le Mans. Cette cruelle maladie fut appelée dans nos pays "la Bosse", parce
que son dernier degré de malignité s'annonçait par des bubons gros comme
un oeuf aux aisselles et aux aines, signes qui ne laissaient plus aux
malades aucune espérance de vie. En
1481 : La gelée dura
depuis le lendemain de Noël (1480) jusqu'au 8 février, "pendant
lequel temps fist la plus grande froidure que les anciens eussent jamais veu
faire en leurs vies". "Fust le bled moult cher
universellement et rare. A cette cause mourut grande quantité de peuple de
famine et quand d'autres voulaient manger, ils ne pouvaient pour ce qu'ils
avaient les conduits retraits, pour avoir esté
trop sans manger (Commines)". En
1510 : Coqueluche presque
générale à laquelle peu de gens échappèrent et dont beaucoup furent les
victimes. On la nomma "coqueluche", dit Mezerai (ou Mezeray),
parce qu'elle affublait la tête d'une douleur fort pesante et que les
premiers qui en furent atteints parurent avec des coqueluchons. Elle causait
aussi une grande douleur à l'estomac, aux reins, aux jambes, avec fièvre
chaude accompagnée de fâcheux délires et d'un dégoût de toutes les
viandes ainsi que du vin. Elle fit périr beaucoup de monde. En
1528 : Et durant les
quatre années suivantes, la stérilité fut grande dans toute notre
province et le blé très cher, de sorte que le peuple en général y fut
réduit à une misère extrême. En
1564 : "Il n'y
avait aucune maison où l'eau ne gelast à la glace en tous lieux qu'on pust
la mettre hors le feu". Toutes les nuictz et matins, quand toutes
personnes se levaient de leur lit, la glace était très prise sur le drap
de dessus, de l'eau qu'engendraient le vent et alaine des personnes qui
étaient couchez dans le lit. La plus grande froidure qui feust fut le jour
de la feste des saints Innocents, 26 décembre, auquel jour les mainz, les
piedz, les aureilles de plusieurs hommes gelèrent qui cheminaient par les
champs. Les crestes des coqs et poules furent gelez et tombèrent de dessus
leurs testes (Abbé Hatton, France Rurale). En
1583, lutte contre
les épidémies dans la région de Nantes. En 1583, la police rédigea un règlement
pour arrêter la peste qui continuait ses ravages ; " il fut prescrit
à chaque habitant de balayer son pavé, sous peine d'amende ; on décida
qu'il serait établi des latrines dans toutes les maisons qui en manquaient,
et que les anciennes fosses d'aisance seraient visitées ; que leur
vidange aurait lieu la nuit, depuis 10 heures du soir jusqu'à 2 heures du
matin ; que pour neutraliser l'odeur, les maisons seraient parfumées avec de
l'encens ; que trois fois par semaine, il serait allumé dans les carrefours
un feu public pour lequel chacun fournirait un fagot de bois sec ou 5 sous
d'amende ; que les maisons pestiférées seraient nettoyées, soit aux
frais des propriétaires, soit aux frais des fermiers ; que les malades et les
convalescents seraient habillés de bougran avec une croix blanche sur la
poitrine et une autre sur le dos, et qu'ils porteraient une baguette blanche
à la main ; qu'il en serait de même du chirurgien du Sanitat ; que les
domestiques de cette maison ne sortiraient pas sans avoir aussi eux une
baguette blanche à la main, avec une cloche au bout, pour avertir toute
personne saine de s'écarter ; qu'il serait nommé un médecin et un
chirurgien pour visiter les malades à domicile, et trois fois la semaine au
Sanitat ; que les malades se feraient transporter à l'Hospice la nuit et par
les ruelles ; que les convalescents qui se présenteraient en public avant
quarante jours seraient fouettés, ou paieraient 10 écus d'amende ; que les
morts ne seraient pas enterrés au cimetière de la paroisse ; que chaque
dizainier serait tenu de faire connaître les malades de son quartier, dans
chaque desquels seraient établis gens de bien et d'honneur pour veiller à
l'exécution du règlement ". La maladie cessa ses ravages, grâce à
plusieurs de ces précautions qui étaient très sages, mais ce ne fut pas
pour longtemps (Guépin). " La peste avait éclaté à Vitré en 1582. Le 5 mai
1583, par un orage mêlé de foudre et de tremblement de terre épouvantable, le
comble de la grande église de Saint-Julien du Mans fut consommé d'une
conflagration merveilleuse (p. 398). Dès le commencement de mars audit
an, le bled est à 23 et 24 livres la charge et a toujours haussé depuis comme
sera dit cy-après. C'est pitié du pauvre peuple des champs que l'on voit venir
en cette ville demander l'aumosne ; mais ce n'est rien au prix de ce que l'on
voit sur les champs " (Pichart, col. 1752, vol. de
P., t. III). Voir sur la peste à Paris en 1580 ledit Journal de l'Estoile,
p. 304, 305. En
1586, 1590, 1592, 1594, 1596, 1598
: Crises de subsistances dans le Trégor et ailleurs. En
1598 : Après la Ligue,
pays ruiné, population diminuée, terrains en friche, famine terrible
suivie d'épidémie. En
1623 :
" ... une grave épidémie
sévissait tout autour d'Auray. En 1623, Blavet étant contaminé, il fallut
prendre des mesures pour empêcher la contagion : les poissonniers et les
sardiniers qui avaient pu être en contact avec les pêcheurs de cette ville,
reçurent défense de pénétrer à Auray, pendant qu'une quarantaine de trois
semaines était imposée aux arrivants par voie de terre ; les chiens errants
furent abattus et les porcs, qui jusque-là, avaient toute liberté pour s'ébattre
dans les rues, furent, ainsi que les pigeons, soumis à une stricte captivité ; la
vente des cuirs verts fut interdite et, innovation inouïe, les rues durent, sous
peine du fouet, être nettoyées et lavées tous les jours par les riverains. En
1630, Pluneret et Brandivy étaient, à leur tour, mis en quarantaine ; l'année
suivante, la contagion gagne Brech, Pluneret et Saint-Goustan : des mesures s'ont
prises pour la surveillance des cabaretiers qui logent des mendiants suspects,
on prescrit de faire du feu et de la fumée dans les rues, une cabane d'isolement
est construite hors de la ville, un service médical est organisé avec l'aide des
Capucins et un groupe de corbeaux-désaireurs est créé pour la désinfection ; le
médecin Pierre Buisseau reçoit 100 écus pour soigner les contagieux et les
pauvres. En 1631, on lui alloue 100 livres de plus et on fait venir de Vannes un
habile chirurgien. Tous les travaux furent suspendus et un emprunt de 1.000
livres fut contracté. La maladie dura longtemps, car nous retrouvons en 1632 un
cordon sanitaire autour d'Auray, et en 1640 deux chasse-gueux montent la garde
aux issues de la ville pour en interdire l'entrée aux mendiants étrangers ". En
1660-1661 : Après un
printemps idéal vinrent des mois humides et froids, à tel point que la
récolte fut mauvaise. Misère noire causée par la disette de blé. En
1676 :
On lit en 1676 : « Cette année il y eust une dissenterie qui enleva plus de
cent-soixante personnes »
(Registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). En
1709 : En février et
mars, froid d'une intensité surprenante. La Manche gela et les cloches se
brisaient au moindre choc. Un nombre considérable de personnes
périrent. En
1719 :
En 1719 : « Cette année il y ust une petite dissenterie ; il mourut 46
grandes personnes » (Registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). En
1731 : Dès 1731, des
marins du Pays de Retz ont rapporté des dysenteries de la Martinique. En
1749 et 1765, " le pays du vignoble du Muscadet est touché par
cette maladie qui fait 11.000 malades et 2.635 morts en 1765 ...".
Le typhus sévit à partir de 1741, puis apparaissent la variole, la
typhoïde, les fièvres éruptives, les dysenteries ; En
1739 :
En 1739 : « Cette année il y une dissenterie qui
enleva, depuis le 8 septembre jusqu'au 8 décembre, cent-dix-neuf personnes,
grands et petits ». (Registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). En
1756 :
En 1756 : « Cette année il y eust une dissenterie qui commença à
la Nativité et qui dura jusqu'à la feste des Saints Simon et Jude. Il mourut 150
personnes. On fist un voeu sous la protection de la très Sainte-Vierge et de
Saint-Fiacre, qui consistoit à allumer un cierge de deux livres pesant devant
chacun des autels, pendant quatre années, tous les dimanches depuis la Nativité
jusqu'à la feste des apôtres Saints Simon et Jude ; et ce voeu fut enregistré et
signé par les délibérants et autres paroissiens. Mr. Leroy, docteur en médecine,
et Mr. Toulmouche, maître-chirurgien, de Rennes, furent envoyez, de la part de
Monseigneur l'intendant, dans plusieurs paroisses. Ils firent dans celle-ci
ouverture de trois cadavres et ils trouvèrent que la maladie étoit causée par
les vers, qui causoient des douleurs si aigues dans le ventre ; il y eust
plusieurs malades qui en jettèrent et par la bouche et par bas, 30, 40 et 60.
Ceux qui échapèrent de la maladie, traînèrent longtemps, et à la fin moururent
presque tous » (Registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). Au
XVIIIème siècle,
chaque paroisse présente trois foyers d'infection : les chemins vicinaux, le
cimetière, l'église. Les chemins vicinaux ne sont jamais entretenus :
ils sont remplis de cloaques immondes, de mares d'eau croupissantes et de
fondrières. En 1755, les corvoyeurs de Basse-Goulaine. commandés pour
travailler à la grande route de Nantes à Paris exposent à l'Intendant «
que les arches de cette paroisse, sur lesquelles lesdits corvoyeurs seraient
obligées de passer, sont tombées en ruines et impraticables à l'effet d'y
pouvoir passer ». Les cimetières sont des foyers d'infection beaucoup
plus redoutables pour les campagnes que les chemins. Partout ils sont placés
au milieu du village, autour de l'église. Ils sont très exigus, on y entasse
les morts les uns sur les autres, sans attendre que le temps ait achevé son
travail de décomposition. Pendant les chaleurs, après les pluies ces champs
de morts exhalent des miasmes putrides. Le recteur de Vertou, déclare au sénéchal
de Nantes en 1749, que le cimetière de sa paroisse, « qui est fort petit,
était si rempli de cadavres que lorsqu'on faisait une fosse, on y en découvrait
des cadavres qui n'étaient pas à moitié consumés, de sorte qu'il se répand
une fort mauvaise odeur dans tout le bourg, dont les suites pourraient être
très dangereuses ». L'ordonnance du 15 mai 1776 qui prescrivit de
transporter les cimetières hors de l'enceinte des villes et villages fut
presque partout éludée par l'inertie et l'égoïsme des généraux de
paroisse. En 1785, une épidémie, due aux émanations du cimetière, désola
Avessac et quelques paroisses avoisinantes. Les églises sont de véritables
succursales des cimetières, souvent le tiers, parfois la moitié des fidèles
s'y font inhumer. En temps d'épidémie, l'entassement des cadavres les
transforme en véritables foyers de putréfaction. Le sol y exhale des odeurs,
infectes d'autant plus dangereuses que les assistants sont nombreux aux
offices et que l'air ne s'y renouvelle pas. Un arrêt du Parlement de
Bretagne, en 1758, ordonna d'exhumer tous les corps enterrés dans les églises
; mais il resta lettre morte et l'ordonnance de 1776, qui renouvela les défenses
d'enterrer dans les églises, ne fut pas mieux observée. Dans les villes, la
situation sanitaire n'est pas meilleure. A Nantes, malgré les efforts de la
municipalité, les rues sont encombrées d’immondices. Les marchés ont lieu
sur les voies publiques : dans celles où se vend le beurre, il y a toujours
des débris de pots, car les hocquetters (les répurgateurs) ne les enlèvent
pas, n’en pouvant faire usage pour leurs fumiers ; les délivres de maçonnerie
restent devant les maisons. Dans le quartier Saint-Nicolas, une seule maison a
des latrines ; les habitants des autres jettent les matières fécales dans la
rue. Parmi les autres causes d’infection, il faut citer l’insalubrité des
habitations étroites, humides, environnées de fumiers, dans les campagnes,
la mauvaise qualité de l’eau, le manque de soins corporels, et par dessus
tout la misère des classes pauvres. Cette misère a pour conséquence une
mauvaise alimentation favorable au développement des maladies L’abus du
poisson salé provoque des épidémies à Saint-Jean-de-Boiseau en 1784, à
Clisson en 1786. Mais les plus redoutables fléaux sont la dysenterie qui, en
1748, fait 80.000 victimes en Bretagne, et la fièvre typhoïde qui, en 1758,
cause une mortalité effrayante dans toute la province. Les médecins sont
assez nombreux ; dans les grandes villes à Nantes existe même une Faculté de
médecine ; mais ils sont rares dans les petites villes et presque complètement
inconnus dans les campagnes. Les chirurgiens sont beaucoup plus répandus. En
1786, on en compte 14 dans la subdélégation de Blain, 10 dans celles de Guérande
et de Châteaubriant. Les médecins sont des bourgeois assez instruits qui
connaissent les « caractères des maladies », les chirurgiens sont
des ouvriers manuels qui pratiquent de menues opérations, réduisent les
fractures, et excellent surtout dans les saignées. Ils sont, en général,
d’une ignorance totale [Note : Les « aumôneries » ou
petits hôpitaux. fondés au Moyen-âge, ont presque tous disparu ; les « bureaux
de charité » sont rares et leurs ressources sont insuffisantes. Il
existe des « hôpitaux généraux », presque tous créés au XVIIIème
siècle, à Ancenis, Blain, Bourgneuf, Châteaubriant, Clisson, Guérande, Le
Croisic, Le Loroux-Bottereau, Machecoul, Nantes, Paimbœuf, Pornic, ….]
(d’après Dupuy). En
1757 : En
1757,
l'escadre commandée par l'amiral Dubois de la Motte, revenant d'Amérique,
importa dans les hôpitaux et dans la ville de Brest le germe d'une
terrible maladie, qui répandit bientôt ses ravages dans toute la Bretagne, à
la suite des marins congédiés. Lorient, prévenu tardivement, ne sut pas
fermer ses portes aux hommes provenant de cette malheureuse escadre ; et, du mois
de janvier au mois de juillet 1758, cette ville et ses environs virent doubler le
chiffre ordinaire des décès. Voici la marche de l'épidémie à Lorient
: décembre 1757 , 40 décès ; 56 en janvier 1758 ; 63 en février ; 69 en mars
; 70 en avril ; 63 en mai ; 54 en juin , et 41 en juillet. La ville avait
affermé une maison à Kerfontaniou, où elle établit un hôpital pour les
malades de l'épidémie. Nantes est épargné par le Grand typhus Brestois de
1757 qui fait 2.000 morts, ainsi que par les grandes épidémies bretonnes
de dysenterie de 1741 et de 1779, qui font 50.000 morts. En
1758 : Très mauvaise
année de blé à cause de l'abondance des pluies. En
1770 : La misère avait
pris des proportions inquiétantes par suite de la cherté des blés. Le
Parlement de Bretagne jugea la situation assez grande pour décider au nom
de la Cour l'emprunt d'une somme de 90 000 livres, pour acheter au dehors
des graines et qui seraient ensuite vendues et réparties dans les endroits
les plus nécessiteux de la province. En plus, on autorisait les généraux
des paroisses à prendre dans leurs coffres telles sommes qu'ils jugeraient
nécessaires pour subvenir d'ici la prochaine récolte aux besoins les plus
pressants des pauvres. En
1763
: En 1763 : « Il y eust une maladie épidémique sur les
bestiaux, surtout les vaches et boeufs ; la langue leur pourissait, il ne mourut
pas de bestiaux, on les pansait avec de la porée et ... ». (Registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon). En
1772, à Derval, on
compte 600 mendiants sur 1460 communiants ; à Saint-Philbert, au même
moment, le nombre des pauvres est si grand qu'on peut dire la paroisse ruinée
; la plupart des paysans ont dû vendre leur petit domaine [Note : A
Vallet, en 1780, sur 6 à 7000 habitants, on compte parfois 1100 pauvres (Léon
Maître) ; à Saint-André-des-Eaux, en 1777, la détresse des habitants est
effroyable ; l'un d'eux est mort de faim ; beaucoup n'ont pas de quoi se
couvrir (Dupuy)]. Un
état de 1774 estime que sur les 16 paroisses de
la Subdélégation de Pontchâteau, il y en a cinq très pauvres où le quart
des habitants est réduit à la misère, sept où les pauvres sont encore
assez nombreux, quatre seulement où il y en a très peu. En
1774 et en 1779, on vit des campagnards réduits à se nourrir d'herbe,
de laitage, de feuilles de choux, de navets, de marc de cidre. La crainte de
la disette affole les populations qui essaient parfois de s'opposer par la
force à l'exportation des grains [en 1743, au Port-Launay (Couëron)]. On
accuse les grands propriétaires d'affamer le peuple par leurs accaparements
et leurs spéculations. La misère des classes rurales bretonnes a deux conséquences,
funestes : les épidémies et le développement du vagabondage et de la
mendicité. Le nombre des vagabonds et des mendiants pillant les champs, détroussant
les voyageurs, terrorisant les habitants des fermes et des hameaux, atteint un
chiffre invraisemblable qui ne fait qu'augmenter jusqu'en 1789. On ne sait
plus alors comment se débarrasser de ces indésirables de plus en plus
audacieux et malfaisants. Les habitants d'Orvault et ceux de la
Chapelle-Saint-Sauveur demandent dans leurs Cahiers qu'on prenne des mesures
contre eux (d'après H. SÉE)
« Le seigneur d'un
village deux lieues de Nantes étant mort, on crut, pour placer son cercueil plus
honorablement, devoir en déranger plusieurs, entre autres celui d'un de ses
parents, décédé trois mois auparavant. Une odeur des plus
fétides se répandit dans l'église ; quinze des assistants moururent peu de temps
après. Les quatre personnes qui avaient remué les cercueils succombèrent les
premières, et six cents présentes à cette cérémonie manquèrent de périr »
(Extrait de la Gazette de santé, du 10 février 1774, rapporté par Vicq-d'Azyr
dans le discours préliminaire, page 42, de, sa traduction de l'Essai sur les
lieux et les dangers des sépulture ; Paris, Didot, 1778, in-12.).. En
1775 : Autre année de
disette et de misère. Il fallut encore faire venir du blé de l'étranger. En
1779 : Une épidémie de
dysenterie bacillaire provoque 45 000 décès en quelques semaines. La
variole coutumière à nos marins d'Afrique, sévit à Nantes et dans toute la
Bretagne ; elle est très meurtrière de 1774 à 1789 ... persiste au XIXème
siècle et se termine par l'épidémie hispano-nazairienne de 1887, apportée
par le navire " La Fayette " où on recensera 238 cas et 33
morts (dixit le Professeur Kerneis, Nantes). Paroisse de
Créhen
: « Depuis la
mi-septembre 1777, jusqu'à Noël suivant cette paroisse a été affligée
d'une dyssenterie putride et épidermique qui a fait de très grands
ravages. Cette cruelle maladie nous a enlevé 135 personnes, nos voisins
proportionnellement n'ont pas taut perdu. On peut attribuer cette
différence à l'indocilité de nos gens qui refusoient les traitemens
ordonnés, et ne recouvoient qu'au cidre, vin et eau de vie. Les auberges
et buveaux n'ont jamais fait plus grand débit ... On a attribué cette
maladie à la grande sécheresse de l'été et de l'automne, les vents
venoient presque toujours du Sud. On a observé et remarqué beaucoup
d'insectes dans les eaux des fontaines, on en a vu aussi sur les feuilles
des arbres »
(D'après les registres paroissiaux de Créhen, année 1777).
En
1787 : Extraordinaire
tempête de neige. Les branches des arbres se brisèrent sous le poids de la
glace. Les pommiers surtout furent grandement éprouvés dans notre région. En
1788 : Hiver marqué par
la rigueur du froid et la persistance d'une glace qui rendit impossible tout
travail extérieur. En
1788-1789 :
" Cette année (1789) est remarquable par un hiver le plus rigoureux,
le plus constant et le plus long dans la rigueur qui ait été éprouvé de mémoire
d'homme. Il a commencé le 24 novembre 1788 et n'a cessé que le 13 janvier
1789. La première semaine était tolérable ; mais ensuite il est tombé du
verglas et de la neige tour à tour qui ont occupé et couvert la terre
pendant six semaines, sans aucun adoucissement ni relâchement pour la vivacité
du froid. Il n'était possible de vaquer à aucune occupation que ce soit, ce
qui a réduit le peuple à une grande misère, le pain ayant monté à Nantes
jusqu'à quatre sols la livre. Au dégel, on a trouvé sur les bords du lac
une quantité prodigieuse de poissons crevés, parmi lesquels des carpes de
trois pieds. Les étangs, pièces d'eau, grenouillères et autres trous tous dépeuplés.
Une des plus grandes peines, c'est que ce froid ayant été précédé d'une
longue sécheresse, on n'avait pas d'eau à donner aux bestiaux et rien de
plus difficile que de les conduire ou d'aller leur chercher de l'eau sur une
glace universelle qui couvrait la surface des chemins. La rigueur de la saison
ayant dérangé les tempéraments, il y a eu un cours de maladie qui a emporté
beaucoup de monde dans quantité de paroisses ; ici, comme ailleurs, on a eu
des malades, mais sans mortalité, la difficulté a été de les administrer.
Le verglas a singulièrement conservé le blé. Aujourd'hui, 27 janvier 1789,
il lève où il n'y en avait point et il donne les plus belles espérances. Le
vin a gelé dans les barriques et il s'en est perdu une grande quantité. La
glace sur le lac avait 20 pouces d'épaisseur et on passait aisément et sans
crainte pour se rendre à la Chevrolière (Anciens registres de la paroisse de
Saint-Lumine de Coutais). L'automne fut fort sec et les fontaines se tarirent
en grande partie. Le 22 novembre au soir, le froid commença pour ne finir qu'à
la fin de janvier 1789. On était obligé de ramasser la neige, qui resta deux
mois sur la terre, et de la faire fondre pour abreuver les bestiaux (Anciens
registres de Saint-Herblain). Une grande partie de la baie de Bourgneuf était
couverte de glaçons et, du rivage du bois de la Chaise, on pouvait aller sur
la glace à plus d'une lieue en mer. Toutes les huîtres gelèrent et périrent
; on fut quelques années sans pouvoir en faire la pêche " (Piet, Etudes
sur Noirmoutier) (d'après L. Delattre). "L'hiver, la
neige s'éleva à plus de 10 pieds, dans le pays du Méné et des environs.
L'on fut sept semaines sans pouvoir mener les troupeaux aux champs". Années
de disette et de misère. Ces sortes de fléaux provinrent soit des
intempéries des saisons, soit des maladies ou épidémies. Nota
: A la demande de l'Académie de médecine, une grande enquête nationale a eu
lieu de 1775 à 1790. Quelques médecins de l'ouest répondirent, mais nous n'en
connaissons pas pour le Trégor où une trentaine exerçaient pourtant vers
1786. Seul nous est accessible le mémoire briochin du docteur Bagot. Ce
manuscrit contient un résumé climatique des années 1772-1777, puis un relevé
des températures jusqu'à la Révolution. Par lui, nous apprenons qu'à
Saint-Brieuc, la moyenne annuelle des températures entre 1778 et 1788 fut de
9° C. Un siècle plus tard à Perros-Guirec et Bréhat les moyennes annuelles
sont respectivement de 11,2 ° C et 11° C : un réchauffement de deux degrés.
TREMBLEMENTS
DE TERRE EN BRETAGNE
En
mars 709 :
Tremblement de terre ressenti au Mont-Saint-Michel et dans l'archipel
anglo-normand (signalé par Alexandre Chèvremont) ; Les
22-29 octobres 842 :
Tremblements de terre dans les îles anglo-normandes. Bruits souterrains
dans toute la rance (A. Chèvremont) ; En
1039-1091 : Secousses
désastreuses dans le golfe normanno-breton, en Angleterre et dans l'Anjou
(A. Chèvremont) ; En
1112-1117, le
20 décembre 1119 et le
14 avril 1115 : Tempêtes
effroyables dans le golfe normanno-breton. Chute des tours et des pinacles
des églises. Le ciel est en feu et la lune est couleur de sang. Puis
terrible tremblement de terre dans le golfe normanno-breton. Le monastère
du Mont-Saint-Michel est incendié par la foudre, dont les éclats
accompagnent les secousses du sol (A. Chèvremont) ; En
1118, un grand tremblement
de terre "subvertit les édifices et les arbres actuellement fichés
et la cité de Nantes fut misérablement brûlée " ; En
1155 (commencement d'avril)
: Violentes secousses au Mont-Saint-Michel et à Tombelaine (De Parville) ; En
1161 : Tremblement dans le
Contentin et dans les îles anglo-normandes (A. Chèvremont) ; Vers
1286 : La Chronique de
Saint-Brieuc, nous dit qu'en 1286, avant la mort de Jean Ier, arrivée le 8
octobre, la terre tremble dans toute la Bretagne, pendant 40 jours, et
plusieurs fois par jour, surtout à Vannes, où le tremblement fut continuel
et renversa de nombreux édifices. Après la mort du duc, le tremblement se
fit sentir encore près d'un an surtout à Vannes, mais avec des intervalles
(Pr. I. 41) ; Le
5 novembre 1386 «
Le 5 novembre 1386 encore, se fit sentir à Nantes un violent tremblement de
terre, qui se répéta avec plus de force, le 28 mai de l'année suivante,
en plusieurs endroits de la province. Ce dernier inspira d'autant plus de
terreur qu'il fut accompagné de coups de tonnerre aussi épouvantables que
multipliés ». L'abbé Manet (Histoire de la Petite-Bretagne
ou Bretagne-Armorique ... - 1834) ne dit pas où il a puisé ces
renseignements ; En
1427 : Tremblement de
terre qui se fait sentir depuis Montpellier jusqu'en Hollande. La ville de
Nantes est en partie renversée. 13 villages engloutis dans la contrée de
Dol, 55 en Hollande (Chèvremont) ; En
1544 « La
ville de Rennes essuya aussi, cette année-là, un tremblement de terre si
violent que les meubles s'entrechoquaient dans les maisons ; mais ni le mois
ni le jour de cet événement n'ont été marqués ». L'abbé Manet (Histoire
de la Petite-Bretagne ou Bretagne-Armorique ... - 1834) ne dit pas d'où
il a extrait ces renseignements ; En
1584 (mercredi 12 novembre à 7 h. du soir)
: Violent tremblement de terre au Mont-Saint-Michel (De Parville) ; En
1601
: Le 9 (19 ?) décembre 1601, Bertrand
Jouhan (recteur de Plestin-les-Grèves) note que vers 10 heures du soir, il s'est produit un grand tremblement
de terre ; sur quoi il a sollicité la pitié du Dieu Tout Puissant par
l'intercession de la Sainte Vierge et de tous les Saints et Saintes du Paradis
et s'en est remis à la volonté du Seigneur (Note : Cette secousse sismique fut ressentie dans toute la Bretagne comme l'atteste une
autre note inscrite sur la page de garde d'un registre de Saint-Melaine de
Morlaix par Messire Goulven Le Goff, vicaire perpétuel de la paroisse : « Le dix
neuffiesme jour de décembre l'an mil six centz ung, environ unze heures en
nuict se trova ung tramblement de terre si epoventable et estoit si terrible que
les chandelliers, bacins sonoient, les chambres trembloient et fut un grand épouventement
au peuple. Dieu nous donne sa grâce d'éviter toutz les perils et le paradis en
fin ». Le
10 mars 1619 (entre 7 et 8 h. du soir)
: Idem (De Parville) ; Le
6 juillet 1640 (à 10 h et 11 h, du soir)
: Violent tremblement de terre au Mont-Saint-Michel, en Bretagne et en
Normandie (De Parville) ; En
1647 : " Le
samedi 16 novembre, environ une heure de nuit la terre trembla "
(Chronique des abbés Gallerne, Saint-Guen). En
1648 : " Le
dernier jour de mars au soir, grand tremblement de terre " (Chronique
des abbés Gallerne, Saint-Guen). En
1701, tremblement de terre
(Voir Histoire civile, politique et religieuse de la ville de Nantes et
du comté Nantais (jusqu'en 1747) par l'abbé Travers - Publiée de 1836
à 1841, Nantes) ; Le
13 janvier 1725 :
tremblement de terre survenu dans la région guérandaise (relaté par
l'astronome Bouguer le 14 avril 1725) ; En
1755 :
« Le premier novembre il y ust un tremblement de terre à Madrid. La ville de
Lisbonne, capitale du Portugal, fust presque toute renversée par un tremblement
de terre ; il y perit environ cent-cinquante-mille personnes. La mer se déborda
vers Cadix ». (registres paroissiaux de Livré-sur-Changeon) ; Le
7 avril 1767 : tremblement
de terre survenu à Nantes le 7 avril 1767 à une heure du matin ; Le
22 juin 1770 : Secousses
dans la région de Dol. Le marais est subitement envahi par les eaux (A.
Chèvremont) ; En
1793,
tremblement de terre (Voir Histoire de Nantes) ; En
1795 (19 août),
tremblement de terre au Séquer, près de Pont-l'Abbé dans le Finistère. Le fait est rapporté dans une
lettre écrite le 29 août 1795 par Anne-Marie Audouyn de Pompéry (1762-1820) à
son cousin Audouyn de Kergus : " C'est un tremblement de terre bien caractérisé,
qui a eu lieu, à neuf heures du matin, le 19 août [1795]. J'étais dans ma chambre avec mon mari et le jeune Bouteiller, qui lui dictait
une quittance d'enregistrement. Tout d'un coup, voilà un bruit assez semblable
au tonnerre qui frappe nos oreilles, et, en même temps, les cloisons qui
craquent et nos fauteuils qui nous balancent. Je crois d'abord que c'est un
volcan sous ma maison ; j'en sors bien vite, je cours à la grange du métayer où
il y avait quatre tailleurs assis par terre. Je les trouve tous fort pâles ; je
leur demande s'ils n'ont rien entendu. Ils me répondent qu'ils ont été soulevés,
de manière qu'ils ont pensé tomber sur la face. Je m'informe de mes autres
voisins plus éloignés, et j'apprends qu'on a partout éprouvé la même secousse.
Cela me rassure sur le volcan que je croyais n'appartenir qu'à moi seulement ". Le
25 janvier 1799.
Josselin, 6 pluviôse, an VII, — 25 janvier 1799. « Ce matin, à
quatre heures moins un quart, on a éprouvé, à Josselin, une secousse
violente de tremblement de terre qui a duré environ soixante-trois
secondes, qui a été précédée d'an bruit souterrain semblable à celui
du tonnerre et qui a paru venir du sud-sud-ouest et se prolonger à l'ouest-nord
et nord-nord-est. Le château bâti sur le roc vif et toutes les maisons ont
tellement tremblé que presque tous les habitants ont été éveillés par
la commotion forte qu'ont éprouvée leurs lits, par le bruit des portes et
fenêtres et le cliquetis des batteries de cuisine. — Il ne serait peut-être
pas indifférent que vous fissiez part de cet événement, très rare dans
ce pays, à l'Institut nationale... » (lettre d'Elie, commissaire du
Directoire exécutif près de l'administration municipale de Josselin, à
celui près du département du Morbihan). Le 12 pluviôse, — 31 janvier,
— un autre commissaire, Manson, « commissaire du Directoire exécutif
près l'administration centrale du département de la Loire-Inférieure »,
écrivait de Nantes « à son collègue du département du Morbihan : ...
Je pense que vous aurez ressenti comme nous la violente secousse du
tremblement de terre qui a eu lieu dans la nuit du 5 au 6, sur les 4 heures
du matin ». — Ici, de la frayeur et chute de quelques cheminées et
de vieux murs isolés. « A Machecoul, beaucoup de maisons ont été
renversées et les habitants ont éprouvé des pertes considérables ».
Notre administration désirerait savoir ce qui est arrivé dans votre département.
Le commissaire résidant à Vannes répond, le 17 pluviôse — 5 février
— : « Nous aussi avons ressenti les secousses du tremblement de terre
et, même à deux reprises. La première fut moins forte que la seconde, qui
succéda presque aussitôt. Celle-ci a duré dans certains endroits cinq à
six secondes ; dans d'autres, 20 à 30 secondes. — Ce phénomène me réveilla.
Je sentis mon lit trembler, tous les meubles de mon appartement semblaient
en mouvement et j'entendis un bruit souterrain. Cette situation m'a paru
[durer] trois à quatre secondes. Ce tremblement fut suivi d'une pluie très
forte. Au reste, il n'en est résulté aucun malheur ; on m'a dit que
quelques parties de vieux murs s'étaient écroulées », voilà tout.
Ce tremblement de terre, remarque M. Mauricet « eut son centre d'action
à Machecoul », prés du lac de Grandlieu. « Le phénomène se
produisit 36 heures environ après la pleine lune de janvier ; heure qui coïncide
avec l'établissement de la marée sur nos côtes. L'épacte de cette année
1799 est de XXIII ; la nouvelle lune eut lieu le 8 janvier, la pleine lune
le 22. Le tremblement de terre coïncide donc avec le moment des plus fortes
marées de janvier 1799. Autre singularité : l'année 1799 est la 17ème de
l'ère chrétienne où il n'y ait pas eu d'éclipse, ce qui ne se reproduira
qu'en 1897 » (M. Alphonse Mauricet, Tremblement de terre en Bretagne
- 1887, Vannes).
On trouve, d'autre part, sur le même événement, dans le Registre de
Concoret, mémoires d'un prêtre réfractaire, publié par Ropartz
(Saint-Brieuc, Prudhomme, 1853), p. 46 : « 1799. Le vendredi 25 janvier,
vers les 4 heures du matin, on a ressenti, à Concoret, un violent
tremblement de terre qui, d'abord, a causé une secousse en l'air et puis un
bercement qui a ébranlé les maisons, de façon que des cheminées et des
ardoises de dessus les toits en sont tombées. Ce tremblement de terre
parait avoir été général en France, suivant les papiers publics »
; Les
3-4 août 1826 : Secousses
ressenties à Saint-Malo (A. Chèvremont) ; Au
XIXème siècle (date ?) :
Secousses ressenties à Nantes et accompagnées d'un coup de vent très
violent. L'atmosphère était comme en flammes (A. Chèvremont) ; En
1881 (la nuit du 28 au 29 mai)
: Deux secousses dans les environs de Guingamp (A. Chèvremont) ; En
1895 (6 décembre à 4 h. 1/2 du matin et le 7 décembre à 9h. 1/2 du
matin) : A Lorient, le 7,
trois secousses (vaisselle brisée, glaces et cadres tombés, etc.). Le 6,
à Dragueville (Manche), bruit "comme le roulement d'une charrette
lancée au galop", murs et planchers secoués. Au Mont-Saint-Michel
secousses légères, mais au donjon du Mont trépidations effrayantes.
Secousses légères à Granville, Avranches, Pontorson, Dol, Saint-Malo. A
Cuguen, vaisselle violemment agitée, vitres brisées. Tout l'Ouest fut
secoué (De Parville) ; Le
14 juin 1896 : «
14 juin 1896, à 8 heures 48 minutes. Deux secousses, à Saint-Brieuc et
environs, région de Loudéac, etc. La première secousse a duré deux
secondes et a été plus forte que la deuxième, laquelle a été à peine
sensible » ; Le
23 octobre 1896,
disait un journal breton du même mois, dans toute la région entre Dinard
et La Richardais .. , le lendemain du dernier orage, les habitants furent très
surpris de voir tous les récipients à l'air libre remplis d'une eau de
pluie noirâtre. Dans différents endroits, elle est tombée bleuâtre, dans
d'autres elle avait une teinte brune très prononcée ... Il est regrettable
qu'on n'en ait pas fait l'analyse. « Ajoutons qu'au cours de cet orage,
on a ressenti une légère secousse de tremblement de terre. L'oscillation
n'a duré qu'une seconde ; elle paraissait aller de l'ouest à l'est »
; Le
24 décembre 1897
: « Le 24 décembre 1897, à 1 heure 40 du matin, une forte secousse de
tremblement de terre, allant de l'est à l'ouest, a été ressentie à
Treffendel. Le grondement souterrain ... a duré de 5 à 6 secondes et a été
si fort ... que plusieurs disaient que ce devait être un coup de mine »
(Voir Avenir de Rennes, numéro du 2 janvier 1898) ; Le
mercredi 19 janvier 1898
: Le mercredi 19 janvier 1898, vers 8 heures du soir, secousse de
tremblement de terre à la Roche-Bernard (sur la Vilaine, non loin de
l'embouchure). « Bruit assez fort, rappelant à peu près le roulement
lointain produit par une batterie en marche » (Voir Avenir de
Morbihan, numéro du 4 février 1898) ; Voir
"
Incendies,
inondations et pestes à Nantes
". Voir
"
Messe
contre la Peste
".
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